Une application d’échange de livres visée par un contrôle de la DGCCRF
L'amour est dans le prêt
Le 09 septembre 2015 à 14h30
5 min
Droit
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Un agent de la brigade de répression des fraudes a effectué voilà plusieurs jours une inspection chez Booxup, une start-up ayant développé une application de mise en relation destinée aux particuliers qui souhaitent se prêter des livres au format papier. Face à la médiatisation de l'affaire, Bercy cherche à temporiser, assurant en substance qu’il ne s’agissait que d’un banal contrôle de routine.
Lundi, le site Actualitté rapportait qu’un inspecteur de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait débarqué dans les locaux de Booxup pour une « enquête préventive ». L’application de la start-up, parfois présentée comme le « Airbnb des bibliothèques », permet aux possesseurs d’iPhone de géolocaliser d’autres utilisateurs qui auraient des livres à prêter, gratuitement. Il n’est cependant pas nécessaire de proposer soi-même des ouvrages à échanger, même si cela peut aider dans la pratique... Pour s’inscrire, il suffit de se connecter via son compte Facebook ou Twitter. À charge ensuite aux deux lecteurs de se rencontrer pour procéder à l’échange du (ou des) livre(s).
David Mennesson, cofondateur de Booxup, expliquait ainsi que deux procès-verbaux avaient été dressés par cet agent de la DGCCRF. « Pour le premier, il souhaitait connaître nos liens avec les grands éditeurs informatiques, comme Google, Amazon... Le deuxième était un peu moins contraint, et il nous demandait quelles étaient nos ambitions, notre business model... » L’intéressé a également indiqué à nos confrères que sa société avait fait l’objet d’une telle inspection suite à une alerte émanant d’un professionnel du livre, « distributeur, diffuseur ou éditeur ». « Nous n'avons pas pu connaître son identité » a-t-il déclaré.
Bercy affirme que ce contrôle était « purement informatif »
Faut-il pour autant y voir une volonté de la DGCCRF de mettre des bâtons dans les roues des entreprises innovantes, alors que certains acteurs de la filière de l’édition perçoivent probablement cette application comme une forme de concurrence ? L’institution s’en défend vivement, affirmant que les PV dressés pour l’occasion n’étaient que purement déclaratifs – et donc sans lien avec ceux rédigés d’habitude pour les procédures judiciaires : « Le contrôle qui a été fait était purement informatif, c’est-à-dire qu’on a voulu voir comment ils fonctionnaient. Mais pour l’instant, ça ne va pas au-delà. »
Contactée par nos soins, la DGCCRF soutient ne pas avoir reçu de plainte visant Booxup. Cela ne signifie pas pour autant qu’aucun signalement n’a été fait de manière moins formelle auprès des pouvoirs publics... « Nos services contrôlent de manière régulière les professionnels dans tous les domaines. Nous travaillons sur la base de ciblages effectués par nos services ou de plaintes. Dans les secteurs innovants, comme l’économie collaborative, les entreprises font également l’objet de visites dont l’objectif est de comprendre le fonctionnement des marchés et de connaître les opérateurs économiques, ainsi que de vérifier si les pratiques constatées sont légales ou non » explique-t-on du côté de Bercy.
Si l’agent de la DGCCRF ne semble rien avoir constaté de particulier chez Booxup, le co-fondateur de La Quadrature du Net, Philippe Aigrain, a profité de la médiatisation de cette affaire pour se pencher sur le fonctionnement de l’application, qui a d’ailleurs permis à la start-up de lever récemment plus de 300 000 euros :
« Booxup est totalement silencieux sur le modèle commercial de son activité de facilitation du partage (la page d’accueil mettant plutôt l’accent sur la gratuité de l’accès). Par contre, ils font état de leurs plans de développer une activité d’éditeur et de distributeurs commerciaux mais rémunérant mieux les auteurs. Derrière cette opacité se cache une question plus importante : Booxup est-il donc un intermédiaire de Circul’Livres ou un pilleur de données sur la lecture en propre ou pour des tiers (cf. obligation de s’enregistrer avec un compte Facebook ou Twitter) ? Il va falloir qu’ils choisissent. Et l’idée que si le service qu’ils rendent a de la valeur, il serait possible que ce soit ses usagers qui le payent (ou qu’il soit financé participativement) ne semble pas les effleurer. Pourtant le coût d’opération de l’intermédiation du prêt de livres est minime. Elle pourrait à vrai dire être pratiquée par des communautés d’usagers dans un contexte local (et sans localisation des usagers contrairement à Booxup) sur la base d’un logiciel libre dont le coût de développement lui-même serait très minime. »
Une application d’échange de livres visée par un contrôle de la DGCCRF
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Bercy affirme que ce contrôle était « purement informatif »
Commentaires (41)
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Abonnez-vousLe 10/09/2015 à 09h25
Il n’a quand même pas tout à fait tort non plus : dans la news on apprend que le contrôle à eu lieu principalement parcequ’ils ont été balancés à la DGCCRF par un acteur “historique” du marché du livre dont on ne connait pas (encore?) le nom histoire que ce service d’un état largement trop complaisant avec ses amis de “l’industrie culturelle” fasse le ménage et élimine un nouvel arrivant potentiellement dangereux pour leur business.
