McKinsey & Cie : le gouvernement voudrait réinternaliser les projets informatiques de l’État
Le 13 février 2023 à 07h53
2 min
Droit
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« Après McKinsey, l’exécutif veut timidement réinternaliser l’informatique », titre L'Informaticien. Une nouvelle circulaire de Matignon, entrée en vigueur le 6 février dernier, vient en effet de « limiter un peu plus le recours aux cabinets de conseil et aux entreprises de services dans les projets informatiques de l’État », explique Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la fonction publique.
La circulaire est cela dit « plus timide que la proposition de loi sur le sujet, adoptée à l’unanimité par le Sénat le 19 octobre », relève notre confrère, qui note que « le texte est, pour cause de navette parlementaire, bloqué devant les portes de l’Assemblée depuis lors ».
Stanislas Guerini, qui s’était engagé en octobre à ce que la proposition de loi soit inscrite à l’agenda de l’Assemblée, explique à l'AFP qu' « on peut toujours réinscrire dans la loi ce qui est déjà effectif dans la pratique. Moi, ce qui m’intéresse, c’est l’effectivité des mesures que nous prenons, et notre capacité à avancer. En l’occurrence, aujourd’hui, on franchit une grande étape ».
En l'espèce, précise l'AFP, « les plus grosses missions devront être réalisées avec une part minimum de 20 % de compétences internes à l’administration ». « Quant aux prestations de stratégie numérique, la règle sera la même que pour les prestations de conseil au sens large, selon le ministre. Autrement dit, il sera impossible de conclure plus de deux contrats d’affilée avec le même prestataire, et le coût cumulé d’une prestation sera plafonné à deux millions d’euros, y compris lorsqu’elle est répartie sur deux contrats. »
Le 13 février 2023 à 07h53
Commentaires (27)
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Abonnez-vousLe 13/02/2023 à 08h04
Le plus simple aurait été de recruter des informaticiens par l’Etat (et de les augmenter pour qu’ils restent).
Le 13/02/2023 à 08h28
Simple, peut-être, mais pas assez startuffe nation.
Le 13/02/2023 à 08h28
Pour cela, il faudrait déjà revoir le mode de recrutement, en particulier les concours.
On m’avait montré le concours de technicien informatique dans la fonction publique territoriale, souvenir ému d’une première étape basée uniquement sur de la rédaction de blabla sur un sujet vaguement informatique (genre 12 pages à écrire sur “Quels avantage de la fibre optique pour les communautés territoriales ?”). Ca élimine sur le seul critère de la rédaction, aucune évaluation de la compétence technique. J’ai mieux compris après cela pourquoi les agents galéraient tant avec les services IT de la Région…
Le 13/02/2023 à 09h54
C’est le cas de la plupart des concours de la fonction publique. Et c’est encore moins technique pour le grade d’ingénieur (cat A) : Un écrit de 4h sur papier, mélange de note de synthèse et de note technique, et un oral de 30 minutes.
Les concours de la fonction publique, et ceux des corps du numérique n’attirent plus, et tous les postes ne sont pas pourvus. Le choix de l’affectation n’est pas garanti, c’est clairement moins bien payé que dans le privé. Ajoutez à cela qu’on se sent un peu seul sur le projet info (il manque les utilisateurs et les responsables), ce qui n’aide pas à la motivation. Bref, ça fait un gros décalage entre le discours officiel, et la réalité quotidienne !
Le 14/02/2023 à 14h40
Sur les métiers à compétences particulières ou compétences nouvelles ou alors hors corps, l’administration peut tout à fait embaucher contractuellement aux “tarifs” du marché (que ce soit en CDI, Interim, CDD, Contrat de mission, …). Ce qu’elle ne se prive pas de faire depuis qu’elle en a le droit.
Le 13/02/2023 à 12h24
Si tu espères embaucher des informaticiens avec des salaires au rabais plus une promesse de potentielle augmentation plus tard, avec la réputation de pince qu’à l’état français, tu te prépares à une grande déception.
Le 13/02/2023 à 19h02
lol
Le 13/02/2023 à 08h48
Ben… C’est l’administration aussi. Comme elle est attaquable (et attaquée) de partout, les choix commenté, remis en cause… il faut qu’elle puisse se défendre, et donc argumenter ses choix.
Si c’est pour pisser du code, il y a moult startups qui couleront dans les 2 ans pour le faire. Si c’est pour faire du travail sérieux, les banques, les assurances, l’administration ont leur parcours de recrutement qui correspond à leurs attentes.
Pour la banque, on va te demander un exercice très technique et une explication en 1 page par exemple.
Parce que dans une grosse entreprise, l’informatique, c’est pas que du code, c’est énormément de formation, accompagnement au changement, écoute des utilisateurs et reformulation avant de passer au petit 10% du temps qu’il faut pour coder.
