Toshiba signe la vente de sa branche mémoire, Western Digital précise ses menaces
Salty tears, best tears
Le 29 septembre 2017 à 07h30
6 min
Économie
Économie
Toshiba a apporté la dernière signature aux documents attestant de la vente de sa filiale de fabrication de puces mémoire au consortium Pangea, l'occasion de voir plus en détail le montage retenu. Pendant ce temps, Western Digital continue de montrer les crocs.
N'en déplaise à Western Digital, qui n'a cessé de contester la transaction, la branche mémoire de Toshiba connait son nouveau propriétaire, et espère que l'affaire sera définitivement conclue d'ici quelques mois, même si Western Digital entend bien perturber le processus.
Le conglomérat nippon a signé cette nuit les papiers nécessaires à la vente, tout en dévoilant plus en détail comment l'opération a été montée... avec quelques surprises à la clé.
Des investisseurs à moitié bienvenus
Les 2 000 milliards de yens injectés par Pangea proviennent d'horizons variés, selon la répartition suivante :
Le principal investisseur de Pangea n'est autre que SK Hynix, un concurrent de Toshiba Memory Corporation (TMC) sur la fabrication de puces NAND. Malgré l'importance de sa mise (395 milliards de yens, soit 3 milliards d'euros) l'entreprise n'aura pas accès à l'ensemble des données « sensibles » de TMC, ce afin de ne pas lui offrir d'avantage concurrentiel. De plus, SK Hynix ne pourra disposer de plus de 15 % des droits de vote au sein de Pangea ou de TMC pour une période de 10 ans.
Les investisseurs américains, à savoir Apple, Dell Kingston et Seagate, ne peuvent quant à eux acquérir aucune action ordinaire ni droit de vote, ce malgré leur mise de 415,5 milliards de yens (3,1 milliards d'euros), dont 1,25 milliard de dollars amené par Seagate.
Une mesure drastique qui mène à se demander quels avantages ces entreprises peuvent tirer d'un tel échange. L'une des pistes à envisager serait celle de conditions d'approvisionnement privilégiées pour les puces NAND, dont la disponibilité devient de plus en plus tendue au fil des mois.
Toshiba : tout bénef
Du côté de Toshiba, l'opération est plus que fructueuse. En réinjectant 350,5 milliards de yens (2,6 milliards d'euros) dans l'entreprise, aux côtés de Hoya Corporation qui ajoute 27 milliards de yens (200 millions d'euros), les deux groupes japonais obtiennent plus de la moitié du capital et des droits de vote de Pangea.
Les 812 milliards de yens manquants pour arriver à 2 000 milliards sont quant à eux apportés à hauteur de 212 milliards de yens (1,6 milliard d'euros) par le fonds Bain Capital, qui croque une bonne fraction des parts du consortium au passage, et par un emprunt de 600 milliards de yens (4,5 milliards d'euros).
Selon Toshiba, l'opération devrait être finalisée d'ici mars 2018. Bain Capital de son côté estime que TMC devra être introduit en bourse d'ici 2020, mais que la fenêtre de tir pourrait changer drastiquement en fonction des conditions du marché et des résultats de l'entreprise. En clair, aucune décision n'est encore clairement prise à ce stade.
Western Digital ne lâche rien
Cette date de 2018 n'est envisageable que si les différends opposant Toshiba à Western Digital sont rapidement résolus. Or, les deux entreprises sont encore très loin d'avoir trouvé un terrain d'entente, et leurs échanges par communiqués de presse interposés sont plutôt corrosifs.
Dans un document publié le 26 septembre, le fabricant de disques durs refait le point sur les trois procédures d'arbitrage lancées devant la Chambre de commerce internationale (ICC).
La première lancée en mai dernier doit déterminer si Toshiba avait la possibilité de vendre ses co-entreprises fondées avec SanDisk sans obtenir le consentement explicite de ce dernier. Western Digital, propriétaire de SanDisk affirme que ce n'est pas le cas, tandis que Toshiba estime que WD surinterprète ses droits.
La seconde remonte au mois de juillet. Cette fois-ci WD reproche à son ex partenaire d'avoir bloqué à ses employés l'accès à des bases de données et à des réseaux que les deux entreprises emploient dans le cadre de leurs co-entreprises. Toshiba fait valoir de son côté que « WD a obtenu improprement des secrets commerciaux de Toshiba et de TMC, en transférant des employés de SanDisk chez WD qui avaient accès à des informations confidentielles » et réclame 1,1 milliard de dollars de dommages pour concurrence déloyale.
La dernière a été amorcée la semaine dernière et concerne de récents investissements de Toshiba dans une usine de NAND, liée à une co-entreprise avec Western Digital. Le fabricant nippon avait décidé en août dernier d'investir unilatéralement près de 1,5 milliard d'euros pour moderniser une usine, mais sans fournir la moindre capacité de production à son partenaire.
Le fabricant de disques durs se considère comme contractuellement prioritaire pour tout investissement dans une co-entreprise, ce que Toshiba nie farouchement : « Nous sommes consternés par l'exagération que fait Western Digital des droits de SanDisk. Malgré ses revendications du contraire, Western Digital ne possède aucun "droit" légal de participer à cette phase d'investissement ».
