[Édito] L’intelligence artificielle est-elle intelligente ou artificielle ?
Les deux mon capitaine
Depuis maintenant plusieurs mois, nous vous proposons un dossier au long cours sur les dessous de l’intelligence artificielle… mais c’est quoi exactement une intelligence artificielle et n’est-ce pas une manière trompeuse ou marketing de présenter ce domaine de l’informatique ?
Le 23 septembre à 17h55
10 min
IA et algorithmes
IA
Cette question très intéressante a été soulevée par JNSON dans nos commentaires : « Même s'il faut bien que le titre évoque quelque chose qui parle, je ne suis pas sûr que de parler "d'IA" est une bonne idée. Il faudrait plutôt parler d'algorithmes d'apprentissage supervisés dans ce cas ou non supervisés pour les auto-encodeurs. Parler d'IA évoque l'intelligence, et c'est plutôt trompeur. C'est donc plutôt un terme commercial à mon sens ».
Pour la faire courte : oui, je suis d’accord. Pour détailler davantage et expliquer mon choix sémantique, je vous propose de lire cet édito. Car cette question mérite une réponse détaillée sur mon approche et ma vision de l’intelligence artificielle. J‘utilise la première personne, car c’est une analyse assez personnelle dans la mesure où aucune définition ne fait consensus.
Allez, direction le dictionnaire
Oublions ce que nous savons (ou pensons savoir) et imaginons qu’on découvre pour la première fois le terme intelligence artificielle, en se demandant ce que ça peut bien être. Première approche, partons à la quête d’une définition. Un rappel tout de même : la notion d’intelligence artificielle n’est pas nouvelle, loin de là puisque la naissance de ce terme remonte à la conférence de Dartmouth en 1956.
Voici ce qu’en dit le Larousse : « Ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine ». C’est également celle de l’encyclopédie libre Wikipédia.
Passons au Robert : « ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l'intelligence humaine (raisonnement, apprentissage…) ». Le dictionnaire en ligne est un peu plus prolixe avec l’ajout de « programmes informatiques complexes » et la précision de « certains traits » pour la comparaison avec l‘humain.
Le Centre de Recherche Informatique de Montréal (CRIM) reprend l’idée de « programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine », mais ajoute une dimension marketing : « L’IA permet aux entreprises d’automatiser certaines tâches, de faire des prédictions de manière simple et précise, et de les aider dans leurs prises de décision ».
La suite de son propos résume assez bien la situation : « Aujourd’hui l’expression est souvent utilisée pour presque toute application qui effectue des tâches complexes nécessitant auparavant une intervention humaine, mais il est important de connaître d’autres termes liés à l’IA pour comprendre sa dimension ».
La CNIL se distingue sur sa définition de l’IA
On se tourne vers la CNIL. Cette fois-ci, la Commission introduit un nouveau mot important – algorithme – et supprime le terme humain de sa définition : « L’intelligence artificielle est un procédé logique et automatisé reposant généralement sur un algorithme et en mesure de réaliser des tâches bien définies ».
La CNIL parle dans la suite de sa définition d’un rapprochement avec l’humain, mais pas directement puisqu’elle cite une autre institution : « Pour le Parlement européen, constitue une intelligence artificielle tout outil utilisé par une machine afin de "reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité" ».
Bref, vous l’aurez compris, ce n’est pas simple et il n’y a pas une définition de l’intelligence artificielle ni même un consensus sur le fait de rapprocher l’intelligence artificielle de celle humaine. L’approche de la CNIL est intéressante. Une définition assez précise sans rapprochement humain, mais juste après une autre définition reprenant le rapprochement avec l'humain. Preuve qu’il est difficile de passer à côté.
Algorithme vs IA : le jeu des sept différences
Mais d’ailleurs, c’est quoi la différence entre un algorithme et une intelligence artificielle ? Un algorithme, explique la CNIL, est « une suite d'étapes permettant d'obtenir un résultat à partir d'éléments fournis en entrée ». La Commission donne des exemples. Une recette de cuisine est un algorithme, comme les recommandations basées sur des choix déjà effectués, des comparaisons d‘images numériques (visages ou empreintes digitales), le pilotage autonome de voitures et sondes spatiales, etc. La CNIL parle d‘algorithmes, d‘autres d’intelligences artificielles pour exactement la même chose.
