Hadopi : des députés veulent une amende transactionnelle de 500 euros
LR du temps
Le 29 avril 2020 à 15h15
7 min
Droit
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Constance Le Grip et neuf autres députés LR ont déposé une proposition de loi « visant à renforcer les instruments de lutte contre le piratage des œuvres protégées par le droit d’auteur et instituant un dispositif de transaction pénale ». Ils veulent introduire une amende de 500 euros qui serait infligée par la Hadopi.
La catastrophe du Covid-19 a mis en suspension l’ensemble des textes sur la rampe législative, en particulier le projet de loi Arcom ou loi sur l’audiovisuel. Un texte qui doit transposer l’article 17 sur le filtrage issu de la directive sur le droit d’auteur, couler les compétences de la Hadopi dans celles du CSA ou encore prévoir de nouvelles armes contre le piratage des contenus sportifs.
La fenêtre de tir est ainsi l’occasion rêvée pour les plus partisans de la réponse pénale pour imaginer des solutions contre les échanges illicites effectués en ligne. Dans une proposition de loi déposée ce jour, la députée Constance le Grip insiste pour introduire un mécanisme de transaction pénale.
500 euros pour les personnes physiques, 2 500 euros pour les personnes morales
Son texte prévoit d’abord que les membres de la Hadopi et ses agents habilités pourraient rechercher et constater les faits sanctionnés d’une peine de suspension d’accès. Le cas échéant, le titulaire de l’abonnement à Internet se verrait proposer une amende transactionnelle de 500 euros maximum s’il est une personne physique, 2 500 euros s’il s’agit d’une personne morale.
Ce montant dépendrait de la gravité des faits et des ressources et charges de la personne.
Ensuite, une alternative. Soit la transaction est acceptée par la personne mise en cause. Le cas échéant, elle devrait ensuite être homologuée par le procureur de la République. Cette procédure permettrait alors d’éteindre l’action publique, mais non l’action civile : les ayants droit pourraient donc toujours engager des poursuites pour obtenir réparation.
Soit la transaction est refusée et l’action publique pourrait poursuivre son chemin, via cette fois la citation directe. Et donc directement devant le tribunal de police, sans le filtre du procureur de la République.
« Crédibiliser » la réponse graduée
Selon les rédacteurs du texte, « ce dispositif permettrait donc sur la base d’une forme d’adhésion à la sanction de la part du contrevenant acceptant de rentrer dans la logique transactionnelle, de comporter une réponse sanctionnatrice plus systématique ».
Pour Constance le Grip, il aurait même pour avantage « de crédibiliser ainsi la phase pédagogique initiale d’avertissements et de renforcer son effet dissuasif » et enfin, « de décharger l’autorité judiciaire d’une part de ce contentieux pénal que les parquets peinent en l’état à traiter ».
Si des millions d’avertissements sont envoyés depuis le cri primal de la Hadopi, les procédures judiciaires n’arrivent pas à suivre le flot des dossiers adressés par la Commission de protection des droits.
Rien que l’an passé, l’autorité a adressé près de 620 000 premières recommandations et un peu moins de 210 000 lettres recommandées. 1 748 dossiers ont été transmis au procureur de la République, mais seules 39 décisions pour contravention de négligence caractérisée ont été rendues avec des amendes de 100 à 1 000 € (outre 6 jugements pour contrefaçon, 74 ordonnances pénales, 9 comparutions sur reconnaissance de culpabilité… et plus de 500 mesures alternatives aux poursuites).
Une riposte graduée revue et corrigée
Pour mettre en place la transaction pénale, la députée veut modifier l’article L.335-7-1 du Code de la propriété littéraire et artistique. C’est lui qui encadre les échelles de la riposte graduée, prévoyant en particulier une lettre remise contre signature restée sans effet puisque suivie d’une nouvelle atteinte sur Internet dans l’année suivante. Elle fait ainsi disparaitre la peine de suspension d’un mois, toujours présente dans la partie législative du texte.
