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#LIDD : le (mono)mythe de l’entrepreneur

#LIDD : le (mono)mythe de l’entrepreneur

Le 22 novembre à 06h00

Il y a quelques semaines, Refuznik nous a proposé une vidéo de Nota Bonus (la chaine bonus de Nota Bene) dans laquelle il reçoit avec Anthony Galluzzo autour du sujet : « Le mythe de l'entrepreneur : on casse les clichés ».

Dans un précédent LIDD, Anthony Galluzzo était déjà revenu sur « le “mythe de l’entrepreneur”, une contre-histoire d’Apple » dans le cadre d’un podcast chez France Culture. Rien de surprenant sur le fond puisqu’il a écrit un livre sur le sujet.

« Quand on parle de Steve Jobs, plusieurs idées peuvent nous venir en tête, comme ses débuts dans un garage où il serait parti de rien, le fait qu’il serait un génie, un modèle à suivre… Et cette figure de l’entrepreneur, elle est loin de ne concerner que lui, et ne date d’ailleurs pas d’aujourd’hui, puisqu’elle remonte à la fin du 19e siècle, avec Thomas Edison par exemple ! Une figure, qui n’est d’ailleurs pas si réelle que ça… ».

Le 22 novembre à 06h00

Commentaires (21)

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Nota Bene, on voit bien dans quelle direction ça va aller... "Ouh les vilains méchants entrepreneurs à la solde du grand capital", je n'ai plus la patience de le regarder.

Il faut cesser de penser à ce genre de personnage (les géants de la Silicon) derrière le mot "entrepreneur" pour taper bêtement sur l'entreprenariat en général. D'ailleurs Nota Bene est un entrepreneur, qu'il le veuille ou non, qu'il assume un peu.

Les entrepreneurs sont très nombreux, avec d'aussi nombreux profils, et le plus souvent bien loin des projecteurs.

Beaucoup partent réellement de rien. Biensûr, ceux-là ne seront pas des stars de la Silicon Valley, et il n'y a aucun mal à ça. Cessons de taper systématiquement sur la moindre personne qui tente des trucs.
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Justement, Nota Bene est plutôt transparent sur ses activités, les freins et les enjeux qu'il rencontre (notamment sa chaîne Twitch où on peut le voir enregistrer et où il explique comment ça se passe). Dans le même esprit, il y a la chaîne Sci+ de Viviane Lalande et aussi Poisson Fécond qui offre des services aux « entrepreneurs » qui se lancent notamment dans la production de contenus ou dans la vulgarisation de sujets complexes.

Mais bon, le self-made-man, le rêve américain, c'est joli aussi (pour le réalisme, on repassera).
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J'ai écouté quelques extraits rapidement et au parcours des grandes parties qui le compose, le doc se focalise surtout sur les dimensions sociologiques de l'entreprenariat, de la prédominance de l'environnement dans la réussite (elle est réelle, même si ce n'est évidemment pas le seul critère qui explique la réussite).
Il s'intéresse également aux profils les plus médiatiques, et sur la part d'irrationnel qui est souvent associée dans la culture populaire.

Je n'ai pas trop entendu d'entreprenariat bashing bas de plafond - et j'y aurais été sensible, évidemment, si cela avait été le cas.

Bref, si tu as le temps c'est pas inintéressant :)
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Je part d'un très mauvais à priori avec Nota Bene, je l'avoue, ayant été fort déçu de ses affirmations en dehors de son domaine de compétence ces dernières années.

Là, j'ai mis un passage au hasard en me disant "réessayons, peut-être que..." et suis tombé sur l'affirmation qu'il est de l'ordre du privilège de pouvoir démarrer à l'arrache dans un garage et ai facepalmé directement.

D'après ce que tu dis, c'est apparement moins catastrophique que je ne le pense et tant mieux 👍
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Là, j'ai mis un passage au hasard en me disant "réessayons, peut-être que..." et suis tombé sur l'affirmation qu'il est de l'ordre du privilège de pouvoir démarrer à l'arrache dans un garage et ai facepalmé directement.
Ca te fais peut être bondir, mais pourtant il n'a pas tort. Pour pouvoir commencer dans un garage, encore faut-il... un garage. Ce que n'a pas tout le monde, y compris aux Etats-Unis. Avoir une maison avec garage, c'est déjà être, en général et a minima, dans un foyer de la classe moyenne.

Qui plus est, cela permet donc d'avoir le "coin bricolage" pour pas cher (0$) et ainsi consacrer l'ensemble des fonds disponibles pour autre chose que la location d'un local. Quand on lance une activité avec peu de moyen, c'est loin d'être négligeable.
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Le "garage" est une image, dans ce mythe, qui ne parle que de commencer "sans véritable lieu pour l'activité".