Le rapprochement entre algorithme et recette de cuisine est intéressant à plus d’un titre, et permet de comprendre un peu mieux la notion d’intelligence artificielle. Dans le cas d’une recette, si on dispose de tous les éléments de base et qu’on suit scrupuleusement les étapes (dans des conditions identiques) on arrive toujours au même résultat. Un algorithme, c'est pareil, sauf que les ingrédients sont des données informatiques et la recette une suite d’instructions.
Prenons le cas de la reconnaissance de chiffres que nous avons détaillé dans cet article. Si on demande à un algorithme une image avec un « 0 », il ira piocher dans les images étiquetées toutes celles identifiées dans la base de données comme étant un 0. Simple et efficace.
L’algorithme ne pourra par contre pas identifier ou renvoyer un 0 qui n’aurait pas (ou mal) été étiqueté. Il « sait » que c’est un 0, car on lui donne cette information et il ne fait que la recracher. En cuisine comme en algorithmique, s’il « manque un seul ingrédient, pas de recette possible », explique le CEA dans une courte vidéo (3 minutes).
Avec une intelligence artificielle, ce n’est pas pareil. Si on a suffisamment de données pour l’entrainer, elle est capable d’« apprendre » à identifier un 0 et peut nous donner des résultats sur des données non étiquetées, c’est-à-dire des images sans précision sur ce qu’elle contient.
Elle peut aussi vérifier si c’est bien un 0 en se basant sur les autres images. C’est en ce sens que certains y voient une « réflexion ».
IA = algorithmes évolutifs ?
C’est justement la suite de la définition de la CNIL : « Certains algorithmes ont été conçus de sorte que leur comportement évolue dans le temps, en fonction des données qui leur ont été fournies. Ces algorithmes "auto-apprenants" relèvent du domaine de recherche des systèmes experts et de l'"intelligence artificielle" ». Les notions d’évolution dans le temps et/ou d’auto-apprenants sont donc, selon la CNIL, le point de bascule entre algorithme et intelligence artificielle.
Mais une intelligence artificielle n’est, du point de vue utilisateur, qu’une suite de calculs. Peut-on ainsi dire que l’utilisation d’une IA revient à un simple algorithme ? C’est une partie de la question, d’autant que, comme nous venons de le voir, il n’y a pas réellement de définition officielle de l’intelligence artificielle.
Mais une IA n’est pas un algorithme comme un autre, dans le sens où il y a une phase d’apprentissage pour définir de manière automatisée les « paramètres » des neurones informatiques. Un neurone peut se résumer en un algorithme avec des paramètres, une entrée, des calculs et une sortie numérique. Une intelligence n’est donc rien de plus qu’un algorithme complexe ? Considère-t-on que c’est une intelligence artificielle à partir du moment où le programme ajuste tout seul ses paramètres ?
Dans ce cas, une fois entrainée pour répondre à une tâche donnée, l’intelligence artificielle devient-elle un algorithme qui exécute des calculs en fonction de milliers/millions/milliards de paramètres ? À mon sens, c’est la principale différence entre IA et algorithme.
C’est quoi l’intelligence ? C’est le fond du problème
Ça ne répond pour autant pas à la question qui était de savoir si le terme intelligence artificielle est bien choisi, principalement à cause de la présence du mot intelligence. Ce dernier renvoi des notions telles que « des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle » pour le Larousse ou une « faculté de connaître, de comprendre » pour le Robert.
Les intelligences artificielles n’en sont pas là et on se rapprocherait alors d’une intelligence artificielle générale… dont la définition est encore plus complexe. Une IA générale n’existe pas actuellement, mais serait capable de comprendre des concepts abstraits, d’apprendre, d’être créative (sans recopier/imiter), etc. À partir de quel moment ces paliers seraient-ils atteints ? Qui en serait le juge ? Autant de question, là encore sans réponse.
Du point de vue « humain », parler d’intelligence artificielle correspondrait donc à une intelligence artificielle générale. C’est un peu comme avec la 5G. Au lancement ce n’était pas (pour certains) de la « vraie 5G » mais tout le monde l’a appelée 5G (notamment pour ne pas paraitre distancé ou rabaisser son réseau par rapport aux concurrents), et maintenant que la « vraie 5G » est là, certains l’appellent 5G+ pour marquer la différence. Le marketing dans toute sa splendeur.
L’intelligence artificielle ça parle à tout le monde
La vraie intelligence artificielle est-elle donc l’IA générale et le terme actuel d’intelligence artificielle une « invention » marketing ? Chez Next, on n'a pas l’habitude de reprendre les discours marketing, mais alors pourquoi ai-je fait le choix de parler d’intelligence artificielle pour l’ensemble des articles explicatifs sur les dessous de ces techniques d’apprentissage ?
