Après les JO, le préfet de Paris veut prolonger la vidéosurveillance algorithmique
Quelle surprise !
Devant la Commission des lois, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, s'est dit favorable à la reconduction de la vidéosurveillance algorithmique dans les rues de la capitale après avoir jugé « positif » le bilan de son expérimentation lors des Jeux olympiques et paralympiques, sans pour autant donner de chiffres précis.
Le 26 septembre à 16h55
6 min
Société numérique
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Après l'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique autorisée au titre de l'organisation des Jeux olympiques et paralympique, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez a soutenu la reconduction du dispositif devant la commission des lois de l'Assemblée nationale ce mercredi 25 septembre, comme l'a repéré Le Monde, utilisant le fameux effet cliquet qui « empêche le retour en arrière d'un processus une fois un certain stade dépassé ».
« Le gouvernement vous présentera ou pas une reconduction, mais, à titre personnel, et ce sera la proposition que nous allons pousser, nous y sommes très favorables », a appuyé Laurent Nuñez face aux députés.
« Pas de biométrie, de reconnaissance faciale »
Le préfet de Police de Paris a tenu à préciser qu' « on entend parler de "biométrie", de reconnaissance faciale, ça n'existe pas dans ce qui a été adopté par le parlement de la République. Notre dispositif est une aide pour nos opérateurs qui regardent les caméras en continu, dans des conditions légales ».
Pour rappel, nous avions, en aout 2023, publié les 145 exigences techniques et éthiques des « solutions algorithmiques » de vidéosurveillance des JO 2024.
La première de ces expérimentations avait eu lieu dans un cadre pas si sportif et beaucoup plus tôt que les Jeux olympiques et paralympiques, à l'occasion d'un concert de Depeche Mode en mars dernier. D'autres concerts comme ceux de Taylor Swift ont fait partie des temps d'expérimentation de ce dispositif, notamment dans les gares de la RATP.
Lors de son audition, Laurent Nuñez a rappelé que « l'expérimentation a été mise en place par la préfecture de police, mais d'autres acteurs étaient autorisés à le faire, notamment les transporteurs. Et j'ai eu comme préfet de police à autoriser des dispositifs expérimentaux comme pour la SNCF ou la RATP qui auront à en tirer un certain nombre de conséquences ».
Apprentissage et expérimentation
Du côté de ses services, le préfet affirme : « nous pour les JO, nous l'avons utilisé sur un peu plus d'une dizaine de sites, mais dans une logique d'expérimentation. C'est-à-dire technique, il a fallu qu'on apprenne à paramétrer l'outil, à définir nos besoins, à former nos opérateurs en salle pour avoir la bonne alerte. Tout ça dans un but d'expérimentation et d'apprentissage, sous les trois contrôles du comité d'évaluation (4 à 5 visites) ».
Sans donner réellement de chiffre ni de compte-rendu aux députés, le préfet de police de Paris, affirme que « le bilan de l'expérimentation, pour nous, est positif ».
« Nous sommes montés progressivement en puissance sur ce dispositif qui, je le pense, a démontré son utilité puisque nous avons bien eu un certain nombre d'alertes dans certains cas, dans les cas qui sont prévus par la loi et uniquement ça », a expliqué sans détails Laurent Nuñez . Et il affirme : « nous pensons que ça peut être une aide très utile pour nos opérateurs en matière de vidéoprotection pour être capables d'avoir une alerte sur un process anormal ».
Il a ajouté que la préfecture présentera ce bilan « au comité d'évaluation et au gouvernement qui proposera ou pas la reconduction de ce dispositif. Je ne peux pas m'engager plus que cela devant vous ».
Plus d'utilisation pendant les Jeux paralympiques
Il a explicité un peu plus comment a été utilisée la vidéosurveillance lors de ces événements cet été : « pendant les Jeux olympiques, on a expérimenté beaucoup de choses. Pendant les Jeux paralympiques, nos dispositifs étaient beaucoup plus opérationnels. On les a utilisés plus souvent ». Développant sur cette utilisation lors des JP, le préfet explique que « c'était notamment le cas pour la cérémonie d'ouverture et ça nous a été extrêmement utile pour détecter des mouvements anormaux. Par exemple pour la cérémonie d'ouverture, des zones interdites au public. Il était important d'avoir une caméra qui ne visait absolument pas à surveiller qui que ce soit mais à savoir si un individu pénétrait dans une zone interdite, dont on pouvait penser que c'était dans un but de commettre un acte malveillant ».
