Mageia 9 : la bêta disponible, une version prometteuse
Elle revient, et elle est contente
Le 03 mars 2023 à 16h20
7 min
Logiciel
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Plus de deux ans après sa version 8, Mageia revient avec une nouvelle mouture, dont la bêta est maintenant disponible. L’occasion de faire le point sur la distribution, dont le parcours a été chaotique, mais qui n’a pas dit son dernier mot.
Mageia a perdu en visibilité depuis longtemps, mais il n’en a pas toujours été ainsi, surtout en France. La distribution était issue de Mandriva (anciennement Mandrake), dont elle est un fork communautaire. Longtemps avant Ubuntu cependant, Mandrake/Mandriva avait cette volonté très nette de simplifier autant que possible l’utilisation d’un Linux, particulièrement durant les années 2000.
Mageia avait hérité de cette ambition, qui est beaucoup moins un problème aujourd’hui. Le rythme de parution a également baissé dans le temps, mais les contributions – même si moins nombreuses – ont continué. Avec la version 8, on était essentiellement dans la modernisation des composants, sans trop changer les grandes lignes. C’est le même schéma avec Mageia 9, dont la bêta vient de paraître.
Pour autant, la distribution reste intéressante. On pourrait presque la qualifier comme étant de la « vieille école », avec une vaste image ISO de 4,5 Go contenant une foule d’applications et plusieurs environnements de bureau. Le processus d’installation n’a que peu changé et pourrait surprendre par le nombre d’étapes et de questions posées. Mais il s’agit surtout d’une distribution qui fait bien son travail, avec des environnements « stock », sans quasiment aucune modification.
Installation et prise en main
Si vous n’avez jamais installé ni utilisé Mageia, vous serez probablement surpris(e) par le nombre de choix que l’installeur vous demande de faire. On est très loin ici de l’installation d’une Ubuntu ou d’une Fedora, qui minimise autant que possible ces étapes, n’en laissant que les plus essentielles, celles sans lesquelles on ne pourrait pas installer le système.
Dans Mageia, le ton est donné dès le départ : la distribution laisse le choix.
Comme on peut le voir sur les captures, on est sollicité à toutes les étapes. C’est le prix à payer du choix. Certains seront réceptifs, d’autres pas. En dépit de cette personnalisation poussée dès le départ, certaines questions paraissent aujourd’hui superflues, notamment les demandes de confirmation pour laisser l’installeur accéder aux ressources distantes lors de la configuration des dépôts et la récupération des mises à jour.
Cela étant, c’est un faux problème. Nous ne sommes pas censés installer un système tous les jours. Mieux vaut donc prendre son temps, profiter de la personnalisation proposée et que notre avis ait du poids dès le départ.
Après avoir choisi la langue, la disposition du clavier, le partitionnement, la configuration du réseau, l’environnement de bureau et validé l’installation, celle-ci sera suivie d’une deuxième phase de configuration avec création du compte (d’un seul, comme souvent), résumé des choix précédents avec possibilité de les modifier (un excellent point) et paramétrage des mises à jour. Après quoi, la machine peut redémarrer.
Nous avons installé cette bêta de Mageia 9 avec KDE Plasma, puisque la distribution – depuis Mandrake – est traditionnellement associée à cet environnement. Si vous avez déjà utilisé n’importe quel autre système fourni avec Plasma, vous y trouverez très vite vos marques. On est face à un Plasma avec très peu de modifications. On retrouve bien sûr des éléments classiques de Mageia comme le Centre de Contrôle, ou encore le « menu Démarrer » à une seule colonne. Mageia 9 ne touche pratiquement pas à l’ergonomie des précédentes versions. Il n’y a donc pas de cassure à prévoir dans les habitudes.
Comme dans la plupart des distributions, on est accueilli par un panneau de bienvenue qui permet d’accéder rapidement à certains mécanismes de base, comme la vérification des mises à jour, l’installation/désinstallation de logiciels, la configuration de certains comptes, l’accès à la documentation et aux ressources, etc.
Composants et logiciels
Mageia est à la fois une distribution moderne dans son approche des composants et prudente dans son adoption des technologies ou même de certaines branches de logiciels.
La version 9 prend ainsi appui sur un noyau Linux 6.1.14 (la version finale aura le noyau 6.2) et propose les environnements KDE Plasma 5.26.9 (nous en sommes à la 5.27, donc presque la dernière mouture), GNOME 43, LXQt 1.2.1, MATE 1.26, Cinnamon 5.6 et Xfce 4.18.
Même Enlightment est présent, en version E25.4. Parmi les logiciels principaux, on retrouve Firefox 102 (ESR), LibreOffice 7.5 et Chromium 110. Quant aux composants, citons rpm 4.18.0, gcc 12.2.1, glib 2.36, mesa 23.0 (en release candidate) ou encore dnf 4.14.
Précisons que la session par défaut sur GNOME 43 démarre avec Wayland, mais que celle de Plasma se base toujours sur Simple Desktop Display Manager (SDDM) et X11. Il est toujours nécessaire pour l’instant d’installer le paquet plasma-workspace-wayland pour en profiter.