Ce n’est pas par conviction absolue qu’il s’agisse du terme le plus adapté à la situation. J’aurais, en effet, plutôt tendance à trouver son utilisation un peu galvaudée, mais ces deux mots transmettent un message auprès du plus grand nombre.
Un peu comme crypter et chiffrer. Oui, le premier n’existe pas, mais est-il plus intéressant de reprendre un néophyte et lui expliquer pourquoi il se trompe au risque de le perdre (et de passer pour un monsieur je sais tout) ? Ou bien ne faut-il pas mieux laisser couler (pour les néophytes, je le répète) et l’aider à résoudre son problème, à chiffrer ses données, à répondre à ses questions, etc. ? Quitte, par la suite, à lui expliquer la différence et pourquoi il faut utiliser le bon mot.
C’est pareil pour l’intelligence artificielle. Le but est d’essayer de toucher le plus grand nombre avec cette série d’articles et d’analyses, afin de donner à tout un chacun les bases pour comprendre les enjeux sous-jacents sur les données, la consommation électrique, etc.
Je reprends donc le terme le plus utilisé : intelligence artificielle, aussi imparfait soit-il. Parler d’algorithmes d'apprentissage supervisés ou non supervisés serait plus juste, mais ces mots ne voudraient pas dire grand-chose pour une bonne partie du grand nombre cherchant à comprendre « l’intelligence artificielle ».
Il y a malheureusement un point sur lequel l’intelligence artificielle et humaine se rejoignent, quand la première ne dépasse pas la seconde : la reproduction des biais. Comme l’IA s’entraine sur des données produites par les humains, elle répète, voire amplifie, les mauvais côtés et travers de notre société.
[Édito] L’intelligence artificielle est-elle intelligente ou artificielle ?
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Allez, direction le dictionnaire
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La CNIL se distingue sur sa définition de l’IA
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Algorithme vs IA : le jeu des sept différences
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IA = algorithmes évolutifs ?
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C’est quoi l’intelligence ? C’est le fond du problème
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L’intelligence artificielle ça parle à tout le monde
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 23/09/2024 à 18h06
Et si on commence à évoquer les algorithmes stochastiques, là c'est le drame
Modifié le 24/09/2024 à 08h16
Ça peut paraître absurde d'un point de vue mathématique, mais en informatique les PRNG peuvent être rendus déterministes avec une graine déterminée (notamment utilisé pour reproduire localement des tests "aléatoires", dédié à trouver des comportement inattendus: e.g. https://docs.tigerbeetle.com/about/vopr/).
Le 24/09/2024 à 10h32
Même si, en réalité, en stochastique, on va plutôt utiliser un TRNG qu'un PRNG pour éviter les comportements aberrants.
Le 24/09/2024 à 11h22
Le 23/09/2024 à 21h26
Et au départ, le domaine de recherche a été créé avec pour objectif de simuler l'intelligence humaine (ou des parties de celle-ci) :
Conférence de Dartmouth
Le 23/09/2024 à 23h42
Au passage, merci pour ton article, très clair, concis (ce que je ne vais pas réussir à faire), et aussi parce que c'est la première fois que j'ai accès à ce type de débat, car ce fut longtemps assez confus pour moi même. Aussi, ce que je vais dire est juste une interprétation personnelle, et je pense que c'est une invitation simplement à réfléchir à la question.
Mais ma question ne visais pas à reprendre toute discussion qui emploi le mot IA ni n'importe comment. Et justement, puisqu'il s'agit de parler au plus grand nombre, il est important de relativiser le terme "IA", et d'autant plus si cette IA est impressionnante. Ce qui est commercial à mon sens, ce n'est peut être même pas le terme, ni le fait que l'IA soit commercialisée, mais paradoxalement le résultat que la dite IA produit. Je me suis rendu compte/rappelé que le terme me dérangeait moins dans le passé, quand il n'était pas aussi populaire, ou quand il était seulement populaire dans la SF, donc dans une perspective qui nous apparaissait peut être moins palpable. Ce n'est pas le fait que l'IA soit populaire le problème, c'est le fait que ça prend de l'ampleur, et donc que les éventuelles conséquences (non visible à faible échelle) prennent de l'ampleur aussi. Je situe mon questionnement sur l'acceptabilité du terme Intelligence au moment des premiers robots de Boston Dynamics. Ils impressionnaient tellement, moi y compris, que lorsque des personnes commençaient à parler de Terminator au premier degré (en incluant James Cameron), en oubliant que ce sont les humains qui crée et commandent l'IA, ça a commencé à me déranger, car alors puisque l'IA était intelligente, c'est donc qu'elle était responsable, même si personne ne le disait comme ça. Cela m'a laissé pensé, peut être à tord, qu'il y avait un glissement des responsabilités perçues (et là, des techniques commerciales peuvent s'y engouffrer, puisque même Facebook annonçait ne pas comprendre ses algorithmes).
