Plan e-éducation : davantage de numérique dans les enseignements à partir de 2016
Le Rantan Plan
Le 19 janvier 2015 à 13h40
5 min
Droit
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À l’occasion du débat organisé mercredi dernier à l’Assemblée nationale à propos de la stratégie numérique de la France, la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire est revenue sur le grand « plan pour le numérique à l’école » promis l’été dernier par François Hollande. Non sans une certaine impression de réchauffé...
« Nous avançons, nous avançons bien » a assuré Axelle Lemaire à ses anciens collègues députés, la semaine dernière dans l’hémicycle. Tout en reconnaissant que ce plan e-éducation était un peu « un serpent de mer », la locataire de Bercy a livré quelques détails supplémentaires sur cet énième programme qui devrait être mis en œuvre à partir de la rentrée 2016, mais dont le contenu exact reste extrêmement flou... La dernière annonce en date remonte au mois de novembre, lorsque le président de la République a affirmé sur TF1 que « tous les élèves de classe de cinquième » seraient équipés d'une tablette et bénéficieraient d’une « formation avec le numérique ».
La secrétaire d’État au Numérique a expliqué à cet égard mercredi que dès la rentrée 2016, les nouveaux programmes intégreraient « des enseignements numériques, ce dans tous les niveaux, et avec une spécification de formation au niveau du lycée ».
La locataire de Bercy a ajouté que le gouvernement avait « une nouvelle ambition pour la formation des enseignants », dans la mesure où le numérique était selon elle une « source d’inquiétudes de la part d’une majorité de professeurs, qui ne maîtrisent pas forcément les outils numériques et qui ont besoin d’un accompagnement beaucoup plus proche de leurs besoins en ce domaine ». On se souviendra cependant que la loi sur la refondation de l’École de la République, portée en 2013 par le ministre socialiste de l’Éducation nationale Vincent Peillon, était déjà censée s’attaquer à ce problème.
Le code, un langage « aussi essentiel qu’une langue étrangère »
Axelle Lemaire a au passage rappelé son attachement vis-à-vis de l’apprentissage de la programmation informatique à l'école. « Aujourd’hui, le code est partout. Il est essentiel que nos enfants soient autonomes dans l’environnement numérique et, pour cela, qu'ils apprennent ce langage qui aujourd'hui est aussi essentiel qu’une langue étrangère » a ainsi fait valoir la secrétaire d’État.
L'intéressée n’a pas manqué d’évoquer le récent appel à projets lancé dans le cadre des investissements d’avenir, afin que les élèves français puissent justement bénéficier d’un éveil au code (notre article). D’après elle, il y aurait d’ores et déjà de « très nombreuses » réponses. « Elles prouvent que l’appétit est grand de la part des acteurs de terrain, de la part des parents et des familles qui soutiennent très largement toutes les initiatives prises pour favoriser l’apprentissage du code par les jeunes enfants en France ». Une consultation très récente menée en interne par l’Éducation nationale démontre pourtant que le sujet est loin de faire l’unanimité chez les professeurs, comme nous avions pu en discuter un peu plus tôt avec Benjamin Bayart...
Une plateforme dédiée aux contenus
La principale annonce d’Axelle Lemaire réside peut-être dans la « mise en activation » prochaine d’une « plateforme plus ouverte, plus largement utilisable, qui donnera un accès aux contenus pédagogiques innovants qui permettent, grâce aux outils numériques, de faire de l’éducation autrement, au plus près des besoins particuliers des élèves, notamment à l’adresse des enfants connaissant des difficultés scolaires ». Là encore, on pourra se remémorer les belles paroles de Vincent Peillon, qui déclarait fin 2012 vouloir « des ressources numériques accessibles pour tous » (vidéo ci-dessous).
En lieu et place, certains auraient sans doute préféré que la secrétaire d’État au Numérique évoque l’appel lancé il y a quelques semaines par l’Association de promotion du logiciel libre (April) en faveur de l’interopérabilité et de l’utilisation de formats ouverts au sein de l’Éducation nationale, et qui compte actuellement plus de 5 400 soutiens (voir notre article).
Une concertation « jeunesse » qui devrait débuter dans les prochains jours
Le sujet devrait quoi qu’il en soit être abordé durant la grande concertation dédiée à la jeunesse, qui est censée débuter dans les prochains jours. François Hollande avait expliqué qu’elle permettrait aux jeunes de s’exprimer et de faire des propositions via une plateforme en ligne. Cette consultation qui pourrait durer un ou deux mois devrait également être ouverte aux enseignants, aux parents d'élèves, aux éditeurs de livres, aux élus locaux, etc.
