État d’urgence : le Conseil d’État autorise l’exploitation de données informatiques saisies à Roubaix
Avec une pincée de données chiffrées
Le 25 août 2016 à 07h30
4 min
Droit
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L’Intérieur avait fait appel d’une ordonnance du juge des référés de Lille qui avait refusé d’autoriser l’exploitation d’un stock de données informatiques (un PC portable ACER, un iPhone, deux clefs USB de 16 Go, deux cartes SD de 512 Mo et 8 Go). Il a obtenu gain de cause devant le Conseil d’État.
Depuis la dernière loi de prorogation de l’état d’urgence, la police administrative est à nouveau autorisée à exploiter les données informatiques glanées dans les lieux possiblement fréquentés « par une personne dont le comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics ». Cette possibilité ouverte après les attentats du Bataclan avait été sanctionnée par le Conseil constitutionnel car mal bornée sur le terrain des libertés. La loi du 21 juillet 2016 a donc corrigé le tir avec une procédure qui fait intervenir le juge administratif.
Le régime des perquisitions et saisies informatiques lors de l'état d'urgence
Comme initialement, sur autorisation du préfet, les forces de l’ordre peuvent aujourd’hui accéder, aux données stockées dans un système informatique trouvé sur place, ou dans le cloud, « dès lors que ces données sont accessibles ». Et « si la perquisition révèle l'existence d'éléments, notamment informatiques, relatifs à la menace que constitue pour la sécurité et l'ordre public le comportement de la personne concernée », elles peuvent à nouveau être saisies, notamment par copies.
Toutefois, leur exploitation ne peut plus se faire dans le silence feutré des bureaux de la police administrative. Elle est désormais conditionnée à l’autorisation du juge des référés du tribunal administratif qui doit statuer dans un délai très court, quarante-huit heures. Son autorisation est limitée dans le temps, mais en cas de difficulté d’accès – on pense en particulier aux documents chiffrés – une prorogation peut être obtenue du même juge. On pourra revoir dans le détail cette procédure dans notre actualité.
Des liens avec des jeunes partis en Syrie, des propos tenus sur Internet
Que s’est-il passé dans la présente affaire ? Le juge des référés de Lille n’a pas suivi l’analyse du préfet selon laquelle la saisie était justifiée par « au regard des éléments révélés par la perquisition et relatifs à la menace que constitue le comportement de M. A... pour la sécurité et l’ordre publics ». Devant le Conseil d’État, juridiction d’appel, le ministre de l’Intérieur est revenu à la charge : « il ne peut être reproché à l’autorité administrative de ne pas être en mesure de détailler le contenu des fichiers présents dans l’ordinateur alors que l’objet de la saisine du juge des référés (…) a pour objet d’obtenir l’autorisation d’exploiter les données copiées ou saisies ».
En particulier, dans l’arrêt diffusé ci-dessous, on découvre que la personne concernée, habitant Roubaix, avait noué des liens « avec un groupe de jeunes de [la même ville] partis en Syrie pour intégrer les rangs des combattants djihadistes ». Autre chose, il a tenu des « propos » sur Internet qui ont visiblement justifié eux aussi la perquisition.
Des communications via « des messageries instantanées ou cryptées »
Lors de la perquisition, l’intéressé a lui-même reconnu « être resté en contact avec quatre amis de Roubaix, qu’il a nommément désignés, partis en Syrie et en Irak pour y mener le djihad ». De plus, « il a indiqué communiquer avec eux au moyen de son téléphone portable, en usant notamment de messageries instantanées ou cryptées ».
Aux yeux du Conseil d’État, ces éléments ont été suffisamment épais pour justifier « que soit accordée l’autorisation d’exploiter les données contenues dans les supports informatiques saisis ». Pour la haute juridiction, en effet, peu importe « qu’aucun objet permettant l’ouverture d’une procédure judiciaire n’a été découvert au cours de la perquisition et qu’une première consultation des données informatiques, auxquelles il a pu être accédé au cours de la perquisition avec l’accord de l’intéressé, n’a (…) fait ressortir d’éléments en rapport avec la menace pour la sécurité et l’ordre public ayant motivé la perquisition ».
