Au CEA : « recycler le combustible nucléaire »

Au CEA : « recycler le combustible nucléaire »

Au CEA : « recycler le combustible nucléaire »

Une des missions du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives concerne la gestion des matières nucléaires. À travers une interview maison d’Andreas Salvatores (chef adjoint de programme à la direction des énergies), le CEA revient sur la question du recyclage.

« Dès la construction du parc nucléaire français, le CEA s’est interrogé sur la récupération des matières valorisables du combustible usé. La technique existait déjà, développée outre-Atlantique en 1945 dans le cadre du projet Manhattan (production de la première bombe atomique). Elle repose sur le procédé Purex faisant intervenir la molécule TBP (Tributylphosphate) pour extraire du combustible l’uranium et le plutonium. Objectif : séparer ces derniers pour les recycler ».

Salvatores fait ensuite un rapide tour des recherches passées et actuelles (notamment sur les réacteurs à neutrons rapides (RNR) de 4e génération), ainsi que du savoir-faire français dans ce domaine.

Commentaires (19)


Nucléaire, recyclage du combustible.
🍿🍿🍿, j’attends :-D


Les centrales type phénix et superphénix avaient l’ambition de fonctionner avec les déchets nucléaires. Ca a été stoppé pour plein de raisons, entre autre pas mal d’incidents avec le caloporteur au sodium, mais aussi parce que “recycler ça sert à rien tant qu’on a du combustible neuf à la pelle”



Ceci dit, j’ai du mal à comprendre pourquoi on est reparti sur l’EPR plutôt que d’essayer d’améliorer le principe de réacteurs à neutrons rapides.



(quote:1854710:N.Master)
Ceci dit, j’ai du mal à comprendre pourquoi on est reparti sur l’EPR plutôt que d’essayer d’améliorer le principe de réacteurs à neutrons rapides.




Pour te citer “ tant qu’on a du combustible neuf à la pelle” et qu’en plus c’est pas cher


Je n’ai pas forcément d’avis sur la question, si ce n’est qu’en général quand on peut recycler plutôt que ré-extraire j’ai tendance à trouver ça mieux par principe, hors contrainte économique. Mais je pense que même sans cette contrainte, ça n’est pas forcément si évident, car j’imagine que certaines technos de recyclage ne sont pas forcément beaucoup plus propres que certaines techniques d’extraction, pour ce qui est des déchets nucléaires, aucune idée.



En revanche, un autre élément de réponse dont on fera ce que l’on veut:
De mémoire, la production de déchets nucléaires annuelle en France, c’est dans les 40 000 tonnes, c’est à dire que dalle ou presque. Du coup, l’intérêt écologique n’est pas monstrueux non plus.



En gros, les centrales qui utiliseraient ces déchets présentent des problèmes de sûreté encore à adresser (en comparaison d’autres technos), la méthode de recyclage des déchets reste à développer industriellement, n’est certainement pas neutre non plus et la matière première est disponible en abondance, enfin l’intérêt économique n’est visiblement pas là.



Au final, je ne sais pas si c’est une bonne chose ou pas, mais je comprends que ça ai du mal à percer :/



Chaft52 a dit:


Pour te citer “ tant qu’on a du combustible neuf à la pelle” et qu’en plus c’est pas cher




1973 : Tant qu’on a du pétrole à pas cher


On avait déja le mox si je l’écris correctement.
Pour le recyclage c’est comme pour le plastique, on arrive maintenant à recycler à 98% mine de rien. Par contre à la revente, c’est 60% plus cher que d’utiliser du neuf. Et à ma connaissance, il n’y a que l’allemagne qui a ou doit mettre en place une loi pour forcer les industriels à utiliser 45% de matériaux recyclés.



(quote:1854710:N.Master)
Les centrales type phénix et superphénix avaient l’ambition de fonctionner avec les déchets nucléaires. Ca a été stoppé pour plein de raisons, entre autre pas mal d’incidents avec le caloporteur au sodium, mais aussi parce que “recycler ça sert à rien tant qu’on a du combustible neuf à la pelle”




https://fr.wikipedia.org/wiki/Superph%C3%A9nix#1997_:_D%C3%A9cision_d’arr%C3%AAt_d%C3%A9finitif">Superphénix a été arrêté par un gouvernement qui avait besoin du soutien des verts, tout comme Fessenheim. Ce sont des décisions purement politiques, qui ont coûté cher aux français et au climat.


