[FAQ] Notre antisèche sur la guerre froide des semi-conducteurs (USA vs Asie vs Europe)
Un triptyque critique
Fabriquer un CPU ou un GPU moderne impose une collaboration mondiale, à différents niveaux. On vous explique la situation dans laquelle l’Asie, les États-Unis et l’Europe ont besoin les uns des autres. Cela n’empêche pas la situation de se dégrader au fil des restrictions et des intimidations. On vous résume dans les grandes lignes et aussi simplement que possible les enjeux géopolitiques.
Le 24 mai à 14h44
9 min
Hardware
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Dans le petit monde des semi-conducteurs, quelques sociétés tirent fortement leur épingle du jeu. Le grand public connait très bien les entreprises « stars » des CPU et GPU, que sont AMD, Intel et NVIDIA. Deux d’entre elles ne disposent pas d’usine (on parle de « fabless »).
Amérique vs Asie : round 1
AMD, Intel et NVIDIA sont trois entreprises américaines qui dominent ensemble le monde des processeurs et des cartes graphiques. D’autres acteurs existent dans le monde, mais certainement pas avec le même niveau de maturité. En Europe par exemple, la société SiPearl se lance en partant d’une feuille blanche pour développer son processeur Rhea1 pour les datacenters, qui va arriver avec plusieurs années de retard.
Une fois que la puce est prête, il faut la produire. Cela se passe dans une « fonderie » et on parle souvent de « fab », d’où le « fabless » que nous évoquions juste avant pour les sociétés sans fonderie. Dans ce domaine, un acteur est largement en avance sur les autres : TSMC pour Taiwan Semiconductor Manufacturing Company. On ne vous fera pas l’affront de vous indiquer de quel pays elle est originaire.
TSMC produit des puces pour Intel, AMD, NVIDIA, Qualcomm, Apple, etc. Il y a une autre entreprise très bien implantée dans ce marché, et qui se place en concurrence directe avec TSMC : Samsung Foundry. Cette fois-ci, c’est une entreprise de Corée du Sud. On reste donc dans les deux cas du côté de l’Asie. La carte se dessine avec une opposition entre deux continents, mais c’est loin d’être fini.
Intel Foundry et GlobalFoundries
AMD disposait de sa propre fonderie jusqu’en 2009, mais l’entreprise a séparé ses activités pour laisser GlobalFoundries vivre de ses propres ailes. Le fonds souverain d'Abu Dhabi (Mubadala Investment Company PJSC) détient aujourd’hui plus de 80 % des parts de l’entreprise.
Intel dispose de ses propres usines de fabrication : Intel Foundry. En 2021, l’entreprise annonçait qu’elle allait renforcer cette activité et s’ouvrir à l’extérieur. Alors qu’elle a longtemps fabriqué des puces pour son usage exclusif, elle propose désormais ses services à d’autres et fait également produire en dehors de ses usines. L’ambition d’Intel est claire : devenir un fondeur comme les autres.
En Europe et aux États-Unis, les gouvernements proposent des subventions pour attirer les fonderies afin qu’ils ouvrent des usines sur place. Outre-Atlantique, les Américains proposent un pont d’or à TSMC, qui va investir des dizaines de milliards de dollars. En Europe, TSMC s’installe en Allemagne. En Europe, Intel veut investir 80 milliards d’euros. La Commission européenne a pour rappel débloqué 43 milliards d’euros dans le cadre de son Chip Act, contre 52,7 milliards aux États-Unis pour la production de semi-conducteurs avec le CHIPS and Science Act.
STMicroelectronics n’est pas aussi avancé
Du côté des principaux fondeurs, on est donc en grande majorité avec des acteurs du côté de l’Asie (TSMC, Samsung et GlobalFoundries, même si ce dernier est à la traine) et un seul américain : Intel. En Europe, nous avons bien STMicroelectronics, mais la société n’est pas aussi avancée que ces concurrents sur la finesse de gravure.
