L’État s’associe à la société civile pour élaborer une base d’adresses collaborative
Ray BAN
Le 17 novembre 2014 à 13h37
5 min
Internet
Internet
L’État, le groupe La Poste et l’association Open Street Map viennent de sceller un partenariat afin de mettre sur pied, à partir de l’année prochaine, une base d’adresses nationale qui sera proposée en Open Data. Composé à partir des millions d’adresses d’ores et déjà détenues par le fisc ou l’IGN – par exemple –, ce « méga registre » pourra être enrichi par tous les citoyens, notamment s’agissant des données de géolocalisation. Le tout sera réutilisable gratuitement, à condition toutefois de participer à l’amélioration de cette base.
Objectif : développer un véritable « bien commun accessible à tous »
C’est une « déclaration d’intention » préfigurant un accord relativement inédit qui a été signée vendredi entre La Poste, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), l’association Open Street Map et l’Administrateur général des données, Henri Verdier. Mais quel était donc le lien entre tous ces acteurs pourtant très différents ? Les adresses françaises. Ou, plus précisément, toutes les informations qui « composent » en réalité ces adresses : les données sémantiques, telles que l’adresse ou le code postal, mais aussi géographiques (la géolocalisation précise de chaque adresse).
Aujourd’hui, ce sont avant tout des acteurs privés qui exploitent de telles données, à l’image des GPS pour voitures ou de « Google Maps ». L’objectif de cet accord est donc d’arriver à travailler main dans la main au développement d’une « base adresse nationale (BAN) » publique qui soit adaptée aux besoins des particuliers, de l’administration et des professionnels. Ces informations auraient le double avantage d’être de qualité, car reposant sur les données certifiées, et auraient de surcroît vocation à être réutilisées par le plus grand monde via une mise en Open Data.
Mettre en commun les ressources existantes et faire appel aux contributions
L’idée est en effet de développer, avec l’aide de toutes les parties volontaires, une sorte de « méga registre » qui pourrait servir aussi bien aux pompiers ou aux policiers lors d’opérations de terrain, qu’à des services administratifs à la recherche d’une adresse, ou bien encore à des développeurs d’applications en tout genre (transports, « ville intelligente »...), etc. Il est évidemment question de proposer une base de données qui soit actualisée, ce qui représente un sacré défi quand on sait que des milliers de nouvelles adresses apparaissent chaque année en France.
Concrètement, les signataires se sont mis d’accord pour débuter leur coopération selon trois grands axes de travail :
- Créer une « base de données d’adresses unique, de référence », dont la qualité sera certifiée par l’IGN et La Poste.
- Définir un « dispositif collaboratif de collecte de l'adresse tant auprès des acteurs publics que des acteurs privés et du grand public ». Les signataires veulent en effet « faire converger les bases des parties prenantes et de faire levier sur les contributions citoyennes pour améliorer la qualité des données au bénéfice de tous ». Un site officiel en « .gouv.fr » devrait ainsi être ouvert dans les prochaines semaines afin que chacun puisse participer à la BAN.
- Diffuser les données de la base selon les besoins respectifs de chaque catégorie d’utilisateur, grâce à un dispositif de double licence. Ceux qui ne souhaitent pas repartager leurs améliorations à la BAN devront payer pour réutiliser ses données – même si aucun tarif précis n’est évoqué pour le moment. Pour les autres, il sera possible de réutiliser gratuitement, même à titre commercial, les données de la base d’adresses, mais à condition de « repartager le produit de leurs travaux dans les mêmes conditions de réutilisations ».
Pour vanter les mérites de cette démarche, les signataires brandissent une étude menée au Danemark, et selon laquelle l’ouverture d’une base nationale d’adresses aurait permis de réaliser plus de 60 millions d’euros d’économies.
L'accord formel devrait être signé d'ici au 30 mars 2015
L’accord final n’a pas encore été signé, mais les choses semblent plutôt bien parties. La déclaration d’intention de vendredi prévoit en effet que tout soit entériné d’ici au 30 mars prochain. Pour chapeauter le travail de toutes les parties, une « gouvernance collégiale » sera instituée, le tout sous la présidence de l’Administrateur général des données (ou « Chief data officer »).
