Au CSA, un code de bonne conduite sur la couverture des actes terroristes
Des limites à la liberté rédactionnelle
Le 26 octobre 2016 à 07h50
6 min
Droit
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La dernière loi prorogeant l’état d’urgence de 6 mois a aussi chargé le CSA d’établir un « code de bonne conduite relatif à la couverture audiovisuelle d'actes terroristes ». Le document a été révélé voilà quelques heures par l'autorité indépendante. Sa cible ? Les chaînes de télévision, les radios et les services de médias audiovisuels en ligne.
Selon la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, à l’origine de cette disposition, l’objectif est d’« éviter que ne se reproduisent les dérives que nous avons pu constater lors du traitement audiovisuel d’attentats terroristes comme celui de Nice, le 14 juillet dernier ».
Selon ses explications en séance, ce code doit prévenir les « dérives en termes d’atteintes à la dignité humaine, avec la diffusion sur une chaîne publique des images terriblement choquantes et impudiques de la douleur indicible et glaçante de certaines victimes », mais également les dérives « en termes d’incitation indirecte à la violence par des images répétitives entraînant une certaine glorification des terroristes, et donc de possibles nouvelles vocations ». Et enfin celles concernant la « diffusion d’informations pouvant gêner le travail des policiers : nous l’avons vu lors de la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes ».
Trois mois plus tard, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a donc levé le voile sur ce document. Il vient épauler les règles impératives inscrites dans la loi de 1986 qui sacralise la liberté de communication, dans les limites de la dignité de la personne humaine et de l'ordre public.
Ne pas gêner les interventions, diffuser en léger différé
Aux chaines mordues de direct, le CSA préconise la mise en place « d’une procédure permettant une diffusion en léger différé afin de garantir l’effectivité de ce processus de contrôle et de validation ». Une telle recommandation n’est pas simple à l’heure des réseaux sociaux mais elle permettrait de mieux sécuriser les informations diffusées sur les médias traditionnels.
Les chaînes ne doivent pas gêner les forces de sécurité et même s’abstenir de toute prise de contact avec les terroristes ou les otages en raison d’un risque d’instrumentalisation ou sur la sécurité des personnes et de l’enquête. Particulièrement, « en ce qui concerne la prise de contact avec les victimes, les témoins ou leurs proches, il convient de faire preuve d’une vigilance particulière, afin de ne pas mettre en danger la sécurité des personnes ».
Dans l’hypothèse d’une prise de contact à l’initiative des terroristes, les chaînes devraient en informer les autorités avec lesquelles d’ailleurs elles seraient bien inspirées d’entretenir les relations pour mieux muscler l’exactitude d’une information voire, dans certains cas, jauger « l’opportunité d’en différer la diffusion ».
Révéler l’anonymat des terroristes relève de la liberté rédactionnelle
Depuis les évènements tragiques de Nice, plusieurs médias ont décidé de ne plus diffuser les photos ou informations nominatives des présumés terroristes. Sur cette question, le CSA ne tranche pas : « l’opportunité d’anonymiser les auteurs d’actes terroristes relève de la liberté éditoriale des diffuseurs ». Et pour cause, « il n’existe pas de réponse unique satisfaisante à la question de savoir s’il convient ou non de diffuser leur identité ou leur image ». Message transmis à ces parlementaires qui souhaitent pénaliser ces pratiques dans une proposition de loi...
Seulement, le CSA dresse une frontière entre cette révélation et le risque de glorifier involontairement les actes. Ainsi, il demande « une vigilance particulière dans le traitement des sujets relatifs à la personnalité ou au parcours des auteurs de ces actes ». Le danger serait de « les présenter sous un aspect qui pourrait être perçu comme positif ou qui serait de nature à heurter les victimes, leurs proches ou le public ».
Même idée pour « la diffusion d’éléments de propagande (images, sons ou termes employés) à des fins d’information relève également de la liberté des éditeurs ». Si elles font ce choix, les chaînes devraient alors accompagner ces informations « des éléments éditoriaux adaptés et des précisions quant à leur origine ».