En juillet 2022, la société annonçait du 18 nm, quand ces concurrents sont à quelques nm. Mais attention, cela ne signifie pas pour autant que c’est inutile, loin de là. Comme le rappelait Doc TB sur X, « la course au nanomètre […] ne concerne QUE les chips les plus haut de gamme. En volume, ceux-ci ne représentent quasiment rien du tout. Peut-être 0,1 % au mieux ».
« L’écrasante majorité du marché du semi-conducteur en volume est constitué de microcontrôleurs, de convertisseurs DC-DC, de CPLD/FPGA, de circuits logiques, d'ADC, de MOSFETS et autres "petits" chips... qui restent gravés en 28, 32, 45nm, voir en 180nm », rajoute DocTB.
Si pour la production de masse ce n’est pas un problème, pour essayer de concurrencer de gros acteurs, c’est plus compliqué, comme en fait l’expérience SiPearl. Son CPU Rhea1 est gravé en 6 nm par TSMC, et la société prévoit de passer au 5 nm avec Rhea2 et au 2/3 nm avec Rhea3. Au-revoir donc STMicroelectronics pour la production.
Avec la folie autour de l’intelligence artificielle (générative), la demande en GPU performant explose (comme le CA et le bénéfice de NVIDIA). Il faut donc en produire toujours plus, plus vite et plus performant. Cela passe par des procédés de gravure avancés.
ASML entre dans la danse : TSMC en a besoin
Vous pensiez avoir fait le tour ? Pas si vite… Un acteur européen a aussi son mot à dire : ASML, une entreprise des Pays-Bas créée en 1984. Sur son site, l’entreprise annonce la couleur : « en fait, nous sommes probablement une partie de l’appareil électronique que vous utilisez actuellement ».
Un problème de grosse tête et une vantardise mal placée ? Pas vraiment : ASML propose en effet aux fonderies des machines permettant de produire des puces. Dans les usines TSMC on retrouve des machines ASML.
La Chine fournit les matières premières
Et la Chine dans tout cela ? Peut-on se passer de ce pays pour la production de puces ? Eh bien non, car la Chine est un fournisseur très important des matières premières pour certaines productions de puces et de produits de notre monde numérique.
Selon des chiffres de la Commission européenne, elle représente 80 % de la production mondiale de gallium et de germanium. Des matériaux que l’on retrouve dans les circuits intégrés, les LED, les cellules des panneaux photovoltaïques, les fibres optiques, l'infrarouge, les cellules solaires pour satellites, les catalyseurs de polymérisation, etc. La Chine représente aussi 86 % des sources d’approvisionnement en terres rares lourdes et légères, 89 % du magnésium, 80 % du bismuth, etc. Autant d’éléments nécessaires à la fabrication des machines et des produits.
Des États-Unis à Taïwan, en passant par les Pays-Bas
Pour concevoir des architectures de puces (CPU ou GPU par exemple) haut de gamme, il faut donc des sociétés capables de les développer : AMD, Intel et NVIDIA en sont trois bons exemples, toutes américaines.
Mais pour les fabriquer, elles doivent obligatoirement passer par des partenaires, des fonderies (sauf Intel) : TSMC et Samsung sont les deux principales et elles se trouvent en Asie (Taïwan et Corée du Sud).
Mais les fonderies pour fonctionner à leur meilleur niveau ont besoin des machines d’ASML. C’est donc (pour grossir le trait) un billard à trois bandes entre les États-Unis, l’Asie et l’Europe, où chacun a besoin de l’autre pour avancer et rester au meilleur niveau.
On peut évidemment ajouter Arm dans l’équation, bien que la société ne produise pas ses propres puces, mais des « propriétés intellectuelles ». Elle propose des cœurs CPU, GPU et des architectures que des partenaires peuvent utiliser pour concevoir leurs propres puces. C’est le cas de Qualcomm avec ses Snapdragon par exemple.
Arm est une société britannique (donc en dehors de l’Union européenne depuis le Brexit) mais sous contrôle du géant japonais SoftBank. On revient donc en Asie et cela ne permet pas franchement de rebattre les cartes du jeu. NVIDIA avait pour rappel tenté de racheter Arm pour 40 milliards de dollars, mais avait abandonné le projet à cause « d’importants défis réglementaires ».
