L’État veut racheter l’activité calcul d’Atos et monterait au capital d’Eutelsat
Les pieds dans le HPC, la tête dans les étoiles

L’État français a formulé une offre ferme d'achat portant sur l'activité Advanced Computing du géant informatique Atos. Il étudierait dans le même temps la possibilité de participer à la levée de fonds lancée par Eutelsat pour se renforcer au capital de l'opérateur, aux côtés de CMA-CGM et du Royaume-Uni.
Le 02 juin à 10h10
4 min
Économie
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Supercalculateurs d'un côté, réseau de satellites de l'autre : l’État français semble prêt à intervenir financièrement dans les activités de deux fleurons français des technologies. Le groupe Atos a en effet révélé lundi matin avoir reçu une offre ferme portant sur le rachat de sa division Advanced Computing, spécialisée dans le développement de supercalculateurs.
L'État se dote d'une activité dédiée aux supercalculateurs
Cette offre d'achat, acceptée par le conseil d'administration du groupe informatique, fait suite à une première déclaration d'intention, formulée en novembre dernier, mais elle porte sur un périmètre révisé.
Atos et Bercy, qui pilote la transaction par l'intermédiaire de l’Agence des participations de l’État (APE), indiquent en effet avoir exclu de l'opération l'activité « Vision AI » d'Atos, principalement basée au Royaume-Uni et spécialisée dans la conception de solutions d'analyse vidéo enrichies par l'IA (à des fins, notamment, de sécurité).
Le rachat porte donc sur les activités historiques de la branche Eviden d'Atos, à savoir « les divisions Calcul Haute Performance (HPC) & Quantique ainsi que les divisions Business Computing & Intelligence Artificielle ». Elles représentent, d'après les deux parties, plus de 2 500 personnes majoritairement en France pour un chiffre d’affaires attendu en 2025 d’environ 800 millions d'euros.
« Elle conçoit et fabrique des serveurs de haute performance ainsi que des supercalculateurs, technologies critiques dont les applications au profit de la Défense et de l’industrie française sont essentielles pour notre souveraineté », justifie Bercy, sans évoquer nommément les infrastructures dédiées à la dissuasion nucléaire. Le rachat se fait sur la base d'une valorisation fixée à 410 millions d'euros, à laquelle s'ajoutent 110 millions d'euros de compléments, conditionnés à la réalisation de certains objectifs de rentabilité en 2025 et 2026.
« Il est du rôle de l’État, lorsque cela se justifie, d’assurer la pérennité et le développement des activités industrielles les plus stratégiques. J’espère pouvoir clore au plus vite ce processus d’acquisition qui donnera un nouvel avenir à ces activités précieuses pour la France », déclare dans un communiqué Éric Lombard, ministre de l'Économie, des finances et de la souveraineté industrielle.
Soutenir les investissements d'Eutelstat ?
La question se pose-t-elle dans des termes similaires concernant Eutelsat ? L'opérateur de satellites travaillerait en effet à une levée de fonds de grande ampleur qui pourrait, selon Bloomberg, associer l’État français.
Non contente de participer au tour de table, la puissance publique en profiterait même pour doubler sa participation au capital de l'opérateur, passant de 13,6 % (via Bpifrance), à 30 %. L'arrivée récente d'un nouveau directeur général, Jean-François Fallacher, à la tête d'Eutelsat, est d'ailleurs analysée par certaines sources de Bloomberg comme un mouvement participant de cette volonté de contrôle accru.
L'opération pourrait toutefois prendre du temps. Bloomberg affirme en effet que l'entreprise, déjà endettée à hauteur de 3,92x son EBIDTA, cherche à lever aux alentours de 1,5 milliard d'euros, ce qui suppose de convaincre les autres grands actionnaires présents au capital, parmi lesquels la Couronne britannique, l'armateur français CMA-CGM et le Fonds stratégique de participation (FSP, véhicule d'investissement détenu par sept grands assureurs français).

Ces capitaux auraient principalement vocation à soutenir les dépenses d'investissement d'Eutelsat dans deux directions : le renouvellement des satellites en orbite basse qui composent la constellation OneWeb (alternative à Starlink) et la participation attendue de l'entreprise dans le projet européen IRIS² (Infrastructure de Résilience et d’Interconnexion Sécurisée par Satellites), dont les enjeux de souveraineté sont accentués par la guerre en Ukraine. La contribution prévisionnelle d'Eutelstat à IRIS² est évaluée à 2 milliards d'euros.
L’État veut racheter l’activité calcul d’Atos et monterait au capital d’Eutelsat
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Soutenir les investissements d'Eutelstat ?
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 02/06/2025 à 13h10
Le 02/06/2025 à 14h16
Et puis le bâtiment "quantique" a été inauguré il y a à peine 2 ans dans les Yvelines, ce serait dommage de licencié tout le monde
Et aussi ATOS est un élément clef pour le programme Scorpion (transmission info en temps réel entre véhicule/avion/infanterie), pas que pour le nucléaire :)
Le 02/06/2025 à 14h06
Sans survivre avec des Z zou des crédits d’impôts ?
Sans planifier des taux zéro ?
Personne ne peut plus vivre sans sucer l'état ? :-/
Le 02/06/2025 à 15h08
Le 02/06/2025 à 18h08
Et quand une entreprise réussit, le patron prend le boulard et fait des conneries ; il ne sera pas concerné par les pertes. Lire "Jouer sa peau: Asymétries cachées dans la vie quotidienne" de TALEB.
Le 02/06/2025 à 20h03