Pour Gilles Garnier (Harmonie Technologie), le respect du RGPD passera par de premières sanctions
Mais pas seulement
Le 30 janvier 2018 à 13h06
7 min
Droit
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Lors du Forum international sur la cybersécurité organisé à Lille, Gilles Garnier, directeur de la Practice Protection des données chez Harmonie Technologie, une société de conseil, a bien voulu répondre à nos questions sur le Règlement général sur la protection des données. Un texte en vigueur dès le 25 mai 2018 dans toute l’Union européenne.
C’est dans un peu plus de trois mois que le futur règlement sur les données personnelles s’encastrera dans chacune des législations européennes. En France, Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL, nous a assuré qu’ « il n’y aura pas un couperet le 25 mai 2018 ».
À l’égard des PME, l’autorité opte pour une stratégie d’accompagnement dans la mise en conformité. En ce sens, une trousse à outils sera bientôt disponible à leur destination.
En attendant, sur le marché commercial, difficile de faire un tri dans la jungle des offres proposées par les différents prestataires. L’avènement de ce règlement est une opportunité, mais également un nid à potentiels abus. Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons échangé avec Gilles Garnier lors du FIC à Lille, la semaine dernière. Celui-ci est spécialiste de la protection des données chez Harmonie Technologie, une société de conseil installée à Paris.
À quelques mois de l'échéance, on assiste à une profusion d’offres de conseils sur le RGPD. Comment fait-on pour se démarquer dans ce magma ?
Déjà à travers de manifestations comme le FIC et de rencontres avec des gens justement à la recherche d’acteurs dignes de confiance. Lors des Assises de la cybersécurité à Monaco, des personnes sont venues nous voir pour tester la crédibilité d’une liste d’acteurs qui prétendent « faire » du RGPD.
Sur cette base, ils tentent de faire un tri, entre ceux avec qui ils sont susceptibles de travailler et ceux qui ne développent que des arguments commerciaux. Se démarquer, c’est donc à travers les différents contacts, des retours d’expérience des clients – qui se parlent beaucoup entre eux. Pour notre part, dans une proche pragmatique, nous avons intégré des juristes, spécialisés sur la protection des données à caractère personnel avec un passé de correspondant Informatique et Libertés.
Il y a deux ans aux Assises, nombreuses entreprises avaient une approche attentiste sur le RGPD, scrutant les premières sanctions à venir...
Aujourd’hui globalement, il y a bien une attitude de relâchement, loin de l’effervescence constatée lors de la publication du RGPD. Beaucoup d’entreprises ont depuis réalisé l’ampleur d’un chantier complexe, long et coûteux.
Certaines, ayant un intérêt particulier et traitant des données sensibles en nombre, ont continué de manière sérieuse pour être désormais quasi prêtes. Et puis il y a celles pour lesquelles cette pression est retombée.
On se retrouve donc dans la même problématique qu’il y a quelques années. Une partie de la crédibilité de ce règlement passera aussi par les sanctions infligées par les autorités dans les mois à venir. Si ces amendes sont au niveau de celles pratiquées dans le domaine de la concurrence, cela redonnera nécessairement un coup de fouet.
En somme, une pédagogie par la sanction…
Oui, mais on voit aussi des évolutions dans les mentalités sur les aspects positifs du RGPD. Un exemple simple : des entreprises s’interrogent sur la question technique du consentement, comment le recueillir, le stocker, le présenter, etc. Il y a quelques jours une grosse mutuelle nous a consultés sur le sujet : comment donner envie à une personne que l’on traite ses données ?
Elle est toujours en phase de recherche essayant d’inventer des incitations. Si à la fin le client ne clique pas sur « oui, je consens », probablement elle se dit qu’il ira voir ce qui se passe chez le concurrent.
L’idée est de vraiment donner envie à la personne d’aller plus loin dans cette relation, un cheminement qui passe par une information explicite, claire qui paraît honnête par rapport à ce que l’entreprise fait des données collectées, en passant, pourquoi pas, par une action de fidélisation. La vraie approche consiste à se démarquer sur des problématiques qui peuvent sembler intrusives, de prendre un autre chemin du risque, de cette sanction financière, réputationelle ou juridique.
N’est-ce pas une mission difficile si ce n’est impossible ?
Peut-être que cette démarche passera aussi, pourquoi pas, par des certifications, des homologations qui auront un sens, qui véritablement apportent la garantie à l’utilisateur du respect d’un certain nombre de points, valorisant un savoir-faire, une expertise de l’entreprise pour garantir la déontologie ou le respect des utilisateurs.
Ce mur du consentement n’est pas le seul point dur du RGPD…
Non, il y a surtout la transformation opérationnelle des exigences réglementaires. Sur les aspects organisationnels, la mise en œuvre d’une gouvernance sur la protection des données, le corpus documentaire, les processus sur le droit d’accès, tout cela représente des choses relativement simples.
Ce qui est difficile est d’arriver surtout à analyser le risque potentiel que peut avoir une fuite de données et anticiper les mesures de sécurité adaptées, que ce soient en termes de chiffrement, « d'obfuscation », d’anonymisation, etc.
Beaucoup d’entreprises sont coincées à ce stade-là. Elles ont bien préparé un état des lieux, une documentation en cas de contrôle de la CNIL, un plan d’action, elles ont matérialisé des processus, documents à l’appui, etc. Elles sont désormais en phase de mise en œuvre opérationnelle de cette conformité, avec des proof of concept visant des produits et sécurité, mais le grand saut a du mal à se faire...