USA vs Chine : je ne t'aime pas… moi non plus
Si on parle régulièrement de guerre froide, c’est que les États-Unis et la Chine mettent des restrictions en place ces dernières années. Côté américains, on peut citer le placement de Huawei sur liste noire et les restrictions sur les GPU NVIDIA pour l’IA, tandis que côté chinois, ce sont des restrictions sur l’exportation du gallium et du germanium, l’exclusion d’AMD, d’Intel et de Windows dans les administrations, etc. Et en Europe ? Les Pays-Bas ont mis en place des restrictions à l’exportation des semi-conducteurs.
Depuis maintenant des dizaines d’années, la situation est tendue entre Taïwan et la Chine, qui envoie plus ou moins régulièrement des frégates se rapprocher de l’île qu’elle considère comme une de ses provinces. Ces derniers jours, la situation s’est accentuée avec des « manœuvres militaires destinées, selon Pékin, à tester sa "capacité à prendre le pouvoir" dans l'île autonome », explique France Info.
« Kill switch » dans les usines TSMC à Taïwan
TSMC réalise la majorité de sa production sur son île, ce qui pourrait aussi fortement intéresser les Chinois, qui mettrait au passage la main sur un mastodonte mondial des semi-conducteurs. Mais TSMC et ASML ont pris les devants selon Bloomberg : les deux entreprises affirment avoir « des moyens de désactiver les machines de fabrication de puces les plus sophistiquées au monde en cas d’invasion de Taïwan par la Chine », selon des sources.
Nos confrères reviennent aussi sur les restrictions mises en place par ASML sur les machines les plus avancées, pour le procédé de lithographie EUV (extrême ultraviolet) : « C’est à la demande des États-Unis que les Néerlandais ont commencé cette année à arrêter les exportations des machines de fabrication de puces les plus sophistiquées d’ASML. Avant même que cette interdiction n’entre en vigueur, les responsables américains avaient demandé à ASML d’annuler certaines expéditions précédemment prévues à des clients chinois ».
[FAQ] Notre antisèche sur la guerre froide des semi-conducteurs (USA vs Asie vs Europe)
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Amérique vs Asie : round 1
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Intel Foundry et GlobalFoundries
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STMicroelectronics n’est pas aussi avancé
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ASML entre dans la danse : TSMC en a besoin
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La Chine fournit les matières premières
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Des États-Unis à Taïwan, en passant par les Pays-Bas
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USA vs Chine : je ne t’aime pas… moi non plus
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« Kill switch » dans les usines TSMC à Taïwan
Commentaires (38)
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Abonnez-vousLe 24/05/2024 à 15h30
Merci pour ce récap.
On voit bien le problème d'interdépendances, mais surtout les grosses lacunes que nous avons en europe côté production de cpu/gpu.
Même sur du "tout venant" bureautique on n'a rien de potable.
Il manque peut-être le sujet ARM et Risk V pour être plus large?
Le 24/05/2024 à 15h32
Le 24/05/2024 à 19h48
Le 24/05/2024 à 15h45
Le 24/05/2024 à 16h05
Le 24/05/2024 à 16h13
Le 24/05/2024 à 16h50
Le 24/05/2024 à 16h25
- Le dollar
- Les sanctions extra territoriales
- Tu veux pas te fâcher avec les USA
- etc.
La chine passe sont temps à dire que l’occident est son ennemi, que l'on est des décadents, que c'est la fin de notre ère... Après il ne faut pas trop s'étonner hein.
La dernière saillie de la Diplomatie CN à propos de Taïwan :
"Toutes les forces séparatistes en faveur de l'indépendance de Taïwan finiront dans le sang, la tête brisée face à l'événement historique d'une réunification complète de la Chine"
Très apaisé dans le genre discours diplomatique
Modifié le 24/05/2024 à 18h53
Le 24/05/2024 à 22h25
Euh non, ça c'est le narratif de poutine pas celui de la Chine.
Le 25/05/2024 à 21h12
Le 26/05/2024 à 14h59
Euh je te rappelle qu'il y a 6 pays (j'inclus Taiwan) qui se tire dans les pattes dans le secteur depuis 50 ans.
