Télécoms : la FCC annule des avancées récentes et adoube le « zero rating »
Je reviens et j'annule tout
Le 08 février 2017 à 16h30
8 min
Internet
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Il y a quelques jours, le régulateur américain des télécoms (FCC) a annulé deux enquêtes sur le « zero rating, » des autorisations de subvention de forfaits Internet et annoncé une opération transparence. L'offensive est menée par le nouveau président, Ajit Pai, qui revoit temporairement certains de ses principes dans l'opération.
La nouvelle direction du régulateur américain des télécoms avance au pas de course. Nommé le 20 janvier par Donald Trump, le nouveau président de la FCC, Ajit Pai, a déjà multiplié les déclarations et mesures. Une bonne partie ont été publiées il y a quelques jours, dans une vague qui signe la fin d'une enquête, d'un programme de subvention d'offres Internet et une plus grande ouverture des décisions de la commission.
Comme nous l'expliquions, le Républicain Ajit Pai est un ennemi affirmé de la neutralité du Net. Il a combattu farouchement le décret sur l'Internet ouvert, qui a opposé Démocrates et Républicains au sein de la commission. Sur cinq membres de la commission, la majorité démocrate l'avait emportée d'une voix. Un Républicain désormais aux commandes, la locomotive change de direction. Une grande source d'inquiétude autour de la neutralité des réseaux (voir notre analyse).
Quelques jours avant sa nomination, il a par exemple promis à de petits opérateurs de supprimer des obligations en matière de vie privée, jugées trop lourdes pour eux. Les premières décisions continuent dans cette voie, provoquant des séries de déclarations publiques contradictoires entre membres de la commission.
Clap de fin pour l'enquête sur le « zero rating »
Le « zero rating » était l'un des chevaux de bataille de l'autorité. Cette pratique consiste à ne pas décompter la consommation d'un service de l'enveloppe de données mensuelles d'un client, comme le pratiquait SFR avec YouTube à une époque. Les principaux opérateurs mobiles proposent des programmes aux autres entreprises. Contre rémunération, des services ou annonceurs peuvent exempter leurs sites et applications de toute consommation affichée.
En fin d'année dernière, la FCC avait ouvert des enquêtes sur ces programmes. AT&T et Verizon étaient directement dans son collimateur. Malgré de longues lettres de défense, les opérateurs étaient sur le point de voir leurs programmes attaqués d'une manière ou d'une autre, avec l'argument de la concurrence.
Las, ces enquêtes sont désormais closes. AT&T, T-Mobile et Verizon ont été notifiés de la fin des investigations. « Toute conclusion, préliminaire ou non, exprimée durant cette enquête n'aura aucun poids légal ou d'effet à l'avenir » affirme la commission dans une lettre adressée aux opérateurs. Il s'agit d'un retournement de situation important, alors que la pression était montée ces dernières semaines.
Le gendarme des télécoms avait réclamé des explications à AT&T et Verizon, estimant qu'ils bénéficiaient d'un avantage indu via leurs programmes de « zero rating » (voir notre analyse). En cause, les deux opérateurs fournissent leurs propres services vidéo, dont la consommation de données n'est pas décomptée du forfait. Si les concurrents peuvent bien souscrire à des conditions similaires, le fait que les opérateurs l'appliquent à des services intégrés à leur structure évite tout coût concret... Ce qui est un avantage important, jugeait l'autorité.
Dans une déclaration, Ajit Pai dit que la fin de ces enquêtes signe le retour du régulateur en faveur de « l'innovation sans permission ». « Si ce n'est qu'une première étape, ces entreprises et d'autres peuvent maintenir investir en toute confiance, et lancer de nouveaux produits populaires sans craindre l'intervention de la commission sur la base de théories légales inventées » écrit l'ancien lobbyiste.
La subvention d'offres Internet mise en veille
Deuxième victime, le programme Lifeline (« corde de sécurité »), qui englobe la subvention d'offres téléphoniques et Internet. Le 3 février, la FCC a supprimé neuf autorisations pour des opérateurs de fournir des accès Internet subventionnés, à hauteur de 9,25 dollars par mois. Les sociétés concernées retournent dans la file des demandes d'autorisation, sans passe-droit. Elles avaient été ajoutées au programme il y a quelques semaines.