Et puis, il y a surtout la question du coût.
Ce coût est disproportionné pour les structures de type PME ou start-up. Des tailles ridiculeusement petites, des moyens à la hauteur de leur taille, mais des enjeux énormes en termes de traitement de données à caractère personnel. Nous leur conseillons de passer par des prestataires techniques dans lesquels elles peuvent avoir confiance.
La CNIL va peut-être avoir une approche réaliste et viser d’abord l’éléphant plutôt que la mouche, non ?
Certes, mais d’un point de vue purement client ou consommateur, quelle que soit la taille de la société, j’attends que mes données soient protégées. De plus en plus des petites sociétés viennent nous voir, alors que nos clients historiques sont plutôt dans le CAC 40.
Elles aimeraient un minimum de conseils pour augmenter le niveau de sécurité. J’en vois certaines traiter des centaines de millions de données, certaines très sensibles au-delà des nom, prénom, email, qui se sont développées dans le temps sans mettre d’autres moyens qu’un serveur sans redondance.
Je leur dis que cela ne leur coûterait pas beaucoup plus cher de faire héberger ces informations chez un acteur de confiance, de trouver un juste équilibre entre le coût d’une mise en œuvre sur leur propre système et celui d’un déport. On leur propose généralement de déléguer certaines fonctions de type RSSI à des sociétés comme la nôtre - ou qui ils veulent - puisqu’ils ont des comptes à rendre aussi auprès de partenaires.
Merci Gilles Garnier.
Pour Gilles Garnier (Harmonie Technologie), le respect du RGPD passera par de premières sanctions
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À quelques mois de l'échéance, on assiste à une profusion d’offres de conseils sur le RGPD. Comment fait-on pour se démarquer dans ce magma ?
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Il y a deux ans aux Assises, nombreuses entreprises avaient une approche attentiste sur le RGPD, scrutant les premières sanctions à venir...
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En somme, une pédagogie par la sanction…
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N’est-ce pas une mission difficile si ce n’est impossible ?
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Ce mur du consentement n’est pas le seul point dur du RGPD…
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Et puis, il y a surtout la question du coût.
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La CNIL va peut-être avoir une approche réaliste et viser d’abord l’éléphant plutôt que la mouche, non ?
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 01/02/2018 à 13h16
c’est exactement ça !!!! " />
“ça fait plaisir”……de savoir qu’il y-en a qui suive (tt.-au-fond de la classe) !
Le 01/02/2018 à 13h20
très juste aussi ! " />
Le 01/02/2018 à 13h41
Le 01/02/2018 à 13h46
(pour OlivierJ. )
ont une signification * !
* à moins…que toi….tu t’exprimes d’une voix monocorde ?
Le 01/02/2018 à 13h47
" />
Le 01/02/2018 à 13h47
Le 01/02/2018 à 13h50
je retire…ok ?
Le 01/02/2018 à 13h56
Le 01/02/2018 à 13h59
ok !
Le 30/01/2018 à 14h24
… pour tester la crédibilité d’une liste d’acteurs qui prétendent « faire » du RGPD.
je suis, globalement, d’accord avec lui
SI la CNIL veut être crédible (et respecté), il faudra en passer par sanctions financières !
((et pas du genre : “c’est bon….pour cette fois ce ne sera QU’UN avertissement verbale” ) " />
Le 30/01/2018 à 15h18
Ah vous avez besoin de nos conseils sinon ça sera des sanctions “vigoureuses” sur le coin de la gueule et en plus ça va vous couter une blinde vous les structures “ridiculeusement petites”, merci pour elles ^^
Tout l’inverse du discours de la CNIL.
Que ces acteurs continuent ainsi, à la faveur d’un politique en mal d’amour auprès de son électorat la RGPD sera sabrée en petits morceaux, comme c’est dans les cartons s’agissant des normes handicapés.
On est pile-poil dans ce que nous dénoncions quelques news précédentes. Continuez a faire peur et toute la RGPD s’effondrera…
Le 30/01/2018 à 15h23
Le 30/01/2018 à 16h15
Beaucoup d’entreprises ont depuis réalisé l’ampleur d’un chantier complexe, long et coûteux.
Peut-être parce qu’il y a eu plusieurs années où le traitement des données était en mode YOLO ?
Le 30/01/2018 à 16h39
Le 30/01/2018 à 18h06
Tu me fais sourire avec tes commentaires, à la mise en forme et ponctuation un peu fantaisistes, en utilisant les styles à loisir (italique, gras, souligné) " />
Heureusement qu’on n’a pas la possibilité de jouer avec les couleurs de police et de surlignement, on aurait mal aux yeux avec tes commentaires " />
(mes 2 centimes juste pour sourire)
Le 30/01/2018 à 18h46
Sans doute un multi de JVachez…
Le 30/01/2018 à 19h50
Le 30/01/2018 à 20h08
Le 31/01/2018 à 08h16
j”ai, DÉJÀ, expliqué “pourquoi je faisais cela”, mais apparemment
“tu as oublié de me lire”, et j’ai pas envie de me répéter, tant pis pour toi
tu devras supporter “mes fantaisies”* !
* comme tu dis
Le 01/02/2018 à 10h12
Le 01/02/2018 à 10h19
…. ça me fait penser à la série Shogun quand Richard Chamberlain parlait japonnais, il ne suffisait pas de dire le texte l’intonation mis sur le mot pouvait totalement dire autre chose " />