Dans les notes de version, on peut également lire que si Compiz est utilisé, il faut le désactiver avant la mise à jour vers Mageia 9, ce qui n’est pas recommandé avec un système en bêta. Concernant GNOME 43 toujours, c’est la toute première version de Mageia à se servir de libadwaita et GTK4.
On remarque aussi dans la liste des composants et logiciels que Mageia garde son orientation multifacette. On le voit par exemple sur les navigateurs avec Firefox et Chromium livrés ensemble, mais surtout sur RPM et DNF pour la gestion des paquets. Mageia n’étant basée ni sur Debian ni sur Fedora, c’est un bon moyen de motiver les troupes à tenter l’aventure.
Les autres applications et composants fournis avec Mageia sont très nombreux : QEmu 7.2, Xen 4.17.0, VirtualBox 7.0.6, Firebird 4.0.0, Python 3.10.9 (Python 2 est en cours de retrait), Perl 5.36, Ruby 3.1.2, Rust 1.65.0, PHP 8.2, NextCloud 24.0.1, Mono 6.12, Java 18 et ainsi de suite.
Une base solide
Même après tout ce temps et un rythme plus lent de développement – la date de la version finale n’est pas annoncée – Mageia mérite le coup d’œil. La bêta s’est révélée réactive et particulièrement fluide dans son utilisation. Son installation prend plus de temps et son démarrage n’est pas le plus rapide, mais ce sont des constats mineurs face à l’ensemble.
Mageia, sans faire partie des distributions les plus légères, ne consomme pas plus qu’une autre et devrait faire les beaux jours d’un matériel un peu ancien sur lequel elle remplacera avantageusement un vieux Windows. Cela grâce à de bonnes performances et à une longue liste d’applications qui devraient couvrir au moins tous les besoins de base (et plus si affinités). Elle mérite également le coup d’œil sur une machine récente, grâce à un noyau et des composants récents.
On apprécie sa neutralité, puisqu’elle n’est pas un fork de Debian, Ubuntu ou Fedora, et qu’elle propose plusieurs applications concurrentes pour un même créneau.
Comme d’habitude, on peut tester sans danger la distribution dans un client de virtualisation comme Machines (GNOME), VirtualBox ou VMware Workstation, pour se faire une idée.
Mageia 9 : la bêta disponible, une version prometteuse
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Installation et prise en main
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Composants et logiciels
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Une base solide
Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 03/03/2023 à 17h14
Les ISOs sont disponibles en 32 et 64 bits. C’est devenu rare, à part Debian. Le signaler serait justifié.
Le 03/03/2023 à 17h53
OK, mais tu connais encore beaucoup d’ordis utilisés au quotidien et qui ne sont pas compatibles avec un OS 64 bits ? Ça fait à peu près 20 ans que les premiers CPU x86-64 ont été commercialisés, et c’est en 2009 que les OEM ont basculé sur des Windows 64 bits sur leurs machines préinstallées.
Franchement, vouloir installer un OS 32 bits aujourd’hui, à part en VM (et encore !)…
Le 03/03/2023 à 18h12
Le 03/03/2023 à 18h19
Merci pour cet article qui parle de cette distribution qui me tant tient à coeur. Je ne suis pas neutre car je suis contributeur de la distribution via le forum francophone de la distribution .
A noter que le projet est totalement communautaire et s’appuie sur une association de type de loi 1901 et des passionnés et amateurs de linux.
Effectivement, le rythme de sortie n’est pas rapide et la nouvelle mouture sera publiée si nous sommes satisfaits du résultat… A noter ce sera bien plasma 5.27 qui sera sur cette version…
Et pour ceux qui le souhaite, mageia 8 est bien maintenu avec un kernel 5.15 et 6.1 dans les backports. Et pour les logiciels qui ne sont pas dans les dépôts de mageia (Core/Tainted/Non Free), il y a le dépôt MLO avec la dernière version de firefox, Darktable, signal etc.. De plus, flatpack est supporté par la distribution si besoin..
Le 04/03/2023 à 07h22
Le lien est erroné.
C’est Magia Linux Online
Le 03/03/2023 à 18h47
Les cas d’usages pour moi c’est l’industrie : Il existe des petites machines embarqués à base de processeurs compatible, genre Vortex86 . j’en ai encore vu récemment qui continuaient à faire de la téléphonie en VOIP (et même avec le support H323…).
Dans le cadre de mises à jour de sécu… ça peux être utile. Bon, après faut être honnête, si ces machines sont encore là elles sont pas près d’être mise à jour. Mais c’est possible…
(je me demande ce que donne mageia sur ce genre de plateforme par contre)
Le 03/03/2023 à 19h18
Je suis resté fidèle à Mandrake, Mandriva et sa descendence. J’apprécie particulièrement le fait que la distro laisse le choix dans les interfaces graphiques et le logiciels qui doivent être installés.
Je reproche juste que pour certains softs, ils soient sensiblement à la traine en terme de version.
Le 04/03/2023 à 08h06
Il faut souligner que Mageia est l’une des 3 grandes distributions GNU/Linux européennes :
Le 06/03/2023 à 08h51
Bonjour FrancoisA,
Petit détail: la companie Allemande se nomme SUSE avec un S et non pas un Z… (suse.com).
