Gowex en faillite, ou la rocambolesque histoire d’une fraude massive
Les comptes aussi étaient en Wi-Fi
Le 07 juillet 2014 à 14h00
6 min
Économie
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La start-up espagnole Gowex, spécialisée dans la fourniture d'accès Wi-Fi gratuit dans les villes et présente dans de nombreux pays dans le monde (dont la France), traverse aujourd'hui une crise sans précédent : son PDG a confessé avoir truqué les comptes de son entreprise, son action s'est effondrée la semaine dernière, sa cotation a été suspendue jeudi matin et sa mise en faillite a été officiellement demandée.
Une très belle histoire basée sur du vent
L'histoire de la start-up espagnole Gowex commence comme un conte de fées. Proposant aux villes de fournir gratuitement à leurs habitants un accès Wi-Fi, la société a connu ces trois dernières années une croissance impressionnante et s'est très rapidement internationalisée. Présente évidemment en Espagne, Gowex a envahi l'Amérique latine (Argentine, Chili, Costa Rica, etc.), puis l'Europe (dont la France), l'Asie (Dubai, Chine, etc.) et enfin l'an passé, la compagnie a posé ses valises aux États-Unis, notamment à New York et Miami. En 2011, Jenaro García Martín, le patron et fondateur de Gowex, a même reçu le Prix à l’Innovation lors d'une cérémonie organisée par Ernst & Young.
La confiance de Gowex est telle qu'elle continuait encore il y a quelques jours à recruter, à étendre ses tentacules en France (à Carrières-sous-Poissy et Enghien-les-Bains par exemple) et la start-up a même reçu le 1er juillet dernier la maire de Madrid et plusieurs personnalités politiques. Le conte de fées a toutefois pris fin le jour même. Le 1er juillet, la compagnie Gotham City Research, qui n'est pas spécialisée dans l'univers de Batman mais en investissement, publiait une étude à charge contre Gowex. Sa conclusion ? La société espagnole ne vaut strictement rien, 90 % de son chiffre d'affaires est fictif et son chiffre d'affaires réel est inférieur à 10 millions d'euros.
Gowex is the first multi-billion $ market value company, since Sino-Forest, that we believe is a near-complete fraud.
— Gotham City Research (@GothamResearch) 2 Juillet 2014
Suite à cette publication, dès le lendemain, Gowex a publié un communiqué très clair niant toutes ces informations. La société a ainsi déclaré avoir réalisé un chiffre d'affaires de 182,6 millions d'euros en 2013, dont 157,2 millions uniquement avec ses activités liées au Wi-Fi. Ses fonds propres seraient de 94,4 millions d'euros et preuve que Gowex est en grande forme, elle envisage d'investir 260 millions d'euros entre 2014 et 2018. « À des fins de transparence, la société a lancé un appel d’offres auprès de plusieurs cabinets d’audit prestigieux afin de retenir l’un d’entre eux dans les semaines à venir » a même rajouté la start-up madrilène afin de rassurer ses investisseurs.
Le mal avait toutefois déjà été fait en bourse. Dès le 1er juillet, suite à la diffusion de l'analyse de Gotham City Research, l'action de Gowex est passée de 20 euros à un peu plus de 10 euros en quelques heures à peine. Le lendemain, l'action continua de chuter pour tomber à 7,92 euros. L'action est désormais suspendue afin de limiter les dégâts, en attendant d'en apprendre plus sur les comptes véritables de la société.
Une confession et une démission
Sûre de sa force, le jeudi 3 juillet, Gowex précisa qu'elle comptait publier ce lundi 7 juillet un rapport complet afin de réfuter les « allégations sans fondement » de Gotham City Research. La pression a néanmoins, semble-t-il, été trop forte. Hier, Jenaro García Martín a en effet cédé. Suite à une réunion extraordinaire samedi du conseil d'administration, la compagnie a en effet avoué que les comptes des quatre dernières années « ne reflètent pas la situation réelle » de la société et que son PDG en était le principal responsable. Sa démission a d'ailleurs été acceptée par le conseil d'administration, qui précise que Gowex « n'est pas en mesure de s'acquitter de ses dettes » et a ainsi présenté officiellement une demande de mise en faillite.
Hier, sur son compte Twitter, le patron a commencé par s'excuser auprès de tout le monde. « J'ai fait ma confession volontairement, je suis prêt à en assumer les conséquences et à collaborer avec la justice » a-t-il notamment indiqué. Et les conséquences sur ses contrats dans le monde entier commencent déjà à se matérialiser. À Madrid, le contrat avec Gowex pour procurer du Wi-Fi dans le métro a été gelé selon ABC.es. Contactée par Next INpact, la RATP, qui avait signé un accord avec Gowex en 2012 pour couvrir certaines stations, ne semblait pas encore aux faits de cette actualité au moment de notre appel. Nous mettrons à jour cet article lors de la réception de sa réponse. Notez que la société est aussi présente à Bordeaux, Marseille, Nice, Perpignan et plusieurs autres villes françaises.
Le futur de la start-up s'annonce désormais sombre. D'après El Pais, les employés se sont dits sous le choc de la nouvelle et craignent à raison les nombreuses conséquences sur la clientèle actuelle et sur les projets à venir. Le quotidien espagnol, qui a la dent particulièrement dure envers le fondateur de Gowex, rappelle d'ailleurs qu'une association d'investisseurs a déposé une plainte auprès du ministère public espagnol contre la société du fait de la falsification de ses comptes.