Et après, tu dois justifier ton programme, et le rejustifier, et montrer ce qu’on oublie qu’il apporte, et savoir s’avouer vaincu sur une bataille si elle n’est pas importante …
Voilà ce qu’est être informaticien dans une entreprise d’une certaine envergure ou dans une administration :)
Le 13/02/2023 à 10h23
dans une grosse entreprise, si tu veux juste faire du code, tu peux aussi : en général tu es dans une équipe, avec des gens qui vont monter au charbon pour vendre le projet, former les utilisateurs, défendre les budgets, etc.
c’est exactement ça : la nature trouve toujours son chemin, si on ne peut pas valider un projet de plus de X€, les projets seront saucissonnés en n projets de Y€, en s’arrangeant pour ne pas trop montrer les liens entre eux dans les AO.
Le 13/02/2023 à 11h32
Problème, pour l’instant les concours c’est uniquement de l’administratif, la solution ce n’est pas uniquement du code, mais certainement plus un entre-deux.
Et on parle là de concours de technicien territorial, notamment pour le support technique aux utilisateurs. Cas déjà vu : l’utilisateur a un problème et la compétence pour le résoudre mais pas les droits, il doit faire appel au gars du support qui a eu le concours sans aucune compétence technique mais les droits . Résultat : poste immobilisé pendant des jours pour rien parce que l’autre est trop fier et préfère continuer à se battre avec son CD d’installation (le réseau, c’est quoi ça ?) plutôt que d’admettre que l’utilisateur (précision : contractuel évidement) saurait lui expliquer quoi faire…
Total : 2 personnes en mal-être au travail.
Le 13/02/2023 à 09h49
Voilà. Et, crois moi, ce n’est pas prêt d’arriver (l’augmentation). Et l’état n’arrive justement pas à recruter car les salaires sont bien trop bas.
Le 13/02/2023 à 10h02
Deux millions d’euro par prestation et pas plus de 2 contrats par prestataire.
En gros ils vont découper les programme en une miriade de projets et presta, la clés de l’échec assuré.
Le 13/02/2023 à 10h34
“Ça va plus vite” en mettant une lettre par page, ça passe non ?
Enfin oui c’est bien inadapté les concours… j’ai fait deux ans en CDD, en m’étant dit que je passerais les concours quand j’en verrais un qui me convient, sauf que c’est quasi-systématiquement du “on vous balancera quelque part en France”. Ça marche peut-être sur des postes avec beaucoup de candidature, mais là clairement pas.
Du coup j’ai laissé tomber le public, hors de question de continuer en CDD/CDI vu que n’étant pas titulaire je n’avais pas le droit aux primes (y compris celle qui est là pour compenser la différence de salaire public/privé dans l’informatique)… et après ils se demandent pourquoi ils ont du mal à recruter des gens un peu compétents…
Le 13/02/2023 à 10h35
Lorsque l’on a qu’un marteau tout ressemble à un clou.
Le problème est qu’on “veux” des choses mais il n’est pas question de remettre au cause des pratiques séculaires, notamment la partie budgétaire. Du coup les contournements seront encore plus présents (car à un moment ya quand même des gens qui essaient de faire le boulot) mais ca prendra plus de temps et ca coutera plus cher.
Et dans 2 ans on recommence une couche de plus , avec les mêmes interrogation, et les mêmes “solutions”.
Pour moi l’exemple explicite de ça c’est l’EPR.
Le 13/02/2023 à 11h33
Méfies toi, il y a beaucoup de parvenus dans ces secteurs. La vue du code peut faire faire des cauchemars pour une personne normalement constituée.
Le 13/02/2023 à 13h11
Perso je suis informaticien à la DGFIP, et au niveau des affectations ca bouge, maintenant, une fois que tu as le concours, tu dois postuler sur des fiches de postes. Le mouvement de mutation ne passe qu’après ( en gros si tu n’as été recruté nulle part, tu te retrouveras quelque part par défaut … ==> IDF ).
Par contre, même si la DGFIP en informatique paye plutôt bien par rapport au reste de la fonction publique, ca reste très largement en déça de ce que mes ex-collègues gagnent … Et c’est pas avec l’inflation galopante que ca va aider !
Le 13/02/2023 à 13h13
De mon expérience:
Le 13/02/2023 à 13h16
C’est un bon résumé, mais c’est ce que je vis aussi avec n’importe quel prestataire ou presque (du plus petit au plus gros, y compris opérateurs télécom ou GAFA).
Je sais d’où viens le problème, je sais comment corriger le problème, je peux accompagner le presta, mais je ne peux pas le faire moi-même (ou alors je fais sauter toute garantie).
D’une manière générale, en informatique en France, il y a énormément de personnes qui ne sont plus compétentes (elle l’ont souvent été) sur les technos (ou enchevêtrements) actuelles - ou tout simplement qui sont compétentes sur un environnement mais trop frileuses à essayer d’en comprendre un autre.
Ou alors il faut mettre le prix suffisant dans la presta - prix qui n’est pas gage de qualité quand même - et prix qui n’est pas compatible avec les marchés publics territoriaux.
