Le décret sur le blocage des sites présenté en Conseil des ministres
Et donc publication imminente
Le 04 février 2015 à 09h15
4 min
Droit
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Au Conseil des ministres de ce mercredi 4 février, le ministre de l’Intérieur présentera les grandes lignes de son décret sur le blocage des sites « terroristes » et pédopornographiques. L’ultime signe d’une publication imminente.
Ce matin, en Conseil des ministres, Bernard Cazeneuve présentera le décret sur le blocage des sites provocant à des actes de terrorisme ou en faisant l’apologie. Comme prévu, le texte va également activer une mesure similaire issue de la loi LOPPSI de 2011 et permettant cette fois le blocage des sites diffusant des contenus pédopornographiques. Cette annonce témoigne d’une publication du texte au Journal officiel dans les jours à venir.
Pour mémoire, ce décret d’application s’inscrit dans la lignée de la loi contre le terrorisme votée en novembre 2014. Le texte touchant à la société de l’information, le gouvernement avait dû le notifier à Bruxelles afin de recueillir l’avis de la Commission européenne et des autres États membres. Tout s’est cependant accéléré après le drame de Charlie Hebdo. Cette notification a en effet eu lieu au lendemain des attentats sanglants, un électrochoc qui a permis à Paris d’opter pour la voie de l’urgence, prétextant une « accélération des phénomènes constatés de radicalisation par l’usage d’internet. »
C’est l’office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) qui aura la charge de dresser la liste des sites à bloquer. Lors de sa récente audition au Sénat, Catherine Chambon, commissaire divisionnaire de la police nationale et sous-directeur de la lutte contre la cybercriminalité a annoncé qu’il y aurait « plusieurs centaines de sites » pédopornographiques dans le viseur et « une cinquantaine de sites web par an qui peuvent inciter au terrorisme. »
Un dispositif techniquement complexe
Le dispositif s’appuiera « essentiellement » sur la veille citoyenne, à savoir les signalements effectués par les internautes via les intermédiaires techniques ou directement sur la plateforme Pharos. De son côté, l’OCLCTIC a lancé une politique de recrutement pour gérer des questions « techniquement complexes » du fait du principe de subsidiarité qui obligera d’abord les services à contacter éditeurs et hébergeurs avant, faute de mieux, d’exiger des mesures de suspension d’accès par les fournisseurs d’accès.
« Ce blocage aboutit pour l’internaute à ce qu’il ne puisse plus avoir accès à partir d’une adresse IP française au contenu. Il sera redirigé vers une page d’accueil qui aura une vocation pédagogique de rappel à la loi ». Pour la pédopornographie, il y aura également des recommandations médicales adressées au visiteur en quête de ces contenus. Le chantier est cependant encore frais : fin janvier, les modalités techniques de ces pages étaient par exemple encore en cours de finalisation, assure Mme Chambon, qui précise qu’« il y a des évolutions d’application à prévoir », sans plus de détail. Est-ce déjà l'anticipation d'une extension des mesures de blocage aux contenus racistes et xénophobes ?
Présentation de la procédure de blocage, par Catherine Chambon (OCLCTIC)
Un blocage facilement contournable, mais peu importe
Ces mesures restent très critiquées (voir l’intervention de Jeremie Zimmerann) et l’OCLCITC sait déjà qu’il y existe de nombreux moyens de contournement. « On peut contourner la difficulté, le plus simple ce n’est pas d’avoir une adresse IP française, ce n’est pas très compliqué ». Mais peu importe : « la vocation de ce texte est essentiellement prophylactique, selon la commissaire divisionnaire. On doit empêcher la population générale d’accéder à ce genre de contenus qui sont complètement pernicieux ». Pour Mme Chambon, ainsi « on doit impérativement positionner ce dispositif et empêcher un nombre ignoré de personne d’y accéder ». Celle-ci considère que cette mesure permettra « de toucher 80% de la population qui n’est pas spécialement férue de nouvelle technologie ». Elle y voit ainsi « un signal fort de l’État » pour prévenir le risque de « dérapage (…) mal maitrisé par l’environnement familial ».
Combien de sites « terroristes » seront bloqués lors de la première vague ? « Nous sommes sur une dizaine de sites » assure-t-elle devant la commission d’enquête sénatoriale, présidée par Nathalie Goulet et portant sur les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes. « Nous préparons actuellement la liste des sites à fermer que nous soumettrons pour la partie terroriste à l’UCLAT (unité de coordination de la lutte antiterroriste) pour nous garantir de la pertinence de nos choix, et de ne pas percuter ou télescoper des enquêtes en cours. »
Le décret sur le blocage des sites présenté en Conseil des ministres
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Un dispositif techniquement complexe
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Un blocage facilement contournable, mais peu importe
Commentaires (68)
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Abonnez-vousLe 04/02/2015 à 12h31
Le dispositif s’appuiera « essentiellement » sur la veille citoyenne, à savoir les délations et dénonciations effectués par les internautes via les intermédiaires techniques ou directement sur la plateforme du parti appelé Pharos.