Si chacun des signataires y est allé de son petit commentaire pour se féliciter de ce pas en avant - et même le secrétaire d’État en charge de la Réforme de l’État, Thierry Mandon - nos confrères de La Gazette des communes rappellent que cette union s’avère être « une issue apaisée à un dossier houleux », dans la mesure où les récentes péripéties autour de ce sujet ne laissaient pas augurer une telle fin.
En attendant que la BAN commence à voir le jour, La Poste a mis en ligne vendredi sur « data.gouv.fr » la base officielle des codes postaux.
L’État s’associe à la société civile pour élaborer une base d’adresses collaborative
-
Objectif : développer un véritable « bien commun accessible à tous »
-
Mettre en commun les ressources existantes et faire appel aux contributions
-
L'accord formel devrait être signé d'ici au 30 mars 2015
Commentaires (27)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 17/11/2014 à 14h31
Avec l’asso française.
Le 17/11/2014 à 14h32
Il s’agit bien d’OSM France, j’ai juste un peu raccourci pour ne pas trop alourdir les explications.
Le projet BAN va “reprendre” en quelque sorte BANO. Je n’ai pas voulu reprendre l’historique des différents projets, mais si ça vous intéresse, je vous invite à lire l’article de la Gazette des communes (linké dans l’article) et qui fait ça très bien :)
Le 17/11/2014 à 14h58
Le 17/11/2014 à 15h41
Par contre je suis surpris que l’IGN / Geoportail ne soient pas partie prenante dans l’histoire. Normalement c’est à eux que reviennent ce genre d’activités… Peut être trop compliqué d’ouvrir leurs propres bases ?
En tout cas j’ai hâte de voir ce que ça va donner.
Le 17/11/2014 à 15h44
Pour le coup IGN fait bien parti du projet, ou bien j’ai pas compris ce que tu voulais dire par “partie prenante “?
Le 17/11/2014 à 15h47
Non, tu as parfaitement raison, c’est moi qui ai lu trop vite…
Le 17/11/2014 à 16h02
quand on vois le prix que certaines boites facture pour géo-coder une base client (passage des adresses postales au coordonnées type GPS, Lambert, etc.), avoir une alternative Open-Data, c’est bien venu.
Pour ce qui est du croisement de données, entre le botin et les adresses, c’est déjà possible et ce projet n’y changera rien, ca permettra juste d’avoir les vrais coordonnées mais passer un fichier json contant une série d’adresses postales dans l’API google map ca marche déjà depuis quelques années, il faut vivre avec son temps…
Le 17/11/2014 à 16h33
Le 17/11/2014 à 17h30
Et bien pour améliorer les données liées aux routes, on prend son courage à 2 mains, et on commence à contribuer à OpenStreetMap.
Ce n’est pas si compliqué que ça, mais attention, c’est addictif :-)
Le 17/11/2014 à 17h59
Le 17/11/2014 à 18h06
Je trouve que c’est assez facile de participer à OSM. Directement sur le site, tu peux déjà corriger ou apporter des informations sur ton quartier par exemple (nom de commerce, limitation de vitesse d’une rue, etc.).
Le 17/11/2014 à 18h16
Contribuer c’est galère ? Vraiment ?
Difficile à dire pour moi, car ça fait trop longtemps que je suis dans le bain, mais en commençant doucement, ça vient vite. Ajouter une limite de vitesse, un point d’intérêt, ce n’est quand même pas très compliqué, si ?
Dernièrement, l’éditeur en ligne qui était Potlatch a été remplacé par iD qui est un peu plus simple.
La rolls reste l’éditeur Josm, mais ça demande plus d’investissement en temps.
Il y a aussi les rencontres locales pour ce faire initier, ou les tutos en ligne :
http://learnosm.org/fr/
http://fr.flossmanuals.net/openstreetmap/decouvrir-la-cartographie-collaborative…
Sinon, pour les contributions très ponctuelles, il est possible d’ajouter des notes sur la carte en ligne, ce qui permettra à ceux qui éditent d’ajouter les informations.
Récupérer les metadonnées, c’est autre chose, que je maitrise moins.
En tout cas, vu que je travaille actuellement sur une page qui guiderait les débutants vers les outils disponibles, je suis preneur des remarques de la part des personnes qui ont commencé ou commencent tout juste à contribuer.
Le 17/11/2014 à 18h45
C’est une bonne nouvelle " />
Le 17/11/2014 à 19h31
Une question comme ça mais, Si on refuse d’être “Fiché” dans cette base, comment ça se passe?