Le 10/09/2015 à 09h31
Le 10/09/2015 à 09h33
Le 10/09/2015 à 11h29
Le 10/09/2015 à 12h01
Il n’y a pas d’aspiration.
C’est une application d’échange.
Pour permettre le bouche à oreille, FaceBook et Twitter sont les plateformes qui vont bien.
Le reste c’est du FUD niveau pâquerettes et complot de cour de récré.
Le 10/09/2015 à 13h32
Le 10/09/2015 à 16h55
Moi ce que je comprends sur la partie FB/Twitter, c’est que l’appli s’en sert uniquement comme méthode d’identification/localisation, comme de nombreux autres sites sur le Web, et probablement de nombreuses autres applications mobiles. N’étant pas client de ces “services” et n’utilisant pas d’applis de ce genre, je ne saurais en dire plus sur le fonctionnement et l’usage des données.
Le fait que la DGCCRF contrôle le business model est cohérent, et si celui-ci est basé sur l’utilisation pas très encadrée de données personnelles, alors la CNIL peut intervenir également.
Si la CNIL veut intervenir dessus, libre à elle de le faire, mais c’est pas déconnant de voir la DGCCRF y jeter un oeil aussi.
Le 10/09/2015 à 17h01
Blablacar demande un fb a l’inscription, ou une creation de compte classique. C’est si compliqué de ne pas taper dans le fb des utilisateurs ?
On peut imaginer qu’un de ses 4 ils veuillent accéder au carnet de contact pour voir si il y a pas des copains dedans…
Le 11/09/2015 à 16h28
Et cela apporte quelque chose au débat … ?
Le 11/09/2015 à 16h48
Le 11/09/2015 à 16h54
Oui, sans aucun doute " />
si tu doute :http://www.inlibroveritas.net
Le 11/09/2015 à 17h35
Le 09/09/2015 à 16h01
Mais alors quelle est l’info à retenir ? Des contrôles où il n’y a rien à reprocher, il doit y en avoir des centaines par an " />
Le 09/09/2015 à 16h10
Il fallait retenir que les choses n’étaient pas forcément aussi “simples” que ce qu’on peut lire ailleurs. J’ai surtout voulu donner un contre éclairage par rapport à ce que l’on savait jusqu’ici :)
Le 09/09/2015 à 16h29
Après, comme suggéré par le gars de la Quadrature du Net, une appli en logiciel libre pourrait très bien faire le même travaille sans piller les infos des utilisateurs :)
Le 09/09/2015 à 17h01
Le 09/09/2015 à 17h04
Tu devrais lire le lien de Jarodd un peu plus haut. Balancer ça d’emblée est contre-productif.
Je connais des gars qui monte des applis similaires. Pas de retour sur investissement prévu pour le moment. Juste que philosophiquement, ça plait
Le 09/09/2015 à 18h11
Le 09/09/2015 à 21h36
Et le fonctionnaire, il a touché combien pour faire ce boulot pour le compte d’une boîte privée ?
Sérieux, qu’est-ce que ces questions font dans la bouche d’un mec de la DGCCRF ?
Le 09/09/2015 à 21h44
0 contribution en 1 ligne.
