Panoramax, l’alternative libre et française à Google Street View
Irréductibles Gaulois
Une start-up d'État, lancée en 2022, portée par l'IGN, Etatlab et soutenue par OpenStreetMap, propose désormais 14 millions d'images, partagées par 174 contributeurs, sous licences libres.
Le 30 janvier à 16h10
7 min
Logiciel
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« Pour s’affranchir de Google Street View, l’État joue collectif », titre Acteurs Publics. La « Base vues immersives libres » Panoramax, sponsorisé par la Direction interministérielle du numérique et l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) et porté par son incubateur La Fabrique des géocommuns, propose en effet de « crowd-sourcer » cette alternative libre à Street View.
« Une idée qui ne date pas d’hier et que porte, depuis déjà dix ans, Christian Quest, contributeur historique de la communauté OpenStreetMap et aujourd'hui en poste à Etalab », précise Acteurs Publics.
Un nouvel horizon pour l’IGN, celui des géo-communs
Le projet fait suite à une consultation [.pdf] lancée par l'IGN en 2021 visant à « dessiner avec les producteurs et utilisateurs de l'information géographique, un nouvel horizon pour l’IGN, celui des géo-communs ».
L'institut géographique y expliquait qu' « après l’ouverture et la gratuité de l’essentiel des données de l’IGN depuis le 1er janvier 2021, l’IGN souhaite s’inscrire plus largement dans une dynamique de "communs" », afin de « participer à la construction de ressources produites et gérées collectivement selon une gouvernance ouverte, partagées auprès du plus grand nombre ».
L’enjeu était d’ « inviter un large écosystème d’acteurs » à se pencher sur les principales ressources de l’information géographique (bases de données, outils et services de diffusion numériques, dispositifs scientifiques…) et les principaux usages (mobilité, ville durable, agriculture, forêt, aide à la décision publique…).
Le nom a été choisi suite à un appel à propositions suivi d'un vote de 48 personnes ayant placé Panoramax (27 % de votes) devant LibresVues (15 %), Immerpix (13 %), Géovisio (11 %), Openrama (8 %), MacadaCam (6 %), GeoloPhoto, ViaLibera, Viapanorama et VuesImmersivesPartagées (4 %).
118 contributeurs ayant couvert 90 000 km
Panoramax fédère depuis les initiatives d'une « large communauté » composée de collectivités, contributeurs OpenStreetMap, IGN, services publics, et « participant au géocommun de bases de vues de terrain ».
Les collectivités locales, les gestionnaires de réseaux et d’autres acteurs ont en effet « besoin d’actualiser en permanence l’inventaire du patrimoine mobilier urbain et des voiries : panneaux, poteaux, affleurants, équipements, pistes cyclables, trottoirs, etc. », précise la start-up d'État.
Pour autant, « la collecte, le partage et l’utilisation de ces données restent compliqués ». Google Street View, Mapillary et KartaView (ex-OpenStreetCam) posent en effet des problèmes de licences, de dépendance à des sociétés privées « dont la stratégie n’est pas orientée vers l’ouverture des données ou dont la stratégie n’est pas claire », etc.
Lancée en 2022, Panoramax revendique sur son site 118 contributeurs ayant couvert 90 000 km et partagé sur les instances IGN France et OpenStreetMap France plus de 10 millions de photos (360° ou non) dans des standards ouverts et des licences de réutilisation libres, via des services mutualisés ou auto-hébergés.
Acteurs Publics évoque même « plus de 13 millions de photos ». Le projet, copiloté par une équipe de 8 personnes, est doté d'un budget de 740 000 euros pour 2024. Contacté, Christian Quest nous répond « on est actuellement à 14M de photos et 174 contributeurs ».
Une brique logicielle d’anonymisation des images
Entre autres fonctionnalités, ils ont développé une brique logicielle d’anonymisation des images (floutage des personnes et plaques d'immatriculation des véhicules).
Ils travaillent également sur des indicateurs « en cours de définition » pour « mesurer la montée en puissance du commun » (nombre de vues, de contributions, de km linéaires couverts, de services à valeur ajoutée créés à partir des données du commun, etc.) et l’impact en termes de solutions (réduction des déplacements d’agents publics, réutilisations différentes, etc.).
« À l'aide de l'intelligence artificielle », précise le site de Panoramax, « il est possible de détecter et de classer des objets visibles sur les images, comme les panneaux routiers ou le mobilier urbain ». Des données d'exemple seront prochainement disponibles « sous licence ouverte ».
Certaines collectivités locales « disposent déjà d’une banque d’images de leur territoire, commandée à un opérateur privé, pour leurs propres besoins », afin de « dresser l’inventaire de leur mobilier urbain, recenser les arrêts de bus, cibler les interventions en matière de paysagisme ou de réseaux télécoms », précise à Acteurs Publics Amélie Crépin, ingénieure à l’IGN et « intrapreneuse » de Panoramax.
