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Face au DMA, Google ne respecterait pas ses obligations de contrôleur d’accès

« Le DMA nuit aux consommateurs européens »

Face au DMA, Google ne respecterait pas ses obligations de contrôleur d’accès

Google fait partie des quelques contrôleurs d’accès en Europe, en vertu du DMA. Certaines obligations s’appliquent donc. Mais des conclusions préliminaires publiées hier, la Commission européenne estime que Google manque à ses devoirs sur Search et la boutique Google Play.

Le 20 mars à 12h46

Hier, on apprenait qu’Apple était ciblée par deux décisions de spécifications à son encontre. Dans le cadre du DMA (Digital Markets Act), il est exigé de l’entreprise qu’elle ouvre certaines technologies pour favoriser certains écosystèmes, notamment tout ce qui touche aux connexions d’un iPhone ou d’un iPad avec d’autres appareils. Sans surprise, la firme est particulièrement mécontente, fustigeant la Commission pour la « paperasserie » supplémentaire, le ralentissement de l’innovation et l’impact sur les consommateurs, dont elle se veut la représentante.

Bien qu’Apple soit actuellement la seule entreprise visée par des décisions de spécifications, d’autres sont surveillées par la Commission européenne pour analyser leur conformité au DMA. C’est particulièrement le cas de Google. Or, dans deux avis préliminaires publiés hier, la Commission estime que l’entreprise ne respecte pas ses obligations.

Google avantagerait ses produits

Comme le rappelle la Commission, l’une des premières obligations pour les contrôleurs d’accès est de ne pas traiter leurs propres services plus favorablement que n’importe quel autre service tiers. Tout doit donc être géré sur un pied d’égalité. Un problème pour Google bien sûr, qui mise depuis longtemps sur l’intégration et la proximité de ses services.

La Commission a bien pris connaissance du rapport de conformité fourni par Alphabet, maison mère de Google, sur les changements déjà mis en place pour Search. On se rappelle que certains liens ont été coupés, notamment avec Maps, au grand dam d’ailleurs d’une partie des internautes.

« Toutefois, à la suite de l'enquête de la Commission et des réactions des tiers intéressés au cours de plusieurs ateliers, la Commission estime, à titre préliminaire, qu'Alphabet privilégie ses propres services par rapport à ceux des tiers », peut-on lire dans son communiqué.

Google privilégierait ainsi ses propres services, comme les achats, réservations d’hôtel, transports et résultats financiers dans les résultats de son moteur. Cette mise en avant passerait par un traitement plus proéminent, leur assurant une place en haut des résultats, dans un format plus visible et avec « des mécanismes de filtrage améliorés ».

Google Play, App Store, même combat

Concernant la boutique d’applications sur Android, les problèmes constatés sont largement les mêmes que ceux déjà épinglés chez Apple.

Deux points sont ainsi reprochés à Google. D’une part, « Alphabet empêche techniquement certains aspects du pilotage ». Plus clairement, les développeurs ne pourraient pas orienter les utilisateurs vers des offres plus intéressantes que celles présentes sur la boutique. Un problème qu’Apple connait bien et qui alimente une partie des tensions avec la Commission, Epic et Spotify ayant largement contribué au débat.

D’autre part, si la Commission ne remet pas en cause la perception de frais par Alphabet pour avoir facilité l’acquisition initiale d’un nouveau client, elle les estime « au-delà de ce qui est justifié ». L’entreprise facturerait ainsi aux développeurs « des frais élevés sur une période indument longue pour chaque achat de bien ou service numérique ».

Google adopte la même défense qu’Apple

Dans un communiqué publié mercredi, Google se positionne sur les mêmes arguments qu’Apple. La Commission européenne serait ainsi dans « l’erreur », en obligeant le contrôleur d’accès à une nouvelle série de modifications qui ne peuvent aboutir qu’à deux résultats : « compliquer la tâche des internautes et réduire le trafic vers les entreprises européennes ».

« Lorsque nous ne pouvons pas afficher des résultats de voyage qui amènent les internautes directement sur les sites des compagnies aériennes, ils se retrouvent généralement avec un billet plus cher parce que les compagnies aériennes doivent payer des commissions aux sites web intermédiaires. Ces changements, et bien d'autres encore que nous avons dû apporter en Europe, font déjà perdre aux entreprises européennes jusqu'à 30 % de leur trafic. Les utilisateurs sont tellement frustrés que nombre d'entre eux ont recours à des contournements maladroits pour accéder aux entreprises et aux informations qu'ils recherchent », affirme Google.