Dernier détail : lors de l'audience, le principal intéressé lui-même ne s'était pas opposé à l'exploitation de ses équipements informatiques.
État d’urgence : le Conseil d’État autorise l’exploitation de données informatiques saisies à Roubaix
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Le régime des perquisitions et saisies informatiques lors de l'état d'urgence
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Des liens avec des jeunes partis en Syrie, des propos tenus sur Internet
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Des communications via « des messageries instantanées ou cryptées »
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 25/08/2016 à 07h40
Les pavés du Nord
Le 25/08/2016 à 07h43
lors de l’audience, le principal intéressé lui-même ne s’était pas opposé à l’exploitation de ses équipements informatiques.
C’est pour moi l’élément le plus important. " />
Le 25/08/2016 à 07h45
C’est vrai, à partir du moment où le suspect est d’accord, je vois pas pourquoi ils en font tout un pataquès !
Soit le mec est sur de lui et n’a rien à se reprocher et veut que ça soit terminé au plus vite, soit il s’en fout car communiquer avec des personnes partis en Syrie n’est pas un crime.
Le 25/08/2016 à 07h47
Le 25/08/2016 à 07h53
Donc potentiellement tous les parents essayant de ramener leur enfant à la “raison” sont des criminels " />
Mais bon, maintenant on a d’autres chats à fouetter, on a des burkinis à faire enlever à ces fanatiques ! (j’adore comment on arrive à faire de montagnes des trucs insignifiants)
Le 25/08/2016 à 07h57
Le pire c’est qu’ils ont la même idée que certains intégriste (qu’ils veulent combattre) qui n’aime pas aussi le burkini, et voudrait l’interdire. Suit plier de rire par cet connerie." />" />
Le 25/08/2016 à 08h00
Le 25/08/2016 à 08h03
Normal, ils sont aussi des intégristes…
Voir le tout petit zebulon (entre autres) qui n’en peut plus de “lécher” la blondasse pour tenter de lui piquer des voix ça serait à la limite du comique si ce n’était pas si inquiétant … " />
Le 25/08/2016 à 08h06
Je crois que la France à perdu une grosse part de son sérieux là, vu comment on est ridiculiser dans la presse étrangère." />
Le 25/08/2016 à 08h13
Le 25/08/2016 à 08h17
Un string sur des petite vieilles, je passe mon tour." />
Le 25/08/2016 à 08h23
« il a indiqué communiquer avec eux au moyen de son téléphone portable, en usant notamment de messageries instantanées ou cryptées ».
" />GGGGGNNNNNNNNN!!!!!
Le 25/08/2016 à 08h25
On avait déjà eu les “no-go zones”, on va s’en remettre. De toute façon on passe souvent pour des cons grâce à nos politiques. Mais 95% de la population en a rien à foutre du burkini (et du voile au passage), personnellement le seul truc qui me gêne c’est la burqa (parce que ne pas voir le visage d’une personne me trouble).
Les enfants à la plage sont assez couverts quand ils vont dans l’eau, tu leur rajoutes un bonnet de bain et je vois pas de différence avec un burkini, mais bon. Personnellement j’aimerai bien voir si une bonne soeur se promenant sur la plage se fait “interpeler” car je vois pas en quoi elle viole la loi.
Le 25/08/2016 à 08h28
Pendant ce temps circule sur le net (ie s’échange par mails à minima) le scan d’une lettre de réquisition judiciaire urgente avec entête du ministère de l’intérieur demandant explicitement “l’effacement complet des enresgistrements de vidéosurveillance desservant la promenade des Anglais entre le 14 juillet 22h30 et le 15 juillet 18h. etc etc etc”.
Allez comprendre …
Le 25/08/2016 à 08h29
Comprend, burqa c’est niet pour moi aussi, quand on compare les habits de françaises à la plage des années 30 , je vois pas trop ce qui gène, franchement, cela me dépasse." />
Le 25/08/2016 à 08h30
Le 25/08/2016 à 13h28
avec “leur réforme de l’orthographe” …y-a plus d’erreur !
-pour bcp. de mots, c’est pareil ! " />
Le 25/08/2016 à 13h37
Ça fait un moment qu’elle est (sensée être) en vigueur cette réforme orthographique hein. Genre depuis 1990 " />.