Elle définit aussi la négligence caractérisée par référence à l’article L.336 - 3 du même code. Celui-ci pose que le titulaire d’accès « a l'obligation de veiller à ce que cet accès ne fasse pas l'objet d'une utilisation à des fins de reproduction, de représentation, de mise à disposition ou de communication au public d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou par un droit voisin sans l'autorisation des titulaires ».
Cette négligence caractérisée serait donc susceptible d’être constatée lorsque l’accès à Internet « a fait l’objet d’une utilisation à des fins de reproduction, de représentation, de mise à disposition ou de communication au public d’œuvres ou d’objets protégés », toujours sans autorisation. Une plume suffisamment généreuse pour permettre un jour prochain, l’extension de ce régime à d’autres formes d’échanges que le pair-à-pair, aujourd’hui seul protocole surveillé par le dispositif.
Un plébiscite…et un refus du ministère de la Culture
Ce n’est pas la première fois que l’idée d’introduire la transaction pénale est poussée en avant. La mesure avait par exemple déjà été proposée par Aurore Bergé lors des débats en commission sur le projet de loi Arcom.
Dans son amendement, elle envisageait cette fois une peine maximale de 350 euros (et 1 050 pour les personnes morales) avec toujours la possibilité pour l’autorité́ de citer directement le contrevenant devant le tribunal de police.
Une mesure qui « aurait ainsi vocation à éviter que les abonnés soient incités à ne pas transiger, comptant sur le faible nombre de sanctions prononcées une fois le dossier transmis au Parquet ».
Pascal Rogard, directeur général de la SACD, nous avait également fait part de son intérêt pour une telle solution : « ce serait la méthode la plus simple pour rendre efficace la réponse graduée, sachant que la sanction initialement prévue, la suspension, est apparue disproportionnée, à juste titre. Je suis néanmoins pour qu’il y ait une sanction derrière les avertissements ».
La Hadopi elle-même avait privilégié cette piste dans son « avis » sur le projet de loi. En 2018, elle avait d’ailleurs fait confirmer la faisabilité de cette réforme par deux conseillers d’État.
Pas plus tard qu’en février dernier, la SACD, la SCAM, la SACEM, l’Union des Producteurs de Cinéma, la Fédération Nationale des Cinémas Français et une ribambelle d’autres organisations plaidaient encore en sa faveur. La transaction pénale ? Voilà « une sanction simple, après deux rappels à la loi, pour réaffirmer que le piratage est un vol que le pays de l’exception culturelle ne peut tolérer plus longtemps ».
Problème pour les multiples partisans de ce chantier, Franck Riester est tout sauf convaincu de ce chantier : « On ne veut pas renforcer ces sanctions en mettant notamment un dispositif de transaction pénale (…), les sanctions, on veut les renforcer contre les sites contrefaisants », avait-il exposé sans nuance devant la commission des affaires culturelles.
Hadopi : des députés veulent une amende transactionnelle de 500 euros
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500 euros pour les personnes physiques, 2 500 euros pour les personnes morales
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« Crédibiliser » la réponse graduée
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Une riposte graduée revue et corrigée
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Un plébiscite…et un refus du ministère de la Culture
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 29/04/2020 à 15h20
Le confinement leurs donnent de l’inspiration pour des idées à la noix??" />
Constance Le Gripsou, elle fait parti de la famille à Archibald ?" />
Le 29/04/2020 à 15h44
500, direct, j’imagine l’impact sur les personnes qui s’y connaissent le moins et qui en même temps ne sont pas les plus riches. Contrairement aux juges qui ont modéré les amendes en fonction des cas, là ça taperait dur tout de suite.
Donc, tes gosses téléchargent, tu reçois une lettre, tu comprends rien, tu reçois un recommandé, tu comprends pas trop non plus, et le mois suivant, ils n’auront pas à manger, j’adore le principe.
J’ai vraiment du mal à comprendre, 500 euros, c’est une contravention où l’on considère que tu as fait grand mal à la société et fait prendre pas mal de risques ou causé pas mal de gêne aux reste de la population.
Le 29/04/2020 à 15h51
Le 29/04/2020 à 15h53
Pour compenser le pain voler de la bouche des AD." />
Le prix de la baguette à vachement augmenter." />
Le 29/04/2020 à 15h55
500€ pour le délit de conduite sans assurance. C’est donc aussi grave de télécharger que conduire sans assurance.
