Cloud : Google dépose plainte en Europe contre Microsoft pour pratiques abusives
Audace
Google a annoncé hier qu’elle déposait plainte contre Microsoft. La société accuse sa concurrente d’abuser de sa position dans l’univers du cloud. Microsoft enfermerait ses clients dans des conditions d’utilisation très défavorables au déménagement vers d’autres solutions hébergées, surtout à cause des coûts de migration.
Le 26 septembre à 17h30
5 min
Droit
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Dans un billet de blog au vitriol, Google dépeint un Microsoft vorace. Windows Server est décrit comme l’élément central de l’architecture cloud de Microsoft, un produit essentiel que l’on pouvait auparavant installer sur n’importe quel type de matériel et dans toute solution cloud.
En 2019, changement de décor : les tarifs imposés aux entreprises voulant faire fonctionner Windows Server dans un cloud concurrent sont démultipliés. Google ajoute que d’autres mesures restrictives ont été ajoutées au cours des dernières années, notamment sur la réception des correctifs de sécurité et des barrières à l’interopérabilité.
Charge contre Azure et ses coûts cachés
Google étaye son propos par plusieurs études du CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe), une association qui intervient souvent dans le domaine de l’IaaS (Infrastructure as a Service).
Dans l’une d’elles, publiée en juin 2023, l’économiste français Frédéric Jenny a écrit : « Le changement de politique BYOL [Bring Your Own Licence, ndlr] de Microsoft en 2019, qui a mis fin à la possibilité pour les utilisateurs de déployer des licences Office 365 sur site sur des infrastructures tierces, pourrait avoir entraîné des coûts de rachat de licences pour la première année équivalents à 560 millions d'euros pour le marché européen. Un surcoût supplémentaire d'un milliard d'euros, lié aux suppléments de licence imposés aux déploiements non-Azure de SQL Server, peut en outre être attribué au changement de politique ».
Google en cite une autre, datée de 2022, dans lequel le CISPE relève une augmentation soudaine des parts de marché de Microsoft dans le cloud après l’interdiction d’utiliser plusieurs clouds.
Il est à noter qu’au contraire d’Amazon, ni Google ni Microsoft ne font partie du CISPE. En revanche, devant la montée croissante des critiques sur ses modèles de licences, Microsoft a signé un accord avec la CISPE en juillet. Il fait suite à une plainte déposée par le CISPE sur cette même question des licences. Amazon Web Services a fustigé l’accord, tout comme Google, qui reprend pourtant les études du CISPE.
« Gaspillage », « argent détourné » et… CrowdStrike
Google, évoque ainsi le « gaspillage des contribuables », « l'argent détourné des investissements dans la croissance » et le « ralentissement des transformations numériques ».
Mais la société de Mountain View va plus loin en pointant le fiasco CrowdStrike comme une preuve supplémentaire : « Comme l'a montré la panne de sécurité massive survenue il y a deux mois, les tactiques de verrouillage de Microsoft peuvent aboutir à un point de défaillance unique qui nuit aux entreprises, aux industries et aux gouvernements ».
Un exemple étrange, pour plus d’une raison. D’une part, le plantage intervenant dans les clients Windows, pas sur les serveurs. D’autre part, il ne s’agissait pas d’un bug de Windows, mais d’un produit de CrowdStrike. Enfin, l’évènement n’est pas directement lié au cloud, mais au déploiement d’une mise à jour défectueuse de définition, comme sur n’importe quel antivirus.
Google se pose en champion de la différence, en rappelant notamment qu’elle a éliminé la première les fameux frais de sortie (egress fees). La société assure favoriser « l’octroi de licences équitables et transparentes » à ses clients et avoir été la première « à proposer des solutions de souveraineté numérique aux gouvernements européens ».
Une plainte pour abus de position dominante
Google a donc déposé plainte auprès de la Commission européenne contre Microsoft. Elle accuse sa concurrente d’avoir abusé de sa position dominante à travers des contrats de licence déloyaux. Dans les grandes lignes, Google reprend là où le CISPE a arrêté.
Microsoft, de son côté, se montre presque narquoise. « Microsoft a réglé à l'amiable des problèmes similaires soulevés par des fournisseurs de cloud européens, même si Google espérait qu'ils continueraient à plaider. N'ayant pas réussi à convaincre les entreprises européennes, nous nous attendons à ce que Google ne parvienne pas non plus à convaincre la Commission européenne », a déclaré Microsoft à The Verge.
Rappelons quand même que Microsoft est actuellement scrutée de près par plusieurs autorités pour ses pratiques dans le cloud. C’est particulièrement le cas au Royaume-Uni, où l’autorité de la concurrence se penche sur la gestion des licences chez Microsoft et AWS, particulièrement les frais de sortie.
Que peut espérer Google ? Le déclenchement officiel d’une enquête. Google, plusieurs fois condamnée sur le Vieux continent pour divers abus de position dominante (en 2017 et 2018 notamment), connait désormais bien le marteau européen.
Cloud : Google dépose plainte en Europe contre Microsoft pour pratiques abusives
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Charge contre Azure et ses coûts cachés
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« Gaspillage », « argent détourné » et… CrowdStrike
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Une plainte pour abus de position dominante
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 26/09/2024 à 18h03
Le 26/09/2024 à 18h59
Modifié le 26/09/2024 à 19h37
Fixed
Le 26/09/2024 à 19h08
C'est à dire ? Installer des licence E3 (avec Office) sur des serveurs on premise, ou autre chose ?
Le 26/09/2024 à 19h31
Par contre, j'ai un peu de mal à voir d'où sort ce "Office 365". IMO, l'auteur initial a du faire une confusion entre BYOD/SA (orientés infra) et Dual Right (orienté utilisateur).
Le 26/09/2024 à 19h26
Le 26/09/2024 à 20h00
Je sais pas si je n’ai pas compris la phrase, mais les serveurs windows avec l’agent crowdstrike étaient en pls.
Le 26/09/2024 à 23h50
Le 27/09/2024 à 00h12
Sapristi ! Je suis la surprise incarnée.
Le 27/09/2024 à 06h26
Le 27/09/2024 à 11h15
C'est toute la question de l'approche "j'utilise ma position dominante sur un marché pour obtenir une position dominante sur un marché pour obtenir une position dominante sur un marché pour obtenir une position dominante sur un marché ... ", pour laquelle Microsoft est passé maître. Deux de mes clients voulaient avoir accès à Copilot pour leurs devs, et les voilà occupé à migrer tout sur Azure avec un engagement explicite à emploi de technologies propriétaires pour remplacer des standards ouverts.
Le 27/09/2024 à 11h56
Le 29/09/2024 à 16h07
Et dans ce cas, ba il faut du M365.
Et très très souvent, ça fait une négociation d'achat
Et dans cette négociation,
le coût de hosting dans le cloud
<<< le coût de licensing de ces produits + OS (postes de travails windows & windows server pour les AD notamment) + SQL Server,
Les commerciaux MS savent faire un joli pont d'or si bascule vers Azure avec un joli gain affiché qui montre "plein de pognon gagné" et ça, ça parle aux managers.
Le 27/09/2024 à 07h16
Modifié le 27/09/2024 à 09h50
Le 27/09/2024 à 09h30
Continuez comme ça, messieurs Google, Microsoft, VMWare, ça nous rend plus fort :)
Le 27/09/2024 à 10h01
Le 27/09/2024 à 11h05
Le 27/09/2024 à 11h57