Oui, merci les pastèques (vert dehors, rouge dedans) de bien aggraver la situation par pur dogme électoraliste et financier (pourquoi Greenpeace est violemment antinucléaire ? Pour pas froisser les donateurs et s’assurer de régulières rentrées de pognon).


Un peu de mesure ; oui des réacteurs à neutrons rapides pourraient recycler les produits de fission (conditionnel car on n’a pas encore dépassé le stade du prototype), et si je considère l’abandon de la recherche sur ces réacteurs comme stupide, ça n’a pas non plus fait du mal au climat. L’électricité française à toujours une faible intensité carbone, et elle reste climato-compatible. Superphénix ou pas. Même sans Fessenheim, elle le reste.



Rappelons au passage qu’au niveau global, l’utilisation massive de nucléaire pour limiter le changement climatique n’est pas nécessaire. En effet, dans les scénarios de GIEC présenté dans le rapport spécial “Global Warming of 1.5°C”, deux tiers des scénarios compatibles avec un réchauffement de 2°C prévoient moins de 15% de nucléaire dans la production d’électricité mondiale en 2050 (ou même 2100). Et aucun ne prévoit plus de 45%. Une grande part de nucléaire au niveau mondial ne semble donc pas une bonne voie pour limiter le changement climatique. (Mais ça n’exclue pas des variations locales.)


Disons qu’il y a deux problématiques qui sont souvent confondues, et amalgamées.
Il y a la question du nucléaire, et il y a la question des centrales et de leurs suretés.



C’est pas forcément que le nucléaire est complètement mauvais sur le principe, mais une centrale nucléaire mal gérée ou mal construite c’est autrement plus dangereux qu’une éolienne qui tombe par terre et tue 1 renard…



Je pense que toute personne qui habitait proche de superphénix il y a 30 ans devait un peu flipper sa race suite à un “léger” incident impliquant une fuite de 20T de sodium radioactif…
et ce “léger problème” était de nouveau lié à des malfaçons/défauts de conception, à cause d’un acier mal choisi….



Et une fois qu’il y a eu des loupés comme ça, dire “vous inquietez pas, tout est sous contrôle”, ça a un peu de mal à passer…



danarmk a dit:


Un peu de mesure ; oui des réacteurs à neutrons rapides pourraient recycler les produits de fission (conditionnel car on n’a pas encore dépassé le stade du prototype),…




Le stade prototype a été largement dépassé mais pas chez nous: BN-800


Je savais que la Russie avait des réacteurs à neutrons rapides, mais je ne savais pas que c’était des réacteurs jugés commerciaux, merci de l’information :chinois: . Maintenant, stade prototype “largement” dépassé, euh, il faut le dire vite : il n’y en a qu’un dans le monde (plus une version plus ancienne), et on est loin d’une construction en série et en grand nombre, hein (il ne semble pas prévu de construire d’autre BN-800, mais plutôt d’en développer une nouvelle itération). Mais bref, je reconnais avoir pêché sur la vérification de cette info (j’ai passé plus de temps à télécharger les données du GIEC et à jouer du Excel Libreoffice Calc avec :D ).



Ça ne change rien au reste du message, cela dit.


Historiquement le nucléaire était à l’uranium pour les militaires faire des bombinettes. Et au Thorium pour le civil (volume de déchet faible, durée de 300 ans, sécurité passive, etc) les savants de l’époque était hyper prudent, démonstrateur d’AOK Ridge à sels fondus fluorés fondus, neutron rapide… il a fonctionné 4 ans ! Un exploit pour un démonstrateur, une démonstration de la qualité de sa conception.
Sauf que financer ces deux choses c’était très problématique, donc le choix a été de prendre un modèle de centrale militaires à Uranium pas pensé pour une sécurité maximale pour faire la bombe et de l’électricité.
Par habitude personne n’a remis cette décision en cause en 60 ans. Et même aujourd’hui les projet de réacteur de petite puissance sont basés sur les filières éculées.
Les sels fondus fluorés, c’est un basic.
Le thorium stocké en France (déchet non valorisé) permet de produire de l’électricité pour 200 ans sans ‘bruler’ les déchets de la filière uranium, plutonium compris.
Les sels fluorés permettent de retraiter sur site le combustible. Le combustible entre et reste sur place et 300 après l’arrêt du réacteur c’est terminé pour la friche industrielle…
Le Thorium sels fondus fluorés à neutron rapide, c’est sur l’étagère… c’est 10 milliards, pour une tête de série, le surcoût de Flamanville.
Ce qui a été fait à AOK Ridge il y a 60 ans sans informatique et simulation, fait peur à qui ?


