23 personnes, dont 7 ministres en exercice, identifiées comme « victimes » de Pegasus
Le 17 mai 2023 à 05h12
3 min
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Le nom de Florence Parly, ministre des armées sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron entre 2017 et 2022, apparaît dans un « avis à victimes » daté du 11 mai et rédigé par le juge d’instruction chargé du dossier Pegasus au sein du tribunal judiciaire de Paris que Mediapart a pu consulter :
« Cela porte désormais à sept le nombre des ministres français qui ont été espionnés par le matériel vendu par la société israélienne NSO, selon les constatations de deux services français, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) et la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure). »
Auraient donc également été espionnés par Pegasus Jean-Michel Blanquer (éducation nationale), François de Rugy (transition écologique), Jacqueline Gourault (cohésion des territoires), Julien Denormandie (agriculture), Emmanuelle Wargon (logement) et Sébastien Lecornu (outre-mer), qui a depuis succédé à Florence Parly à l’Hôtel de Brienne.
Or, suite aux révélations du Pegasus Project sur les « 50 000 cibles potentielles » de Pegasus (dont « un millier en France »), seul François de Rugy, qui avait entre temps démissionné, avait accepté de voir son téléphone expertisé par Amnesty, les autres ministres étant encore en exercice.
L'ONG y avait bien trouvé un iMessage reçu du compte GMail « bergers.o79 », associé aux services de renseignement marocain, qui aurait tenté, par deux fois, d'infecter son téléphone, mais sans y parvenir.
« Au total, 23 personnes ont été répertoriées par la justice française comme victimes de Pegasus », écrit Mediapart, dont l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg (dont le téléphone, expertisé par la police, avait révélé des traces d'infection) et l’ex-député Cédric Villani, plusieurs journalistes marocains, ainsi qu'Edwy Plenel et Lénaïg Bredoux, de Mediapart.
La question reste donc de savoir si l'ANSSI et/ou la DGSI auraient, contrairement à Amnesty, trouvé des preuves que le téléphone de François de Rugy aurait bel et bien été infecté, ou bien si la Justice aurait décidé de comptabiliser comme « victime » des personnes ayant fait l'objet de tentatives d'infection, sans qu'elles aient forcément été couronnées de succès, ou encore parce qu'elles auraient porté plainte, comme l'avaient fait François de Rugy et Cédric Villani.
Reste que le nom de Florence Parly ne figurait pas dans la liste initiale des 15 ministres dont les numéros étaient dans la liste des « 50 000 cibles potentielles » du projet Pegasus, et que plusieurs autres ministres, dont Edouard Philippe (alors Premier ministre), Gérald Darmanin (budget), Bruno Lemaire (économie), Nicole Belloubet (justice) ou Christophe Castaner (intérieur), ne figurent pas dans la liste des « victimes » consultées par Mediapart, alors que leurs portefeuilles constituaient pourtant des cibles a priori autrement intéressantes que ceux des ministères de l’Éducation nationale, de la transition écologique, de la cohésion des territoires, de l’agriculture, du logement ou des Outre-mer.
Le 17 mai 2023 à 05h12
Commentaires (29)
Le 17/05/2023 à 07h19
La question est de savoir le commanditaire.
Le 17/05/2023 à 07h34
On soupçonne fortement le Maroc.
Le 17/05/2023 à 07h38
Source ?
Le 17/05/2023 à 07h58
Le 17/05/2023 à 08h11
Au hasard… la news.
Le 17/05/2023 à 10h24
OK, pour moi le fait était qu’ils n’avaient pas réussi. Je n’ai pas extrapolé.
Merci.
Le 17/05/2023 à 07h46
Je me demande juste pourquoi il n’est pas tout simplement pas encore strictement interdit à un président ou ministre en exercice de porter/utiliser un smartphone. La question avait commencé à se poser avec Obama-Blakberry-Junkie, c’est donc pas nouveau, au pays même des champions de la discipline et qui tiens les 2 principaux OS mobiles actuels.
Tant qu’on y est, on ajoute les micros connectés d’Amazon ou Google à la maison… Je pense qu’on serait surpris par le nb de décideurs politiques/industriels espionnés 24⁄7 par toutes ces petites saloperies qui rendent un peu désuet le travail des barbouzes option “plomberie”.