Prendre garde à l’état de vulnérabilité des victimes
Autres pratiques vues lors de la couverture des attentats qui ont ponctué la France depuis 2015, le recueil des témoignages auprès des victimes, en état évident de vulnérabilité. « Certaines personnes qui acceptent de témoigner peuvent être en état de choc et ne pas être réellement en mesure de consentir de manière éclairée à la captation de leur image ou de leur propos ». Un message adressé directement à France Télévisions qui à Nice, avait interviewé un homme à côté du corps d’une personne de sa famille...
Le Conseil n’interdit pas l’achat de documents vidéo, mais suggère de n’y recourir qu’à titre exceptionnel « afin d’éviter d’encourager certaines personnes à capter des sons et des images lors d’événements dramatiques, dans la seule perspective de pouvoir les monnayer, sans prendre en considération l’effet de telles pratiques sur les victimes ».
Ne pas alimenter le caractère anxiogène d’une situation
Enfin, il est demandé aux chaînes « de ne pas contribuer à alimenter des mouvements de panique ou à accentuer le caractère anxiogène d’une situation ». Une recommandation qui exige là encore prudence dans la diffusion des informations non confirmées. « Les précautions telles que l’emploi du conditionnel ne suffisent pas toujours pour que le public ait conscience du caractère incertain d’une information. En toute situation, l’origine de l’information doit être précisée et les erreurs qui peuvent être commises doivent être rectifiées dès que possible et de manière répétée ».
Autre piqûre de rappel, le recueil de certains témoignages n’est pas toujours opportun. « En effet, compte tenu du contexte, les témoins peuvent, même involontairement, amplifier les faits ou relayer des rumeurs. »
En dernière ligne, le gardien de l’audiovisuel rappelle aux radios et aux télévisions leur liberté de recourir aux « experts » de leur choix. Mais dans tous les cas, elles doivent « veiller par tout moyen à présenter de manière systématique et régulière [ces personnes] et leur trajectoire personnelle, susceptible d’influer sur leur analyse ».
Ce code de conduite n’est pas limité à l’état d’urgence, prorogé de 6 mois après l’attentat de Nice du 14 juillet. Il lui perdurera donc au-delà. Élaboré après plusieurs réunions avec les grandes chaînes de TV et de radios, il n’a aucune valeur normative mais pourra évidemment aider le CSA à trancher les futures atteintes à la loi de 1986.
Au CSA, un code de bonne conduite sur la couverture des actes terroristes
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Ne pas gêner les interventions, diffuser en léger différé
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Révéler l’anonymat des terroristes relève de la liberté rédactionnelle
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Prendre garde à l’état de vulnérabilité des victimes
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Ne pas alimenter le caractère anxiogène d’une situation
Commentaires (46)
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Abonnez-vousLe 26/10/2016 à 07h58
Ne pas gêner les interventions, diffuser en léger différé
Ne pas alimenter le caractère anxiogène d’une situation
#pokebfm
Le 26/10/2016 à 08h09
Ces règles généralistes s’apparentent assez largement au bon sens, au recul et au professionnalisme. C’est qu’il faille les rappeler qui est flippant.
Le 26/10/2016 à 08h17
Entre de l’audimat et un piti procès (ou un rappel à l’ordre), je pense qu’ils vont vite choisir " />
Le 26/10/2016 à 08h21
Hélas…
Tout est dit :/
Le 26/10/2016 à 08h26
Je pense que ta résumer l’article et le code de bonne conduite du CSA en quelques ligne " />
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Le 26/10/2016 à 08h36
Le 26/10/2016 à 08h38
Le 26/10/2016 à 08h39
Le 26/10/2016 à 08h46
Le 26/10/2016 à 09h12
Tu pars du principe où une chaîne télé d’information se doit de donner de la bonne information, une chaîne télé se doit avant tout de faire de l’audimat, dans le cadre de l’information, ça reviendrait à dire des gros mensonges “Des commandos sur-entrainés!”, “Des zones de non-droit”, quitte ensuite à s’excuser rapidement et vaguement d’avoir mis des gens en danger les gens et d’avoir dit n’importe quoi.
