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Selon les CNIL, les dark patterns sont partout

Y a un certain motif

Selon les CNIL, les dark patterns sont partout

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Le GPEN, réseau d'organismes agissant pour la protection de la vie privée au sein de pays membres de l'OCDE, a réalisé un « ratissage » de 1 010 sites web et applications mobiles. Il a constaté que pour la plupart d'entre eux, lors de la navigation, l'internaute rencontre au moins un mécanisme de conception trompeuse concernant la protection de la vie privée.

Le 12 juillet à 08h40

En mai dernier, le Global Privacy Enforcement Network (GPEN - réseau d'organismes agissant pour la protection de la vie privée au sein de pays membres de l'OCDE) a organisé une énorme opération de « ratissage » avec ses 26 autorités de protection des données dans le monde et le réseau des 27 autorités de protection des consommateurs de l'International Consumer Protection and Enforcement Network (ICPEN).

Objectifs ? Évaluer comment les internautes pouvaient faire des choix en matière de protection de la vie privée, obtenir des renseignements sur la protection de la vie privée et se déconnecter d’un compte et le supprimer. Le tout en naviguant sur les différents sites internet et les applications visés, ce que le GPEN appelle du « ratissage ». Les résultats ne sont guère surprenants.

Des sites et applications de toutes sortes

Ce « ratissage » a été coordonné par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Chaque autorité participante a choisi cependant l'objectif de son ratissage, « par exemple l’examen de sites Web ou d’applications dans des industries spécifiques correspondant à ses priorités stratégiques », explique le GPEN.

Au final, la répartition sectorielle des sites webs et des applications mobiles analysés montre une certaine hétérogénéité. Une importance a quand même été donnée à la vente au détail et, dans une moindre mesure, à la santé, aux enfants, aux voyages et l'hébergement et aux sites et applications d'actualités et divertissements :

Les « ratisseurs » ont scruté les sites en se posant des questions sur des indicateurs relevant de cinq sections :

  • Langage complexe et déroutant (p. ex. des politiques de protection de la vie privée techniques ou trop longues, difficiles à comprendre) ;
  • Interférence d’interface (p. ex. des éléments de conception qui peuvent avoir une influence sur la perception et la compréhension des utilisateurs par rapport à leurs options sur la protection de la vie privée) ;
  • Harcèlement (p. ex. les utilisateurs sont invités à plusieurs reprises à prendre des mesures précises qui peuvent aller à l’encontre de leurs intérêts en matière de protection de la vie privée) ;
  • Obstruction (p. ex. l’insertion d’étapes supplémentaires qui ne sont pas nécessaires entre les utilisateurs et leurs objectifs de protection de la vie privée) ; et
  • Actions forcées (p. ex. forcer les utilisateurs à fournir plus de renseignements personnels qu’il n’est nécessaire pour accéder à un service ou les amener, par la ruse, à penser qu’il est nécessaire de les fournir).

Une diversité de dark patterns

Les résultats, exposés dans le rapport du GPEN, ne surprennent pas. Ils ont toutefois le mérite d'objectiver la perception de la navigation quotidienne de l'internaute :

« Pour 97 % [des sites Web et des applications examinés], et dans des industries multiples, les ratisseurs ont rencontré au moins un mécanisme de conception trompeuse dans leur tentative de prendre des décisions protégeant la vie privée ou d’obtenir des renseignements liés à la protection de la vie privée ».

Quand on entend « dark patterns », on pense souvent aux design de formulaires d'acceptations qui poussent à des actions forcées. Mais le mécanisme de conception trompeuse le plus utilisé est l' « utilisation d’un langage complexe et déroutant dans les politiques sur la vie privée ». 89 % d'entre elles étaient ainsi excessivement longues (plus de 3 000 mots) ou contenaient des termes techniques et déroutants.

Dans 43 % des interactions (c'est-à-dire des tâches à accomplir par les « ratisseurs »), les sites Web et applications examinés ont recouru à une interférence d’interface. On est là dans ce qui est plus facilement catégorisé comme dark pattern.

Le rapport détaille plusieurs catégories :

  • une « fausse hiérarchie » : met l’accent sur certains éléments visuels et en escamote d’autres, dirigeant ainsi les utilisateurs vers des options qui protègent moins la vie privée (voir la « Figure 4 » ci-dessous) ;
  • une « présélection » : amène à sélectionner par défaut les options les plus intrusives dans la vie privée ;
  • une « manipulation émotionnelle » : utilise un langage émotionnel qui amène les utilisateurs à se tourner vers les options privilégiées par les organisations (p. ex. « Acceptez et profitez des offres ! » ou « Quoi ? Vous ne voulez pas économiser ? ».