Sur la question des liens, la société rappelle que les développeurs peuvent proposer librement leurs applications sur sa boutique, contrairement à Apple qui tient à approuver chaque publication. « Mais si nous ne pouvons pas protéger nos utilisateurs contre les liens frauduleux ou malveillants qui les emmènent en dehors de l'environnement sécurisé de Play, alors la Commission nous oblige à choisir entre un modèle fermé et un modèle non sécurisé », assure-t-elle.

Concernant les frais facturés aux développeurs, l’argument est prévisible : les frais sont raisonnables et nécessaires pour soutenir le développement continu d’Android et des services Google Play. Si Google ne peut plus le faire, elle ne pourra plus investir dans « une plateforme ouverte qui alimente des milliards de téléphones dans le monde ». Les nouveautés seront alors réservées à « ceux qui peuvent se permettre de dépenser 1 000 euros pour le dernier modèle haut de gamme ».

Comme Apple, Google assure qu’elle continuera à travailler avec la Commission européenne. « Le DMA est conçu pour réglementer les grandes plateformes comme Google, Apple et Meta, et stimuler la concurrence, mais en réalité, il a l'effet inverse en nuisant aux entreprises et aux consommateurs européens », fustige cependant l’entreprise.

Mozilla et Vivaldi ont bénéficié du DMA

Le DMA ne provoque pas que des coups de colère chez certains. Nos confrères de MacG ont ainsi interrogé des responsables chez Mozilla et Vivaldi. L’influence du DMA s’est fait clairement sentir en Europe, principalement sur iOS. Depuis iOS 17.4 et surtout iOS 18, Apple a mis en place un panneau présentant la liste des 12 navigateurs les plus utilisés en Europe, dans un ordre aléatoire. Côté utilisateur, il y a obligation de choisir, avec renvoi vers la fiche correspondante sur l’App Store en cas de sélection d’un navigateur tiers.

Nos confrères notent ainsi qu’en l’espace d’un an, le nombre d’utilisateurs quotidiens en France de Firefox sur iOS a bondi de 111 % et de 99 % en Allemagne. Même Google, qui pourtant peste contre le DMA, en a profité avec une vaste campagne publicitaire en Europe.

La situation est cependant loin d’être idéale. MacG note que la part de marché des navigateurs tiers, même si elle augmente, reste faible. En outre, certaines ouvertures réalisées par Apple, dont la possibilité de fournir son propre moteur de rendu, sont spécifiques à l’Europe et y sont circonscrites.

On se souvient que Mozilla avait tiré à boulets rouges contre cette séparation. Pour l’éditeur, il était économiquement intenable d’avoir une version basée sur Gecko en Europe et sur WebKit dans le reste du monde, où Apple oblige les éditeurs de navigateurs à utiliser la WebView de WebKit.

Commentaires (4)

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la société rappelle que les développeurs peuvent proposer librement leurs applications sur sa boutique
Personnellement, je ne peux toujours pas soumettre mon blocker de pubs et de trackers
AdAway sur le Google Play Store... C'est toujours interdit par leur règlement que d'altérer le chargement de ces mouchards 🤬
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Pourtant duckduckgo propose bien une fonction de vpn local bloquant la pub ? Et ddg est sur le playstore. Après peut être ton app a d'autres fonctions et c'est ça qui bloque, je ne sais pas 🙂
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Non, c'est toujours illégal sur le Play Store :
Exemples courants de non-respect des règles sur l'utilisation abusive des appareils et des réseaux :
Applications qui bloquent ou perturbent l'affichage des annonces d'une autre application.

L'astuce qui peut marcher c'est si ton application est un navigateur. Tu peux bloquer les pubs dans ta propre application.

Mais mon adblocker bloque les pubs et trackers dans toutes les autres applications et le système en lui-même 😬 (sinon ça ne reste qu'esthétique comme protection 😥)
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je réponds un peu tard, déso ^^
je pense du coup que l'astuce de ddg c'est de bloquer les trackers "invisibles" dans des applis sans pub, du coup ils perturbent pas l'affichage des pubs
forcément c'est moins radical et efficace mais bon, c'est dans le playstore : https://www.frandroid.com/produits-android/smartphone/1132303_sur-android-duckduckgo-veut-empecher-vos-applications-de-vous-traquer

Face au DMA, Google ne respecterait pas ses obligations de contrôleur d’accès

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