Le vol à l’étalage fait le lit de la vidéosurveillance algorithmique
Le 28 juin 2023 à 05h00
3 min
Sciences et espace
Sciences
StreetPress raconte que plus de mille magasins utilisent un logiciel de vidéosurveillance algorithmique vendu par la start-up française Veesion dont la technologie serait pourtant illégale, d'après la Quadrature du net. Créée en 2018 par trois anciens diplômés d’HEC et de Polytechnique, Veesion ferait travailler une centaine de collaborateurs, afin de « lutter contre le fléau du vol à l’étalage » dans les magasins.
La start-up estime que la « démarque inconnue » représenterait une perte cumulée qu'elle estime à 100 milliards d’euros par an dans le monde, dont cinq milliards en France. Des chiffres invérifiables, mais qui attireraient les investisseurs, Veesion ayant levé 10 millions d'euros en 2022.
La start-up, qui avance un taux difficilement vérifiable de 98 % de vols détectés grâce à son IA, a refusé de répondre aux multiples sollicitations de StreetPress, qui s'est donc fait passer pour un responsable de magasins.
À l'en croire, un voleur sur deux serait un client régulier et « moins de 5 % des vols seraient détectés ». Et ce, d'autant qu'il n’y aurait « plus de profils de voleurs », explique son directeur des ventes : « Tout le monde est susceptible de voler, aussi bien des papis et mamies que des enfants, des collaborateurs […] et également des personnes représentantes de l’État. »
Lors d'un webinaire, il a par exemple diffusé la vidéo d’un militaire pris en flagrant délit de vol à l’étalage, cachant le produit derrière son gilet pare-balles, avant d'expliquer avoir récemment « attrapé » une personne ayant caché un produit dans la poussette, « sous le bébé ».
Veesion rappelle également l’ingéniosité des voleurs (« sacs doublés de métal pour passer les portiques, changement d’étiquettes, vol en groupe »), les outils communément utilisés (aimant, brouilleur antivol), et le coût important d’un agent de sécurité (environ 20 euros de l’heure, soit environ 60 à 80.000 euros par an), « qui ne saurait détecter autant de vols qu’une intelligence artificielle », souligne StreetPress.
A contrario, il suffirait de deux heures pour connecter le système Veesion à un réseau de caméras de vidéosurveillance, et permettre aux vigiles de recevoir sur leur compte Telegram le gif animé d'un vol potentiellement identifié par son IA.
Sollicitée, la CNIL indique que les caméras « augmentées » installées dans les magasins pour détecter les vols « devraient être encadrées par un texte pour, notamment, écarter le droit d’opposition des personnes (l’exercice de ce droit apparaissant incompatible avec l’objectif même du dispositif) », et conclut : « Une loi pourrait s’avérer nécessaire. »
Le site web de Veesion, de son côté, précise que sa technologie « analyse uniquement les gestes, jamais les individus », qu'elle « n’utilise ni la reconnaissance faciale, ni le suivi de client, ni l’enregistrement d’identité », et rappelle aux entreprises les démarches à suivre pour « respecter la vie privée des clients tout en assurant leur sécurité ».
Le 28 juin 2023 à 05h00
Commentaires (22)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 28/06/2023 à 06h57
ca fait longtemps qu’il n’y a pas de profil de voleurs, depuis toujours en fait. J’ai travaille a la fnac a Lyon il y a 20 ans : TOUT le monde vole, un elu de la ville de Lyon s’etait fait prendre a la Fnac Bellecour.
Le 28/06/2023 à 08h00
L’entreprise propose une éconmie sur l’agent de sécurité mais un vigile doit quand même être là pour capter le voleur… Les arguments de HEC nécessitent un tour par le dictionnaire.
Je suppose que c’est un mélange de techno entre ce que fait Amazon Shop et la détection de bagages abandonnés. Si l’article sorti de rayon ne tombe dans dans un bac reconnu, hop, cadre rouge autour de la personne!
Curieux de connaître la performance dans une épicerie bordélique. Et curieux aussi de connaître le taux de perte chez Décathlon depuis qu’ils ont mis en place leur caisse NFC.
Le 28/06/2023 à 08h13
L’article parle de “chiffres invérifiables”, mais bon, les différentes études que l’on trouve sont quand même assez cohérentes avec entre 1.2% et 1.9% de démarque inconnue.
Il me semble d’ailleurs que la démarque inconnue sort du bilan, donc les chiffres officiels doivent bien exister quelque part.
Mais la vraie question est : quelle est la part du vol dans la démarque inconnue ?
Le 28/06/2023 à 10h29
Oui, on tombe très facilement sur des chiffres de cet ordre de grandeur et pas chez des vendeurs de solutions.
Les investigateurs de choc de NXI ne sont pas mis en branle pour le brief, mais ça n’empêche pas les piques sans fondement comme celle-ci.
De plus, le vol à l’étalage est le principal poste de la démarque inconnue, mais pas le seul. Le vol par les employés est le second poste.
Le 28/06/2023 à 17h14
LOL.
Voila qui est bien péremptoire… Je bosse en grande distri et on a aucun moyen de vérifier la part du vol dans la DI.
Les autres sources de DI sont multiples : produits cassé/périmés non scannés avant la poubelle, l’entrepôt qui te facture des colis non livrés, vols directement sur la palette, bon de livraison informatisé non conforme…
Le 28/06/2023 à 18h26
LOL, l’argument d’autorité.
