Le service de renseignement militaire du Danemark (Forsvarets Efterretningstjeneste, ou FE) a-t-il (in)volontairement aidé la NSA à espionner des Danois ?
Sur son blog electrospaces.net, Peter Koop, qui a déjà moult fois vérifié les révélations Snowden, décrypte la polémique qui a récemment entraîné le contrôleur des services de renseignement danois à mettre à pied cinq responsables du FE, dont son directeur. Ils ont depuis été réintégrés à d'autres postes, le ministère reconnaissant avoir fait « une erreur » en les renvoyant chez eux.
En août dernier, ledit contrôleur révélait en effet que le FE avait accepté de surveiller un câble sous-marin, avec l'aide de l'outil XKEYSCORE de la NSA – et à sa demande – afin de pouvoir espionner notamment des télécommunications à destination ou en provenance de la Chine et de la Russie. Plusieurs articles ont depuis permis à Koop d'en apprendre plus.
L'opération aurait d'abord été déclinée par le FE puis, suite à l'insistance de Bill Clinton, acceptée par le gouvernement danois, en 1992, à condition qu'un système de filtrage et de « minimisation » des données interceptées empêche la NSA de pouvoir espionner des Danois.
Le lanceur d'alerte à l'origine du scandale, un jeune informaticien employé par le FE et dont le profil pourrait s'apparenter à celui de Snowden, commença à émettre des doutes en 2013 – sans que l'on sache à ce stade s'ils étaient liés aux révélations du lanceur d'alerte américain, sorti du bois cette même année 2013.
Un groupe de travail, chargé de vérifier ce qu'il en était, et auquel le lanceur d'alerte participa, avait conclus en 2014 qu'il n'y avait pas eu d'intrusion illégale de la part de la NSA.
Pas convaincu, le lanceur d'alerte commença alors à enregistrer, en secret, plusieurs réunions avec ses collègues et supérieurs laissant entendre que le FE pourrait avoir laissé la NSA espionner des Danois. Mais plutôt que de contacter la presse comme l'avait fait Snowden, il alerta le contrôleur danois des services de renseignement.
Début octobre, le gouvernement a décidé de lancer une commission d'enquête spéciale, chargée de tirer l'affaire au clair d'ici un an. Peter Koop rappelle à ce titre que les précédentes enquêtes similaires ont conclu que, si les filtres mis en place dans XKEYSCORE ne permettent pas une « minimisation » parfaite, cela relève plus de problèmes techniques que d'une volonté de la NSA d'espionner les citoyens des pays qui l'aident à surveiller le Net.
Le FE avait ainsi rejeté une requête de la NSA de surveiller une entreprise asiatique après avoir découvert qu'elle appartenait à un Danois.
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