Appelons un chat, un chat.
Le 04/02/2015 à 12h31
Le 04/02/2015 à 12h34
Le 04/02/2015 à 12h42
Le 04/02/2015 à 12h43
“ne puisse plus avoir accès à partir d’une adresse IP française”
" />
Font vraiment flipper ces politiques quand on voit leur incompétence crasse…
Le 04/02/2015 à 12h45
Le 04/02/2015 à 12h55
Le 04/02/2015 à 12h57
Le dispositif s’appuiera « essentiellement » sur la veille citoyenne, à savoir les délations et dénonciations effectués par les internautes via les intermédiaires collabos ou directement sur la plateforme du parti appelé Pharos.
Le 04/02/2015 à 12h59
question : tu fais quoi si tu tombes sur un site réellement terroriste/pédo/autres ??
Le 04/02/2015 à 13h01
Le 04/02/2015 à 13h05
Le 04/02/2015 à 13h06
Le 04/02/2015 à 13h09
Le 04/02/2015 à 13h11
Le 04/02/2015 à 13h13
Le 04/02/2015 à 13h15
Le 04/02/2015 à 10h50
Est ce que des fuites de la liste des sites sont prévus et si oui à quelle fréquence ? " />
Le 04/02/2015 à 10h53
“Oh zut, sans faire gaffe on a mis le site du FN dans la liste.”
“Ah ben tien, Gégé a mis celui de l’UMP. Hihihi, où est-ce qu’il avait la tête ?”
“Bon aller, je met celui de la quadrature. Après tout, s’ils sont contre le dispositif, c’est des terroriste.”
“Tu crois que c’est une atteinte à la liberté de la presse si je met celui de Mediapart ?”
Le 04/02/2015 à 10h55
Le 04/02/2015 à 11h00
En effet une belle occasion de bloquer tout les sites des terroriste qui mettent à disposition des film et autres…
Le 04/02/2015 à 11h22
Notez que cela les gêne pas :
Nos politiques, ploutocrates de surcroit me font très peur.
Le 04/02/2015 à 11h30
Le 04/02/2015 à 11h34
Il faut à tout prix museler ceux qui mettent en lumière le très peu de légitimité de nos politiques…
Le 04/02/2015 à 11h34
Serait-il possible de trouver un acronyme plus facile à prononcer?
Le 04/02/2015 à 11h36
Quand on voit la liste des intervenants à qui ça va être transmis pour implémentation ici. On voit difficilement comment ça va rester secret plus d’un mois.
Le 04/02/2015 à 11h47
« Il n’y a pas de limites à l’humour qui est au service de la liberté d’expression car, là où l’humour s’arrête, bien souvent, la place est laissée à la censure ou à l’autocensure. »
Cabu 2004
Walter Winchell
Le 04/02/2015 à 11h59
Tiens les adeptes de la théorie du complot sont de sortie…
Sur que si un site de parti ou un site style la quadrature venait a être intégré dans la liste, personne ne le verrait ni ne le saurait… car contrairement à ceux qui savent que tout est complot, le reste de l’humanité est composé de moutons…
Le 04/02/2015 à 12h02
Le 04/02/2015 à 12h08
Oui tu as raison ils sauront surement faire. Je suppose que si le gouvernement actuel s’en charge ce sera encore plus simple et ils n’auront même pas à mettre ça à leur compte. Ils auront qu’à pousser le bouchon encore un peu plus loin.
Le 04/02/2015 à 12h15
Bye la Dieudosphère " />
Le 04/02/2015 à 12h22
Le 04/02/2015 à 13h23
Le 04/02/2015 à 13h25
Le 04/02/2015 à 13h27
Le 04/02/2015 à 15h03
Le 04/02/2015 à 15h07
Le 04/02/2015 à 15h27
Le 04/02/2015 à 15h31
Le 05/02/2015 à 00h37
Le 05/02/2015 à 06h50
Le 05/02/2015 à 06h52
Le 05/02/2015 à 15h09
Le 04/02/2015 à 09h25
La liste des sites bloqués seront disponibles publiquement ? Qu’un citoyen averti (et “féru de nouvelle technologie” lol) puisse juger par lui même du bien fondé de son blocage ?
Le 04/02/2015 à 09h26
non, la liste sera secrète.
Le 04/02/2015 à 09h27
des raisons invoquées pour ce secret ?