Elle distribue différentes versions: openSUSE, SUSE Linux Enterprise Server.
Suze existe mais il s’agit d’une boisson alcolisée ;-)
Le 04/03/2023 à 10h38
humm… J’aurais préféré “son indépendance” plutôt que “sa neutralité”.
Ca donne l’impression que Debian, Ubuntu ou Fedora sont partiaux dans les choix qu’ils proposent. Alors que clairement on peut installer tout ce qu’on veut sur Debian.
Perso j’adore pouvoir customiser lors de l’install/pré-install. Je me sens plus confiant lorsqu’un composant N’est PAS du tout installé, plutôt que lorsque je le supprimer après l’install. N’est-ce pas Microsoft.
Pour Ubuntu/Debian on peut faire cela avec Cubic.
Le 04/03/2023 à 10h42
Mint est francaise aussi.
Le 04/03/2023 à 10h48
j’ai arreté de lire à “Mandrake”
Pas merci Vincent de me rappeler que je suis vieux
Le 04/03/2023 à 11h30
C’est ce que je m’étais dit aussi une fois en retrouvant les CD Mandrake 9.1 que j’avais dans un carton
Le 04/03/2023 à 11h11
Irlandaise (mais donc, oui, européenne). Son principal porteur, Clément Lefebvre, est cependant français (et vit en Irlande).
Le 04/03/2023 à 12h40
Je n’ai jamais testé cette distribution, c’est l’occasion de voir à quoi cela ressemble dans une VM ^^
Le 04/03/2023 à 13h05
Exact.
Le 04/03/2023 à 14h52
Lorsque vous parler de Open Suze vous voulez dire OpenSuse ?
Car pour moi la Suze n’est pas une distribution Linux.
Le 04/03/2023 à 18h32
Oui. Certaines machines embarquent un Bios en 32 bits, même si leur proc est capable de lancer des applications 64 bits. Elles sont plutôt rares, mais ça s’est fait jusqu’à la fin de Win 7.
Le 05/03/2023 à 09h02
Pour de l’embarqué, tu vas pas installer une distro linux grand public
Suse … Si on veut placer un Z dans le nom, il faut remplacer le premier S pour la référence à Konrad Zuse
Le 05/03/2023 à 13h24
Mouais mouais mouais
Vu les copies d’écran, rien ne change depuis Mandriva.
A chaque sortie de chaudron, j’ai le sentiment qu’ils n’ont fait que mettre à jour chaque logiciel à la dernière version du moment … Mais des bugs en plus de la part des intégrateurs.
C’est un peu fini ce temps de noyau durci par les devs de MandrakeSoft ou de package dédié. Au moins l’Ubuntu ajoute des choses “à elle” (bonnes ou nazes et impossible à dégager).
Tant qu’on met à jour sans risque son Ubuntu, le clash qui a fait naître Mageia m’a fait définitivement lacher l’univers Mandrake / Mandriva pour Ubuntu.
Merci pour l’article d’update qui permet de se faire une idée sans appel et sans avoir à tester … Je verrai à l’article sur la Mageia 10 si je tente une VM
Le 05/03/2023 à 16h16
Un UEFI, tu veux dire ? Parce que pour les BIOS, ça n’a aucune importance (je fais tourner une Arch 64 bits sur un PC acheté en juillet 2009 sans UEFI et qui avait un Windows Vista SP1 32 bits préinstallé, j’ai jamais eu de souci pour l’installer parce que j’avais choisi de le faire en 64 bits).
Ben, c’est surtout parce que les distributions sont devenues matures et n’ont plus rien d’autre à faire que ça, en gros. L’époque des années 2000 où il fallait encore tout inventer pour avoir enfin un OS au moins aussi utilisable que Windows par tout le monde est terminée depuis très longtemps (au moins 10 ans).
Maintenant, tu n’as plus que de la simple évolution de l’existant ; et si jamais il y a vraiment un truc nouveau correspondant à un nouveau cas d’usage, ce sera aussi rare que marginal par rapport à ce qu’était le monde des distros Linux dans les années 2000 (bon, en gros, la période 1998-2012).
Le 05/03/2023 à 21h04
Si seulement :-(
Le 06/03/2023 à 07h58
Merci pour l’article. Un autre « avantage » de cette distribution, c’est sa grande communauté francophone. On trouve facilement de l’aide en français sur le forum et on peut même croiser des Mageiens lors d’événement IRL.
Le 06/03/2023 à 09h44
Peu de PC 32 bits encore en circulation ? Certes.
Mais je conserve un Eeepc avec Ubuntu 12.04 d’origine, toujours fonctionnel, récemment passé à Debian (après Lubuntu). Une amie a un vieux PC HP également en 32 bits. Ces dinosaures ne veulent pas mourir.
L’occasion de signaler que les PC font preuve d’une durabilité étonnante. Pas de raison de les achever, même si, effectivement, on est passé à autre chose.
Le 06/03/2023 à 11h39
Pour l’avoir fait, je déconseille la mise à jour vers 9.2, c’est la cata !