Le truc que je trouve chiant (avis personnel) c'est que les US ont décidé d'en rajouter bref tu as des conflits territoriaux comme partout mais on ne les résoud pas en mettant de l'huile sur le feu.
Mais comme les US ont décidés de rentrer en guerre économique contre la Chine depuis 2015 (comme ils l'ont fait contre le Japon dans les années 80), ils se contrefoutent royalement de mettre la pagaille dans ces équilibres fragiles et in fine de pousser les gens à l'affrontement.
Le 27/05/2024 à 11h49
Il n'y a pas 6 pays qui se tirent dans les pattes, il y a une énorme dictature qui a décidé que la mer de Chine était la mer qui appartient à la Chine et qui fait n'importe quoi jusque dans les eaux territoriales de ses voisins. Et ce n'est sûrement pas en montrant de la faiblesse qu'on résout ce genre de problème (déjà testé avec Poutine : laissons lui la Géorgie, ça le calmera; laissons lui la Tchétchénie, ça le calmera; laissons lui la Crimée ...)
Qui est en guerre économique avec qui ? Ceux qui imposent des méthodes et des situations intenables (et pas tellement compatibles avec l'OMC) ou ceux qui se rebiffent contre cette situation* ?
*Je pense qu'on peut tomber d'accord sur le fait que, si les USA et l'UE n'avait pas pensé pouvoir en profité, on n'en serait pas là, mais la situation est avant tout le fait du PCC qui n'a pas laissé de boîtes étrangères se développer en leur propre capacité en Chine, et qui vient couiner maintenant que ses clients lui rendent la pareille.
Le 24/05/2024 à 18h00
Le 24/05/2024 à 18h52
Le 24/05/2024 à 23h02
Le 24/05/2024 à 23h47
- Pour BNP-Paribas, c'était l'interdiction d'utiliser le $$ pour faire du commerce avec l'Iran.
- Pour ASML & TSMC, c'est l'interdiction de vendre du matériel à la Chine, matériel qui utilise un certain nombre de brevets déposés aux US.
Le 24/05/2024 à 23h59
Le 25/05/2024 à 00h06
mais bon en tout cas, je me rappelle que les US avaient coincé BNP-Paribas sur l'utilisation du US$ avec I'Iran car la loi US disait que "toute transaction commerciale en US$ avec l'Iran est formellement interdite" et comme TOUS les échanges pétroliers se font en US$...
Le 25/05/2024 à 10h20
Le 25/05/2024 à 11h22
Modifié le 25/05/2024 à 17h09
Le 27/05/2024 à 14h56
Le 27/05/2024 à 18h04
Merci de la précision.
Le 25/05/2024 à 04h12
Petit, leger point oublié... C'est pas uniquement une relation sur les fonderies qui lie les US avec la Hollande, l'un vend du matériel militaire et des pièces à l'autre.
Faire voler un F-35 c'est plus compliqué sans pièce de rechange 😉
C'est bien de la géopolitique globale à ce niveau là.
Modifié le 25/05/2024 à 09h46
Dans tout ce que j'ai lu, les raisons de l'interdiction sont floues ou ridicules (la possibilité d'utiliser les puces pour du militaire : c'est vrai pour tellement de choses qu'autant interdire toute exportation vers la Chine). Et il n'est fait mention nulle part de brevets US utilisés par ASML qui donnerait un pouvoir d'interdiction direct des USA ; ce sont les Pays-Bas, seuls, qui ont mis en place cette interdiction. J'espère qu'ils vont indemniser le manque à gagner de cette société.
Je suis sûr que l'on peut vendre des Rafales aux Pays-Bas et leur garantir l'accès aux pièces détachées si ça peut aider à supprimer cette interdiction.
Le 25/05/2024 à 17h15
Mais je me rappelle quand même que dès qu'il y a des brevets US sous-jacents, les US n'hésitent pas à sortir cette carte Joker (sans doute parce que la pilule est plus facile à faire avaler dans ces cas là et ça se voit moins... )
Le 25/05/2024 à 21h10
Les NL avaient à faire un choix entre leurs clients US et leurs clients chinois, ils ont fait un choix (qui, tous les éléments pris en compte, est absolument logique).
