Depuis plusieurs années maintenant, le groupe de presse News Corp (Wall Street Journal, The Sun, etc.) s'en prend régulièrement à Google. Cette semaine, la firme va plus loin en publiant sur son site officiel une lettre envoyée au commissaire à la concurrence de l'Europe. Une lettre aux contenus très explicites envers Google.
Pire que la NSA
Le groupe de médias News Corp appartient au milliardaire australo-américain Rupert Murdoch. Il fait surtout parti des groupes les plus puissants au monde dans le secteur de la presse. Il détient ainsi des journaux majeurs comme le Sun, le Wall Street Journal, le New York Post, The Times, sans compter ses liens avec la 20th Century Fox et la chaîne de télévision Fox. Le poids de News Corp est donc non négligeable.
Quand son patron Rupert Murdoch parle ou publie son avis, cela crée généralement une onde de choc. Il y a déjà deux ans, en pleine guerre SOPA/PIPA outre-Atlantique, le milliardaire s'en était vertement pris à Google via son compte Twitter, accusant le géant de la recherche en ligne (anti SOPA/PIPA) d'être de mauvaise foi dans ce débat, comme le tweet ci-dessous l'illustre bien.
Piracy leader is Google who streams movies free, sells advts around them. No wonder pouring millions into lobbying.
— Rupert Murdoch (@rupertmurdoch) 14 Janvier 2012
Outre l'accuser d'être le leader des « pirates » sur Internet, Murdoch, les jours suivants, a continué son offensive anti-Google (ici et là). Plus récemment, le 17 août dernier, le milliardaire, toujours aussi modéré, n'a pas hésité à faire un parallèle entre la NSA et Google.
NSA privacy invasion bad, but nothing compared to Google.
— Rupert Murdoch (@rupertmurdoch) 17 Août 2014
Un mois plus tard, son groupe News Corp donc a rajouté une banderille en dévoilant publiquement une lettre envoyée le 8 septembre dernier à Joaquin Almunia, Commissaire à la concurrence à Bruxelles pour le compte de la Commission européenne. Ce dernier doit en effet décider s'il accepte ou non les concessions et propositions faites par Google vis-à-vis des accusations d'abus de position dominante qui pèsent sur ses épaules. Si aucun accord ne venait à être trouvé, une lourde amende pourrait toucher le moteur de recherche américain.
Aux dernières nouvelles, malgré un avis initialement positif sur les propositions de Google présentées en février dernier, le commissaire a finalement souhaité que l'Américain améliore ses concessions. Une nouvelle que nous avons apprise le 9 septembre dernier suite à une entrevue accordée à Bloomberg. Or le groupe News Corp indique avoir pour sa part envoyé une lettre la veille, soit le 8 septembre.
Google, une bureaucratie « méprisante de la propriété intellectuelle »
Le contenu de cette missive est des plus explicites. Rédigée par Robert Thomson, le président du groupe de médias, cette lettre note dès son introduction que revoir l'offre de Google « arrive à une période cruciale de l'histoire de la libre circulation de l'information et de la bonne santé des médias en Europe et au-delà ». Pour Thomson, ce conflit dépasse largement le cadre des médias européens et concerne « les peuples d'Europe », en particulier dans leur capacité à accéder à l'information « de façon indépendante ». Un accès « mis en danger par la puissance écrasante de Google » n'hésite-t-il pas à affirmer.
Pour News Corp, Google était auparavant une start-up courageuse et créative. Aujourd'hui, elle n'est devenue qu'une bureaucratie gigantesque, puissante et souvent incompréhensible, « méprisante de la propriété intellectuelle » et qui « configure ses résultats de recherche d'une manière qui est loin d'être objective ».
À ces propos particulièrement tranchants, News Corp rajoute qu'elle aussi n'est pas une petite entreprise, mais que ses contenus sont vulnérables face à Google. Le groupe indique ainsi à Joaquin Almunia que le créateur de Gmail doit respecter ses droits. Son moteur de recherche ne doit ainsi pas être utilisé dans le but d'éliminer la concurrence insiste-t-il.