Bien sûr, je ne dis pas qu'il ne peut pas y avoir de gros problèmes avec ce type de robot, au sens, où il peut très bien y avoir un bug qui apparaît, qui ne fait pas totalement planter la machine pour la rendre inopérante, et qui la laisse s'emporter, avec d'autres machines, entraînant une réaction en chaîne d'évènements et de décisions, dont le résultat serait catastrophique à grande échelle. Mais ce n'est pas pour cela que ces machines sont capables de discernement je pense, et à la fin, les concepteurs, les financeurs, et les utilisateurs, et les régulateurs sont responsables des actions qu'ils entreprennent. Mais je ne veux pas non plus dire qu'un développeur doit être tenu responsable d'un bug qui ferait planter toutes les machines du parc informatique mondial, c'est tout un système qu'il faut questionner à mon avis.
Puis il y a eu les images générées via des filtres de convolution, et pour aller vite les agents conversationnels qui ont enfoncé le clou de l'illusion. La j'ai pu lire des personnes dire que l'IA nous ressemble, y compris dans sa façon "d'halluciner", que c'est en réalité "nous". Est-ce que c'est l'IA qui va vers nous, et est-ce que c'est nous qui allons vers elle ? Si je parle d'illusion, cela me fait penser à ton texte qui évoque la définition suivante "Ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine", et en fait, c'est le propre de toute l'informatique de faire cela : simuler quelque chose.
Les caractères de ce texte n'existe pas, ce sont des numéros de lettre qui se suivent. A chaque numéro correspond une lettre. Un programme va lire ces entiers et va aller chercher des images pixelisés, ou des dessins vectoriels, contenant les lettres en question, et ces images sont affichées les unes après les autres via des algorithmes "qui font ça bien". On a l'illusion via l'Interface Homme Machine que le texte existe bel et bien, qu'il est cohérent, aussi bien que sur du papier. Il est en est de même pour les zéros et les uns qui codent ces numéros de lettres et on fait comme s'il existaient vraiment, alors qu'il s'agit plutôt d'états électriques haut et bas qui sous tendent les 0 et 1. Et au final, pour citer le film Matrix (impossible de faire autrement), la cuillère n'existe effectivement pas, et si on suit ce raisonnement, l'IA non plus en fait. On fait comme si la scène d'un jeu vidéo était réel, comme si les personnages d'un livre ou d'un film aussi, ou comme si l'image était en quelque comprise en tant que telle par la machine, alors que non, et on le sais bien. Pour citer Rafik Djoumi du Rocky Rama Hors Série de 2020, "nous sommes acteurs de notre propre désinformation". Il parle de Matrix 1 qui pourtant annonce que l'histoire est une simulation, et que alors que le livre "simulacre et simulation" nous crève les yeux, nous choisissons de croire en la prophétie de l'Elu. Exactement à la moitié du film de Matrix 2, soit au milieu des trois films, le film 1-2-3 s'inverse (oui il n'y a qu'un seul film en quelque sorte), et l'élu n'est plus qu'une manipulation de la matrice. C'était le cas depuis le début, mais c'est la simulation qui s'effondre (dans notre tête). A ce moment, soit on décide que c'est n'importe quoi, qu'ils ont tué Matrix 1 et n'ont pas respecté son esprit, soit on décide que "c'est trop facile cette explication à dormir debout", mais voilà, quoi croire ? qu'un homme fait ce qu'aucun ne sais faire dans une simulation entièrement contrôlée, ou que la matrice contrôle cette "éveil" pour contrôler l'histoire des "résistants" ? Comme dit Morpheus, les gens sont prêt à tout pour préserver "le" système (les personnages de Matrix ne mentiraient jamais selon Rafik Djoumi, ce qui est assez particulier). Du coup, j'avais enfin compris pourquoi Néo avait des pouvoirs en dehors de la matrice, car à partir du moment où la matrice c'est le film lui même (c'est à dire juste un film), néo est toujours dans la matrice qu'est le film, même si dans le film il est en dehors (ça c'est mon interprétation). Nous interprétons que la diégèse du film ne peut sortir d'elle même, et ne peut s'immiscer dans notre imaginaire. Pourtant le film a suscité bien des débats et hypothèses sur les forums, preuve que cette matrice a un impact sur nos vies. Paradoxalement, elle a bien une consistance, puisqu'elle nous influence, mais c'est nous qui choisissons de lui donner un sens (avec les réalisatrices qu'on oubli), pas l'IA. Mais le sens caché du film est en réalité autre.