La banque d'images est également alimentée par des projets étudiants menés par des universités, et des « contributeurs volontaires qui, munis d’une caméra GoPro ou d'un simple smartphone, sillonnent et capturent leur environnement, à pied, en voiture ou même à vélo », et gyroroue. Certains contributeurs ont également profité de l'occasion pour photographier l'intérieur de certains monuments.
Des discussions ont par ailleurs été engagées avec les gendarmes et les pompiers, « pour installer des caméras sur leurs véhicules et profiter de leurs tournées pour baliser le maximum d’axes routiers », précise AP.
Une application mobile est en préparation
Un projet mené avec le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) prévoit d' « automatiser la détection des passages piétons pour ensuite mieux les sécuriser ».
Un autre vise à « détecter et catégoriser les panneaux de signalisation, par exemple pour recenser toutes les places de stationnement pour personnes à mobilité réduite ». Panoramax en aurait d'ores et déjà identifié près de 50 000, sur les 3,4 millions de panneaux détectés dans les photos versées sur Panoramax.
L'objectif, pour fin 2024, serait d'accélérer les réutilisations, d'arriver à enrôler 250 contributeurs pour parvenir à photo-cartographier 150 000 km et parvenir à 30 millions de photos.
Les volontaires pourront s'inspirer de ces tutoriels, de ce « Guide pour débuter à Panoramax » ou de cet autre mode d'emploi, consulter les parties dédiées des forums d'OpenStreetMap et de Géocommuns qui lui sont consacrées, ou encore le compte Mastodon de Panoramax.
Un autre tuto explique comment récupérer ses photos de plateformes non libres, GAFAM, Mapillary et Kartaview, pour les reverser sur Panoramax.
Acteurs Publics souligne qu'une application mobile « est en préparation » afin de « faciliter la tâche des contributeurs ». Et « différents chantiers sont menés en simultané », pour s’assurer que les photos respectent bien le cadre légal (notamment concernant la vie privée), qu'elles ne sont pas hors sujet, ou encore pour clarifier et surtout harmoniser leur format et leur qualité.
Le site web ne précise pas la licence utilisée, sinon qu'elle « autorise toute personne à faire usage des données à titre commercial ». Wikipedia souligne de son côté que les images déposées sur l'instance OpenStreetMap France sont publiées sous licence CC-BY-SA-4.0 (Creative Commons Attribution Share Alike 4.0 International), et sous licence etalab-2.0 (Licence Ouverte / Open License) sur l'instance IGN. Le code, lui, est sur GitLab et GitHub.
Full disclosure : moji.fr, qui a racheté Next, fait partie des partenaires d'OpenStreetMap et héberge à titre bénévole huit de ses serveurs. Article mis à jour avec les chiffres fournis par Christian Quest.
Panoramax, l’alternative libre et française à Google Street View
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Un nouvel horizon pour l’IGN, celui des géo-communs
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118 contributeurs ayant couvert 90 000 km
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Une brique logicielle d’anonymisation des images
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Une application mobile est en préparation
Commentaires (35)
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Abonnez-vousLe 30/01/2024 à 16h31
Le 30/01/2024 à 16h33
Modifié le 30/01/2024 à 16h41
Le 30/01/2024 à 17h21
Ou pas !
Le 30/01/2024 à 17h24
Le 30/01/2024 à 17h29
Le 30/01/2024 à 21h00
Par contre, il y a un acteur qui pourrait être intéressant : La Poste ...
Le 30/01/2024 à 21h17
Et en ville, ce sont souvent des cyclistes, donc pas vraiment évident de les équiper pour faire ceci.
Modifié le 31/01/2024 à 10h55
Modifié le 31/01/2024 à 07h22
Même dans une news où l'on parle de biens communs, on arrive à mettre en avant les problèmes. Ils existent, mais, faut arrêter de ne voir que cela, surtout que cette problématique ne me semble pas insoluble.
Par ailleurs, on parle de contribution, pas d'exploitation des données qui pourraient dans tous les cas l'être puisque qu'il ne semble pas y avoir de restriction d'usage.
Vous croyez que les GAFAM se pose 50 000 questions ? Eux, ils ont le droit, ils sont gentils, ils font juste du pognon, si un acteur public y va, c'est louche...
Au contraire, on devrait plutôt être content nos impôts financent qqch pour le bien commun.
Pour finir, la notion d'instance est particulièrement intéressante. Bonne chance à ce projet !
Le 31/01/2024 à 19h42
Pas des gendarmes, pas des pompiers, mais des élus qui, sous prétexte d'avoir déjà quelque chose sous la main, vont en profiter pour en rajouter une couche et petit à petit, ne plus correspondre à l'objectif initial.
Filer des outils sans penser au lendemain, c'est soit vivre au pays des bisounours, soit être un incompétent.
Concernant les GAFAM, j'essaie de dégager un maximum de chez eux, aucune notion de "ils sont gentils, etc ...", c'est pas demain que je ferais confiance à l'un d'entre eux.
Oui je suis content de voir Panoramax (j'ai même pu regarder quelques rues de chez moi), oui j'ai regardé OpenStreetMap aussi.
Mais le commentaire auquel je répondais parlais spécifiquement de voiture de police ou de gendarmerie.
