Activision fait rejeter la procédure ouverte par le dictateur Manuel Noriega
Le dénouement d'une procédure « absurde »
Le 29 octobre 2014 à 14h45
4 min
Droit
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Après une procédure de plusieurs mois, Activision vient d'obtenir raison auprès de la Cour supérieure de Los Angeles au sujet de son différend avec l'ex-dictateur Manuel Noriega. Celui-ci estimait que l'éditeur avait utilisé son image à des fins commerciales, sans avoir obtenu son accord.
En juillet dernier, Manuel Noriega faisait parler de lui depuis le fond de sa cellule en lançant une procédure à l'encontre d'Activision Publishing. L'ancien dictateur de Panama estimait en effet que l'éditeur avait fait usage sans son autorisation de son image dans Call of Duty Black : Ops II, un jeu vidéo ayant réalisé un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars en l'espace de quatorze jours de commercialisation.
Effectivement, le dictateur est bien représenté à deux occasions au cours de la campagne solo du jeu, puisque le scénario décrit les relations ambigües qu'entretenait Manuel Noriega avec la CIA lorsqu'il était à la tête du Panama. Son nom est clairement affiché à l'écran, tandis que son avatar ressemble fortement à la réalité.
Il réclamait du coup « des dommages et intérêts à la hauteur du préjudice subi », ce qui au vu des scores de vente du jeu, aurait représenté un gros pactole en cas de victoire.
Une plainte jugée absurde par Activision
Activision aura attendu deux mois avant de réagir publiquement, par la voix de son avocat, Rudolph Giuliani, ancien maire de New-York. L'éditeur avait alors répondu avec virulence aux attaques portées par le dictateur : « Ce qui est étonnant, c'est que Manuel Noriega, un dictateur notoire qui est en prison pour les crimes odieux qu'il a commis, est contrarié parce qu'il a été dépeint comme un ennemi d'État dans le jeu Call of Duty. Pour faire simple, c'est absurde », clamait ainsi l'avocat d'Activision.
L'éditeur était d'ailleurs allé encore plus loin en se lançant dans une argumentation « ad hominem » « Je n'ai pas envie de donner des documents à une personne condamnée pour meurtre et trafic de drogue, comme Manuel Noriega, qui réclame de l'argent à Activision et à sa franchise Call of Duty, parce qu'ils exercent leur droit à la liberté d'expression. L'attaque de Noriega sur les droits de Call of Duty n'est pas une surprise, considérant le fait qu'il est un tyran sans foi ni loi qui a piétiné les droits de son propre peuple ». L'ambiance du procès promettait donc d'être électrique.
Si l'on exclut ces quelques coups portés sous la ceinture, la défense d'Activision reposait sur un principe simple : Call of Duty : Black Ops II ne cherche pas à dépeindre la réalité, il ne s'agit que d'« une description créative [du rôle de Noriega] dans des faits historiques d'intérêt public », que le dictateur cherche à censurer. Or il s'agit d'une démarche culturelle très largement répandue. L'éditeur avait d'ailleurs joint au dossier une liste de plusieurs dizaines de films célèbres reposant sur ce principe, comme Forrest Gump et Inglorious Basterds.
L'avocat d'Activision estimait en outre qu'une décision en la faveur de Noriega serait de nature à remettre en doute la possibilité de réaliser ce type d'œuvre. Selon lui, n'importe quelle figure historique, qu'il s'agisse d'un chef d'Etat ou de toute autre personne influente pourrait alors saisir la justice si une fiction le dépeignait de façon peu favorable.
And the winner is...
Finalement, les industries culturelles américaines peuvent souffler, puisque la Cour supérieur de Los Angeles et le juge William H. Fahey ont tranché en faveur d'Activision dans cette affaire. « La simple allégation du paragraphe VI(2) de la plainte, à savoir "la défense a déçu et semé la confusion dans le public en le laissant croire que le plaignant a autorisé, approuvé et soutenu l'utilisation de son nom et de sa ressemblance dans Black Ops II" est insuffisante. Dans une poursuite-bâillon, le plaignant est tenu de fournir des preuves admissibles démontrant un préjudice probable. Le plaignant n'a fourni aucune preuve de cela et son action doit être déboutée », peut-on ainsi lire dans le compte-rendu du tribunal.