Alors oui, l’information ne devient plus que secondaire (ou tertiaire même), et clairement si tu cherches de la bonne information, évite la télé.
Le 28/10/2016 à 10h33
Le 28/10/2016 à 10h36
Le 28/10/2016 à 10h42
Tu mélanges désinscriptions et radiations.
Le 28/10/2016 à 10h49
Le 26/10/2016 à 13h09
Du coup, on ne pourrait plus voir cazeneuve faire son discours à chaud !?
On sait pertinemment que dans ce type d’affaire, l’info est traitée à chaud ou peu traitée. L’idée sous-jacente serait-elle simplement de minimiser les faits en décalant son annonce dans le temps ?
Autant les chaines d’infos continue en font carrément trop, autant je ne fais absolument pas confiance au reste des média pour traiter à froid, de manière objective et dans son ampleur, ce type d’évènements.
Le 26/10/2016 à 13h53
Nous pourrions faire mieux, mais pour cela il faudrait changer le modèle d’affaire afin de placer l’information au-dessus du désir d’audience à tout prix. Parce que franchement sur des sujets que je connais bien, on est vraiment au ras des pâquerettes.
Ne fais pas attention à l’autre, sur toutes ces interventions, absolument aucune n’est constructive. Sa réflexion est du genre “Hey mais ça marche pas comme ça, réveilles-toi!”, fin, rien de plus, rien de constructif, fais comme tout le monde, ignores le.
Le 26/10/2016 à 14h41
C’est gonflant …
Tiens pour vos tronches :
« si vous voulez savoir qui a le pouvoir, demandez-vous qui vous ne pouvez pas critiquer ».
Le 26/10/2016 à 14h55
Le 26/10/2016 à 16h00
Je vais switcher de radio et essayer France Inter.
Encore une fois, viens là que je t’envoie une citation ou une phrase qui a l’air de dire beaucoup de chose mais en fait non, et hop, tu comprends le monde dans toute sa complexité.
Le 26/10/2016 à 17h25
RMC: La chronique qui a fait virer Thomas Guénolé - YouTube
Pas bien !
Bruxelles : BFMTV se trompe de suspect - YouTube
Pas Grave !
Et sinon, il y a ce qu’on appelle la déontologie du journalisme.
Le 26/10/2016 à 18h56
Le 27/10/2016 à 07h04
déontologie du journalisme.
“éh oui ……tout se perd, ma gente Dame” !!! " />
Le 27/10/2016 à 07h43
Radio et TV (surtout en direct) c’est pas la même chose que la presse people et internet (ou alors précise réseaux sociaux, et encore je suis pas sûr que le CSA possède un pouvoir de contrôle dessus)
Le 27/10/2016 à 13h48
Oui.
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Le 27/10/2016 à 16h47
Le 27/10/2016 à 19h11
Pas grave liveleaks et site étrangers seront toujours là pour contourner la censure m.
Le 27/10/2016 à 20h07
Le 27/10/2016 à 21h18
Tout va à vau l’eau ! - Rastaquouere - Les trois frères - YouTube
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Le 27/10/2016 à 21h39
Tu as une source fiable sur ce chiffre ?
Je n’arrive pas à en trouver.
Le gouvernement indique 43 000 radiations soit un peu moins que la moyenne mensuelle sur 10 ans.
Le 28/10/2016 à 09h22
Le 26/10/2016 à 09h36
Je ne fais pas tant le procès de l’information télévisée, qui peut être correcte, que celui du besoin qu’ont les gens (ou qu’on instille chez eux) d’avoir l’info immédiatement. Les déclarations des chaînes genre “XYZ encore premier sur l’info”, bof, ça me laisse froid, c’est pas à 1 h près et ça ne change pas ma vie d’un iota.
