Vie privée : les États-Unis veulent étendre leur protection à l’Europe
Pour l'instant, les paroles s'envolent
Le 27 juin 2014 à 12h00
6 min
Internet
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Après avoir malmené la vie privée des citoyens européens, les États-Unis changent de fusil d'épaule sur le thème de la surveillance de masse. C’est notamment le cas sur deux points : le respect de la vie privée pour les personnes étrangères et l’utilisation des portes dérobées. Les progrès restent cependant fragiles.
Le filet géant des États-Unis sur les données personnelles
Après plus d’une année de révélations basées sur les documents dérobés par Edward Snowden, l’un des sujets les plus brûlants reste la différence de traitement entre les citoyens américains et le reste du monde face à la surveillance de masse. Les opérations de la NSA notamment permettent de récupérer des quantités faramineuses de données et métadonnées en suivant une règle simple : collecter tout ce qui appartient à un utilisateur étranger dès que ses informations transitent par des serveurs américains.
Il s’agit ni plus ni moins que de la mise en pratique de la Section 702 de la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act). Cette dernière, pour rappel, autorise justement les agences de renseignement et de sécurité à collecter les données étrangères. Les citoyens américains, eux, sont protégés par d’autres lois (ainsi que le puissant Quatrième amendement de la Constitution américaine), qui requièrent un mandat délivré par un juge. D’ailleurs, la NSA avait copieusement expliqué que si des données de citoyens étaient prises dans les mailles du filet, les analystes devaient les en extirper aussi efficacement que faire se peut.
Citoyens américains et européens, même combat ?
Cette différenciation radicale entre citoyens américains et reste du monde a été au centre de biens des débats et de pourparlers, notamment entre les pays européens et l’administration Obama. Mais lors d’un sommet à Athènes mercredi, réunissant notamment les ministres européens de la Justice, Eric Holder, procureur général des États-Unis (poste équivalent au ministre de la Justice), a déclaré qu’une extension des lois de respect de la vie privée allait être faite pour inclure les utilisateurs de l'Union européenne.
Il s’agit évidemment d’un acte politique fort dans une volonté de détendre l’atmosphère. Plus précisément, c’est la loi US Privacy Act qui serait étendue aux européens, avec deux conséquences directes. D’une part, les données des utilisateurs européens ne pourraient plus être collectées pour être enregistrées dans les immenses bases de données des agences de sécurité. Deuxièmement, n’importe quel citoyen pourrait envoyer une requête aux forces de l’ordre pour demander la liste exacte des informations qu’elles possèdent sur sa personne.
La prudence reste de mise en Europe
Pour autant, rien n’est encore gravé dans le marbre, car il ne s’agit pour l’instant que d’une déclaration, même si cette dernière est forte. Comme le rapporte The Guardian, la commissaire européenne Viviane Reding s’est montrée prudente : « Les mots n’ont d’importance que s’ils sont placés dans une loi. Nous attendons l’étape législative ». Pour Cecilia Malmstrom, une autre commissaire européenne, la déclaration faite par Holder est l’aboutissement d’un vrai travail : « Les relations entre les États-Unis et l’Europe se sont tendues dans le sillage des révélations Snowden, mais nous avons travaillé très dur pour restaurer la confiance ».
Gus Hosein, directeur de Privacy International, se montre très prudent : « C’est un pas dans la bonne direction. Cependant, il y a trois obstacles massifs à l’établissement d’une protection légale équivalente. Premièrement, le Congrès doit légiférer à ce sujet et nous n’avons pas vu beaucoup d’avancées positives sur la protection des droits non-américains ». Les deux autres points sont tout aussi importants : la loi US Privacy Act comporte de nombreuses faiblesses et il faudrait idéalement une meilleure garantie globale de respect de la vie privée pour le reste du monde.
En effet, si la déclaration du procureur général a le pouvoir de détendre les rapports entre les États-Unis et l’Union européenne, il faut signaler que cette promesse ne concerne justement que le Vieux Continent. On pourrait également voir dans ce domaine une manière de relancer à vive allure les accords de libre-échange, nettement empoisonnés par les révélations de Snowden, surtout en Allemagne.
Court-circuit du financement de la NSA sur les portes dérobées
Cela reste dans tous les cas une déclaration forte et l’annonce par Eric Holder signifie clairement que l’administration Obama est sérieuse à ce sujet. Il faut noter en outre que ce mouvement en suit un autre. Il y a une semaine, le Congrès américain a en effet adopté, par une écrasante majorité, un amendement coupant une partie des pouvoirs de la NSA.
Actuellement, l’agence de sécurité peut chercher les communications des citoyens américains si elles circulent hors des frontières du pays. En outre, la NSA peut demander aux entreprises privées d’installer des portes dérobées pour qu’elle puisse ensuite récupérer des informations par ce biais. Elle peut également installer ces « backdoors » dans les produits, comme certains documents l’ont révélé : l’agence intercepte parfois des commandes internationales de matériel réseau, notamment des routeurs, pour les modifier avant de les renvoyer.
Mais l’amendement voté sur la loi Defense Appropriations court-circuite le financement de la NSA pour ces deux points. Il s’agit en fait de la toute première fois qu’une législation est adoptée pour limiter concrètement les pouvoirs de la NSA. Autre point important : l’amendement a été adopté par 293 voix pour, contre 123 voix contre, le texte faisant consensus à la fois chez les républicains et les démocrates. Un mouvement qui avait été largement salué par l’EFF (Electronic Frontier Foundation).
