L’Aful et l’Adullact appellent la ministre de la Culture à soutenir le libre
Agenda chargé
Le 15 mars 2018 à 09h10
5 min
Droit
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L’Adullact et l’Aful, deux associations de promotion du logiciel libre, viennent d’adresser une lettre ouverte à la ministre de la Culture pour « alerter les pouvoirs publics sur la place de la création libre dans l'écosystème national, au regard des futures dispositions législatives françaises et européennes. »
Le courrier, signé de Franck Macrez (Aful) et Frédéric Duflot (Adullact), par ailleurs représentants au sein du CSPLA, sont pour le moins agacés de voir les « défiances » qui s’abattent sur l’univers du logiciel libre.
Sous leur plume, ils épinglent « les missions du conseil supérieur de la propriété intellectuelle et artistique ou les articles juridiques qui cherchent à mesurer l’impact du libre sur le droit d’auteur ou la création ». À bien y regarder, l’approche revient à chaque fois à jauger les effets du libre sur « les équilibres économiques et les industries culturelles déjà en place ». Dit autrement, ces licences sont considérées davantage comme des menaces contre les situations acquises plutôt que comme des opportunités.
Or, la lettre des associations rappelle le récent rapport annuel de la Cour des comptes, où celle-ci a dressé au contraire un « lien évident entre protection de la souveraineté nationale et l’utilisation de logiciels libres ».
L’autorité note en particulier que le recours aux logiciels libres « permet à leur utilisateur de s’assurer des actions réalisées par le logiciel, de se protéger contre les fonctions indésirables et éventuellement de le modifier en fonction des usages identifiés. À l’inverse, les solutions propriétaires ne permettent pas aux usagers de connaître l’ensemble des actions d’un logiciel ; ils sont distribués sans le code source, qui reste le secret de l’éditeur » (page 152 du document).
La création libre by design
Pour les deux auteurs, en conséquence, la création libre « est devenue une réalité pérenne, stratégique pour la France face aux grands éditeurs de logiciels et de plateformes qui modèlent aujourd’hui l’espace numérique. Elle n’est plus une nouveauté dont il conviendrait de vérifier la comptabilité avec le droit positif, qu’on observerait à distance ».
Selon eux, il devient donc essentiel aujourd’hui de dépasser ces positions, et faire en sorte que les textes en gestation prennent en compte « la création libre by design et que le ministre de la Culture, ministère de toutes les cultures (…), marque sa confiance et assure la promotion de cette création et des communs ».
Ils plaident pour que la Rue de Valois se lance dans un véritable « plan de soutien » en faveur du libre, par exemple « en désignant une commission chargée d’étudier les modes de gouvernance et de valorisation alternatifs à l’exploitation des œuvres à travers la monétarisation du droit exclusif ».
Derrière ces propos, les signataires demandent qu’une commission chargée du libre soit instituée au CSPLA pour éplucher les différentes facettes de cet univers. L’avantage d’une commission, nous explique-t-on, est qu’elle engagerait le conseil dans son entier, contrairement à une mission qui ne concerne que ses auteurs.
Le libre, un peu trop oublié dans la réforme européenne
Pour l’heure, ce plébiscite a des difficultés à s’enraciner dans les esprits. En témoigne cette question parlementaire posée par Sabine Rubin où la députée FI prend le cas de l’article 13 du projet de réforme de la directive sur le droit d'auteur en gestation au sein des institutions européennes.
La disposition oblige les plateformes à s’engager dans une logique de filtrage des contenus. Or, écrit la députée, « un certain nombre d'associations spécialisées dans la question du logiciel libre et des libertés informatiques s'inquiètent de l'impact qu'une telle mesure aurait pour les forges logicielles ; plateformes hébergeant des contenus, les codes sources, soumis au droit d'auteur et mis en ligne par les utilisateurs ».
Inquiétudes ? « Les développeurs, auteurs des codes sources, publient leurs œuvres sous licence dite « libre » sur des plateformes d'hébergement, les forges logicielles, afin d'en permettre la libre circulation et la libre modification ».
Un mécanisme de filtrage, considère la parlementaire, « s'opposerait donc à la volonté de celles et ceux dont le droit d'auteur est censé être protégé, tout en portant le risque de sérieusement limiter l'innovation et la réactivité des projets de logiciels libres ».
Pire, ce mécanisme constituerait de facto un frein aux mises à jour. « Or il y a un principe indiscutable en sécurité informatique : plus un logiciel est mis à jour, plus une communauté de développeurs est réactive, plus ledit logiciel est sûr. Tout frein au développement des logiciels libres est donc un frein à la sécurité globale des systèmes informatiques ».