On s'était dit rendez-vous dans 2 ans
Pourquoi Western Digital rappelle toutes ces procédures ? Tout simplement parce que leur agenda ne va pas seulement s'étaler sur quelques mois, mais sur au moins 2 ans pour chacune d'elles. Certes, dès début 2018 SanDisk pourrait déjà réclamer des dommages partiels à Toshiba, mais la procédure ne s'arrêterait pas là. Les deux parties devront rendre leur argumentaire au tribunal arbitral, qui l'étudiera ensuite, une phase particulièrement longue dont la durée se mesure en semestres. Et cela sans même parler d'éventuelles procédures en appel.
En clair, le fabricant de disques durs rappelle à son ex partenaire qu'il devra quoi qu'il arrive trouver un accord avec lui avant de pouvoir sceller définitivement la vente de TMC, et il n'a visiblement pas l'intention de faire preuve de tendresse pendant les négociations à venir.
« Il est plus que jamais temps pour Toshiba de suivre la bonne voie, une voie qui promet la clarté et la certitude. Pour l'instant, Toshiba a choisi de suivre un chemin qui met en péril nos 17 ans de partenariats et nos nombreux investissements dans nos co-entreprises. Sans oublier qu'il augmente substantiellement les risques pour les actionnaires de Toshiba et l'entreprise elle-même », conclut Western Digital, qui à défaut d'obtenir gain de cause, pourrait se reconvertir dans l'extraction de sel.
Toshiba signe la vente de sa branche mémoire, Western Digital précise ses menaces
-
Des investisseurs à moitié bienvenus
-
Toshiba : tout bénef
-
Western Digital ne lâche rien
-
On s'était dit rendez-vous dans 2 ans
Commentaires (21)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 29/09/2017 à 09h25
Petit cours de rattrapage " />
Le 29/09/2017 à 09h35
Le 29/09/2017 à 09h49
Le 29/09/2017 à 10h30
J’adore le sous-titre. Un peu d’anglais ne fait pas de mal de temps en temps.😀
Sinon, j’aime bien ce genre d’article. On dirait feuilleton que l’on peut suivre chaque semaine. Et cela semble parti pour durer…
Le 29/09/2017 à 11h50
je croyais que c’était lié aux larmes de crocodiles …. lol
edit : je n’avais pas fait attention au sous titre pour une fois " />
Le 29/09/2017 à 12h25
ne jamais faire de co-truc, ça part toujours en vrille " />
Le 29/09/2017 à 12h36
J’ai raté le truquage de comptes… Mais vu la quantité de sociétés qu’on choppe avec des irrégularités dans leurs comptes, ça dépend vraiment de la nature du truquage de comptes.
Le 29/09/2017 à 12h40
Pas de souci pour les doublons, ça arrive aux meilleurs " />
Le 29/09/2017 à 12h46
Wow OK, t’es allé la chercher loin celle-là, non ? Jamais entendu parler de ce meme.
Le 29/09/2017 à 13h12
Le 29/09/2017 à 13h14
Le 29/09/2017 à 13h48
J’espère que Toshiba perdra très très gros même si c’est dans 2, 5 ou 10 ans. Ils sont en train d’ent tout le monde en ne respectant pas leurs engagements. C’est juste un vol manifeste.
Le 29/09/2017 à 14h11
alors, “entuber”, en matière de langage ordurier, c’est le niveau maternel. Pas besoin de le " />
Le 01/10/2017 à 08h14
Le 02/10/2017 à 14h45
c’est quand vachement spécifique a la langue anglaise/américaine.
Le 29/09/2017 à 07h45
Sauf que Toshiba a besoin de cash. Ils ont compris que la négociation avec WD allait être longue. Ils préfèrent engranger de la trésorerie et “A bientôt en 2020 pour les procès”.
C’est peut-être un moyen intelligent de faire monter les enchères coté Toshiba.
Pop-corn
Le 29/09/2017 à 08h30
Impressionnant comment, en montrant sa mauvaise gestion, Toshiba arrive en ne réinjectant presque rien, à conserver la majorité des droits de vote.
Je ne suis pas expert en investissement, mais les mauvais gestionnaires, il ne faut pas les dégager normalement ?
J’imagine qu’il y a des soucis de respect de la concurrence, le gouvernement japonais à la manette dérrière etc, mais quand même, c’était pas Toshiba qui avait truqué ses comptes ?
Le 29/09/2017 à 08h48
Ils ne sont pas mauvais gestionnaires sur la partie qu’ils vendent.
C’est plus une suite de tendances qu’ils n’ont pas vu accélérées par l’accident de Fukushima qui fait qu’au niveau nucléaire, ils ont des pertes à absorber. Et tout ça sans vraiment de réelle mauvaise gestion.
Enfin, si j’ai bien compris.
Le 29/09/2017 à 08h59
En tout cas, j’espère que WD gagnera la partie (des procès) parce que là c’est vraiment de la mauvaise fois du côté de Toshiba…
Le 29/09/2017 à 09h08
J’ai pas compris l’histoire de l’extraction de sel…
Le 29/09/2017 à 09h18