Il faut cependant rester prudent vis-à-vis de ces changements, et ce pour une raison simple : l’administration Obama a rappelé à plusieurs reprises, en particulier durant l’annonce de la réforme de la NSA, en janvier dernier, que les États-Unis devaient garder leur potentiel de défense anti-terroriste. Même si le pays fait face à un accroissement des pressions internationales, surtout dans le sillage de révélations comme celles des écoutes aux Bahamas et en Afghanistan, il ne compte sûrement pas couper court à ses programmes de surveillance.
Vie privée : les États-Unis veulent étendre leur protection à l’Europe
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Le filet géant des États-Unis sur les données personnelles
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Citoyens américains et européens, même combat ?
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La prudence reste de mise en Europe
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Court-circuit du financement de la NSA sur les portes dérobées
Commentaires (30)
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Abonnez-vousLe 27/06/2014 à 12h26
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Le 27/06/2014 à 12h27
Le 27/06/2014 à 12h31
Le 27/06/2014 à 13h05
La confiance ça ne se récupère pas une fois perdue, et sinon ça fait très les pays “riches” qui s’entendent pour continuer d’espionner la majorité des autres pays du monde. Le “nouvel ordre mondial” n’a pas fini de se créer de nouveaux ennemis " />
Le 27/06/2014 à 13h19
On est bien Dredi " />
Le 27/06/2014 à 13h23
Le 27/06/2014 à 13h44
Vive la propagande.
Le 27/06/2014 à 13h45
Tiens, tout à coup nous autres bouseux européens ne faisons plus partie du Tiers monde !!!!!!
Qu’est-ce que la préservation du Business n’arriverait pas à faire …… Même Jésus est dépassé par ses miracles !
Le 27/06/2014 à 13h45
ça veut dire qu’un vpn sur serveur américain, c’est aussi espionnable ?
Le 27/06/2014 à 13h51
Mais de quel droit les oligarques de ce pays s’immiscent dans nos concepts, nos lois , nos textes … nos fondements ?
J’ai bien l’impression que les migrants qui ont créé ces 52 états devaient être les plus véreux des européens !!!
Je n’ai plus de doutes …
Le 27/06/2014 à 13h55
C’est sympa pour les non-européens " />
Le 27/06/2014 à 13h59
Le 27/06/2014 à 13h59
Le 27/06/2014 à 14h07
http://fr.memory-alpha.org/wiki/Etats-Unis_d%27Am%C3%A9rique
si si 52 …
Mais plus sérieusement …
The District of Columbia is a federal district, not a state. Many lists include DC and Puerto Rico, which makes for 52 “states and other jurisdictions”. Maybe that’s the root of the myth? Or do people think of a deck of cards, the weeks in a year, or the country code of Mexico? Does the number 50 appear to be too rounded to be accurate?
The flag has 50 stars, one for each state. It is updated as needed.
Le 27/06/2014 à 14h10
Le 27/06/2014 à 15h14
n’importe quel citoyen pourrait envoyer une requête aux forces de l’ordre pour demander la liste exacte des informations qu’elles possèdent sur sa personne.
Donc, si j’efface un de mes mails par inadvertance, , je peux demander à la NSA de m’en envoyer une copie ?
Le 27/06/2014 à 12h04
Ayez confianssssse… " />
Le 27/06/2014 à 12h18
D’une part, les données des utilisateurs européens ne pourraient plus être collectées pour être enregistrées dans les immenses bases de données des agences de sécurité. Deuxièmement, n’importe quel citoyen pourrait envoyer une requête aux forces de l’ordre pour demander la liste exacte des informations qu’elles possèdent sur sa personne.
On y croit fortement.
Le 27/06/2014 à 12h26
Trop tard les gars, le mal est fait et de toute façon ça ne marchait même pas correctement la protection des citoyens des usa. Une extension aux européens des principes qui ne fonctionne déjà très mal en interne, c’est sensé nous rassurer ? " />
Le 27/06/2014 à 12h26
Dis, Cortex, tu veux faire quoi cette nuit ?
Le 27/06/2014 à 15h21
Le 27/06/2014 à 15h28
Le 27/06/2014 à 15h45
C’est quand la prochaine élection présidentielles des Etats-Unis d’Euro-Amérique ?
Le 27/06/2014 à 16h25
GAFA se pisse dessus par rapport à leurs parts de marché en Europe et des retombées sur leur business des coups fourrés des services de renseignements US ? et ont demandé à faire un geste symbolique pour étouffer le feu qui couve.
C’est noté
Le 27/06/2014 à 16h29
On peut rajouter également tout l’écosystème juteux autour des offres professionnelles. Les M$ HP IBM Cisco…
Perso je ne comprends pas que les grosses entreprises européennes ne remplacent pas toutes les solutions privatrices US. Notamment ces affaires d’identification RSA, et les services d’email de Microsoft (on ne parle pas de Sharepoint).
Le 27/06/2014 à 20h09
Nous sommes le 1er avril !! C’est un poisson ? Ha non, on continue juste à nous prendre pour des c.ns.
Je crois que là, on est tous invités à dîner ce soir, à la maison blanche.
Faut oser quand même " />
Le 28/06/2014 à 09h27
ils pourraient aussi envisager de respecter la législation des autres pays, mais non c’est trop demander.
Le 28/06/2014 à 09h48
salut
leur Pact ACTA ?
genre : “on lâche du lest sur ça, et en échange vous signez”
“malin, le lynx” !!!" />
Le 28/06/2014 à 14h20
Vie privée et privatisation
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/tisa-en-toute-discretion-153787
Le 29/06/2014 à 07h42
Deuxièmement, n’importe quel citoyen pourrait envoyer une requête aux forces de l’ordre pour demander la liste exacte des informations qu’elles possèdent sur sa personne.
Le bon moyen pour passer pour un communiste notoire et se faire arrêter dans ce beau pays “démocratique”.