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La création libre by design
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Le libre, un peu trop oublié dans la réforme européenne
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 15/03/2018 à 11h59
Je ne sais pas si l’Aful et l’Adullact sont au courant, mais la souveraineté de l’armée française a été vendue à l’OTAN via microsoft Irlande en 2009, via 3 contrats OpenBar successifs. L’EN a été vendue à microsoft via le partenariat sans appel d’offre de l’an passé signé par NVB, et les achats de tablettes numériques pour les lycées où comme par hasard, on ne trouve aucun modèle en dual boot ou sous OS libre. La santé a enfin été vendue à microsoft via un appel d’offre récent pour un groupement de 400 hôpitaux. Et là je ne parle pas de la complicité évidente de bon nombre de présidents de région qui lèchent ouvertement les bottes des GAFAM, et gaspillent le denier public en licences parfaitement inutiles !
Il n’y a plus rien à attendre d’une bande de traîtres pratiquant la haute trahison comme ils respirent. Aujourd’hui le problème du Libre, c’est l’UE et l’OTAN. Et même si ce que dit cette député va dans le bon sens, il faut rappeler que le patron de FI est un lieutenant de l’UE qui touche ses 16k€ mensuels depuis des années, détient le record de votes soit-disant erronés au parlement, et n’a aucune intention de mordre la main qui le nourrit !
Le théâtre et les bonnes intentions, c’est gentil 5mn. Mais quand on triche avec la loi Urvoas pour empêcher l’UPR de s’exprimer, où qu’on muselle médiatiquement ce même parti depuis 10 ans en France, pas la peine d’attendre des miracles de gens qui piétinent les bases mêmes de la démocratie ! La dernière élection truquée nous a fait rentrer de plein pied dans une soft-dictature, qui ne cessera de se détériorer.
Il est donc urgent que l’Aful et l’Adullact cessent de prendre des pincettes, et appuient là où ça fait mal, au lieu de contourner la plaie. Le problème du Libre en France, et de la démocratie en général, c’est notre appartenance à l’UE et l’OTAN, le fait de ne plus voter nos lois, de subir la folie libérale de commissaires européens non élus, et d’avoir des médias qui travaillent pour l’oligarchie. Au niveau libriste, ça se traduit par 0 avancée côté politique sur les 10 ans écoulés, entre le torpillage de Munich d’un côté et l’annonce de Barcelone de passer au libre de l’autre. La langue de bois, c’est gentil un moment, mais là, il est temps de choisir son camp, et de le défendre…
Le 15/03/2018 à 12h22
Joli troll ou mauvaise fumette.
Au choix.
À+
Le 15/03/2018 à 12h45
Or, la lettre des associations rappelle le récent rapport annuel de la Cour des comptes, où celle-ci a dressé au contraire un « lien évident entre protection de la souveraineté nationale et l’utilisation de logiciels libres ».
Vous en avez parlé ici ? Parce que je ne trouve rien, ça serait dommage de passer cette info sous silence.
Sinon je ne comprends pas bien pourquoi ils viblent uniquement le MinCul. Ce n’est pas franchement celui qui est le plus en pointe sur ces questions, ni celui qui a le plus de poids pour imposer un changement de comportement dans l’administration.
Le 15/03/2018 à 14h44
La création libre, ça couvre aussi les œuvres sous CC, non?
Il me semble que soutenir les droits des créateurs d’œuvres libres auprès du ministère de l’industrie culturelle est important si on veut un jour sortir du modèle où les sociétés de gestion collectives de droits usurpent les créateurs et font payer les utilisateurs en dépit de la volonté des auteurs.
Le 15/03/2018 à 14h45
Le 15/03/2018 à 16h25
n’empêche que mes filtres de lecture deviennent de plus en plus performants, à partir du moment où j’ai lu « OTAN » (début de la 2ème ligne), je me suis dit direct « UPR ».
Le 15/03/2018 à 17h37
Le 15/03/2018 à 18h28
Le 15/03/2018 à 20h48
Comme indiqué dans l’article (premier paragraphe), ces deux associations sont représentées au CSPLA. Ça leur donne un poids auprès de la ministre que les autres associations n’ont pas. Le ministère du divertissement n’est pas étranger à la façon dont les licences libres sont perçues par l’industrie qu’il chapeaute. De plus, les décisions prises par ce ministère sous la pression des industriels ou des ayants-droit (dont la ministre fait partie, comme certains de ses prédécesseurs) ne sont pas sans influence sur le monde du libre (cf dernière partie de l’article, par exemple). Si l’ADULLACT est orientée secteur public, l’AFUL est plutôt généraliste, donc je ne trouve pas surprenant qu’elle interpelle Françoise Nyssen sur une thématique large.