Le 17/11/2014 à 21h34
Tu n’es pas fiché.
C’est la géolocalisation des adresses qui est dans la base, pas ton nom.
Le 18/11/2014 à 00h17
Le 17/11/2014 à 13h44
Oh ! Le premier projet Open-Data qui me semble concret et intéressant !
Le 17/11/2014 à 13h55
comme, souvent, “c’est une bonne chose” au départ, PUIS “des p’tits malins” exploitent les failles
du système, qui n’était PAS prévu “pour cela” …à la base !!! " />
Le 17/11/2014 à 14h01
An tant que tel c’est une bonne idée, la définition même d’un service public.
Après en effet on attend la faille
Le 17/11/2014 à 14h08
Mouai, pourquoi pas, vu que toutes ces informations sont déjà dispo dans gg maps.
Certe, niveau faille, tu associes ça au bottin téléphonique, tu es capable de réaliser une map avec directement le nom et l’adresse. Il suffit d’un coup d’oeil sur les profils facebook publique un peu trop bavard pour savoir si les personnes sont en vacance ou pas et monter ainsi sa petite tournée des visites nocturnes d’un quartier.
Bon, maintenant, il faudrait penser à ajouter aussi les informations “routières” comme les limitations de vitesse, les priorités, les interdiction… tout ce qui peut paraître utile pour la conduite et que dans certaine zone, c’est pas franchement facile à déterminer.
Le 17/11/2014 à 14h18
Perso, c’est plus ça qui m’intéresserai … intégrer la DDE dans le projet Open Street Map … mise à jour des routes, limitations de vitesse, travaux (début/fin) en temps réél tout en CC " />
Mais bon … on peut rêver ….
Le 17/11/2014 à 14h26
L’accord a été passé avec l’association française OpenstreetMap ou celle internationale ?
L’association française travaille dessus depuis plusieurs mois :
http://openstreetmap.fr/bano
Le 18/11/2014 à 12h36
Le 18/11/2014 à 17h05
Sans être dans le secret des négociations :
OpenStreetMap France imposer quelque chose à l’IGN ? L’asso n’était pas en position de le faire. En revanche, créer une base d’adresse ouverte (BANO, en odbl), et la rendre suffisamment séduisante pour que l’état s’y intéresse de près, et fasse finalement pression sur l’Ign et la poste qui ont des missions de service public, peut-être…
Puisque la BAN sera disponible en Odbl, elle sera disponible comme source pour Osm, que l’asso française soit signataire de l’accord ou pas.
S’il n’y avait pas de BAN sous licence ouverte, c’est à dire la même situation qu’avant la signature de l’accord, alors BANO aurait continué son chemin, beaucoup plus lentement il est vrai.
Le 18/11/2014 à 20h13
Le 18/11/2014 à 22h23
Le ministre est au dessus de l’IGN. Si OSM arrive à convaincre le ministre (via Etatlab), OSM impose ses conditions à l’IGN. Pour le coup, ils n’ont pas réussi à le faire, mais c’est peut-être parce que l’IGN a démontré qu’ils étaient largement plus avancés.
Le président d’OSM fait partie d’Etatlab, ça lui donne un certain pouvoir.
Le 19/11/2014 à 19h12
Ce dossier trainait depuis plus de 10 ans, voire 15. C’est donc à une grande avancée qu’on a pu assister là.
Et elle n’a été possible parce que les conditions devenaient favorables : un directeur général de l’IGN visionnaire pour son établissement (malheureusement le lundi suivant il faisait les frais d’un jeu de chaises musicales de hauts fonctionnaires d’Etat), et une pression imposée par OSM Fr depuis quelques mois sur les acteurs que sont La Poste et IGN. En décembre 2013 à Lille, le président d’OSM Fr avait annoncé le top départ du projet BANO et en juin 2014, il y avait déjà un beau stock de 2 millions d’adresses (sur environ 25) collectées avec une accélération du processus en grande partie automatique.
Mais ce qui est important ce n’est pas que la base elle-même, c’est tout le processus de création (par les communes) et de collecte, à réviser en mode administration 2.0 afin qu’on dispose d’une réelle exhaustivité. L’enjeu majeur de la base est sur les adresses qu’on ne connait pas, beaucoup moins sur celles qu’on connaît.
Et bien évidemment que cette base soit rendue acccessible à tous sans frais … c’est un vrai bien commun avec un potentiel de réutilisation énorme !