Donc stop ta parano, va respirer l'air frais quelques minutes et trouve toi un autre défouloir pour cracher ce que tu as sur le cœur.
Le 01/02/2024 à 17h30
Le 31/01/2024 à 11h23
Le 31/01/2024 à 19h47
De toute façon, pour qu'un service public s'en mêle, il faudra nécessairement une solution "industrialisée" pour ça. J'imagine mal Jean-Mi de la compta tenir son téléphone pour prendre régulièrement des photos pendant son trajet.
Le 03/02/2024 à 01h25
https://adresse.data.gouv.fr/
Obligatoire pour toutes les communes:
https://adresse.data.gouv.fr/blog/que-va-changer-la-loi3ds-pour-les-communes-sur-leur-adresse
Le pendant chez OSM:
https://wiki.openstreetmap.org/wiki/FR:France/Base_Adresses_Nationale_Ouverte_(BANO)
Le 31/01/2024 à 11h44
Peut-être sur les tracteurs en ce moment?
Sur les vélos de ville en libre de service?
Sur les bus, ce qui améliorerait peut-être la situation, notamment en campagne ou un arrêt de bus c'est un panneau avec une liste de nom et d'horaires et pas de carte, les noms étant: "Ancienne chapelle" (rasée à la guerre), "gendarmerie" (déplacée depuis plus de 20 ans), "rue de l'hôpital" (il n'y a plus d'hôpital depuis les années 70, la rue est renommée)... ça n'encourage pas les vacanciers à prendre le bus pour aller à au village voisin. Ou alors ils sont aventureux. J'y suis depuis 20ans, je connais la liste des arrêts mais comme je ne prends pas ce bus, je n'ai aucune idée de où ils sont. Et c'est une "ville" de 3000âmes...
Bref, j'y vois un moyen de fournir un service pour des zones peu denses.
Le 30/01/2024 à 18h52
Le 02/02/2024 à 12h05
https://panoramax.ign.fr/#background=streets&focus=pic&map=18.98/43.4073771/3.1073444&pic=f4880a99-d65e-4d38-a243-d6b4d80d803b&speed=250&xyz=21.92/-70.67/0
Le 02/02/2024 à 13h20
Un point d'amélioration (que vous avez certainement déjà en tête) c'est la suppression des voitures (ou autre) sous l'appareil photo.
Par contre, ça sera certainement un défi assez difficile, car vous n'avez pas une source uniforme d'images comme peut l'avoir Google avec ses voitures…
Bon courage
Le 02/02/2024 à 15h45
J'imagine mal ça à coté de la grande échelle ...
C'est un véhicule de fonction (pas d'intervention) qui est équipé, non ?
Le 05/02/2024 à 12h53
Le 30/01/2024 à 16h49
Cool de voir qu'il y a déjà des données dans d'autres pays européens (Belgique et Royaume-Uni).
Le 30/01/2024 à 17h19
Je sais que beaucoup de communes/collectivités sont demandeuses de ce genre d'images, notamment pour la gestion de leur voirie. Si le socle technique est assez solide & assez simple, et que ces acteurs font l'effort de mettre leurs images sur Panoramamx, ça pourrait commencer à sérieusement concurrencer Google Street View !
Je veux y croire en tout cas 🙂
Le 30/01/2024 à 18h54
Tu as raison, elles sont moins "faciles" à regarder, mais la qualité est largement au-dessus des photos 360°, et la fréquence de capture est bien plus élevée. C'est important lorsqu'on a besoin de détails.
Le 30/01/2024 à 17h35
Sympa ce type de projet
Modifié le 30/01/2024 à 20h25
Ex OpenStreetCam a été racheté par un "Uber" asiatique Grab
Le 30/01/2024 à 18h08
Il va falloir attendre un peu que le projet murisse.
Une très bonne idée.
Le 30/01/2024 à 18h16
Le 31/01/2024 à 06h58
Le 30/01/2024 à 20h24
Le 01/02/2024 à 17h47
Le 30/01/2024 à 18h14
Un point important c'est le côté décentralisé, pour ne pas mettre tous ses oeufs dans un seul panier, trop lourd à porter par un acteur sur le long terme.
Il y a donc actuellement deux instances publiques de Panoramax où l'on peut partager ses photos, celle de l'IGN et celle d'OpenStreetMap France. D'autres devraient prochainement ouvrir dans des pays voisins (Belgique, Suisse) à l'initiative des communautés OSM locales.
Un "méta-catalogue" fédère l'ensemble et permet de naviguer sans couture entre des photos partagées sur des instances différentes.
N'hésitez pas à venir échanger sur https://forum.geocommuns.fr/c/panoramax/6 si le projet vous intéresse !
Le 31/01/2024 à 10h37
- @[email protected] (intra Mastodon)
- https://mapstodon.space/panoramax (web)
Le 31/01/2024 à 15h07
Le 01/02/2024 à 13h56
Effectivement depuis le passage de Mappy de Solocal à RATP Group, il y a peut être quelque chose d'envisageable... c'est noté !!