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Les bénéfices financiers et écologiques des territoires connectés

Connecter oui, mais intelligemment

Les bénéfices financiers et écologiques des territoires connectés

Connecter les territoires, plus exactement les habitations et autres bâtiments du tertiaire, permettrait d’économiser de l’argent et des ressources. C’est en tout cas la conclusion du second observatoire des territoires connectés et durables. Encore faut-il se donner les moyens de lancer les projets.

Le 18 mars à 15h15

La fédération Infranum (regroupement d’entreprises représentatives de l’ensemble des métiers de la filière des Infrastructures du numérique) et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) ont mis en ligne leur second observatoire des territoires connectés.

En guise d’introduction, l’observatoire pose le décor : « Le réchauffement climatique et l’évolution du contexte politique et économique obligent les collectivités à relever des défis majeurs : raréfaction des ressources en eau, hausse des prix de l’énergie, nouvelles réglementations environnementales et, plus récemment, des contraintes budgétaires accrues ».

Le numérique, c'est un outil… il faut savoir s’en servir

Le numérique est présenté comme un levier concret, car il permet d’exploiter les données du terrain pour mieux comprendre ce qu’il se passe et agir en conséquence. En clair, « faire plus avec moins ». Mais cela oblige à dépenser des moyens. Avant de se lancer, l’objectif de cette étude est donc de vérifier « si, sur une période significative (10 ans), cet effort de transformation est mené, quels seraient les bénéfices réels pour les territoires ? ».

Les deux partenaires rappellent que, le numérique, « comme tous les outils, son empreinte environnementale est négative s’il est mal utilisé, positive s’il est bien utilisé ». Et afin de couper court à toute discussion sur le sujet, FNCCR et InfraNum affirment soutenir « le déploiement d’un numérique sobre, sécurisé, maitrisé par les collectivités ».

Plusieurs thématiques sont abordées : eau, énergie des bâtiments, éclairage public, points d’apport volontaire et incendie.

205 millions d’euros et 811 millions de m³ sur l’eau

Dans le cas de l’eau et des énergies dans les bâtiments, le premier objectif est le même : repérer des anomalies et alerter, mais aussi sensibiliser les consommateurs sur leur (sur)consommation. L’observatoire met en avant un autre gain dans le cas de l’eau : « réduire les coûts de déplacement en supprimant la relève manuelle » des compteurs. C’est déjà ce qui est en place pour l’électricité avec Linky et le gaz avec Gazpar.

Sur les 27,5 millions de compteurs d’eau en France, 18 % étaient en télérelevé en 2024. L’observatoire part sur une base de 36 % en 2030 et 53 % en 2035, avec des économies de 811 millions de m³ d’eau et 1 431 millions d’euros (dont 6 millions d’euros de carburant) d’ici à la clé.

Il faudrait pour cela 1 233 millions d’euros d’investissement, soit 205 millions d’euros d’économie sur 10 ans. Mais, en plus des économies (faibles comparées à l’investissement), l’observatoire affirme que connecter les compteurs d’eau répondrait « à l’urgence du stress hydrique », en détectant bien en amont les fuites.

731 millions d’euros d’économie avec les bâtiments connectés

Sur les 250 000 bâtiments publics, 12 % étaient connectés en 2024, selon le rapport. Avec l’hypothèse de tripler ce pourcentage et d’arriver à 36 % en 2035, l’observatoire prévoit des bénéfices de 1 113 millions d’euros dans 10 ans, pour des coûts assez mesurés (en comparaison) de 382 millions d’euros, soit 731 millions d’euros d’économie.

Pour l’observatoire, cela s’inscrit aussi dans les démarches du « décret tertiaire » ou « décret de rénovation tertiaire » de l’article 175 de la loi Elan. C’est « une obligation réglementaire engageant les acteurs du tertiaire vers la sobriété énergétique […] Il impose une réduction progressive de la consommation d’énergie dans les bâtiments et parties de bâtiments de 1 000 m², et plus, à usage tertiaire afin de lutter contre le changement climatique », explique le gouvernement.

Selon le rapport, les bâtiments connectés répondent à ce décret « en automatisant la remontée d’informations » permettant ainsi de « prioriser des travaux de rénovations grâce à une connaissance plus fine du parc de bâtiments ». Sur 10 ans, les économies en énergie pourraient atteindre 320 kt CO₂.

Gérer l’éclairage public à distance

Pour gérer l’éclairage public, 372 500 armoires de commande se trouvent sur le territoire, dont 24 % de connectés en 2024. L’objectif est d’atteindre un taux ambitieux de 60 % dans 10 ans, ce qui permettrait d’économiser du temps de technicien et de déplacement, en plus des économies d’énergie.