70 % des pop-ups de cookies

Lors de la première utilisation, 41 % des sites et applications ont demandé de « prendre des décisions en matière de protection de la vie privée ». Souvent, le fameux pop-up d'information sur les cookies. Parmi ceux-ci, 70 % utilisent un design qui « fait en sorte que les options protégeant moins la vie privée [soient] plus faciles à choisir » (ce qui représente 31 % de tous ceux « ratissés »).

Pour 39 % de ces sites et applications, les « ratisseurs » ont rencontré des obstacles pour réaliser leurs objectifs : « par exemple, dans 16 % des cas, [ils] ne pouvaient pas trouver l’option de déconnexion du compte pour les sites Web et les applications qui offraient l’option de créer un compte », explique le rapport. Dans 27 % des cas, la suppression d'un compte demande trois actions ou plus. Dans 55 % des cas, l'option n'a même pas été trouvée par les « ratisseurs » !

Des politiques de confidentialité trop longues et complexes

Seul point positif souligné par le rapport : « la plupart des sites Web et des applications ont rendu leurs politiques de protection de la vie privée faciles à trouver (59 % étaient accessibles au moyen d’un seul clic) ». Mais ça s'arrête là, puisque 42 % étaient « plutôt longues et nécessitaient une capacité de lecture au moins du niveau universitaire ».

À propos de la lisibilité seule, « 76 % de ces politiques de confidentialité exigeaient une capacité de lecture d’étudiant de premier cycle ou supérieure, et 20 % requéraient une capacité de lecture d’étudiant de cycle supérieur, au minimum », explique le rapport. Ces chiffres ont été obtenus en utilisant le test Flesh qui évalue la lisibilité en fonction de sa longueur, de la longueur des phrases et du choix des mots. Le graphique ci-dessous détaille un peu plus les résultats sur la « lisabilité » (sic) :

Cinglant, mais aux conséquences inconnues

Ce rapport est en tout cas cinglant : « les constatations suggèrent que les plateformes de la plupart des organisations sont conçues pour encourager les utilisateurs à prendre des décisions liées à la protection de la vie privée dans l’intérêt de la plateforme et potentiellement contraires à l’intérêt supérieur des utilisateurs ». Il ajoute « les mécanismes de conception trompeuse servent à miner l’autonomie des utilisateurs en manière de protection de la vie privée ».

Dans le communiqué de la CNIL (qui a participé au « ratissage » comme les 25 autres autorités de protection des données du GPEN), l'autorité française explique que « chaque membre du GPEN déterminera de façon indépendante s’il est nécessaire de prendre des mesures d’application supplémentaires ». Interrogée par nos soins, elle n'a pas encore répondu à la question de la prise de mesures supplémentaires, alors que le constat du GPEN d'une utilisation massive des dark patterns est clair.

Commentaires (18)

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Dans les villes, dans les campagnes ?!
:francais:
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C’est bien de faire le constat, c’est tard par contre, et les vraies grosses amendes c’est pour quand ?
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La CNIL, c'est un peu Jekill & Hide.
Ils ont autorisé des écrans Cookie trompeurs (genre le refuser en gris en haut, accepter en gros en bas).
Ils ont reconnu que l’intérêt légitime pouvait être utilisé pour envoyer de la pub par mail.
Et maintenant ils participent à une étude qui dit "bouh c'est pas bien"...
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Ils ont autorisé des écrans Cookie trompeurs (genre le refuser en gris en haut, accepter en gros en bas).
Ce n'est pas le Conseil d'Etat qui avait invalidé cette décision ?

Accessoirement, c'est depuis reconnu comme méthode non conforme par la CEPD.
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Ils n'ont pas autorisé, ils n'ont pas eu le droit d'interdire, petite nuance :p

La CNIL avait publié des lignes directrices qui interdisaient de manière générale les paywalls, et le Conseil d'État a dit "non, la CNIL n'a pas l'autorité pour interdire de manière générale, seule la loi le peut, donc la CNIL doit faire du cas par cas"

En gros.

Mais effectivement, depuis y'a eu des règles directrices approuvées par la Commission européenne (qui elle a l'autorité pour interdire) donc théoriquement on devrait mettre des amendes à tous ces sites.

Ça exonère pas la CNIL d'être ultra lente, de mettre des sanctions ridicules ("attention ! vous allez recevoir... UNE LETTRE !!") et de tenter de contourner les lignes directrices sur les pixels traçants des mails, mais sur le paywall et les dark pattern elle a essayé de mettre une interdiction (qu'elle n'aurait pas eu le cran d'appliquer, but still...)
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J'ai Consent-O-Matic (une extension firefox qui remplit automatique les popups selon ses préférences autant qu'il est capable) et Ghostery, dès que j'ouvre une page, ça clignote de partout. Le pire étant les sites des Google où ça redirige 3-4 fois la page.
Sinon, récemment, X/Twitter, qui refuse tout simplement de s'afficher si tu actives le "Enhanced tracking protection (Strict Mode)" (firefox) ou "Strict tracking prevention" (Edge)
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Firefox a un système pour les bannières cookies intégré. Pour l'instant c'est encore planqué sous un flag (donc désactivé) et si tu l'actives par défaut c'est en mode "refuser si c'est pas trop compliqué, accepter sinon" mais y'a moyen de mettre en mode "refuser si c'est pas trop compliqué, laisser la bannière pour que l'humain gère sinon".

