Wire est une application de messagerie qui débarque sur Android, iOS et OS X. Son développement a bénéficié du concours de Janus Friis, l’un des fondateurs de Skype. Le service, qui propose également de la VoIP, veut rénover la manière de communiquer, notamment via une interface originale, mais qui n’est pas forcément simple à utiliser.

Une interface qui tranche avec les habitudes...

Pour beaucoup, Skype est la solution « standard » quand il s’agit d’échanger des messages entre plusieurs plateformes différentes, surtout quand les appels vocaux et la vidéo doivent être de la partie. Racheté par Microsoft pour la bagatelle de 8,5 milliards de dollars, le client est disponible à peu près partout, ce qui offre au service une certaine ubiquité. Et l’éditeur ne relâche pas la pression, avec un renouvellement permanent et de nouvelles moutures, excepté dans le cas de Linux.

Et voilà qu’un nouveau venu souhaite proposer une nouvelle expérience en matière de messagerie et de VoIP : Wire. Disponible sur Android, iOS et OS X, l’application propose une interface qui tranche radicalement avec ce que l’on peut trouver habituellement dans le domaine pourtant très concurrentiel des messageries.

Pas d’utilisation du numéro de téléphone ici car Wire réclame la création d’un compte. Une fois ce dernier créé (attention, on ne retape pas son mot de passe), on arrive sur l’écran principal, pratiquement vide. On ne voit que notre nom en haut de l’écran, et aucune autre information. Et, surtout, aucun bouton n’est là pour aiguiller l’utilisateur.

... et qui est assez déroutante les premiers temps 

C’est là en effet toute la particularité de Wire : tout se fait à travers des gestes. Un parti pris assez déstabilisant au départ, d’autant que peu d’indications sont données. On se prend à essayer de déplacer l’écran dans toutes les directions, et on finit par trouver ce que l’on cherche en le faisant glisser vers le bas : les contacts. L’application nous en propose certains que l’on pourrait connaître (on ne sait pas comment le service détermine ces relations), mais on pourra surtout chercher de vrais contacts grâce à l’adresse email utilisée pour leur compte. En ce sens, Wire se rapproche de Skype avec l’ajout manuel des contacts quand ils ne sont pas trouvés automatiquement par l’application.

Dès lors que l’on a au moins un contact, on fait glisser l’écran vers la gauche pour révéler la liste des discussions actives. Dès que l’on entre dans une conversation, c’est l’avatar du contact qui sert de fond d’écran, dans une forme assombrie, en fonction de la teinte dominante qu’il a choisie. Le texte et les photos échangées viennent directement s’ajouter dessus et le résultat visuel est particulièrement agréable. Wire est également compatible avec les liens Soundcloud et YouTube pour les afficher d’une manière directement exploitable.

Au sein d’une conversation, toutes les fonctions particulières doivent être appelées par un geste préliminaire : on fait glisser son doigt vers la droite depuis le curseur de texte pour révéler quelques rares boutons. L’un permet de passer un appel audio, le deuxième ouvre les photos pour choisir celle que l’on veut envoyer et la dernière permet de « pinger » le contact pour lui signaler notre présence.

Synchronisation rapide des conversations et qualité du son 

La version OS X propose quant à elle une interface similaire qui, là encore, s’éloigne des canons habituels du système. La fenêtre est séparée en deux zones, avec à gauche les contacts, à droite la conversation, le tout étant très dépouillé et presque sans aucun bouton. Wire ne ressemble pas aux applications Mac mais son originalité est rafraichissante. Notez que la synchronisation des conversations est particulièrement rapide.

Mais qu’en est-il des appels ? Wire vante en effet la qualité « cristalline » du son durant les conversations, basées sur le codec open source Opus. Nous avons donc réalisé quelques tests, et la qualité est effectivement au rendez-vous. Le son est très bon, que l’on soit sur un smartphone ou sur un Mac. Notez que l’on peut passer de l’un à l’autre via un transfert d’appel. Dans notre test cependant, si la bascule d’un iPhone vers un Mac a fonctionné sans problème, le retour sur le smartphone a coupé la communication.

De nombreuses fonctions basiques sont absentes 

Wire a le mérite de dépoussiérer les interfaces, si l’on n’a pas peur de tâtonner un peu dans les débuts. Cependant, l’application n’est pas exempte de défauts et de manques. Certaines fonctionnalités très basiques sont absentes et les développeurs devront travailler dur pour remonter au niveau de ce que propose WhatsApp, Viber, Telegram, ou même iMessage puisque deux des trois plateformes visées sont d’Apple. Wire n’affiche par exemple pas quand le contact est en train d’écrire. Les envois de vidéos ne sont pas de la partie et on ne peut même pas faire une sélection multiple des photos que l’on souhaite partager. Dans les conversations avec un seul contact, les versions smartphones utilisent la même police et la même taille pour signaler les messages entrants et sortants, et on a parfois du mal à voir qui a écrit quoi. Un problème que ne rencontre pas la version Mac, qui utilise des pastilles de couleurs. Et, bien évidemment, Wire ne permet pas la vidéoconférence.

Un dernier point, concernant la sécurité cette fois. Zeta Project, éditeur de Wire, indique qu’elle est exemplaire. Dans une interview donnée au Guardian, le PDG, Jonathan Christensen, a précisé que toutes les communications vocales étaient chiffrées de bout en bout, des appareils vers les centres de données, ou l’inverse. Il n’a pas été précisé cependant si elles étaient également chiffrées pour les échanges inter-serveurs. Pour les messages et les échanges de média, le responsable parle de chiffrement, mais pas de bout en bout. La sécurité est donc moins exemplaire que ce l'éditeur affirme.

Pour l'instant, le service est gratuit et ne contient pas de publicité 

Pour l’instant, toutes les moutures de Wire sont gratuites et aucune des applications n’intègre de publicité. Un modèle qui ne restera pas en l’état évidemment et il y a fort à parier que le service basculera plus tard sur une formule d’abonnement payant, à la manière de WhatsApp, ou en commercialisant des fonctionnalités Premium. Une version HTML5, exploitable dans un navigateur, est en outre en préparation, de même qu’un client pour Windows.

En attendant, ceux qui souhaitent s’essayer à Wire pourront récupérer l’application pour chacune des trois plateformes actuellement supportées :

• Android
• iOS
• OS X