Cela demanderait des investigations mais je m’interroge sur la partie périphérique à cette industrie. De part sa spécificité j’ai l’impression que la partie radioactive liée à la production thermique est bien maîtrisé. Par contre j’aimerais une enquête concernant le traitement du minerai et les parties non soumises au contrôle des organismes de sureté nucléaire. Par exemple il y avait eu des fuites de liquide frigorigène à la centrale du Bugey. Également, des roulements avaient chauffés et nécessité une intervention des équipes dans la partie production électrique hoes secteur radioactif. Cela me laisse à penser que les centrales anciennes n’aurait pas un équipement productif monitoré comme cela pourrait être réalisé aujourd’hui.



refuznik a dit:


On avait déja le mox si je l’écris correctement. Pour le recyclage c’est comme pour le plastique, on arrive maintenant à recycler à 98% mine de rien.




Pour le plastique ca serait génialissime si on en recyclait 98%… Dans les faits, on est plutôt en dessous des 25% en France (un peu moins d’13 en UE, et moins de 10% dans le monde)…


Yep je citais rapidement un directeur d’une usine en allemagne lors d’un reportage vu l’année dernière. Mais c’est vrai qu’il ne parlait que pour son entreprise qui recyclait des bouteilles et des flacons en plastoc. C’est vrai malheureusement, certains types de plastique ne peuvent pas être (voir mal) recyclés.



refuznik a dit:




Le problème est surtout qu’on produit beaucoup, beaucoup trop de plastique. Même avec une filière qu’on ferait monter à 100% de ses capacités H24 sans jamais de baisse même minime, on resterait encore loin, très loin des 50% de recyclage…


+1. Et désolé de plomber la semaine mais sur un des derniers articles scientifique lu, on a atteint le point de non retour pour le plastique dans les océans.



Et en plus il faudrait vraiment une grosse volonté politique pour interdire les plastiques que l’on ne peux pas recycler.



danarmk a dit:


oui des réacteurs à neutrons rapides pourraient recycler les produits de fission (conditionnel car on n’a pas encore dépassé le stade du prototype), et si je considère l’abandon de la recherche sur ces réacteurs comme stupide, ça n’a pas non plus fait du mal au climat. L’électricité française à toujours une faible intensité carbone, et elle reste climato-compatible. Superphénix ou pas. Même sans Fessenheim, elle le reste.




Tant que l’électricité européenne n’est pas entièrement décarbonée, chaque fermeture de centrale nucléaire en France ou ailleurs en Europe aggrave le réchauffement climatique en augmentant les émissions de CO2. (Non, la baisse du nucléaire ne peut pas être compensée par des énergies renouvelables, car celles-ci sont prioritaires sur le réseau, donc quand une centrale nucléaire fournit de l’électricité c’est qu’il n’y a pas assez de renouvelable à ce moment là.)



De plus, la France a besoin d’augmenter sa production d’électricité pour pouvoir décarboner tout ce qui utilise actuellement des énergies fossiles (transports, chauffage, etc.), donc fermer des centrales nucléaires freine la décarbonation du reste de l’économie.




danarmk a dit:


Rappelons au passage qu’au niveau global, l’utilisation massive de nucléaire pour limiter le changement climatique n’est pas nécessaire.




Peut-être, mais continuer à exploiter les centrales nucléaires qui sont déjà construites et toujours en bon état est une nécessité, car on ne peut pas les remplacer par des renouvelables à court terme.


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