Ça devrait arriver prochainement et ça sera cool pour le commun des mortels :p

Je pense honnêtement que le pire du pire c'est les sites de mauvaise foi : "si tu refuses les cookies je peux pas stocker le cookie qui sauvegarde que t'as refusé les cookies, donc je raffiche la bannière à chaque changement de page :fou:"
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Pour ceux que ça intéresse : Firefox Cookie Banner Handling
En adaptant : 1 (reject all) or 2 (reject all or fall back to accept all)
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[quote=CharlesP] Je pense honnêtement que le pire du pire c'est les sites de mauvaise foi : "si tu refuses les cookies je peux pas stocker le cookie qui sauvegarde que t'as refusé les cookies, donc je raffiche la bannière à chaque changement de page :fou:" [/quote=CharlesP]

+1

P.S: Comment fait-on pour citer un commentaire??
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uBlockOrigin le permet nativement aussi, ça évite rajouter trouzemille extensions
Dans réglages -> filter lists -> cookie notice
et hop on coche la/les listes qu'on veut
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Le sous-titre ! Excellent !! :yes:
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Vécu: je me connecte à un site dont je suis client via l'interface de login (type www.sitecommercial.com/login). Je les ai déjà informé dans les paramètres de mon compte la politique de confidentialité que je voulais me voir appliquer. Pourquoi es-ce que j'ai droit à bannière sur la page de connexion ET après m'être loggé ??
Ce n'est pas un dark pattern ça ??
Passons sur la bannière sur la page de connexion mais après, je ne comprends, le site sait qui je suis et j'ai déjà répondu à leur question dans les paramètres de mon compte. :censored:

Petite précision, mon Firefox supprime les cookies à sa fermeture.
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Ce qui me gène fortement, personnellement, c'est que l'on me propose d'être pisté sur les sites de l'état ou des collectivités.

Pourquoi appliquer des techniques de pistage en dehors d'un contexte commercial ?

Pour moi, il faudrait que tous les cookies non strictement nécessaires soit purement et simplement interdit sur les sites de l'état, des collectivités et tous services publics. Avec une extension à tous les sites prévus pour les mineurs : les ENT, les sites visant spécifiquement des enfants.
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Je me fais la même réflexion à chaque fois. En particulier, j'enrage quand les différents sites en .gouv.fr me reposent chacun la question.
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" Pourquoi appliquer des techniques de pistage en dehors d'un contexte commercial ? "

Ce que j'ai compris c'est pour savoir comment est utiliser un site web, il faut collecter des données. Donc d'un certain de vue, c'est pister l'utilisateur. Le plus connu c'est Google Analytics, mais je crois que Matomo est une alternative mais elle demande de développer une compétence interne.

Après, je pense que tout le monde sort ce bandeau pour être couvert juridiquement sans faire l'analyse de quelles données sont collectées, si elles sont nécessaires et pourquoi, comment minimiser ces données.
Typiquement, l'exemple ce sont polices de caractères hébergées par Google et qui pourraient être hébergé par le site web. Si elles sont chez Google, le visiteur doit faire une collecte pour les télécharger et donc une possibilité de pistage par Google.
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Cela rejoint ce qui a déjà été dénoncé dans les commentaires sur cet article ou d'autres, à savoir que le diable se cache dans les détails. Par paresse de mettre en place un cdn local pour servir les contenus communs à tous les outils web de la structure, on utilise les cdn tiers qui se payent sur la vie privée des utilisateurs.

Mais ce que je dénonce va un peu plus loin vu que la bannière cite au moins 50 "partenaires" et je doute fort qu'il ne s'agisse que de cdn.
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Une bonne âme pourrait mettre le rapport sur lequel s'appuie l'article à dispo?

Je tombe sur un 403 avec https://www.privacyenforcement.net/system/files/2024-07/GPEN%20Sweep%202024%20-%20%27Deceptive%20Design%20Patterns%27%20-%20FRA.pdf
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got it :-)

Selon les CNIL, les dark patterns sont partout

  • Des sites et applications de toutes sortes

  • Une diversité de dark patterns

  • 70 % des pop-ups de cookies

  • Des politiques de confidentialité trop longues et complexes

  • Cinglant, mais aux conséquences inconnues

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