Le 29/04/2020 à 16h07
Le 29/04/2020 à 17h58
Leur but, c’est de réussir à faire accepter acter le principe.
En “frappant fort”, ils essaient d’obtenir quelque chose, quitte à “accepter de baisser drastiquement” le montant de cette amende.
S’ils arrivent à détourner l’attention pour ne discuter que du montant de l’amende, pour eux c’est gagné.
Ils auront toujours la liberté de venir la faire augmenter derrière.
Comme la RCP.
Le 29/04/2020 à 18h06
Pourquoi pas 135€ ?
C’est une amende, donc payable pour chaque infractions (constatées).
Le 29/04/2020 à 18h12
De leur point de vu je pense que c’est le bon moment:
* Les français sont occupés à autre chose, et sont dans une position de sidération face à la situation actuelle. Il est urgent de faire passer toutes les mesures restrictive et / ou confiscatoire.
* Le pays est clairement en récession maintenant. Les taux d’intérêt des dettes d’état vont remonter , la charge de la dette annuelle de l’état aussi => Il va falloir trouver urgemment des rentrées fiscales, de partout (d’où une amende, qui va au budget de l’état plutôt qu’une indemnisation).
Petit bonus, le fait que les ménages paient ce type de charge n’apparait pas dans le PIB , ni dans l’indice de pauvreté (qui ne prends en compte que les rentrées d’argent) ni dans l’imposition fiscale des ménages (car ce n’est pas un impôt).
Il y en aura d’autres de même type. Déjà avant le confinement on a vu arriver les nouveau radars “perchés” pour remplacer ceux défoncés par les gilets jaunes (Il a fallu les payer , donc PIB++ avec de l’argent emprunté à bas cout à l’époque).
Le 29/04/2020 à 18h16
On voit bien que ces députés ont des salaires déconnectés de 90% des Français, ça les rends incompétents pour légiférer sur le montant des amendes: 1⁄2 SMIC… :giletjaune:
Le 29/04/2020 à 18h53
Je savais pas que la RCP est une amende. " />
Le 30/04/2020 à 06h33
“Cette procédure permettrait alors d’éteindre l’action publique, mais non l’action civile : les ayants droit pourraient donc toujours engager des poursuites pour obtenir réparation.”
Ou comment accepter sa propre culpabilité avant d’éventuelles poursuites …. le travail du juge est fait, les ayants droit n’auront rien à démontrer, tout est dans l’amende transactionnelle.
Le 30/04/2020 à 07h26
Oui, ça me semble être un vrai piège à cons, vu que tout est conçu pour dire que tu es totalement responsable de ce qui est fait de ta connexion.
Le 30/04/2020 à 07h56
C’est cool ce système ça permet de faire du racket en contournant la justice…
Le 30/04/2020 à 09h37
cette procédure permettrait alors d’éteindre l’action publique, mais non l’action civile
: les ayants droit pourraient donc toujours engager des poursuites pour obtenir réparation…
aussi cher (500 E.)…pour si peu ?
si au moins pour ce tarif ils abandonnaient TOUTES les poursuites (publiques ET civiles), là non !
autant tenter ‘la Loterie’ en allant devant le Juge !
(amende minorée) ?
Le 30/04/2020 à 11h17
Ils ne peut pas abandonner les poursuites car sinon cela voudrai dire que tu “fais payer” pour rendre “légal” un acte qui à la base est illégal (mise à disposition de contenu) ce qui est interdit.
Le 30/04/2020 à 11h23
“la peine de suspension d’un mois, toujours présente dans la partie législative du texte.”
Ah ? Je croyais cette sanction abandonnée depuis longtemps, j’ai du me tromper.
Le 30/04/2020 à 11h29
Je trouve aussi que 500 € est une somme abusive vu les faits reprochés.
J’aimerais voir la grimace de la personne morale qui prendra 2500 €. " />
Le 30/04/2020 à 14h47
Save the foutur !
https://www.dailymotion.com/video/xj6h6s
Le 01/05/2020 à 12h57