Le 13/02/2023 à 14h10
Là, on a un petit souci de mentalité française, où quand quelqu’un est compétent en développement, la plupart du temps on lui proposera d’évoluer vers de la maîtrise d’ouvrage ou des postes à responsabilité, en considérant que “le dév, c’est pour les juniors”. Ce qui est dommage : certains se contentent très bien de faire du dév.
Sur ce point par contre, je suis plutôt d’accord avec toi : bon nombre de dévs ont tendance à faire ce qu’on leur demande juste pour faire ce qu’on leur demande, plutôt que se demander pourquoi on leur demande de faire ça et proposer des adaptations qui peuvent être meilleures. J’aurais tendance à dire que c’est un état d’esprit qui vient avec l’expérience… mais c’est peut-être un peu naïf de ma part. En tout cas, j’ai pu voir les 2 types de profils : celui qui va coder sans se poser de question, et celui qui va commencer par poser des questions avant de coder.
Le 13/02/2023 à 14h21
Le 13/02/2023 à 15h37
Sur ce point, on a curieusement moins de soucis de ce genre en automatisme industriel quand l’automaticien qui code est d’astreinte nuits & WE en support…
Le 13/02/2023 à 16h45
je ne parle pas de l’industrie (chaînes de prod), c’est un domaine que je ne connais pas. Mais c’est sûr que quand le dév est en support niveau 1, ça lui donne une assez bonne idée de la vraie vie
Le 14/02/2023 à 13h55
J’aurais tendance à penser que ce devrait être un passage obligé dans ce genre de métiers, au moins sur les premiers postes pour “vivre” un peu le côté utilisateur.
Dans une boîte où j’ai bossé, on prenait des alternants en automatisme et informatique industrielle, et les 2 premières semaines ils étaient en quart avec la maintenance. Après ils comprenaient ce que ressent le pauvre gars qui doit dépanner à 3h du matin sans aucun support, du coup les applis développements étaient bien plus robustes et l’aide au diagnotic développée.
Le 13/02/2023 à 20h16
Externaliser vers des
stagiaires expertsprestataires surfacturés payés au lance pierre versus employer en interne des personnes sous payées. Bonnet blanc et blanc bonnet.Cette problématique démontre le manque de considération pour l’IT.
Après, il ne faut pas partir dans l’extrême inverse de ne plus vouloir recourir aux cabinets de consulting. Rester dans l’entre-soit sans regard extérieur est aussi mauvais que de dépendre d’eux en permanence pour la moindre décision. Aucun regard externe, et l’organisme pourri de l’intérieur. Dépendre uniquement du consulting externe et l’organisme n’a plus aucune compétence et se fera ballotter d’une mode à l’autre. Les extrêmes ça pue toujours, faut prendre le juste milieu. Un audit ou du consulting, c’est cher, ça “dit des trucs qu’on sait déjà”, mais parfois ça permet de se rassurer quant à sa trajectoire ou alors savoir qu’il faut arrêter.
Le 13/02/2023 à 21h22
J’allais faire un commentaire avec le même fond.
Le 14/02/2023 à 07h25
Yes bien vu, je vois aussi pas mal de grosses DSI qui ont pris de mauvaises habitudes. Résultats des projets in-maintenables parce qu’on a “toujours fait comme ça” ou alors des pyramides de décisions telles que tu ne peux plus rien bouger.
Et à l’inverse, d’autres n’ont aucune DSI interne, et tu te retrouves avec un truc décousu de plus ou moins bonne qualité selon le “stagiaire expert” que l’ESN t’a posté, chacun étant “chef de projet technico fonctionnel” prêt à abattre son voisin pour progresser.
Faut trouver le bon milieu, un peu de sang neuf : les stagiaires experts (quand ils ont fait des études d’infos :) ) c’est aussi des nouvelles techniques / pratiques de dev, l’ESN a plusieurs clients et peut conseiller les risques de telle ou telle façon de procéder.
Par contre, la DSI doit conserver son rôle de maîtrise d’ouvrage : assurer la cohérence de l’ensemble, contrôler sans freiner, avoir une vision à moyen long terme, limiter le nombre de presta tout en conservant la maitrise de l’ensemble…
Le 14/02/2023 à 17h15
J’ai aussi connu les deux extrêmes que tu cites, le pachyderme immobile et la DSI far-west YOLO. Les deux ont les mêmes points communs : source de frustration, dépenses inutiles, pire, impossible à maîtriser, et qualité du SI en berne qui est une bombe à retardement (coucou la souscription AWS en shadow IT).
Je ne peux qu’abonder dans ton sens. Le juste milieu est un exercice difficile à obtenir, mais l’exercice encore plus difficile est de reconnaître que ça ne va pas. Et quand c’est pris entre des batailles partisanes de tailles de stouquettes c’est mort. Perso ce sont les cas qui m’ont déjà conduit à interrompre une prestation, agiter l’épée dans l’eau ça va bien cinq minutes et facturer pour facturer ça n’a rien de gratifiant quand bien même le client adorerait balancer sa thune par les fenêtres.