Bien évidemment, Activision se félicite déjà du résultat, en expliquant que « ce jugement est une victoire importante et nous voulons remercier la cour d'avoir protégé la liberté d'expression. C'était une procédure absurde depuis le départ et nous sommes satisfaits qu'à la fin un criminel notoire ne gagne pas. Ce n'est pas qu'une victoire pour les créateurs de Call of Duty, c'est une victoire pour les œuvres et les industries du divertissement à travers le monde ».
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Une plainte jugée absurde par Activision
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Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 29/10/2014 à 16h08
Il devait prouver qu’il est un gentil dictateur. " />
Le 29/10/2014 à 16h19
Le 29/10/2014 à 16h31
Ok je retourne sur Tropico. Faut juste faire attention à choisir le bon nom en début de partie !
Le 29/10/2014 à 16h42
Le 29/10/2014 à 16h49
Le 29/10/2014 à 17h17
Le 29/10/2014 à 17h21
Le 29/10/2014 à 17h40
Le 29/10/2014 à 17h42
Le 29/10/2014 à 17h53
Il s’attendait à quoi? comme si cette cour américaine allez statuer en la défaveur d’Activision.
Le 29/10/2014 à 17h53
Le 29/10/2014 à 19h20
Noriega est un déchet de l’humanité qui devrait croupir au fond d’une prison.
Le 29/10/2014 à 19h43
Je voulais juste faire mon pédant et faire remarquer que “deceived” ça ne se traduit pas par “déçu” (avant dernier paragraphe) mais tromper. Avouez que ce serait bizarre de la part de Noriega de dire à Activision: le jeu a déçu le public, 10 sur 20 !
Le 29/10/2014 à 21h01
ça tombe bien car il croupie en prison actuelement
Le 29/10/2014 à 21h17
Alors que dire des différents présidents us qui l’ont soutenu armé et financé, qui ont fait pareil avec Pinochet, ben Laden, le cartel de medelin
Le 29/10/2014 à 22h29
Oui il lui ressemble " />
Le 29/10/2014 à 14h47
Pourtant je trouve légitime …
C’est trop facile d’utiliser sa gueule sans son autorisation sous prétexte que c’est un jeu et image en 3D…
M’enfin !
Le 29/10/2014 à 14h54
Il aurait quand même pu utiliser Photoshop " />
Le 29/10/2014 à 14h56
Mon avis, une plainte devrait etre deposer en fonction de “Est-ce que l’image affichée est bonne ou pas?”
Si ca odnne une bonne image du dictatos (enfin bonne… selon certains critaire critères), il la ferme. Si ca descend le dictateur aux yeux de la communauté mondiale, il peut porter plainte.
Ca devrait pas être “Ololol, y a mon visage”, dans ce cas je pourrais porter plainte de temps en temps, ben oui, pendant des reportages, je passe des fois devant la caméra en marchant, genre “random man”, ca sert pour la télé, y a des sous qui se gagnent, donc ils utilisent mon image pour gagner de l’argent
J’espere avoir été comprehensible
Le 29/10/2014 à 14h59
A moins que le logiciel de création ne permet pas de faire mieux " /> (je me souviens avec Mass Effect, c’était pas la joie)
Le 29/10/2014 à 15h00
“il ne s’agit que d’« une description créative [du rôle de Noriega] dans des faits historiques d’intérêt public »”Autant cet argument me semble important effectivement pour le milieu du jeu vidéo, autant les diatribes du style « Ce qui est étonnant, c’est que Manuel Noriega, un dictateur notoire qui est en prison pour les crimes odieux qu’il a commis, est contrarié parce qu’il a été dépeint comme un ennemi d’État dans le jeu Call of Duty. Pour faire simple, c’est absurde », je trouve ça scandaleux.Donc en gros, s’ils avaient fait une description créative d’un méchant à partir d’un gars moins “méchant” dans la vraie vie, ils auraient jugé la plainte de Noriega recevable ? O_o
Le 29/10/2014 à 15h02
Donc si j’ai bien compris, le juge a rejeté la demande de Noriega car celui-ci n’a apporté aucun élément pour sa défense, et Activision en déduit que le juge a voulu protéger la liberté d’expression ?
Le 29/10/2014 à 15h02
En même temps te plaindre quand tu es dictateur …
Le 29/10/2014 à 15h03
Le 29/10/2014 à 15h03
Le 29/10/2014 à 15h05
je voyais aussi le côté justice à 2 vitesses : le fait que tu sois en taule implique que si on te trashe dans un média grand public, tu ne peux pas te défendre (ou plutôt, l’idée que tu puisse vouloir te défendre est considérée comme “absurde”)
Le 29/10/2014 à 15h06
Attend là c’est différent, ils utilisent son nom, une image numérique très ressemblante et donc bénéficie de son aura (mauvaise certe) pour faire un méchant dans le jeu, comme quoi si ça pause pas de problème à l’éditeur, ils mettent un autre nom et une autre tronche….