En dehors de ces aspects, cela fait longtemps que je me pose la question de cette notion d'"IA", et maintenant, j'en suis au point où ma façon de dire s'il y a intelligence, c'est d'aborder les choses ainsi. Un transistor, c'est un interrupteur électronique, mais juste un interrupteur. Celui qui appuie sur le bouton pour laisser ou non passer le courant à travers cet interrupteur, c'est un signal électrique qui vient d'un autre interrupteur, d'un autre transistor, et ainsi de suite. En d'autre termes, c'est une mécanique. Si je prend une montre avec des rouages, c'est aussi une mécanique. Est-ce que cette montre est intelligente ? Je choisi de répondre non, assez facilement, mais c'est très personnel. Si cette montre fait la taille de la tour Eiffel avec un engrenage infernal, je ne vois toujours pas d'intelligence, juste une illusion, et une intimidation bien plus imposante. Pour moi l'IA devient un problème quand on oubli que ce n'est qu'une grosse montre qui fait "comme si" ça ne l'était pas. Et plus l'IA est "douée" pour faire illusion, plus ça me pose paradoxalement problème.
Peut être que je suis vieux jeu, ou peut être que j'enfonce des portes ouvertes, je ne sais pas, mais, quand bien même on pense s'être adaptés, en réalité, toutes les technologies ont apportées leur lot de mauvaises nouvelles. On le disais avec les ordinateurs de poche, et finalement, aujourd'hui, la nouvelle génération dit "lâchez un peu vos outils", et "mettez vous en action" (je parle du film Kaizen). Pour les réseaux sociaux, on a touché du doigt le potentiel assez destructeur de ces technologies, à l'échelle quasi géopolitique, mais je pense qu'il n'y a pas besoin d'aller aussi loin pour que ça fasse des dégâts, d'autant que l'IA est aussi présente à ce niveau (voir très).
Donc au final, dans l'idéal, ce que j'aimerais, c'est avoir une méthode scientifique qui dise "voilà ce qu'on peut faire avec l'IA, et voilà, ce qu'il faut éviter, ce qui déforme une société entière, sans qu'elle n'est donné son consentement éclairé, et sans qu'elle ne s'en rende compte". A tire personnel, je ne sais pas ce qu'il faut faire ou pas. J'espère que la question sera suffisamment objectivée un jour. J'ai l'impression qu'on est à l'époque des premiers essais d'avions, où il y en a plein qui se crachent "gentiment" ou "méchamment", et ou finalement l'avion devient le moyen de transport le plus sûr au monde, jusqu'au jour où on découvre qu'en fait non, il pollue tellement qu'il participe à la menace de la vie sur Terre telle qu'on la connait. Pour moi l'IA pose potentiellement le même niveau de problème, mais sur nos consciences. Et une partie du problème tient dans la définition, et l'illusion qu'on lui accorde.
Cela dit, j'ai cherché un terme qui me conviendrait mieux, mais je n'en ai pas trouvé un qui ne soit pas trop pompeux.
Le 23/09/2024 à 23h49
Modifié le 24/09/2024 à 07h42
Le 24/09/2024 à 10h28
Le 24/09/2024 à 13h41
Tout est dit dans cette phrase de l'article.
Personnellement je n'ai pas la réponse mais je pense que c'est un truc universel dont toutes les espèces vivantes (animales ou végétales) sont pourvues car c'est ce qui leur permet de s'adapter à leur environnement et donc d'exister, tout simplement.
Pour ce qui est de l'IA, j'avoue être assez sceptique puisqu'on ne sait pas vraiment ce qu'est vraiment cette fameuse intelligence et donc comment la définir.
Pour moi c'est donc surtout une nouvelle expression à la mode, un peu comme ce fameux "wokisme" qui est mis maintenant à toutes les sauces à tel point qu'il ne veut plus dire grand chose.
Le 24/09/2024 à 15h32
Don't be an iDiot
Modifié le 30/09/2024 à 22h11
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