Le 04/02/2015 à 09h27
Le 04/02/2015 à 09h32
si ils les bloquent c’est pour justement qu’on n’y accède pas, vont pas dévoiler la liste non plus, faut pas déconner, comme ca si vraiment tu vas sur un des site bloqué, c’est que t’es surement un terroriste en puissance, tu ne peux etre rien d’autre. " />
Le 04/02/2015 à 09h33
bah éviter la publicité et accentuer les mesures de contournement.
Ca concerne aussi les sites pédo, donc la consultation est interdite.
Le 04/02/2015 à 09h36
Ils nous prennent vraiment pour des cons.
D’un coté ils reconnaissent que ces mesures sont facilement contournables avec un minimum de connaissance, et dans le même temps ils espèrent que les “pseudo terro pedo” ne vont pas se renseigner pendent 2 minutes pour savoir comment contourner ce blocage….
edit : en fait ils font une loi pour que le grand public (qui n est pas intéressé par les pseudo terro pedo) ne deviennent pas des pseudo terro pedo :x
Le 04/02/2015 à 09h38
" /> je me suis au final autorépondu " />
Des sites pedo sur l’Internet du coté lumineux, on peut quand même en douter, ca doit faire bien longtemps qu’ils sont sur le coté obscur " /> un épouvantail pour passer tout et n’importe quoi encore et toujours
Le 04/02/2015 à 09h44
Le 04/02/2015 à 09h48
en plus. Mais auprès de Mme Michu (ou la mamie du Cantal) le seul truc qui ressortira c’est que c’est une bonne chose, que l’Etat lutte activement contre ca. Le but officieux elle ne le verra pas (ou pas tout de suite), mais il sera trop tard. " />
Ca donne de bonnes raisons de devenir ou rester pessimiste
Le 04/02/2015 à 09h51
Bizarre, y’a pas un truc qui s’appelle Interpol, qui pourrait justement servir a une vraie cooperation entre pays face au terrorisme (et accessoirement aussi pour les aider les gamins qui se font abuser), et donc effacer physiquement les sites plutot que de les cacher avec une solution qui ne tiendra que 10mn, face a la facilite d’avoir un VPN ?
J’dis ca, j’dis rien… mais bon, c’est encore un emplatre sur une jambe de bois, cette solution.
Le 04/02/2015 à 09h53
Le 04/02/2015 à 09h54
Le 04/02/2015 à 09h58
Hollande y est allé pour présenter ses condoléances, ils ont du leur demander conseils " />
Le 04/02/2015 à 10h02
Et bien évidemment, aucun contrôle par une entité un tant soit peu indépendante ne sera fait pour vérifier la qualité de site “terroriste”.
Je sens que dans quelques temps, de nombreux sites qui n’ont rien à voir avec le terrorisme vont se retrouver fermés. Et comme par hasard, ce sera des sites de veille citoyenne, d’opposition ou des sites proposant des alternatives au système politique et économique actuel.
On se dirige tout doucement mais surement vers une dictature. On met en place tous les outils utiles à cette dictature dont la puissance de nuisance ne dépend plus que de la volonté des gouvernants.
L’avenir est radieux, dis donc.
Le 04/02/2015 à 10h06
Le 04/02/2015 à 10h19
c’est sure qu’avec une équipe de 30 policiers ils vont faire des merveilles … est-ce sérieux ?
Le 04/02/2015 à 10h20
ben non, la france … c’est pas la Russie , voyons !
Le 04/02/2015 à 10h20
La gauche est la salle d’attente du fascisme ! (Léo Ferré)
Le 04/02/2015 à 10h22
Le 04/02/2015 à 10h25
« Ce blocage aboutit pour l’internaute à ce qu’il ne puisse plus
avoir accès à partir d’une adresse IP française au contenu. Il sera
redirigé vers une page d’accueil qui aura une vocation pédagogique de
rappel à la loi ». Pour la pédopornographie, il y aura également des recommandations médicales adressées au visiteur en quête de ces contenus.
Pour les gens recherchant des infos sur le front de gauche ou le FN, ils seront automatiquement redirigés vers une page leur expliquant que ces deux formations politiques sont dangereuses pour la démocratie, puis ils seront redirigés respectivement vers les sites du PS et de l’UMP. Un signalement avec fichage et écoutes téléphoniques seront également mis en place, avec interdiction de sortir du territoire.
Le 04/02/2015 à 10h28
Le 04/02/2015 à 10h30
Pour information, je vais peut être avoir la chance de visiter l’OCLCTIC. Si vous avez des questions (en plus de celles que je vais préparer), n’hésitez pas ;)
Le 04/02/2015 à 10h36
Le 04/02/2015 à 10h45
Tu comprends qu’il faut quand même mettre quelques fonctionnaires sur le coup, histoire que l’arbitraire de la chose ne soit pas trop visible.
Le 04/02/2015 à 10h49
Il n’y a pas de consultation pour ces sujets ? " />