Comme beaucoup d'entrepreneurs du numérique qui ont commencé chez eux avec un laptop sur les genoux.
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En fait, vous êtes d'accord avec la vidéo de Nota Bene : un mythe, une image. Apple existe grâce à autre chose en somme que le génie du "Créateur" Steve Jobs : des équipes, des fonds (souvent publics), un écosystème.

C'est pareil en politique en France, on a le mythe de l'homme providentiel qui vient de nul part et qui va sauver la situation parce qu'il a eu l'idée de remplir son formulaire de candidature et que le suffrage l'a désigné. En réalité, pour devenir Président de la République, il faut avoir fait les bonnes écoles, avoir un réseau dans les plus hautes sphères, être soutenu financièrement, politiquement, avoir un cercle familial rôdé pour cette activité…

Bref, on ne devient pas Emmanuel Macron ou Steve Jobs parce qu'on a eu une idée de génie dans un garage ou parce que tout ce que le bonhomme touche se transforme en or.
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Pas d'accord. Même aujourd'hui, oui, j'ai du mal à donner crédit à cette vision. Et pour l'époque, pour les projets dont il est question dans la vidéo, clairement non.

Avoir un espace était nécessaire, et un espace non négligeable. Le garage étant le lieu le plus approprié pour ne pas trop empiéter sur l'espace de vie.

L'image du garage n'en est pas réellement une, mais plutôt un trait commun à beaucoup de grandes réussites "à l'américaine". Beaucoup de grandes sociétés ont, littéralement, commencé dans un garage. Apple, Dell, Microsoft, HP, Amazon, Google pour ne citer que les plus connus (4 des 5 GAFAM quand même).

Notons d'ailleurs que Facebook n'est pas considéré comme ayant commencé dans un garage, alors que pourtant, ça collerait avec "ta définition", puisque cela a commencé dans un dortoir ;)
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"Même aujourd'hui, oui, j'ai du mal à donner crédit à cette vision."

De ? Commencer chez soit avec un laptop sur les genoux ? C'est pourtant ce que j'ai fait, et j'en connait quelques autres. Le soir, après le boulot alimentaire, avec très peu moyens à grater le moindre euro de frais en trop.

Alors non, je n'aime pas cette mode de taper sur l'entreprenariat à affirmer que rien n'est possible sans avoir des parents qui ont 150 millions d'euros et de propager un message de découragement par avance à l'idée d'essayer quoi que ce soit dans la vie.
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Je suis assez d’accord avec toi.
Les entrepreneurs qui réussissent ne sont généralement pas étrangers à leur propre succès évidemment, dans une part variable et en dépendant plus ou moins d’adjuvants extérieurs.
Nier la part de mérite personnel par principe dans la réussite professionnelle relève au mieux d’une ignorance crasse de la réalité de la chose, sinon d’une forme de jalousie mal placée - ou d’une idéologie aveugle, comme j’ai pu le lire ici.
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Il ne s'agit de pas de remettre en cause l'investissement personnel des entrepreneurs, bien évidement !

C'est juste qu'aujourd'hui, et je le déplore, le mythe de l'entrepreneur à succès solitaire est incarné par des figures emblématiques comme Jobs. Comme si il avait tout fait tout seul. Déjà, ils étaient deux (Jobs sans Wosniac n'aurait rien été, comme Wosniac sans Jobs). Et c'est tout ce qu'il y a de plus faux.

Même le mythe autour du côté visionnaire de Jobs est un leurre. Je ne dirais pas jusqu'à dire en totalité, mais en très grande partie. La plupart des concepts qu'il a mis en oeuvre et popularisé ont été imaginés par d'autres, bien avant lui.

Et si je dis ça, ce n'est pas pour le plaisir de désinguer les entrepreneurs, mais pour casser le mythe qu'il faille être une personne exceptionnelle pour réussir. Non, la réalité, c'est qu'on a pas besoin d'être un Steve Jobs, un Bill Gates, ou que sais-je encore pour être un entrepreneur ayant du succès. De même que le succès ne se résume pas à être un entrepreneur "public", c'est-à-dire dont on parle (dans la presse, les médias, les réseaux sociaux, etc.). Il y a énormément d'entrepreneurs à succès "anonymes".
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Le truc c’est que le sujet part un peu dans tous les sens, certains parlent des entrepreneurs, d’autres de ceux qui ont percé dans l’imaginaire collectif (et ce n’est pas le thème central du docu au demeurant qui en parle au sens large), et d’autres encore laissent échapper une forme de dégoût idiot envers l’idée même de toute forme de mérite personnel.
Du coup c’est un peu brouillon.

