Médecine basée sur les données : Sophia Genetics présente l’IA « la plus avancée au monde »
Et elle sait jouer au jeu de Go ?
Le 27 juillet 2016 à 13h15
5 min
Sciences et espace
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Sophia Genetics présente son intelligence artificielle SOPHiA qui serait, selon la société suisse, « la plus avancée au monde pour la médecine basée sur les données ». Selon son éditeur, elle permettra de proposer de meilleurs diagnostics et plus rapidement.
Sophia Genetics est une société basée en Suisse qui nourrit de grandes ambitions et revendique être le « leader global de la médecine basée sur les données (Data Driven Medicine - DDM) ». Pour cela, elle dit allier plusieurs compétences comme la bio-informatique et le machine learning. Par exemple, son PDG le français Jurgi Camblong, avait annoncé au début de l'année dernière que, « grâce au séquençage à haut débit et aux algorithmes actuels, je suis convaincu que dans cinq à dix ans le cancer sera une maladie maîtrisée ».
Une intelligence artificielle qui rivalise avec les experts sur certains points
Aujourd'hui, la jeune pousse (créée en 2011) revient sur le devant de la scène et annonce SOPHiA, qui ne serait rien de moins que « l'intelligence artificielle la plus avancée au monde pour la médecine basée sur les données », mais sans apporter de comparaisons tangibles avec d'autres systèmes. Sophia Genetics explique que son système apprend « continuellement des milliers de profils génomiques de patients, et du savoir d’experts, pour améliorer les diagnostics et les traitements des patients ».
La société suisse en profite pour publier les résultats d'une enquête (dont les détails ne sont pas précisés) indiquant que son intelligence artificielle « obtient un score de prédiction de pathogénicité des variantes génomiques 98% similaire aux résultats atteints par des experts cliniques pour des mutations dans les gènes BRCA, qui portent un risque potentiel de susceptibilité au cancer du sein ». Les diagnostics sont donc très proches de ceux des experts, mais le taux de réussite n'est pas précisé dans les deux cas, dommage.
Comme n'importe quelle IA, elle se nourrit de milliers de données...
Comme n'importe quelle intelligence artificielle, SOPHiA se base sur les données de milliers de tests génomiques de patients réalisés par les hôpitaux partenaires de Sophia DDM (ils sont 170 dans 28 pays). Elle parvient ainsi à prédire la présence d'agent infectieux « à la manière d’un expert clinique », tout affinant ses prédictions au fur et à mesure qu'elle dévore de nouvelles informations.
D'un point de vue algorithmique, on peut évidemment faire une analogie avec AlphaGo de DeepMind, une filiale de Google, la machine qui a pour la première fois battu un grand champion du jeu de Go (voir cette actualité).
... quid de leur confidentialité ?
Concernant la confidentialité des données, Sophia Genetics veut essayer de montrer patte blanche en lançant un « projet cryptographique d’un million de dollars » avec le spécialiste Jean-Pierre Hubaux. Le but est de définir de nouvelles normes et de proposer de nouveaux systèmes de protection.
Lors d'une interview récente accordée à la Tribune de Genève, le chercheur expliquait que « le risque de vol est réel ». De plus, ces données peuvent conduire à une importante capacité de prédiction, elles sont liées entre personnes d'une même famille et ne périment pas dans le temps ; ce qui les rend d'autant plus précieuses.
De fait, elles peuvent avoir des conséquences importantes si elles venaient à tomber entre les mains de certains et leur protection ne doit pas être prise à la légère. Pour rappel, des fuites ont déjà eu lieu avec 21,5 millions de personnes touchées aux États-Unis et, dans une moindre, mesure, un laboratoire d'analyse médical français, Labio.fr.
Suite à l'annonce du million de dollars mis sur la table en avril dernier, rien de nouveau n'a été publié sur ce sujet par Sophia Genetics et il faudra donc se contenter de lui faire confiance pour le moment... Nous tâcherons d'en savoir plus auprès de la société, que ce soit sur la sécurité des données ou sur les détails de son enquête et de son IA SOPHiA.