Selon nos informations, cette concertation aurait dû débuter cette semaine, mais les événements tragiques liés aux attentats de Charlie Hebdo ont quelque peu chamboulé l’agenda de l’exécutif. Mardi dernier, la ministre de l’Éducation nationale a d'ailleurs réagi à ces événements en déclarant entre autres que « l’apprentissage des usages de l’internet » serait « l’un des enjeux du plan numérique à l’école ».
Plan e-éducation : davantage de numérique dans les enseignements à partir de 2016
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Le code, un langage « aussi essentiel qu’une langue étrangère »
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Une plateforme dédiée aux contenus
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Une concertation « jeunesse » qui devrait débuter dans les prochains jours
Commentaires (30)
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Abonnez-vousLe 19/01/2015 à 14h05
Oui a la limite c’est le seul truc qui pourrait être une bonne idée de créer une option au lycée programmation ….
Le 19/01/2015 à 14h06
Sauf que dans ce cas la comparaison marche avec à peu près n’importe quoi : les échecs, le tennis, la cuisine, le dessin ou même un Mario sur NES.
Sinon réduire la programmation à des boucles et des conditions c’est bien naïf, ça fait longtemps qu’on est au-delà de ça.
Leynas.
Le 19/01/2015 à 14h07
Le 19/01/2015 à 14h10
Elle existe déjà plus ou moins, c’est l’option ISN proposée dans certaines classes de Terminale S et qui recouvre grossièrement entre la moitié et les deux tiers d’un premier semestre de DUT Informatique.
Il y a cependant quelques problèmes, dont le fait qu’elle n’est pas enseignée par des professeurs d’informatique ou des informaticiens. Et aussi le fait qu’on dillue certains langages par des librairies artificielles conçues uniquement à but pédagogique, au point que sans elles les élèves sont perdus.
Leynas.
Le 19/01/2015 à 14h16
Le code binaire, c’est dépassé, ils faut leurs apprendre la physique quantique, ce sera plus utile. Tous les ordinateurs seront bientôt quantique non !
Le 19/01/2015 à 14h18
ISN existe aussi en option en seconde, on fait de l’algo, moi qui programme depuis plusieurs années je me fait bien chier m’ennui un peut " />
Sinon, ça serais bien qu’ils nous en dise un peut plus (si ils savent de quoi ils parlent) sur quelle langage ils prévoient de faire enseigner. " />
Le 19/01/2015 à 14h22
Le 19/01/2015 à 14h26
Le 19/01/2015 à 14h28
Le 19/01/2015 à 14h28
Je parle ici d’algorithmie. Algorithmes de tris, de parcours d’arbres, chemin le plus court, coupe minimale/maximale, compléxité. Ajoutons à ça les listes chaînées et autres structures de bases (FIFO, FILO) et on a déjà bien de quoi faire.
Certes, on est au delà de ça aujourd’hui, chaque langage a ses spécificités. Certains sont orientés objets, d’autres fonctionnels, etc. Sauf que choisir un langage, c’est déjà un problème. Lequel choisir ? Du Java, du C++, du Python ? Parce qu’il faut bien être conscient qu’on ne peut pas changer le programme chaque année. Ca revient cher en formation et ça prend du temps. Qu’est ce qui se passe si on choisit le Python et que ça tombe en désuétude ? L’algorithmie, c’est intemporel et c’est utilisé partout, dans tout type de logiciel.
Le 19/01/2015 à 14h30
Le 19/01/2015 à 14h31
Le 19/01/2015 à 14h39
Le 19/01/2015 à 14h40
Le 19/01/2015 à 15h06
La principale annonce d’Axelle Lemaire réside peut-être dans la « mise en activation » prochaine d’une « plateforme
plus ouverte, plus largement utilisable, qui donnera un accès aux
contenus pédagogiques innovants qui permettent, grâce aux outils
numériques, de faire de l’éducation autrement, au plus près des besoins
particuliers des élèves, notamment à l’adresse des enfants connaissant
des difficultés scolaires ».
Ce qui me fait rire c’est que des plateformes, ouvertes, ultra utilisables, il en existe des tonnes aussi bien dans le monde du logiciel libre avec edx, qui est utilisé par fun, ou bien zeste de savoir (qui est open source), ou propriétaire avec openclassrooms.
En plus eduscol a déjà une plateforme de veille qui permet de mettre ces outils en avant.
Bref, comme on va recréer un machin pour faire le débat mais rien n’avancera.
Le 19/01/2015 à 13h46
Axelle Lemaire a au passage rappelé son attachement vis-à-vis de l’apprentissage de la programmation informatique à l’école. « Aujourd’hui,
le code est partout. Il est essentiel que nos enfants soient autonomes
dans l’environnement numérique et, pour cela, qu’ils apprennent ce
langage qui aujourd’hui est aussi essentiel qu’une langue étrangère » a ainsi fait valoir la secrétaire d’État.