Le 17/05/2023 à 10h45
Il me semble que le modèle de téléphone sécurisé qui leur ait fourni en France est très très vieux et comme on a toujours du retard à l’allumage, est ce qu’au moins s’est prévu de le remplacer par un truc décent.
Le 17/05/2023 à 07h59
#suppr (doublon sur erreur envoi formulaire)
Le 17/05/2023 à 08h58
Je ne comprends pas : ils ont tenté sans succès d’infecter le téléphone de François de Rugy, et pourtant il apparaît dans la liste des victimes. Du coup, pour les autres victimes, ils ont été espionnés pour de vrai ou ce sont juste des tentatives infructueuses ?
Le 17/05/2023 à 09h24
C’est écrit dans la news
“La question reste donc de savoir si l’ANSSI et/ou la DGSI auraient, contrairement à Amnesty, trouvé des preuves que le téléphone de François de Rugy aurait bel et bien été infecté, ou bien si la Justice aurait décidé de comptabiliser comme « victime » des personnes ayant fait l’objet de tentatives d’infection, sans qu’elles aient forcément été couronnées de succès, ou encore parce qu’elles auraient porté plainte, comme l’avaient fait François de Rugy et Cédric Villani. “
Le 17/05/2023 à 14h42
Je pense que l’analogie est la suivante :
Ce n’est pas parceque vous n’avez pas été volée que vous ne pouvez pas être victime d’une tentative de vol”.
Le 18/05/2023 à 16h37
l’intention on s’en bat les steaks. Heuruesement. En dix secondes tu peux avoir les idées les plus noires du monde et retrouver tes émotions très rapidement.
Ex, en écrivant cette phrase je pense un instant à fracasser quelqu’un, à des violences etc. Puis je sursaute, je reprends mes esprits, j’éteins l’écran et reprends une activité normale.
ex2 :
j’ai du penser dix sept fois à cambrioler mon voisin. J’en avais l’intention, mais comme la météo passait à la télé et que c’était pluvieux, j’ai préféré abdiquer plutot que me prendre des averses. L’intention, c’est uniquement une pensée. Il faut bien séparer l’intention de la préparation. Si tu es dans les faits, c’est que l’action est au dela de la préparation, elle a lieu.
En sortant de chez moi je n’avais plus envie de cambrioler mon voisin : un chat m’a eu par l’émotion de ses yeux doux, un chien méchant m’en a dissuadé, etc.
“l’intention”, c’est juste penser.
maintenant si tu veux intégrer l’intention à la loi, sois sur d’une chose: dans chaque manif t’auras des intentions assez émotionnelles et peu recommandables, alors au moindre écart de langage t’auras une gàv. J’ai vu des manifestantes menacer de mort des policiers, à à peine 50m d’eux. Est ce qu’elles ont fini en taule pour autant? Non, car tout n’était qu’intention, pensée, zéro préparation/courage/action, et tant mieux.
le juor où l’intention est verbalisé dans la loi, la présomption d’innocence ne sera plus qu’une légende urbaine.
ici l’intention de pirater est un abus de langage sur la préparation : avez vous déjà vu une condamnation pour tentative de piratage, sur un piratage qui n’a pas abouti, qui a eu zéro impact sur un système visé?
Non, parce qu’au pire s’il y a des tentatives qui échouent, un doigt est pointé et ca s’arrete là. C’est comme un cambriolage qui échoue : aucune preuve, donc aucun intéret d’aller au dela ils ont pas pu entrer dans le batiment.
Reste que tenter de pirater un téléphone, et pirater/s’introduire dans l’appareil à distance, t’as un fossé as-tro-no-mique entre les deux, qui justifie largement à mon sens de ne pas poursuivre l’auteur, tout simplement parce que l’utilisateur ne va jamais s’en rendre compte : n’oubliez pas que dans les années 90 et 2000, un piratage laissait des traces, pouvant tout détruire sur son passage!
Le 17/05/2023 à 09h18
On rappellera d’ailleurs cet ex-ministre, candidat à la Mairie de Paris qui s’est retiré de l’élection pour avoir envoyé une sex-tape à quelqu’un de pas sûr par un canal troué alors qu’il était ministre !
Le 17/05/2023 à 09h28
On parle bien de victime de tentative de meurtre. Le fait qu’une action délétère ai échouée ne retire en rien au statu de la personne concernée de victime.
Le 17/05/2023 à 09h31
La news dit surtout qu’on ne sait pas.