Le 26/05/2024 à 13h47
Le 27/05/2024 à 11h27
Modifié le 26/05/2024 à 16h14
https://www.youtube.com/ 1h30
Idem à l'IRIS en plus court 30 min voir redondant avec celui du dessus mais datant d'il y a 4 ans.
https://www.youtube.com/watch?v=de98M0raAuQ
Portail de l'IE France concernant la Chine :
https://www.youtube.com/watch?v=OIviduCRrbQ
Le 25/05/2024 à 10h28
Modifié le 24/05/2024 à 23h48
Le 27/05/2024 à 11h22
Modifié le 24/05/2024 à 23h53
NXP Semi Conducteur (un des leaders sur le NFC, beaucoup de titres de transport dans le Monde sont en fait basés sur des cartes MiFare de NXP) est un spin-off de PHILLIPS dans les années 2000.
PHILLIPS à son époque était vraiment une boîte leader dans beaucoup de domaines de pointe... ce n'est vraiment plus le cas maintenant (sauf médical).
Dommage...
Modifié le 25/05/2024 à 00h00
Très bien !!
Modifié le 25/05/2024 à 16h52
Nous disposons aussi d'un fondeur capable de satisfaire à l'écrasante majorité de la production.
Le seul souci est donc l'approvisionnement en matières premières, sur lesquelles les russes & les chinois sont en avance sur nous en Afrique, nous en faisant partir. Pour les chinois, en mettant les États sous leur coupe à coûts de giga-projets que les-dits États ne peuvent pas payer, obtenant des concessions à long-terme sur les mines en contrepartie.
C'est d'ailleurs pour le lithium que l'on maltraite les néo-zélandais et que l'on revient sur nos promesses passées : l'équation est de moins en moins résolue pour nous…
Un rapprochement avec ASML pourrait-il permettre de baisser la finesse de gravure de STMicroelectronics ? Ou est-ce un problème de conception/connaissances de cette entreprise ?
Si cette barrière était franchie, on pourrait commencer à concurrencer les processeurs haut de gamme. Il y a un sacré terrain de jeu, puisque l'on semble s'être de nouveau réveillés sur le fait qu'il y ait (depuis long !) des alternatives à x86 & CISC, via notamment ARM & RISC-V.
Je suis content que l'on arrête enfin d'être timide et que l'on se dise (enfin aussi !) qu'il y a un marché pour la production de nouvelles puces, sans ce foutu complexe d'infériorité par rapport aux trois "gros".
À l'heure où le protectionnisme, qui ne disait auparavant pas son nom, mais qui apparait de plus en plus décomplexé, l'Europe semble commencer enfin à réguler et combattre à jeu égale avec les États-unis avec l'extra-territorialité de sa régulation, tant qu'elle concerne des humains européens.
La Chine est fermée sur elle-même, et souhaite juste que l'on dépende d'elle pour être en position de force géostratégique.
Les États-Unis ne travaillent aussi que pour leurs propres intérêts, au détriment principal de ceux qu'ils appellent "alliés".
Dans ces conditions, il serait suicidaire de ne pas être prêts à se protéger au cas où les liens de dépendance soient utilisés en notre défaveur : que se passera-t-il quand, demain, Chine & États-Unis feront payer au prix forts l'accès à leurs ressources & technologies ?
Nous sommes finalement présents à certains endroits critiques du processus de fabrication : changeons peut-être les priorités pour s'assurer que si, par malheur, des ponts venaient à être coupés, nous n'en soyons pas les plus grands perdants. Cela nous redonnera aussi enfin un peu de leviers géopolitiques, afin d'influer sur le monde autrement qu'économiquement, car nous sommes à la bourre sur le volet politique de l'Europe…
Modifié le 26/05/2024 à 15h40
Le problème c'est quel acteur en europe serait capable de le faire financièrement ?
Pour l'europe, on est à la bourre au niveau politique, diplomatique, commercial, technologique, etc... par contre je ne pense pas que faire du protectionnisme à l'américaine soit intéressant.