Le 16/03/2018 à 01h14
Je lis des commentaires se demandant “qui sont ceux là?”
Je connais pas l’AFUL, mais Adullact a quelques logiciels libres largement répandus dans les collectivités.
Ils sont très présent dans les gestions de flux financiers…
Et au moins, la place qu’ils occupent n’est pas prise par les gros éditeurs de progiciels hors de prix.
Le 16/03/2018 à 10h09
@tpeg5stan
Bâillonner médiatiquement un mouvement de 30500 adhérents n’est pas la démocratie, quel que soit le parti concerné. Rêver d’une démocratie parfaite est illusoire, certes, mais qu’on l’avoue ou non, la loi Urvoas a bien trahi le principe d’égalité de temps de parole entre candidats qui était l’idée fondatrice de la Vème République. Avec des grands médias tous aux mains des oligarques, on a vu ce que cela donnait : absence totale de vrai débat sur les vrais sujets politiques, et parachutage d’un banquier à la tête de la France par les médias complices. Avec l’autre banquier luxembourgeois ivrogne à la tête de l’UE, et Barroso réfugié chez Goldman Sachs, on sait clairement pour qui travaille l’UE.
Sinon le parlement européen a perdu toute légitimité à partir du moment où l’UE a refusé le résultat des urnes, avec un NON au référendum français de 2005 qui était pourtant clair. Tout est fait depuis pour court-circuiter la volonté des peuples, en évitant au maximum tout nouveau référendum, et agir en dictateur “éclairé”. En fait, le parlement est à l’UE ce que la CNIL est à la France : une plaisanterie pour donner le change, la bonne conscience publique d’une bande de mafieux.
Enfin vous confondez se plaindre et éduquer. Il est toujours plus facile de dénigrer un adversaire que de répondre à ses arguments, ce qui est pourtant l’utilisation théorique d’un forum, sensé échanger des idées et argumenter ses propos. Or je ne vois aucun contre argument à mes propos - quel dommage !
Quand je dis que le Libre n’avance plus au niveau politique depuis la haute trahison de Sarkozy, c’est un fait. Le groupe racketiciels en sait quelque chose, avec la CJUE qui a définitivement enterré tout espoir d’obliger les fabricants à vendre l’OS à côté du matériel. Depuis, je constate amusé que le prix de windows a grimpé en flèche de… 50% ! Ben oui : pourquoi se gêner quand on détient le contrôle absolu du circuit de vente ?
Comme dit plus haut, je n’ai rien contre les deux associations concernées, qui font ce qu’elles peuvent avec les moyens qu’elles ont. Mais quand tout se décide à Bruxelles, par des commissaires non élus, que peut-on réellement attendre de ministres français fantoches, payés pour suivre bassement les GOPE bruxelloises ? Ces gens n’en ont rien à foutre du Libre - ils ne travaillent pas pour les français !
Stratégiquement, il vaut mieux viser les maires et les conseillers, dont une bonne part sont encore relativement “ouverts” aux solutions alternatives. Mais en haut de la pyramide, la gangrène est telle qu’il n’y a plus rien à faire.
Le 15/03/2018 à 09h33
Je suis généralement favorable aux ll, mais je ne vois pas bien ce que demandent Aful et Adullact : créer une commission=j’entends immédiatement usine à gaz, et je ne connais pas bien quels logiciels sont utilisés par le Ministère.
Par ailleurs, je crains de voir une confusion entre logiciel libre et licences de droits d’auteur creative commons par exemple…
Le 15/03/2018 à 09h59
Créer une commission peut amener un noyautage. Toutefois c’est une interface publiquement visible. Donc soumis aux lois de la communication. C’est comme une lettre publique. C’est n’est pas fait pour rien. C’est pour avoir un écho médiatique et / ou communautaire. La réponse en face doit obligatoirement en tenir compte.
Si ça peut éviter les contrats open bar comme pour la défense… pourquoi pas.
Le 15/03/2018 à 11h08
JE ne connaissais pas ces deux asso. J’ai regardé un peu leur site, j’ai pas trouvé une grande masse d’actions concrètes. Je ne suis pas du tout être un expert du libre, mais j’ai quand même l’impression que cela ressemble à une action coup de pub et vient rajouter une couche pas forcément très lisible à des actions menées de longue date et avec certainement plus de visibilité par d’autres organisations… on pourra tjs me rétorquer que la pluralité des organisations peut être une richesse, mais à l’heure où seule une minorité de gens s’intéressent à ces questions et vont connaître les April, Framasoft et autre Wikimedia, je ne suis pas sûr que l’on ne dilue pas encore un peu plus le message.
Et puis Aful et Adullact ça sonne pas super (ça c’est la remarque complètement gratuite et useless " />)