L’hydrogène comme réponse ultime aux problèmes de pollution ? Pas si vite, répond l’AFP
Le 27 juin 2022 à 07h45
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Tout est parti d’un post sur Facebook, une simple question posée par un certain Pierre Gaudin : « pourquoi privilégier l'électricité ? », s’interrogeait-il. Il évoquait l’abondance de l’hydrogène dans l’univers, sa capacité à alimenter des moteurs, son utilisation très verte, sans production carbonée.
Seulement voilà, tout n’est pas rose, et il ne s’agit pas d’un complot des grands lobbys pétroliers. Comme le signale l’AFP, ce n’est pas parce que l’hydrogène est l’élément le plus présent dans l’univers (75%) qu’on le trouve aisément sur Terre. Il faut le produire, et cette industrie travaille principalement (95 %) sur la base d’énergies fossiles.
La méthode la plus utilisée, le craquage du méthane, consiste à casser la molécule pour en récupérer l’hydrogène. Elle produit 9 à 10 kg de CO2 pour 1 kg d’hydrogène. Si l’utilisation de ce dernier ne produit aucun déchet polluant, il en va tout autrement de sa synthèse.
Aujourd’hui, 10 millions de tonnes d’hydrogène sont produits en Europe par an, dont un million en France, représentant dans l’Hexagone d’ailleurs 3 % des émissions nationales de gaz à effet de serre annuelles.
Pourquoi alors ne pas passer par l’eau, dont l’électrolyse permet la synthèse d’hydrogène sans le problème des déchets carbonés ? La technologie est un peu plus complexe, mais rien ne l’empêche en effet. Cet « hydrogène propre » est d’ailleurs un objectif de l’Europe.
À horizon 2030, le Vieux continent ambitionne de produire 10 millions de tonnes et d’en importer 10 millions supplémentaires. L’impact écologique sera cependant à surveiller : « Il y a un enjeu à avoir des ressources en électricité renouvelable et nucléaire suffisantes. Si l’électricité est propre, on a de l’hydrogène qu’on peut également considérer comme propre », a résumé la chercheuse Ines Bouacida.
Quant à l’utilisation pratique, elle n’est pas jugée pertinente dans tous les domaines. Une voiture électrique coûte moins cher qu’un modèle à hydrogène. « Dans une logique de production de masse, ce n’est pas pérenne d’investir sur une seule technologie, on a intérêt à les diversifier », affirme Emmanuel Bensadoun, responsable du pôle Expertise/Etudes à France Hydrogène.
L’hydrogène est surtout envisagé dans certaines industries où il sera utilisé en piles. Par exemple, dans la fabrication de l’acier en remplacement du charbon, ou encore de la production d’ammoniac et de méthanol. Autant de domaines où il ferait chuter la génération de gaz à effets de serre. Le transport est également visé, par exemple pour les très gros véhicules, les trains ou encore les taxis (une flotte fonctionne déjà à Paris).
Le 27 juin 2022 à 07h45
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