Il y a des cas où la télévision est irremplaçable, quand l’image est importante (exemple extrême, le 11 septembre), mais globalement la densité d’information est très moyenne, car on ne devrait pas vraiment avoir de présentateur visible (la radio suffit dans ce cas). Le plus rapide sinon c’est un journal, la lecture va plus vite.
Le 26/10/2016 à 09h36
Les actes de terrorisme, ça comprends aussi les mensonges du GVT sur les chiffres du chômage ou bien ?
Le 26/10/2016 à 09h38
Le 26/10/2016 à 10h04
Donc les rédactions décideront de nommer ou pas les agents de la CIA en pleine action terroriste " />
Le 26/10/2016 à 10h20
Et Est-ce que ça inclut aussi les photo-montages laids utilisés en tant qu’avatar?
Le 26/10/2016 à 10h29
Personnellement que ce soit la radio ou les journaux, je constate lês mêmes phénomènes, ont ment, ont grossi, on utilise des titres provocateurs, bref il faut vendre le papier. Tant pis, si ce qui est dit est faux ou extrêmement partial.
Après, si tu connais des radios ou des journaux qui traitent l’information de manière rigoureuse et qui essayent de rester objectif, je prends.
Le 26/10/2016 à 10h39
mohammed merah, 2012
penser à faire un amendement de bonne conduite, 2016
soit pas avant 2020 l’application.. faut espérer que les télés tiendront jusque la..
Le 26/10/2016 à 10h40
Le 26/10/2016 à 10h57
exact !
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Le 26/10/2016 à 11h29
Le 26/10/2016 à 12h17
“je pense qu’une information de qualité est indispensable en démocratie”
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Le mec qui croit encore qu’il est en démocratie : tu es en plein dans ce qu’on appelle la “fabrication du consentement”. (Lire : Noam Chomsky)
Le 26/10/2016 à 12h26
Le 26/10/2016 à 12h28
Tout ce que tu sais faire, c’est utiliser l’image du mec qui se roule par terre de rire, mais tu sais ça n’est pas ça qui va convaincre qui que ce soit de tes élucubrations usuelles.
Eh oui, on est en démocratie, tu peux raconter ce que tu veux ça ne changera rien aux faits.
Le 26/10/2016 à 12h43
t’as pas le niveau , restons courtois , cela fait moins désordre … en diplomatie.
Le 26/10/2016 à 12h45
Ok on sait ce qu’en pense le CSA (en aval du journaliste). Mais en amont ? On leur apprend quoi, dans leurs écoles ? Il y a de la déontologie ? On leur dit de ne faire gaffe à certaines choses ? Ou alors c’est freestyle, diffusez tout et on verra après ?
Le 26/10/2016 à 12h54
Ne pas alimenter le caractère anxiogène d’une situation
Enfin, il est demandé aux chaînes « de ne pas contribuer à alimenter des mouvements de panique ou à accentuer le caractère anxiogène d’une situation ». Une recommandation qui exige là encore prudence dans la diffusion des informations non confirmées. « Les précautions telles que l’emploi du conditionnel ne suffisent pas toujours pour que le public ait conscience du caractère incertain d’une information. En toute situation, l’origine de l’information doit être précisée et les erreurs qui peuvent être commises doivent être rectifiées dès que possible et de manière répétée ».
Autre piqûre de rappel, le recueil de certains témoignages n’est pas toujours opportun. « En effet, compte tenu du contexte, les témoins peuvent, même involontairement, amplifier les faits ou relayer des rumeurs. »
En dernière ligne, le gardien de l’audiovisuel rappelle aux radios et aux télévisions leur liberté de recourir aux « experts » de leur choix. Mais dans tous les cas, elles doivent « veiller par tout moyen à présenter de manière systématique et régulière [ces personnes] et leur trajectoire personnelle, susceptible d’influer sur leur analyse ».
Quelle bonne tranche de rigolade ^^