Pour justifier l'utilisation et donc la reconduction de ce dispositif, Laurent Nuñez affirme que « les caméras de protection sont nombreuses, il y en a de plus en plus » . Mais les opérateurs humains ont donc de plus en plus de difficultés à analyser les images. Le préfet soutient donc : « nous avons besoin d'une assistance qui soit une aide à l'opérateur de manière à ce qu'un certain nombre d'événements qui sont limitativement énumérés par l’État (8 cas) » soient reconnus.
Le préfet donne comme exemple « quand on détecte un individu dans une zone où les personnes sont interdites, une densité de personnes supérieure à ce qui est prévu dans une zone, un flux qui va à contre-sens du flux prévu, l'opérateur a une alerte qui lui permet de vérifier ce qu'il se passe et de pouvoir assurer un contrôle ».
Défense de la vidéosurveillance
Des chercheurs comme Guillaume Gormand affirment que « les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquêtes judiciaires, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues. Cela représente une part de 1,13 % sur l’ensemble du corpus d’enquêtes judiciaires observées ou, en ne retenant que les affaires élucidées, une proportion de 5,87 % ».
Lors de son audition, le préfet de Police a pourtant voulu défendre la vidéosurveillance en jouant avec les chiffres : « 30 % des interpellations que nous réalisons dans les transports en commun sont réalisées grâce à la vidéo protection. Combien d'enquêtes nous avons résolues grâce à la vidéoprotection ? Combien d'auteurs nous avons confondus grâce à la vidéoprotection ? ». Mais le préfet s'est bien gardé de répondre à ses propres interrogations. Préférant, à la place, cette défense : « quel que soit le chiffre, quand vous réussissez à confondre l'auteur d'un crime, c'est important ».
Après les JO, le préfet de Paris veut prolonger la vidéosurveillance algorithmique
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« Pas de biométrie, de reconnaissance faciale »
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Apprentissage et expérimentation
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Plus d'utilisation pendant les Jeux paralympiques
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Défense de la vidéosurveillance
Commentaires (18)
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Abonnez-vousLe 26/09/2024 à 17h13
Modifié le 26/09/2024 à 17h18
Le 26/09/2024 à 17h47
Le 26/09/2024 à 17h58
Le doigt d'abord, la main ensuite, bien profondément.
C'est comme la montée des prix, une fois actée, ça ne redescend jamais.
Modifié le 27/09/2024 à 14h48
Le 27/09/2024 à 15h47
Les individus à ce genre de poste doivent baver devant le film minority report, et se lamenter que nous n'y sommes pas encore.
Le 26/09/2024 à 19h12
Wahou.
Le 26/09/2024 à 20h36
Ça me semble complètement à coté de la plaque comme exemple. Ou c'est volontaire comme l'absence de chiffre, On évite de parler des sujets qui fâche, le coté trop invasif, car certes pas de biométrie mais si je me souviens bien dans l'expérimentation il y a de l'analyse de comportement pour identifier des potentiels suspect, des résultat probablement proche de zéro (pas de chiffre ça veux tout dire), ni de rappeler que ça va coûter très cher. Mais bon au final un nouveau joujou dans l'arsenal et un tour de vis de plus sur la politique sécuritaire c'est toujours bon à vendre.
Le 27/09/2024 à 07h03
Le 27/09/2024 à 09h57
Modifié le 26/09/2024 à 20h42
Le 27/09/2024 à 00h42
Ou investissez dans le maquillage pour vous dessiner des yeux supplémentaires sur le visage.
Le 27/09/2024 à 09h47
Le 27/09/2024 à 10h58
Le 27/09/2024 à 15h42
Le 27/09/2024 à 16h34
Le 27/09/2024 à 17h16
Tu me fais signe quand on apprendra qu'il y avait de la biométrie. À bientôt.
Le 28/09/2024 à 09h50