Je suis d’accord dans l’absolu que la starification à outrance des entrepreneurs à succès a quelque chose de vraiment dérangeant.
Ce n’est pas réaliste, souvent, ça ne tient pas compte du contexte qui a permis l’expression de leur talent, ça passe parfois sous silence des travers peu reluisants, et ça crée une forme de classification entre les entrepreneurs, les petits et les grands, qui n’est pas juste au regard de la diversité des parcours.

Ceci étant dit, ce n’est pas propre aux entrepreneurs, je pense que tous les profils exposés médiatiquement sont sujets aux mêmes travers.
Si on doit absolument se créer des mythes, je préfère que ce soit autour d’histoires d’entrepreneurs wish que d’influenceurs vains ou autres youtubeurs.

Et en ajustant un peu la mise au point, beaucoup d’entrepreneurs à succès ont réellement des parcours exceptionnels, et ça ne demande pas tant d’humilité que cela de le reconnaître.
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Plutot d'accord dans l'ensemble.
Et en ajustant un peu la mise au point, beaucoup d’entrepreneurs à succès ont réellement des parcours exceptionnels, et ça ne demande pas tant d’humilité que cela de le reconnaître.
Tout à fait. Je n'ai aucun problème à dire qu'un Jobs, Gates, ou même Musk a eu un parcours exceptionnel (ou tout autre entrepreneur, même anonyme).

Mais avoir un parcours exceptionnel ne signifie pas être une personne exceptionnelle. C'est un peu le mythe que j'essaie parfois de casser autour de moi. Une personne "normale" (dans la mesure de ce que peut représenter ce mot) peut tout à faire entreprendre.

Pour mon exemple personnel, j'ai donné pas mal de ma personne, bosser comme un dingue par moment, pas pris de vacances pendant de longs mois, fait des journées à rallonge. Ca fait juste de moi quelqu'un de bosseur qui s'est investi dans sa boite. Je ne me considère nullement comme exceptionnel pour autant ;)
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Mais d'où tu sors que je (ou la vidéo) tape sur l'entreprenariat ? Je tape sur une image en particulier de l'entreprenariat, celle de "l'entrepreneur dans son garage", quand les gens pensent à Jobs, Wosniac, Gates, Hewlett ou encore Bezos. Cette image est très peu représentative (mais alors vraiment très très peu). C'est pourtant la plus répandue.

Et la vidéo fait exactement de même au passage.

Entrepreneur, je le suis aussi. J'ai ma propre société. Je suis mon employeur. Je travaille exclusivement de chez moi. Mais ce n'est pas pour autant que je me qualifie d'entrepreneur qui fait ça dans son garage (surtout que je n'en ai pas :p).

Entrepreneur != entrepreneur du mythe du garage.

Bien sûr qu'il est possible d'entreprendre sans avoir beaucoup d'argent. Et heureusement.

La vidéo casse le mythe de grandes boites d'aujourd'hui (notamment Apple) dont les créateurs sont partis de rien, car c'est complètement faux. Les entrepreneurs à l'origine des plus grandes boites américaines que j'ai déjà pu citer, qui sont à l'origine du mythe de l'entrepreneur qui débute dans son garage, ce ne sont pas des entrepreneurs lambda du fin fond de Brooklyn. Ils avaient un toit, un garage, des contacts plus ou moins haut placés et ils pouvaient se permettre de ne pas faire rentrer de l'argent immédiatement pour subsister. C'est loin d'être possible pour tout le monde, encore plus à une époque où internet n'existait pas ou n'en était qu'à ses balbutiements par rapport à ce qu'il est aujourd'hui.

Maintenant, si, pour toi, débunker le mythe entrepreneurial associé à quelques grands groupes, c'est attaqué l'entreprenariat en général, cela voudra simplement dire que nos points de vue seront tout simplement irréconciliables.
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Et la plupart des prototypes construits dans un garage ont fini à la décharge, surtout si leur(s) inventeur(s) n'étai(en)t pas issu(s) des grandes universités. Comme dit la Française des Jeux, 100% des gagnants ont tenté leur chance (le biais du survivant).
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Spoiler : il faut même pas attendre 2 min pour que l'intervenant rappelle justement que Nota Bene est un entrepreneur, c'est parfaitement assumé. Il faut même pas attendre 4 min pour qu'il précise qui il met derrière le mot "entrepreneur", comme tu dit. Et évidemment, ce ne sont pas les entrepreneurs divers et variés et loin des projecteurs que tu évoques.
Et même sur le reste de la vidéo (que je n'ai pas encore terminée), l'intervenant défend plutôt ton point de vue (avec lequel je suis d'accord au passage). À aucun moment il ne tape sur l'entreprenariat, même pas « bêtement ».