Le 25/08/2016 à 13h49
Pour autant que je sache, le seul mot avec un “ph” devenu “f” par la réforme de l’orthographe est “nénufar”, ce qui est un retour à une orthographe plus ancienne, justifié par le fait que ce n’est pas un mot qui vient du Grec.
Téléphérique avec “ph” est plus logique vu que le mot est forgé sur le grec, mais apparemment, l’orthographe avec “f” était accepté avant la réforme de 1990.
Le 25/08/2016 à 13h56
bah ils peuvent bien aller se faire phoutre !
nan mais ! " />
Le 25/08/2016 à 14h23
Le 25/08/2016 à 14h31
Le 25/08/2016 à 14h45
oui, mais ils auraient DÛ en profiter pour réformer des “mots bizarroïdes” tels que :
etc…
Le 25/08/2016 à 19h43
Sinon on apprend un minimum l’orthographe
Le 25/08/2016 à 22h24
Devant le Conseil d’État, juridiction d’appel, le ministre de l’Intérieur est revenu à la charge : « il ne peut être reproché à l’autorité administrative de ne pas être en mesure de détailler le contenu des fichiers présents dans l’ordinateur alors que l’objet de la saisine du juge des référés (…) a pour objet d’obtenir l’autorisation d’exploiter les données copiées ou saisies ».
L’autorité administrative c’est notre nouveau dieu: Immatériel, irréprochable et tout-puissant.
Craignez sa colère.
Le 25/08/2016 à 08h34
Justification du ministère : “limiter la diffusion des images pour éviter une reprise par les médias jihadistes”.
Tu prends ça comme tu veux.
Le 25/08/2016 à 08h35
Le 25/08/2016 à 08h46
Dernier détail : lors de l’audience, le principal intéressé lui-même ne
s’était pas opposé à l’exploitation de ses équipements informatiques.
Est-ce vraiment un détail ? Si le gars avait refusé, quel aurait été le résultat ? Ca ferait pencher la balance ou pas ?
Le 25/08/2016 à 08h50
C’est pas bien de faire du racisme anti-vieilles… " />
Le 25/08/2016 à 08h55
Dès lors que des caméras de vidéosurveillance gérées par la police n’ont pas particulièrement vocation à être rendues publiques, donc partagées par de quelconques médias …
… comme on est vendredi, jour de trolldi, j’ai envie de le prendre en suppositoire.
Le 25/08/2016 à 08h55
Non, c’est juste que sa tue ma libido direct." />
Le 25/08/2016 à 08h57
Ou quand les ficelles des unes détendent les cordes des autres… " />
Le 25/08/2016 à 09h12
Le 25/08/2016 à 10h00
évidemment que ça s’écrit avec un F, dans ce cas de figure notre homme politique utilisent des câbles de téléféérique en serrant les fesses pour que ça se voit pas trop. C’est magique!
Le 25/08/2016 à 10h26
Parce que tu crois vraiment que ça date d’aujourd’hui ?
La France c’est un peu les féministe du monde, toujours à se plaindre pour des broutilles et toujours ridiculiser.
Effectivement les no-go zones c’était bien marrant…
Le 25/08/2016 à 11h25
Un Iphone ? Ils vont demander à Apple de le déverrouiller ? Je prépare les popcorn
Le 25/08/2016 à 11h45
Pas grave, de tout façon il s’avérera que la messagerie était instantanée, et pas “cryptée” (pour reprendre leur erreur).
Ils auront pas menti (“instantanée OU cryptée”) et auront passé leur communication anti chiffrement
Le 25/08/2016 à 11h51
Le 25/08/2016 à 11h58
Le 25/08/2016 à 12h10
C’est sur que vu comme ça…! Ils arrivent à leurs fins en omettant leurs erreurs et en diffusant leur propagande erronée, ça leur resse;ble !
Le 25/08/2016 à 12h32
Le 25/08/2016 à 07h38
La loi du 21 juillet 2016 a donc corrigé le tiravec une procédure qui fait intervenir le juge administratif.
“l’Intérieur” savait POURQUOI il faisait appel !!!