Comme le note Ars Technica, ces opérateurs étaient les premiers à fournir une offre Internet subventionnée grâce à Lifeline. Un seul disposait concrètement de clients. Jusqu'ici, environ 900 opérateurs proposaient des forfaits téléphoniques. Au Washington Post, l'opérateur Kajeet se dit plutôt inquiet pour les enfants qui bénéficiaient du programme. L'entreprise s'étaient associée avec 41 États pour fournir une connexion Internet pour l'éducation.
Selon une étude de la FCC, datée de 2016, 34 millions d'Américains n'ont pas d'accès fixe à Internet, soit environ 10 % de la population. « Ces actions de dernière minute, qui ne disposaient pas du soutien de la majorité des commissaires à leur édition, ne doivent pas nous contraindre à l'avenir » a déclaré Ajit Pai pour justifier son action.
La fracture numérique, ennemi déclaré d'Ajit Pai
Pourtant, le nouveau président de la FCC affiche sa volonté de combler la fracture numérique. C'est même l'un des axes de ses discours. Supprimer le programme Lifeline n'est donc pas un pas en avant sur la question. La volonté d'annuler les dernières décisions prises par son prédécesseur, Tom Wheeler, a donc pris le pas sur ces considérations. Dans un billet de blog, il critique d'ailleurs les médias ayant insisté sur cette contradiction.
Thank you, @dvrnbrwn! Enjoyed sharing my proposals on closing #the digitaldivide. RT @dvrnbrwn Chairman @ajitpaifcc gave a wonderful speech pic.twitter.com/m56Zi0ij0b
— Ajit Pai (@AjitPaiFCC) 7 février 2017
« Limiter le programme Lifeline, aujourd'hui, exacerbe la fracture numérique. Cela ne la traite d'aucune manière positive » estime Gene Kimmelman de Public Knowledge. Elle affirme que les prix actuels des offres Internet excluent les classes moyennes et populaires. L'Americain Liberty Association et Freepress s'en sont également alarmés.
Pour la commissaire démocrate Mignon Clyburn, ces retraits d'autorisations sont un recul. « Ces opérateurs incluent une société gérée par des minorités, un fournisseur permettant à des étudiants de remplir leurs devoirs en ligne, et d'autres couvrant des terres tribales » regrette-t-elle. Elle demande un traitement rapide des dossiers des opérateurs révoqués, par l'ensemble de la commission, et non par le seul bureau dédié.
Annuler des avancées et jouer la transparence
D'une manière générale, Ajit Pai affirme vouloir annuler des « midnight regulations », c'est-à-dire des décisions publiées ces dernières semaines, dans le chaos de fin de mandat présidentiel, sans réel contrôle. « Dans certains cas, les commissaires n'ont pas été prévenus de ces midnight regulations. Dans d'autres, elles ont été prises malgré l'objection de deux commissaires sur quatre » regrette le nouveau président de la FCC, évoquant sûrement l'opposition des commissaires républicains, à savoir Michael O'Rielly et lui-même.
Pour mémoire, il y a encore quelques semaines, la fracture de la commission entre Démocrates et Républicains était nette. Une partie des décisions prises par Tom Wheeler, l'ancien président, l'ont été contre l'avis des Républicains, qui ont désormais l'occasion de revenir dessus. Un objectif largement affirmé par le nouveau responsable.
En contraste, Pai affiche sa transparence. « Je veux que cette commission soit aussi ouverte et accessible que possible pour les Américains » dans une déclaration du 2 février. Il a notamment publié les documents qui doivent être discutés lors de la prochaine réunion, dans trois semaines. Il s'agit du délai minimal que le nouveau président compte imposer pour la sortie des propositions avant débat.
Ces deux mesures concernent l'utilisation « permissive » des standards télévisuels « de prochaine génération » (ATSC 3.0) et la radio FM. Il a insisté par la suite sur l'ouverture de l'ensemble des décisions aux commissaires, et non plus seulement à la presse. Pour la commissaire démocrate Mignon Clyburn, la publication massive de déclarations et documents du 3 février est plus à comparer à « une sortie des poubelles » (PDF)... Même si elle salue les mesures de transparence. Ambiance.
D'ailleurs, tout n'est pas si transparent. Fin janvier, la FCC a retiré de son agenda une proposition visant à ouvrir les décodeurs des câblo-opérateurs. Le but : permettre à des entreprises comme Amazon et Google de proposer leurs propres solutions. Comme le note Forbes, si aucune proposition modifiée n'est mise sur la table, le projet disparaîtra simplement du programme. Cela malgré d'âpres négociations entre la FCC et les opérateurs avant l'élection de Trump.