Le but est de pouvoir « régler l’intensité lumineuse ou éteindre des plages horaires […] rallumer en cas d’urgence à distance ou adapter la luminosité au cas par cas à distance, éviter les reprogrammations manuelles parfois coûteuses […] et adapter l’éclairage aux enjeux de biodiversité ». Le coût de mise en place serait de 157 millions d’euros pour 299 millions d’euros de bénéfices, soit une économie de 142 millions d’euros et 55 kt CO₂ en moins.

Près de 2 000 kt CO₂ en moins pour les Points d’Apport Volontaire

L’observatoire veut aussi connecter les Points d’Apport Volontaire (PAV) avec des sondes de remplissage des bacs de récupération. Ils sont 24 % pour le moment. Avec 36 % dans 10 ans, il serait possible d’économiser 301 millions d’euros (dont 58 millions d’euros en carburant) et 1 833 kt CO₂.

Enfin, pour les incendies, il est question de « systèmes de détection […] installés sur des points hauts, avec notamment des caméras de visualisation », pour effectuer des levers de doutes à distance (en visuel). Il est question de 32 caméras par département.

Avec 46 millions d’euros d’investissement pour équiper 18 départements (en plus des 7 déjà équipés en 2024), le bénéfice serait de 151 millions d’euros, soit des économies de 106 millions d’euros. Mais ce dispositif permettrait aussi de sauver 42 500 hectares et d’éviter 1 062 kt de CO₂, toujours selon les chiffres de l’observatoire.

De potentiels « impacts financiers et écologiques significatifs »

Au final, l’observatoire met en avant des gains potentiels considérables : « Les bénéfices du numérique sont particulièrement visibles sur le long terme, avec des impacts financiers et écologiques significatifs. Ils demandent en revanche un investissement de départ »… cette dernière phrase est sans doute la plus importante.

L’étude affirme enfin que les collectivités « sont plus enclines à adopter ces solutions lorsqu’elles bénéficient du soutien de structures de mutualisation à une échelle suffisamment large pour embarquer le plus grand nombre possible d’acteurs dans un projet commun ». Cela permet aussi de baisser les coûts.

Commentaires (11)

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C'est moi ou @Flock a presque fait un monstre technologique mignon ? :-|
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PRESQUE ? Cet agglomérat électroménager protéiforme de métaux rare et de plastique non recyclable de fond de décharge est le truc le plus mignon qui puisse exister ! :embarassed:
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C'est intéressant.
Ceci dit, je me demande dans quelle mesure les chiffres sont fiables, surtout sur les économies.
En particulier pour qui sont faites ces économies sachant que :
- connecter partout, c'est consommer plus d'électricité, même si la 5g est supposée faire des économies aussi
- dépenser du carburant ou de l'énergie en général, c'est payer de la TVA ou autres taxes (idelm pour d ela flotte perdue en fuites, on paiera les taxes dessus !). Certes ça peut ne pas rentrer dans la poche des connectivités locales, mais c'est pour l'état in fine
- les économies faites par les industriels/fournisseurs sont vraiment rarement reportées sur l'utilisateur final, souvent on nous vend au mieux un délai supplémentaire avant augmentation, ou on fait comme si ça n'existait pas
- économiser sur les bras qui relèvent les compteur et paramètrent les systèmes, c'est mettre des gens au chômage plus ou moins longtemps, avec ce que ça coûte aussi à la collectivité...
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Dans mon cas perso, pas nécessairement généralisable, la connexion de ma maison m'a fait faire des économies :
Le chauffage connecté (chaudière à gaz de ville): l'ajout d'un thermostat d'ambiance et de têtes thermostatiques connectées m'a fait économiser ~ 30% de conso soit un ROI de l'investissement sur ~2ans
=> à modérer par la durée de vie modeste de certaines têtes (je regrette mon choix de Netatmo : c'est du cloud non accessible en local, et j'ai déjà 2 têtes à 70€ de mortes en 3-4ans :-/ )

Côté électrique, j'ai :
- automatiser mes stores (pour qu'ils se ferment avec le soleil, et s'ouvrent à mon réveil et quand le soleil est levé)
- automatiser mon coin TV / son pour que le courant soit souper automatiquement, au lieu de tout laisser en veille
- automatiser le chauffage (électrique) de notre chambre (module fil pilote),
- connecter plusieurs lumières

J'ai fait plusieurs automatismes, notamment pour couper / remettre automatiquement le chauffage quand on part, passer le chauffage en mode nuit quand on éteint la TV le soir...