SOPHiA bientôt disponible pour les partenaires de Sophia Genetics
Quoi qu'il en soit, et au-delà de l'annonce faite aujourd'hui, il faudra maintenant attendre de voir comment SOPHiA arrivera ou non à changer la donne sur le terrain. De 200 diagnostics de patients par jour à l'heure actuelle, Sophia Genetics pense que son système devrait « entrainer une augmentation sensible de ce nombre, en permettant aux cliniciens d’offrir de meilleurs diagnostics plus rapidement, et aux patients de bénéficier de meilleurs traitements ». Une fois que SOPHiA aura réalisé ses premiers tests grandeur nature, il sera alors temps de faire le point sur la qualité, la précision et la rapidité de ses diagnostics.
La société ajoute que SOPHiA sera « bientôt disponible » pour ses clients avec la mise en place de la version 4.0 de sa plateforme Sophia DDM. Elle ajoute que son intelligence artificielle devrait permettre de réaliser des avancées du même acabit « pour une quarantaine d’autres maladies génomiques ; oncologie, cancers héréditaires, cardiologie, métabolisme et pédiatrie ».
En France, la société suisse est déjà bien implantée avec plusieurs collaborations. C'est notamment le cas avec l’Institut PaoliCalmettes à Marseille depuis février 2016. Ce dernier effectue des recherches en lien avec l’INSERM, le CNRS et Aix-Marseille Université, dans le cadre du Centre de recherche en Cancérologie de Marseille (CRCM).
Le but est de « réduire drastiquement les délais de diagnostic pour le traitement des cancers du sein et de l'ovaire ». Depuis plusieurs années, elle travaille également avec plusieurs CHU, les Hospices Civils de Lyon et l'Hôpital Saint-Louis à Paris.
Médecine basée sur les données : Sophia Genetics présente l’IA « la plus avancée au monde »
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Une intelligence artificielle qui rivalise avec les experts sur certains points
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Comme n'importe quelle IA, elle se nourrit de milliers de données...
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... quid de leur confidentialité ?
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SOPHiA bientôt disponible pour les partenaires de Sophia Genetics
Commentaires (41)
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Abonnez-vousLe 27/07/2016 à 13h22
Bientôt rachetée par Google (pardon, Alphabet).
Le 27/07/2016 à 14h46
Bienvenue à Gattaca
Le 27/07/2016 à 14h48
Bonjour, vous êtes malade car pour faire du pognon on pollue votre air, votre bouffe, vos vêtements, vos produits ménagers. Maintenant on vas encore faire du pognon pour diagnostiquer quel partie de votre corps à lâché en premier pour faire encore du pognon en vous donnant des médicaments!
Cool on a gagner a tout les étages, contrairement a vous!
Le 27/07/2016 à 15h01
abusé le sous titre vu qu’elle précise bien « la plus avancée au monde pour la médecine basée sur les données » !
Le 27/07/2016 à 15h10
Le 27/07/2016 à 21h52
Je ne comprends pas bien ce problème de confidentialité des données. Si celles-ci sont anonymisées au niveau des hôpitaux, alors la BDD de Sophia ne contient aucune donnée nominative non?
Le 27/07/2016 à 22h02
Le 28/07/2016 à 07h04
Bienvenue à Gattaca, c’est vraiment le point Godwin de ce genre de news. Comme si la seule évocation d’une œuvre de fiction était l’argument absolu (vu qu’il s’agit du seul contenu de certains commentaires). Un film, ça n’est pas un documentaire, et le fait qu’il soit bien ou pas, ne lui confère pas de portée prophétique…
La communication pue l’opération de com’ (infos lacunaires et soigneusement sélectionnées), mais techniquement c’est très intéressant. Par contre, les risques ne sont pas en effet à négliger…
Le 28/07/2016 à 07h36
A ne pas confondre avec Dr Watson de Microsoft qui lui ne fait que du debogage (quand il ne plante pas lui même).
Par contre Watson c’était juste une IA qui repondait à des questions orales non ? Pas de trucs médicaux il me semble. C’est + l’ancêtre de Siri et Cortana que de Sophia.