Consumers pay avg of $200 + per year to rent their #SetTopBox, grossing video providers more than $20b annually. Is this #consumersfirst?
— Mignon Clyburn (@MClyburnFCC) 26 janvier 2017
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La subvention d'offres Internet mise en veille
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La fracture numérique, ennemi déclaré d'Ajit Pai
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Annuler des avancées et jouer la transparence
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 08/02/2017 à 16h51
Un programme digital pour le numérique en somme.
La vidéo de l’intervention sera fournie, c’est déjà ça…
Le 08/02/2017 à 16h53
Y’a-t-il des contres pouvoirs ? ou il pourra mener la politique qu’il veut?
Le 08/02/2017 à 17h18
SI je comprends bien c’est un nouvel épidose de la guéguerre FAI - fournisseurs de contenus? Les premiers ayant le soutien des Républicains, les seconds des Démocrates ?
Le 08/02/2017 à 17h37
Android TV : 0
opérateurs : 1
Altice et Deutsche Telekom doivent être contents de leur investissement US.
Le 08/02/2017 à 18h24
Résumé très grossièrement, oui.
Disons que l’ancienne direction de la FCC (démocrates jusqu’au 20 janvier) était très “pro-consommateurs”, donc pour la neutralité du Net, ce qui arrange bien les fournisseurs de services. Les Républicains voient la neutralité comme une ingérence de l’État dans l’activité commerciale des opérateurs, donc à élaguer.
Le 08/02/2017 à 19h29
comme le dit vincz777, c’est surtout une différence libéralisation vs régulation.
=> Internet / téléphonie en France a ses débuts.
=> agences immobilières / pharmacies en France actuellement
Le 09/02/2017 à 06h30
Donc si j’ai bien tout suivi, pour cet individu (certainement très intelligent) l’innovation n’est qu’à mettre du côté des FAI qui ne vont bien entendu que favoriser les mastodontes déjà en place moyennant finances…
Y’a pas à dire ces populistes battent tous les jours des records de stupidité.
Quant à la “transparence”, autre outil “populiste” démagogique, elle sert surtout à mettre en avant ce qu’on veut mais n’empêche pas de cacher le reste.
Ce que le gens demandent c’est que des propositions concrètes soient faites et que les résultats soient la. Le processus entre ces 2 étapes n’a pas besoin de bénéficier d’un traitement à la télé-réalité pour être efficace.
Le 09/02/2017 à 07h48
C’est quoi le problème avec les pharmaciens?
Le 09/02/2017 à 08h25
et les agences immoblières? ^^
Le 09/02/2017 à 09h57
Pour les pharmaciens je suppose que l’encadrement des prix par la sécu ne leur laisse une marge de manœuvre que faible, c’est d’ailleurs surement de ce fait que ceux-ci concentrent leurs effort de promotion sur la parapharmacie ou les médicaments sans ordonnance.
Pour les agences immobilières le fonctionnement des locations sont très encadré (rapport d’entré, de sortie, prix au m², commission de l’agence, etc…). Du coup si quasiment tout ce que représente ton produit est fixé par l’état tu ne peux pas proposer de différenciation. Celle-ci devant très certainement te coûter de l’argent que tu ne pourras pas récupérer du fait que tes prix ne sont pas modifiable.
Le 09/02/2017 à 10h56
C’est pas les américains qui trouvent que le socialisme c’est trop communiste ? L’état qui régule tout, ne laisse pas de liberté sur les marché, toussa toussa …
Le 09/02/2017 à 13h32
Le 09/02/2017 à 14h06
Le socialisme en Amérique du Nord ressemble plus à du fédéralisme institutionnel qu’à un principe économique (l’intérêt général n’existe pas là-bas, il n’y a que des intérêts individuels).
Le 10/02/2017 à 21h11
tu oublie juste un petit point sur “l’innovation” et la “concurrence”.
aux us, dans la plupart des zones rurales, les opérateurs sont en situation de monopole de fait. Donc pour la concurrence on repassera.
Quant à l’innovation, ca fait combien de temps qu’ils ont sorti quelque chose d’innovant pour (ie positif) les consommateur les mastodonte telecom us ?
Le 08/02/2017 à 16h35
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