Le 29/10/2014 à 15h06
La question peut ce poser pour certain oui. Après je ne connais pas Noriega.
Le 29/10/2014 à 15h11
Le 29/10/2014 à 15h15
Enfin là l’idée c’est plus :
Noriega : “Ouinnn ouinnn dans leur jeu ils disent que je suis un dictateur !”
Justice : “Ouais, et c’est pas le cas ?”
Noriega : “Si mais….”
C’est un peu comme si les descendants d’Hitler portaient plainte contre tous les films où il est dépeint comme ce qu’il était.
Allez paf ! Godwin !
Le 29/10/2014 à 15h15
Le 29/10/2014 à 15h15
L’avocat aurait été plus crédible s’il avait utilisé la méthode Chewbacca…
Le 29/10/2014 à 15h16
Se rabaisser au niveau de ceux qu’on juge ? bof… il risquent de gagner à la longue grâce à leur expérience de la discipline.
Sinon, Noriega c’est le format classique du gars mis en place par la CIA et qui a décidé après coup de se retourner contre les USA (version Panama dans son cas)
En taule pour traffic de drogue et blanchiment aux USA, poursuivi pour meurtre au Panama.
Le 29/10/2014 à 15h21
Le 29/10/2014 à 15h22
Qu’il pète les bras de son adversaire quand il perd aux jeux " />
Le 29/10/2014 à 15h22
” Call of Duty : Black Ops II ne cherche pas à dépeindre la réalité,… Or il s’agit d’une démarche culturelle très largement répandue. L’éditeur avait d’ailleurs joint au dossier une liste de plusieurs dizaines de films célèbres reposant sur ce principe, comme Forrest Gump et Inglorious Basterds.”
Bien sur, quand on regarde Forest Gump on se dit que tout est faux…
Et dans Inglorious Basterds Hitler a été tranformé juste pour le film en dictateur exterminant des peuples… oh wait
Le 29/10/2014 à 15h24
Défense Chewbacca ;)
Le 29/10/2014 à 15h25
Le 29/10/2014 à 15h25
ça vient de SouthPark
Le 29/10/2014 à 15h26
Le 29/10/2014 à 15h28
Cela ne les empêche pas de s’appuyer sur des faits avérés.
Voilà le topo :
Ils cherchent un grand méchant, reconnu par son activité dictatoriale.
Noriega est une bonne cible puisqu’en plus il est en taule pour ces même faits.
Résultats, on le prend puisque ça va parler à notre public et en plus, vu que ce qu’on fait c’est de la fiction, on lui invente une petite histoire à la hauteur de sa réputation.
Donc oui techniquement Activision lui tire un tableau certes pas forcément glorieux, mais à la hauteur de sa propre réputation.
Le 29/10/2014 à 15h30
Le 29/10/2014 à 15h51
Je pense simplement que s’ils ne risquaient rien ils auraient choisi une autre ligne de défense.
Par conséquent il a attaqué selon l’angle de l’utilisation de son image, et eux ont défendu en niant toute réalité de son utilisation.
Le 29/10/2014 à 15h51
Je suis assez d’accord… mais cela commence par un dictateur et cela finit avec le citoyen lambda…
Pour moi,chacun est propriétaire de son image,point !
Le 29/10/2014 à 15h55
Le 29/10/2014 à 22h32
Le 29/10/2014 à 23h57
oui j’ai fait fait version abrégée en mode que sais-je : c’était l’heure de rentrer " />
Le 30/10/2014 à 08h19
C’est ce qu’il se fait dans quasiment tous les films et jeux s’appuyant sur des faits réels avec des personnages réels.
Donc oui c ‘est discutable, mais si tu commence à museler Activision sur ce point, il faut aller jusqu’au bout et museler aussi tous les autres.
Le 30/10/2014 à 08h27
Je pensais à VRAIMENT croupir, le genre de taule où on ne vit pas très longtemps…
Le 30/10/2014 à 09h04
Tu pensais à une cave dégueulasse ou il fait super chaud le jour et très froid la nuit ????
En gros on devrais l’envoyer au Baumettes à Marseille
Le 03/11/2014 à 10h28