Le 09/09/2015 à 21h58
Surveillance généralisée sur le troc, mais où va-t-on ? (les voies numériques perméables pénétrables ?)°
Les racketteurs n’ont pas eu leurs commissions ? " />
Le 09/09/2015 à 22h01
Dixit le livre de Valérie…
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Le 09/09/2015 à 22h28
Une application d’échange de livres
L’échangisme, pour un conservateur, c’est qu’il n’a pas aimé du tout (ou alors c’est qu’il cherche à rentabiliser une erreur) " />" />" />" />" />
Le 10/09/2015 à 07h02
Le 10/09/2015 à 07h46
personne n’a relevé le sous-titre ? " />
Sinon, cet article illustre une tendance de fond des grands groupes : faire accepter des usages payants de choses qu’on n’aurait même pas pensé à rendre payantes avant. Donc, ici par exemple, les éditeurs, si ils sont aigris comme j’ai pu le lire, c’est quand ils calculent tout le pognon qu’ils ont perdu à cause du modèle de conception même du livre : autonomie d’utilisation, durabilité, pas de contrôle de l’usage. Je vois d’ici les discussions en interne :
“Pourquoi, mais pourquoi on n’a pas pensé à sortir des livres sur papier maïs ?? Non seulement le bouquin devenait illisible au bout d’un mois, mais en plus on enfumait tout le monde avec une communication sur le thème de l’écologie/arrêter de polluer en fabriquant du papier,etc…”
Et du coup, ils essayent de se rattraper, déjà essayant de faire oublier qu’un bouquin , ça se prête….
Le 10/09/2015 à 07h50
Le 10/09/2015 à 08h45
Le 10/09/2015 à 09h21
Le 09/09/2015 à 14h37
Merci pour le streisand effect, je connaissais pas l’appli ;)
Le 09/09/2015 à 14h38
Ah je comprends mieux pourquoi certains se sont agités sur Twitter…
Cette histoire relève plus d’un problème avec la CNIL que de la DGCCRF. C’est bien d’ailleurs qu’elle visite ces nouvelles start-up, ça permet de voir rapidement si un truc louche se passe.
Mais certaines boîtes, avec pignon sur rue, devraient être visitées plus souvent…
Le 09/09/2015 à 14h41
Dommage pas sous android. C’est du prêt entre particulier de livre papier, voit pas en quoi cela gênerai les éditeurs." />
Le 09/09/2015 à 14h44
Le prêt entre particulier est, dans leur vision, comme pour le marché de l’occasion, une forme de concurrence. Un livre prêté n’est pas un livre acheté.
Le 09/09/2015 à 14h51
Le 09/09/2015 à 14h55
bonjour je veux savoir tout vos secrets industriels, merci , non non non c’est pas pour donner à hachette promis.
quel bandes d’escrocs.
Le 09/09/2015 à 14h57
LeMonde.fr a publier hier un article sur ces nouveaux modes de consomation, basés sur le prêt et la gratuité, que j’ai trouvé très intéressant. Ils sont en plein boom. Généralement il se passe sans intermédiaire, ce qui ne plaît pas à tout le monde (les intermédiaires " /> ).
Pour Booxup, si c’est uniquement de l’échange gratuit de livre, je ne vois pas de problème. Ensuite, s’il y a un business model derrière, avec de l’édition, c’est autre chose. Mais je n’ai pas bien compris ce qu’on leur reprochait (leurs 2 pv).
Le 09/09/2015 à 15h10
Pour avoir créer et gérant inlibroveritas, je peux vous dire que le milieu de l’édition de livre en france et le pire des milieu de la culture en france, vous n’avez pas idée à quel point ce sont des cons, aigris, agrippé à leur monde, on ne peut rien changer, rien innover.
Mais je ne peux pas juger de ce cas particulier. Mais je ne serai pas étonné.
Le 09/09/2015 à 15h16
Le 09/09/2015 à 15h17
Tout ce qui n’est pas conforme au mode de fonctionnement de l’ancienne économie est suspect. Tout ce qui semble s’approcher de la nouvelle économie doit être éradiqué rapidement pour éviter la contagion.
Quand on vous dit que nous sommes dirigé par des cons…
Le 09/09/2015 à 15h24
Le 09/09/2015 à 15h38
Je ne dis pas que je suis d’accord avec cette affirmation. Je dis juste que cela peut être interprété comme cela :)
Tout ce qui permet la mise en relation de personne gratuitement pour procéder a des échanges de bien ou de service n’est qu’une bonne idée.
Le 09/09/2015 à 15h44