Le 28/06/2023 à 08h17
J’aimerais bien que les sources de ces logiciels de surveillance soient publiées (et que les associations de promotion et de défense du logiciel libre s’en mêlent un peu plus).
Le 28/06/2023 à 10h05
remplacer
vol
parviol
et relisez l’article pour voir si votre avis reste le même…Le 28/06/2023 à 10h47
Qui vole un oeuf, vole un boeuf. Mais je ne suis pas sûr que ce fameux adage soit à lire de façon littérale.
Le 28/06/2023 à 11h39
Le “viol à l’étalage”, mais quelle est cette curieuse pratique ?
Le 28/06/2023 à 10h44
La démarque inconnue… le jour où les magasins libre-service sauront tenir un stock à jour, les “vols” seront moins nombreux au moment de l’inventaire.
Le 28/06/2023 à 11h04
Y compris les employés, qui sont les mieux placés. Y’a 25 ans une copine qui faisait caissière en job étudiant nous passait les bouteilles de soda comme il faut devant le lecteur de code-barre et tournait les bouteilles d’alcool au passage quand on faisait les courses pour nos soirées auxquelles elle participait (et elle ne laissait pas sa part sur ses larcins!).
Le 28/06/2023 à 11h50
Des exhibitionnistes, sûrement …
Le 28/06/2023 à 19h32
Ou une soirée avec Jeffrey Epstein.
En cherchant un peu on trouve de tout (et a toutes époques) et j’ai l’impression que c’est comme le reste : malgré une plus grande connaissance des phénomènes et de leurs origines (frustration, immaturité, prédation…) nous n’arrivons pas a diminuer la proportion de personnes concernée.
Peut-être qu’en plus de l’apparente origine psychologique il y a un fond inné ou l’accouplement unilatéralement consentie serait favorisé d’une certaine manière par le darwinisme (dans une société ça n’a pas sa place mais dans la nature les exemples existent).
Et si il n’y avait que des humanoïdes évolués, civilisés et raisonnables pour se reproduire on aurait pas la même discussion tout les 10 ans…
PS : Je précise quand même qu’explication n’est pas approbation et que ma volonté de comprendre est décorrélé de ma volonté d’excuser.
Le 28/06/2023 à 11h52
Les films J & M ?
Le 28/06/2023 à 11h52
en cherchant un peu, on peut malheureusement trouver des choses qui s’en rapproche.
Le 28/06/2023 à 12h23
https://veesion.io/calcul-de-la-demarque-inconnue-la-methode/
https://www.carinel.com/post/la-demarque-inconnue-les-causes-les-cons%C3%A9quences-et-les-moyens-de-lutter
“On estime que 75 % des pertes liées à la démarque inconnue sont des vols”
“le vol à l’étalage est considéré comme la cause principale de la démarque inconnue”
Avec de telles formulations, j’ai surtout l’impression que la répartition de la démarque inconnue se fait plutôt au doigt mouillé. Et pour rappel les produits endommagés ou périmés font partie de la démarque inconnue. Je ne trouve pourtant aucun chiffre alors que contrairement aux autres démarques inconnues, c’est quantifiable et pas juste estimable.
https://www.mybts.fr/blog/calculer-la-demarque-inconnue/
Tiens, ici ils disent que endommagés ou périmés, c’est dans la démarque connue.
Le 28/06/2023 à 13h17
La démarque connue correspond à des articles qui sont sortis du stock immédiatement pour diverses raisons connues. Le problème est que cela prend du temps et que le commerçant préfère augmenter son chiffre d’affaire plutôt que de tenir son stock exactement à jour. Sans compter les articles qui ne passent pas en caisse parce qu’ils ont été mis en rayon sans être enregistrés dans la base de donnée (donc ils sont sortis du stock sous une autre référence ou sous une entrée libre dans la caisse enregistreuse).
La seule statistique fiable des vols est celle des flagrants délits mais c’est une chimère de connaître le nombre exact de vols dans un commerce où on laisse les produits à portée des clients (le vol est inhérent au commerce libre-service). L’intérêt des commerçants pour la vidéosurveillance est surtout dissuasif face à la tentation de voler et d’arrêter le vol pendant l’acte.
Le 28/06/2023 à 17h17
Ben oui c’est de la démarque connue, si le boulot est bien fait.
Tu scannes ton produit en casse/périmé et il ressort dans tes stats.
La démarque inconnue, comme son nom l’indique, on ne sait pas précisément d’où elle vient. Les causes sont multiples comme je le détaille dans mon message précédent.
Le 28/06/2023 à 13h26
M’en parle pas… A la fnac, un employé avec 20 ans d’ancienneté s’est fait prendre avec une vingtaine de CD à la sortie du magasin…
Un responsable de l’entretien qui avait les clés du magasin s’est fait griller un dimanche, il était dans le magasin… Le responsable de la sécurité qui passait devant l’entrée par hasard l’a grillé…
Quelques exemples parmi d’autres…
Le 28/06/2023 à 19h15
T’es dur. Son argumentaire tient la route.
Le 29/06/2023 à 20h33
Ayant bossé chez Veesion… il reste encore à explorer…
Coucou Thibault si tu passes par ici.