Pour ce faire j'ai un PC qui tourne en 24/7 avec Home-Assistant (ça me sert en plus de serveur / multimedia pour la TV) et ma conso a légèrement baissée malgré le fait que j'ai un PC en fonctionnement en permanence.
J'ai choisis un gros ryzen 5600 avec 32go :-D, mais ça aurait fonctionnerait avec un simple rasperberry nettement plus économe; c'est un choix de geek d'avoir un serveur perso h24

Je suis un particulier, donc on faisait déjà attention précédemment (penser à éteindre des trucs, j'avais déjà un thermostat programmable sur une semaine...) et donc on arrive quand même à faire des économies.
Sur des bureaux / administrations il est évident que le gain est plus élevé: combien d'employés font le tour des bureaux le soir pour éteindre les lumières laissées allumées ? combien de salles de réunion vides restent allumées ? combien de clim ou chauffage tournent h24 ?
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Même si je suis habituellement défenseur de la collecte numérique, j'ai du mal à voir comment passer de 1/6 à 1/2 des foyers équipés d'un compteur d'eau en télé-relève pourrait faire économiser 811 millions de m3 d'eau. Quelqu'un pourrait m'éclairer là dessus ?

Pour l'utilisateur, le type de compteur n'influence pas vraiment la consommation, donc j'imagine que l'économie d'eau annoncée ici proviendrait de la détection des fuites ?
Si c'est le cas, a-t-on vraiment tant de fuites indétectables dans le réseau pour que ça représente 811GL ?
Le chiffre me parait énorme, car c'est genre 15 millions de fois la consommation annuelle de mon foyer.
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Une recherche rapide indique environ 18,7% de perte, soit 1Gm3/an. Donc proche du chiffre que tu trouves. Quant à dire que détecté = corrigé, c'est un autre problème !
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Ca arrive pas souvent une grosse fuite, mais chez les parents le compteur est enterré dans un voyant au fond d'un trou au bout du jardin.
Ils n'ont rien détecté au niveau humidité dans le jardin et après 1an, quand le relevé est arrivé, on avait une conso x10 pour 1 robinet à changer; la fuite était juste après le compteur.

En aval l'arrivée d'eau passe ensuite dans la cave avec une répartition à 6 robinets. Là on s'en rend compte quand ça fuit et on change les têtes de robinets.
En amont c'est de la responsabilité du réseau, mais ça fuit aussi régulièrement.
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En temps normal, il y a un relevé manuel de compteur deux fois par an. Avec la télérelève, c'est tous les jours. Tout dérive (fuite ?) peut être détectée beaucoup plus vite.
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C'est surtout qu'avec la télé-relève tu peux identifier où sont les fuites, si aucun compteur d'une zone ne remonte de conso, mais que le compteur de la zone tourne à pleine balle, y'a une fuite (quantifiable) dans cette partie, selon la gravité tu interviens ou non.

Si tu relèves une fois par an, y'aura un écart mais impossible de déduire quoi (ni qui) que ce soit (fraude, erreur de relève, fuite...).

Pour les particulier, il devrait théoriquement être possible de recevoir une alerte (du compteur direct ou de ton opérateur) en cas de consommation continue (ce qui est a priori anormal) malheureusement ce point n'est pas mis en œuvre: J'ai un télé-compteur, mais je continue de recevoir la carte d'auto-relève !
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Ils ont inclus les frais liés à la sécurité des appareils connectés?? Si c'est pour tout connecter et finir par se faire pirater…
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"Les deux partenaires rappellent que, le numérique, « comme tous les outils, son empreinte environnementale est négative s’il est mal utilisé, positive s’il est bien utilisé »"
Quel raccourci! A vouloir tout connecter, on augmente la consommation de ressources, la consommation de données, l'obsolescence des équipements. J'ai en tête notamment les babioles d'assistants vocaux déjà obsolètes. Dans le cas d'un éclairage public par exemple, on pourrait le faire fonctionner simplement en s'adaptant à la lumière ambiante avec un simple capteur de luminosité. Pourquoi vouloir toujours sur-équiper?

Les bénéfices financiers et écologiques des territoires connectés

  • Le numérique, c'est un outil… il faut savoir s’en servir

  • 205 millions d’euros et 811 millions de m³ sur l’eau

  • 731 millions d’euros d’économie avec les bâtiments connectés

  • Gérer l’éclairage public à distance

  • Près de 2 000 kt CO₂ en moins pour les Points d’Apport Volontaire

  • De potentiels « impacts financiers et écologiques significatifs »

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