Le 28/07/2016 à 08h02
Le 28/07/2016 à 08h03
Sophia ne fera jamais le boulot à leur place. Sophia semble capable d’aider à débrouiller le casse-tête génétique, ce qui est probablement un progrès certain pour certaines maladies. Mais sophia est incapable de regarder dans une oreille pour diagnostiquer une otite, d’adapter la posologie d’un traitement, ou de détecter une pathologie psy par exemple.
Le 28/07/2016 à 08h06
Oh l’hallu.
Fichues banques, c’est vraiment le mal incarné ces institutions.
Tu devais être dégouté ce que je comprends… Rien que de te lire ca m’agacé.
Espérons que plus tard Banques et autres saloperies n’aient pas un accès direct aux dossiers médicaux…
Le 28/07/2016 à 08h15
Le 28/07/2016 à 08h17
Je vois pas bien où est le problème…
Tu prêterais de l’argent à quelqu’un sur 10,15, 20 ans à quelqu’un qui a de grandes chances de décéder ou de perdre son emploi pour raisons de santé, avant d’avoir remboursé?
Peut-être que toi oui, mais les banques, non " />
Elles ne sont pas là pour rendre service aux gens, et il n’est pas question qu’elles prennent ce genre de risque.
La banque s’en fout de ton état de santé, du moment que tu es assuré, elle récupèrera son pognon de toute façon. C’est l’assureur (qui peut être la banque elle-même, mais pas forcément) que ça intéresse, parce c’est lui qui devra payer la banque si tu décèdes ou ne peux plus travailler.
Le 28/07/2016 à 08h29
Le 28/07/2016 à 08h35
Le 28/07/2016 à 09h05
Le 28/07/2016 à 09h31
oui c’est exact, c’est l’assureur qui est à mettre en cause, mais ça n’enlève pas le fait que ce soit la banque qui fonctionne avec cet assureur.
Le plus délirant, c’est que je n’avais jamais eu à remplir tout ça la première fois que j’ai obtenu mon prêt immo.
Je pense qu’à partir d’un certain âge, les assureurs essaient de mieux se protéger.
Le 28/07/2016 à 09h36
Quand je dis pipoté, c’est un abus de langage de ma part, disons qu’il a écrit la vérité tout en restant très flou avec des termes bien techniques (pour l’histoire du cancer de ma mère).
Par contre il a effectivement bien pipoté certaines données, par exemple mon poids par rapport à ma taille, pour que ça rentre dans la normalité … pourtant je m’estime dans la norme (178 cm, 67 kgs)
Le 28/07/2016 à 10h10
oui évidemment, ça marche par tranches d’âge.
Tout cela est basé sur des statistiques, si le risque augmente (et il augmente avec l’âge, mais aussi avec les antécédents familiaux) alors les garanties doivent augmenter, et la prime aussi…
Le 28/07/2016 à 12h35
oula c’etait ya un moment ca… watson ou deep blue ou plus simplement la super IA d’IBM travaille surtout aujourd’hui sur le monde médical et notamment sur l’aide au diagnostique avec les hôpitaux… le medecin de demain habitera dans un datacenter de la silicon valley… la prochaine révolution sera celle des métiers de santé…
Le 28/07/2016 à 13h05
“Comme n’importe quelle IA, elle se nourrit de milliers de données…”
Arrrg !
La plupart des IAs développées de nos jours sont en effet basées sur des méthodes de machine learning qui nécessitent l’ingestion de données, mais il est tout à fait possible de créer une IA qui ne nécessite pas ces données (voir par exemple les systèmes experts, basés sur la formalisation du raisonnement).
Le 28/07/2016 à 14h34
C’est faux. La demande de la part de l’assurance est illégale, donc ces informations sont non opposables en cas de problème.
C’est pour ca que le médecin fait le finot sur le dossier. Il sait que si il répond à l’assurance “demande illégale, aucune transmission de données médicales personnelles n’est autorisée” le pret risque d’etre refusé. Donc pour arranger son patient il monte le dossier dans un sens favorable, sachant qu’en cas de problème l’assurance ne pourra pas légalement opposer le contenu du dossier pour se défausser de ses responsabilités.
Le 28/07/2016 à 17h29
Je veux bien que ça soit faux, mais un article de loi pour étayer ?