Bref, Si tu n'aime pas le ton de la chaîne, libre à toi de ne pas regarder. Mais venir écrire un commentaire pour critiquer une vidéo que tu n'as pas vue et dont de fait tu ignores tout, c'était vraiment pas la peine.
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vérifie ses notes Ah oui, c'est bien ça : je n'ai pas besoin de ta permission.
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Ah le culte de l'individualité qui n'a pu compter que sur sa petite personne pour réussir, et certainement pas d'une déferlante de moyens, aides & chance externes…

Une histoire égoïste au service d'un message du même acabit rendant fiers services à une idéologie qui l'est tout autant.
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La déferlante de difficultés, de travail, de doutes, d’erreurs, de trahisons, de nuits blanches et de prises de risques on en parle aussi ?
Je pense que le sujet mérite un peu plus de nuances.
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(vidéo) Comment deux jeunes nerds américains ont réussi à transformer un petit projet universitaire en un business valorisé à plus de 100 milliards de dollars ? Eh ben laissez-moi vous montrer que les premiers pas des plus grandes boîtes sont souvent plus hasardeux qu’il n’y paraît. Sans plus attendre, c’est parti pour la Silicon Valley des années 2000, où se sont faits les débuts bordéliques du moteur de recherche le plus performant du monde… Google.

La Naissance Bordélique de Google !
Poisson Fécond
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"Le mythe de l'entrepreneur". Mais est-ce que la mythologie avait le même sens à -500 ans qu'aujourd'hui ? Dans la définition d'un mythe donnée en introduction, "l'histoire racontée" est tenue pour vraie. C'est peut être le cas à l'origine, mais clairement, aujourd'hui, c'est pas du tout ce que j'entends du mot "mythe". Et personnellement, je ne parle pas grecque :)

N'est-ce pas un mythe, au sens premier du terme, que de faire croire que peu de monde ne verrait les exagérations autours des histoires des entrepreneur stars ? Par exemple, en lisant les commentaires, je ne comprend pas ce sens du premier degré sur le garage. C'est juste un lieu commun de départ, au sens mythologique et pas au premier degré. Et c'est évident qu'il faut avoir de l'argent pour avoir un garage (enfin sauf si on a que le garage pour vivre), mais c'est évident aussi que c'est relatif. Mais alors pourquoi laisser croire que "les gens" pensent vraiment que c'est la seule chose qui a permis la "réussite" des un⋅es et des autres ? Et sur quel base sociologique laisser croire cela ?

Lire de la mythologie grecque pendant les moments difficiles, ce n'est pas croire aux dieux grecques (même si j'imagine que si un peu quand même, dans le sens où on projette des histoires dans son imaginaire)... Voir voler superman à la TV, ce n'est pas croire qu'on peut sauter par la fenêtre (ou pas comme Superman). Donc pour revenir au garage, c'est un peu comme le sens des mots qui évoluent avec le temps. Au fur et mesure, ils perdent leur sens initiaux (comme le mot mythologie), et en fonction de ce que l'on cherche à dire, ce n'est peut être pas si important de préserver le sens initial, ou pas toujours. Si c'est toujours intéressant de faire de l’étymologie, c'est toujours plus important de se voir entre les mots. De même, c'est plus important de se concentrer sur ce qu'il faut faire au jour le jour dans son travail, qu'on soit chez Google, Apple ou ailleurs. Selon les cas, la mythologie a sans doute son importance.

De plus, il ne faudrait pas rajouter ce que j'estime un jugement à bas bruit injuste, en expliquant que si X ou Y ne réussit pas en tant qu'entrepreneur, c'est parce que quelque part, X ou Y s'est fait berné par de la mythologie, tout en expliquant qu'en fait s'il ne réussi pas, c'est parce-qu’il a pas le bon environnement (t'as pas de bol, et en plus t'es c--, donc t'as doublement pas de bol). Je note la remarque sur les "boulangers" qui "s'auto exploitent" comme un jugement de classe. Mais je suis sûr que dans l'autre sens pour certains, c'est réciproque.

J'ai regardé la vidéo de façon parcélaire, mais je connais les travaux qui parlent de l'histoire d'Apple, et en particulier cela. A titre personel, j'aurais trouvé plus intéressant de faire une vidéo sur comment les entrepreneurs du quotidien vivent de leur travail, comment ils innovent s'il innovent, comment ils gèrent les difficultés, les contraintes réglementaires et légales, leur excitation et/ou leur désespoir, et pourquoi pas à la fin, est-ce qu'il ont été inspirés sur les histoires sensationnalistes, et en quoi ? Ça aurait été une façon de ne pas entretenir le mythe ?

#LIDD : le (mono)mythe de l’entrepreneur

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