La « gestion cynique » de Google
Les propos virulents à l'encontre de Google ne s'arrêtent cependant pas là. Thomson rajoute que « la vision brillante des fondateurs de Google a été remplacée par une gestion cynique », dont le seul objectif est de livrer les données personnelles de ses utilisateurs aux annonceurs, tout en devenant une plateforme rêvée pour le téléchargement illégal et les réseaux malveillants. Des propos qui nous rappellent que News Corp est en faveur d'une censure complète des sites et services où les contenus illégaux transitent parfois. Robert Thomson pointe d'ailleurs du doigt le manque de volonté du moteur de recherche de respecter les droits fondamentaux à la propriété, « même si elle en a clairement la capacité ».
News Corp accuse ainsi le site de modifier sciemment les résultats de son moteur de recherche, ceci afin de maximiser ses revenus et « punir les petites entreprises qui sont devenues dépendantes de Google pour leur subsistance ».
Enfin, le président du groupe de médias indique qu'un accord sur cinq ans entre la Commission européenne et Google serait une erreur. Il estime ainsi qu'une telle durée est une éternité sur Internet. « Pratiquement tous les journaux en Europe sont en proie à des bouleversements, et certains ne n'existeront sûrement pas dans cinq ans, en partie à cause de leur mauvaise stratégie et manque de leadership », mais aussi par la faute de Google qui tente de capter l'audience des médias tout en cassant les prix publicitaires, « sapant ainsi le modèle d'affaires du créateur de contenu ».
Commentaires (38)
#1
Pire que la NSA
En juillet 2011, la mise en cause de News of the World, filiale de son groupe, News Corporation, dans un scandale d’écoutes téléphoniques de personnalités britanniques a abouti à l’ouverture d’investigations par la police et le gouvernement britanniques, ainsi que le FBI
C’est l’hôpital qui se fout de la charité." />
#2
Murdoch qui vient faire des leçons de morale, c’est comme si la mafia luttait contre la mafia. Ce mec mérite l’indifférence, au mieux le mépris." />
#3
Ouais, enfin dans le fond, la dominance de Google est quand même un peu inquiétante.
Pour moi, c’est tout comme Skynet ©
#4
On est tous d’accord: qu’un cynique comme ruppert murdoch se plaigne du cynisme de gooogle, je rigole!
Si les loups pouvaient se bouffer entr’eux!
#5
On lui sort quelques Une du Sun ou on le laisse à son ridicule ?
(pas que je défende Google, il a raison sur le fait qu’ils sont bien trop invasifs, mais comme dit amikuns faut pas pousser Maurice trop loin dans la mousse au chocolat !)
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#7
En même temps, je peux comprendre qu’il ai peur de la force de google, il s’est payé un géant des médias pour avoir une puissance écrasante, et maintenant que les journeaux ça vaut plus tripette il fait la tête, et regarde celui qui lui est passé devant..
en matière de lobbying, Fox news ils coûtent combien ? " />
#8
#9
Si je suis d’accord sur le fond et de la méfiance que l’on doit avoir vis a vis de google, Murdoch et son groupe sont plus que risibles dans le rôle de défenseurs du consommateur et surtout vis a vis de l’information biaisée qu’ils reprochent a google. Ce serait oublier le role de la Fox pro-républicains et la vague d’ordures dévérsée sur obama durant le débat sur leur “sécurité sociale” ou pendant les élections. Bref, Murdoch et son acolyte sont ils a ce points cons pour penser que nous ne connaissons pas leur méthode de fonctionnement. pas crédible du tout dans leur role de robin des bois." />
#10
il était pas taxi dans une autre vie ruppert ?
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He beee…
On voit que c’est rempli de fanboy Google ici.
Même au sein des modos, ça a l’air d’être le cas.
Je ne comprendrais jamais cette volonté de défendre à tout prix des entreprises aux pires desseins qu’il soit.
(Même si je ne doute pas que certains sont rémunérés pour défendre cette société)
Bienvenue dans un monde de pensée unique.
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