On voit bien qu’elle sait de quoi elle parle….. " />
Le 19/01/2015 à 13h47
davantage de numérique dans les enseignements
Le 19/01/2015 à 13h59
Plus que le code, c’est l’algorithmie qui gagnerait a être enseignée à l’école. Une majeure partie des langages de programmation aujourd’hui repose sur les mêmes bases (boucles for/while, condition if/then/else). Une introduction a l’algorithmie serait sûrement plus intéressante, à la fois pour les élèves (pas de règles strictes de syntaxe/grammaire) et pour les enseignants (le pseudo-code est plus simple d’approche).
Dire que le code, c’est comme une langue étrangère n’est pas une aberration en soi : je ne parle jamais allemand (8 ans d’allemand pourtant !) mais je suis bien content d’avoir des bases. Si un jour je veux m’y remettre, ce sera bien plus simple que de partir de 0. Il en va de même pour le code. Certes ça ne va pas servir à tout le monde, mais dans le cas d’une reconversion ça peut être intéressant d’avoir cette carte en main.
Le 19/01/2015 à 14h01
des enseignements numériques, ce dans tous les niveaux, et avec une spécification de formation au niveau du lycée
Ah, c’est que ça deviendrait presque sérieux, enfin. J’espère qu’ils vont revoir sérieusement cette option ISN.
Le reste c’est que de l’air, comme dans les paquets de chips.
Leynas.
Le 19/01/2015 à 15h34
Le 19/01/2015 à 15h37
Le français ça serait pas mal non plus…
Le 19/01/2015 à 15h38
Sûr quand voit la diplomatie du gouvernement, les langues étrangères ne servent plus à grand chose.
Quand à faire du code pour faire du code, c’est assez débile. Il y a quand même tout une logique à capter et le code n’est qu’une des nombreuses façons de l’exprimer. Et le temps que ces chères têtes blondes sortent des bancs de l’école, les langages auront bien évolués.
Par exemple, la grande mode est de faire du test, voire de la notation Big O. La recherche est un grand au-dessus dans la démonstration des programmes et même de n’avoir qu’à écrire la démonstration sans le “programme” qui est démontré.
Ce serait comme apprendre aux enfants de faire des dessins bitmap alors qu’avec un simple crayon ils font aussi bien que du vectoriel.
De plus en plus les inégalités scolaires dépendront des parents… et pour rectifier tout ça on tapera plus fort sur les parents.
Le 19/01/2015 à 15h40
Vu comme l’algo est enseignée dans le supérieur (souvenirs d’école d’ing " /> ), y’a de quoi dégoûter les gosses à vie si on fait pareil.
Le 19/01/2015 à 15h52
Le 19/01/2015 à 18h34
Le discours angélique de Mme Lemaire me laisse songeur car je me demande bien qui va enseigner le “code” aux élèves…
En effet, la grande majorité de mes collègues enseignants ne maîtrisent même pas l’environnement de leur propre OS et pour eux Python est un serpent.
Par ailleurs la formation d’un grand nombre d’enseignants se prévoit bien en amont et prend des années. Or à ce jour, aucune formation concernant cet apprentissage du “code” en septembre 2016 n’est disponible dans la très grande majorité des académies. Et dans le peu d’académie où de telles formations sont proposées, il n’y a que quelques dizaines de volontaire.
Conclusion : les tablettes et l’apprentissage du “code” ne permettront pas aux futures générations de devenir “autonomes dans l’environnement numérique” mais bénéficieront au moins aux industriels (tablettes et outils pédagogiques à payer tous les ans comme les ENT). Puis, dans 3 ou 5 ans, le prochain gourvenement prononcera l’échec de ce plan numérique afin d’en mettre en place un nouveau; et ainsi de suite…
Le 19/01/2015 à 18h46
Le 19/01/2015 à 20h59
…que « tous les élèves de classe de cinquième » seraient équipés d’une tablette…
Il faudra qu’on m’explique comment on compte former des jeunes à devenir des créateurs en utilisant… des minitels.
Les tablettes sont conçues comme des terminal de consommation, la création étant faite sur des ordinateurs. La logithèque d’outils créatifs sur tablette est particulièrement pauvre.
Ce “détail” va certainement tuer de futurs vocations, particulièrement chez les surdoués qui seront très vite limités par l’outil… qui ne leur permettra pas de développer leurs talents.
Bref, un vrai nivellement par le bas.
Tout ça pour une facture qui se comptera en milliards d’euros, comme si notre pays pouvait se payer ce genre de luxe.
Le 19/01/2015 à 22h14
Le 20/01/2015 à 03h43
Le cobol n’est pas mort. " />
Le 20/01/2015 à 06h55