Globalement, ce sont tous les créanciers de la société madrilène qui s'intéresseront de près au sujet. Ce même El Pais nous apprend de plus que Carlos Pujol, directeur général pour l'Amérique du Nord chez Gowex, a lui aussi remis sa démission aujourd'hui même. Contacté, le standard de Gowex France nous a automatiquement redirigés vers le numéro espagnol à Madrid. Alors que la société était promise à un grand avenir, voilà que son futur parait désormais bien sombre.
Notez que pour l'Espagne, l'affaire Gowex n'est pas une nouveauté. L'an passé, la société Pescanova était pointée du doigt pour des raisons similaires. Elle affichait ainsi une dette de plus de 3 milliards d'euros et un trou de près d'un milliard d'euros dans ses actifs. La faute à des comptes falsifiés à grande échelle.
Gowex en faillite, ou la rocambolesque histoire d’une fraude massive
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Une confession et une démission
Commentaires (45)
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Abonnez-vousLe 07/07/2014 à 15h22
Le 07/07/2014 à 15h28
Chapeau au cabinet d’analyse en tous les cas qui a remarquablement fait son boulot.
Comme quoi les analystes financiers servent à quelque chose quand ils sont compétents et indépendants.
Le 07/07/2014 à 15h35
Le 07/07/2014 à 15h44
Le 07/07/2014 à 15h49
Le 07/07/2014 à 15h54
Le 07/07/2014 à 15h55
Le 07/07/2014 à 15h57
Le 07/07/2014 à 15h59
Le 07/07/2014 à 16h02
Le 07/07/2014 à 16h04
Le 07/07/2014 à 16h07
Le 07/07/2014 à 16h11
Le 07/07/2014 à 16h12
Le 07/07/2014 à 16h13
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Le 07/07/2014 à 19h42
Et pour tous ceux qui se sont fait enculer dans l’opération : GoWax !
Le 07/07/2014 à 14h11
Ca va encore faire du chômage ça :(
Le 07/07/2014 à 14h13
Que dire de plus si ce n’est : Bravo… Encore un qui a pourri un peu plus le système…
Le 07/07/2014 à 14h13
Le patron est il membre de la famille Copé ? Parce que ça pourrait expliquer plein de choses !
/troll
Le 07/07/2014 à 14h15
Reste Fon " />
Le 07/07/2014 à 20h15
Le 07/07/2014 à 20h36
Le 07/07/2014 à 21h00
Le 07/07/2014 à 21h22
Le bulle internet n’est pas totalement crevée. " />
Le 07/07/2014 à 21h45
La société espagnole ne vaut strictement rien, 90 % de son chiffre d’affaires est fictif et son chiffre d’affaires réel est inférieur à 10 millions d’euros.
Mais qui aurait intérêt à vouloir s’endetter pour installer du wifi gratuit partout en Europe ?
/complot
Le 08/07/2014 à 04h15
Du wifi gratuit ? Comment ils comptaient gagner de l’argent ? Pub ? Aides publiques ? Partenaire avec les fournisseurs ?
Au Japon je paie 3 euros par mois pour du wifi illimité là où il y en a (grandes villes) mais je paie au moins ^^.
Le 08/07/2014 à 07h45
Le 08/07/2014 à 18h21
Le 08/07/2014 à 20h58
Le 07/07/2014 à 14h18
Et mon credit sur cet article ? :p
Le 07/07/2014 à 14h19
Eh ben ça ne m’étonne, vu l’expérience utilisateur désastreuse dans les stations RATP… l’appli qui ne sert pas à grand, la difficulté à gérer son espace client (si d’ailleurs il n’était pas supprimé au bout d’un moment ?)
Le 07/07/2014 à 14h20
C’est la RATP qui va être contente
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Next INpact
Le 07/07/2014 à 14h22
Le 07/07/2014 à 14h29
A ce qu’il parait, la France va racheter la boite qui sera basée à Saint-Denis. Inquiet de l’image de GoWex, la nouvelle société s’appelera GoWesh !" />
Le 07/07/2014 à 14h31
Cela voudrait dire que je ne pourrais plus me connecter aux parcs à Carriéres sous Poissy.
Cela montre qu’on est dans une bulle boursière technologique, si c’était l’allumette qui allait tout faire péter.
Le 07/07/2014 à 14h42
Sa conclusion ? La société espagnole ne vaut strictement rien, 90 % de son chiffre d’affaires est fictif et son chiffre d’affaires réel est inférieur à 10 millions d’euros.
Et ça fait combien en bitcoins, ça ?
Le 07/07/2014 à 14h42
Sympa la petite référence a Batman ^^
Le 07/07/2014 à 14h45
Le 07/07/2014 à 14h59
Hé bhé, c’est du propre tout ça !
J’ai pas d’argent en Bourse, et ça ne m’encourage pas à en mettre " />
Le 07/07/2014 à 15h06
C’est moche quand même… Je vois pas trop l’intérêt de faire ça. Ça ne peut pas durer éternellement ce genre de magouille. Quand il faut payer des gens, des fournisseurs, etc… à un moment il faut bien de l’argent qui existe.
Peut être que le PDG pensait se tirer avant que ça soit mis au grand jour.
Du coup ils vont se faire racheter pour une bouchée de pain pour entretenir ce qui existe et continuer les projets prévus ou tout ça va tomber à l’abandon ?
Le 07/07/2014 à 15h11
Le 07/07/2014 à 15h15
C’est du joli " />
Le 07/07/2014 à 15h15
Le 07/07/2014 à 15h15
C’est malin maintenant j’ai “Go Wex” dans la tête façon village people :/
Le 07/07/2014 à 15h18