Il me semble que les infos médicales peuvent être transmises à un médecin de l’assurance qui décide ensuite si la personne est assurable ou non sans donner d’information médicales à l’assureur.
De plus, la communication de ces informations se fait avec l’accord de la personne (qui est la seule, avec un juge, à pouvoir délier son médecin du secret médical).
D’autre part, le candidat assuré doit répondre exactement aux questions de l’assureur (article L113-2 du code des assurances. .
Il a aussi le droit de ne pas répondre et donc de ne pas prendre cette assurance.
Plus d’infos ici et là.
Le 29/07/2016 à 05h04
Les textes je les connais pas. D’autant plus qu’en matière de transmissions de données médicales les textes sont contradictoires dans beaucoup de situations et il faut s’appuyer sur les jurisprudences. Par contre je travaille dans un service spécialisé dans certaines maladies chroniques et c’est ce qui est expliqué par l’assistante sociale aux patients à longueur de temps. Ça me semble plus convainquant que 2 liens qui paniquent les gens pour rien.
Le 27/07/2016 à 13h25
le chercheur expliquait que « le risque de vol est réel ».
Ça, c’est bien de le reconnaître, déjà " />
Sophia Genetics veut essayer de montrer patte blanche en lançant un « projet cryptographique d’un million de dollars »
Ça, par contre, me semble nettement plus stupide. Faut arrêter de vouloir réinventer la roue en faisant un chiffrement des données fait maison. Ça sert à rien de dépenser des millions ou milliards dans une techno si derrière l’erreur humaine fait tout capoter.
Le 27/07/2016 à 13h33
Faut protéger ça des assurances et des banques ou autre organisme dont on peut demander les services.
“Non, on ne peut vous pas vous allouer ce prêt car vous avez 1.78% d’avoir la variante patte folle sur le gène A11h et vos 2 grands parents l’ont eu …”
Le 27/07/2016 à 13h33
Et il y a aura toujours des dépassements d’honoraires chez les médecins le jour où il y aura Google Sophia pour faire le boulot à leur place ?
Le 27/07/2016 à 13h35
C’est en cours déjà …
l’avenir sera ainsi …et cela s’appliquera au travail…
“non mr, votre stat génétique pour la dépression est trop grande 0..001% ,merci au suivant”
Le 27/07/2016 à 13h46
Comme quoi Andrew Niccol avait une bonne vision de l’avenir avec “Bienvenue à Gattaca”
Le 27/07/2016 à 13h46
Tribune de Genève et tribunal de Genève sont deux choses assez différentes… ;-)
Le 27/07/2016 à 13h49
Il s’agit de définir un système, pas un nouvel algo de chiffrement : qu’est-ce qui doit être chiffré, où et à quel moment, qui doit partager les clés et comment, où et comment stocker les clés, prévoir les révocations etc.
Le 27/07/2016 à 13h52
moui…
Le 27/07/2016 à 13h54
Techno ou gouvernance, y’a ce qui faut dans l’existant. Je sais pas moi, le guide de l’ANSSI par exemple (" />)
Le 27/07/2016 à 13h56
Corrigé, merci ;)
Le 27/07/2016 à 13h59
Ils ont déjà Calico :
Wikipedia
Et sont deja plus avancés…. idem pour IBM avec watson.
Pour ceux qui aiment lire je vous conseille le livre du professeur Laurent Alexandre : La mort de la mort
 https://www.amazon.fr/mort-Laurent-Alexandre/dp/2709636808
Le 27/07/2016 à 14h17
Le 27/07/2016 à 14h19
Une société à la Umbrella corporation ! Ce serait fantastique.
Le 27/07/2016 à 14h29
Un « risque potentiel de susceptibilité », ce n’est pas un peu redondant ?
Le 27/07/2016 à 14h31
Pour aller alimenter 23AndMe dont la patronne est la femme, ex-femme, d’un des boss de Google si je dis pas de bêtise " />
Le 27/07/2016 à 14h41
Une société suisse où les tarifs des soins sont de loin supérieurs à ceux pratiqués en France a elle à appliquer la nomenclature française ou suisse.