Le gouvernement israélien a fait supprimer à Meta des publications pro-palestiniennes dans plus d’une dizaine de pays arabes
Le 16 avril 2025 à 16h57
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Depuis l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l’État a réalisé une opération de modération des plateformes de Meta d’un genre particulier : il a formulé des requêtes de suppression de contenus publiés dans quantité de pays étrangers.
D’après des documents internes obtenus par Drop Site, une newsletter créée par d'anciens journalistes d'investigation de The Intercept, Meta a coopéré dans 94 % des cas. L’immense majorité de ces contenus contenaient des propos pro-palestiniens ou critiques du génocide opéré dans la bande de Gaza. Les demandes de retraits formulées par Israël ont principalement visé des internautes de pays arabes ou à majorité musulmanes, parmi lesquels l’Égypte, la Jordanie, l’Algérie, le Yémen, la Tunisie ou encore le Maroc.
95 % des requêtes – quasiment toujours formulées de la même manière, quel que soit le contenu – était classifiée par le gouvernement israélien comme relevant du « terrorisme » ou de l’« incitation à la violence » selon les politiques d’utilisation de Meta.

Les données montrent que Meta aurait modéré plus de 90 000 posts pour se conformer aux demandes du gouvernement israélien en 30 secondes en moyenne. Drop Site souligne que ces actions auront un impact futur, dans la mesure où les contenus supprimés servent à entraîner les systèmes automatisés de modération pour leur faire faire prendre de futures décisions.
Meta a également considérablement étendu les suppressions automatisées depuis le 7 octobre, ce qui aurait valu à près de 39 millions de posts supplémentaires de faire l'objet d'une « action » (interdiction, retrait, voire bannissement) sur Facebook et Instagram depuis la fin de l'année 2023, relève d'ailleurs Drop Site.
Ces documents renforcent une tendance observée par des organisations comme Human Rights Watch, qui relevait dès la fin 2023 des suppressions de contenus, du shadow banning (fait de limiter la visibilité) et de la suspension de comptes favorables à la cause palestinienne sur Instagram et Facebook dans plus de soixante pays du globe.
Drop Site relève que seulement 1,3 % des requêtes de suppression formulées par le gouvernement israélien concerne ses propres internautes, quand l’immense majorité des autres gouvernements s’intéressent à du contenu domestique (63 % des requêtes de la Malaisie se concentrent du contenu publié en Malaise, 95 % de celles formulées par le Brésil concernent du contenu brésilien).
Le 16 avril 2025 à 16h57
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