Le 17/05/2023 à 10h25
Je plussois, mais les soupçons sont quand même légitimes.
Le 17/05/2023 à 11h26
Sans être très à cheval car je fais aussi qq fautes, cela pique ici quand même un peu les yeux…
Pour le reste, il sera difficile pour ce type de produit de dépasser les capacités d’un ancien “feature phone” comme on les appelait et pour un président et des ministères régaliens cela devrait être la condition sin-equa-non pour le job. Tout autre choix est juste irresponsable.
Ensuite, pour des ministères moins importants et députés/sénateurs, adopter par exemple les pratiques des grosses boites du privé prudentes: Des Android à la configuration largement élaguée avec un applicatif chiffrant de bout en bout com/messages et l’impossibilité d’y coller des apk tiers du store ou d’ailleurs. Ça n’évite pas tout face à un Google-OS niveau mouchardage/suivi mais permets quand même de fermer pas mal de portes et combiné à d’autres mesures existantes plus ciblées dans le temps/localisation (conseil des ministres…) ce serait déjà un beau progrès sans se mettre totalement à l’écart de ce dernier.
Le 17/05/2023 à 12h45
Pourquoi est-ce que “victime” est entre guillemets ?
Le 17/05/2023 à 12h53
Parce que c’est une citation du terme employé par Mediapart, je suppose.
Mais je suis d’accord que c’est inapproprié.
Le 17/05/2023 à 13h23
le terme est entre guillemets parce que, outre l’ « avis à victimes » mentionné par Mediapart, la question reste donc de savoir pourquoi certaines d’entre elles auraient acquis ce statut alors qu’à ce stade, nous ne disposons pas d’informations quant au fait que leurs téléphones auraient été compromis d’une part (ou si, comme pour MM de Rugy et Villani, parce qu’ils auraient porté plainte), d’autre part parce qu’on ne sait pas non plus pourquoi de nombreux autres ministres dont les n° figuraient dans la liste ne figureraient pas dans cet « avis à victimes ».
Le 17/05/2023 à 13h01
Le 17/05/2023 à 16h41
Merde, j’ai pas été choqué par le “Il me semble que …”
Qu’est ce qui ne va pas ? (Vraie question, aucun troll de ma part)
Le 17/05/2023 à 16h49
C’est plus loin le problème : qui leur
aitest fourniLe 17/05/2023 à 18h39
Ah merde. J’suis un gland. J’me suis focalisé sur le bout de citation
Thanks !
Le 17/05/2023 à 17h15
Pour ce que font nos ministres je ne suis pas inquiet… (!)
…par contre je suis inquiet par la puissance de Pegasus
Le 17/05/2023 à 22h56
Ca sert à quoi que “Thales il se décarcasse” (pour les plus vieux d’entre nous) avec son Teorem, que Sarkozy avait en horreur, le Teorem, pas Thales.
“user friendly” n’était absolument pas une caractéristique majeure de ce téléphone, une nouvelle version en 2016 a bien essayé de corriger -un peu- le tir (tir - Thales - radar - missile… ok oui c’est nul je sors ) mais bon, on reste sur du produit franco-français .
Après, entre Obama accro à son BlackBerry et Trump à twitté jour et nuit non stop sur son iPhone… jusqu’à son bannissement (Trump, pas l’iPhone ) , faut pas s’étonner ensuite.
Le 18/05/2023 à 16h45
yen a qui sont vraiment pas à la page, le nouveau samsung/ercom/suneris du président a été longuement balayé ici :
https://lafibre.info/4g/questions-53761/msg1010124/#msg1010124
ca fait longtemps que le teorem (popularisé par l’affaire benalla) a été mis au placard.. c’est samsung à tous les étages, et d’autes appareils sécurisés hors de portée du grand public bien entendu
Le 18/05/2023 à 17h25
Le Maroc ? Mais les liens de la monarchie avec les USA et Israël sont de notoriété publique depuis au moins l’affaire Ben Barka. Si le Maroc est intervenu, c’est vraisemblablement pour autrui et comme coupe-circuit.
Par contre, j’avoue ne pas comprendre en quoi tel ou tel des ministres cités - presque tous - peut constituer une cible intéressante. Même en admettant qu’il s’agit de surprendre les échanges avec d’autres membres du gouvernement. C’était pour tester la technologie ? Ou toute cette histoire sert juste à amuser la galerie.