Programmation militaire : de l’internet des objets, à la surveillance des objets
Drive my car
Le 26 novembre 2013 à 10h40
5 min
Droit
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Dans le cadre du projet de loi de programmation militaire, le président de la Commission des lois, le socialiste Jean-Jacques Urvoas, voudrait que l’administration puisse être autorisée à géolocaliser à distance les objets connectés, qu’ils soient voiture ou frigo 2.0.
L’actuel code de la sécurité intérieur organise un système d’interception de sécurité par voie électronique. Pour les mettre en œuvre, il est nécessaire de décrocher une décision écrite et motivée du premier ministre (ou de l'une des deux personnes spécialement déléguées par lui), à la demande du ministre de la Défense, du ministre de l'Intérieur ou du ministre chargé des douanes. À cette fin, il faut l’avis de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) et surtout il faut répondre à l’un des cinq motifs énumérés par la loi : la recherche de renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et notamment de la délinquance organisée.
Géolocaliser un objet connnecté, automobile comprise
Cependant, les mesures actuellement organisées semblent trop mollassonnes à Jean-Jacques Urvoas. Dans le cadre du projet de loi de programmation militaire, le président socialiste de la Commission des lois de l’Assemblée nationale veut que l’intérieur, la défense ou Bercy soient autorisés à mettre en œuvre « tout dispositif technique ayant pour objet la localisation en temps réel, sur l’ensemble du territoire national, d’un véhicule ou de tout autre objet, sans le consentement de son propriétaire ou de son possesseur ». En clair, il s’agira de surveiller l’internet des objets dès lors qu’une des cinq finalités sera vérifiée (sécurité nationale, prévention du terrorisme, criminalité, etc.).
Mise en oeuvre en toute discrétion
Comment mettre en œuvre ces espions connectés ? Simple, ces administrations pourront être autorisées encore à introduire des mouchards « dans un véhicule ou un lieu privé, à l’insu ou sans le consentement du propriétaire ou du possesseur du véhicule ou de l’occupant des lieux ou de toute personne titulaire d’un droit sur ceux-ci ». (Précisons au passage que des garanties spécifiques existent lorsqu’il s’agira d’espionner les entreprises de presse, les entreprises audiovisuelles, les parlementaires, les avocats ou les magistrats)
Ces systèmes seront cette fois mis en place sur autorisation de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité et sur proposition écrite et motivée du ministre de la Défense, du ministre de l’Intérieur ou du ministre de l’Économie et du Budget. La CNCIS aura 48 heures pour prendre sa décision, ou même une heure en cas d’urgence. L’autorisation d’interception sera donnée pour une durée maximum de quatre mois. Elle peut enfin être renouvelée dans les mêmes conditions de forme et de durée, sans autre limite de temps.
Sur autorisation de la CNCIS ou décision du Premier ministre
Selon Jean-Jacques Urvoas, l’enjeu est ici « de permettre aux services spécialisés de renseignement et d’enquête de recourir à la géolocalisation en temps réel par pose de dispositif technique ». Il s’agit selon lui, « d’adapter les moyens des services à la nouvelle configuration des menaces et de la criminalité ». Le député PS considère qu’en confiant ce mécanisme à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, une autorité administrative indépendante, est assurée « une parfaite protection des libertés fondamentales de nos concitoyens dans le cadre des opérations de police administratives. »
Quid si la CNCIS refuse cette autorisation ? Simple : le Premier ministre pourra passer outre en prétextant « des raisons d’urgence et d’intérêt national majeur ». Cependant, la surveillance sera autorisée cette fois pour un seul mois.
Comme exposé dans nos colonnes depuis plusieurs mois, le projet de loi de programmation militaire prévoit encore d’habiliter des agents de la sécurité intérieure, de la Défense, de l’Économie et du Budget à solliciter des opérateurs en temps réel la transmission « des informations ou documents traités ou conservés par leurs réseaux ou services de communication électronique ».Ce point a été décrié par l'ASIC, l'association des acteurs du web 2.0, qui demande un moratoire sur les régimes d'exception.
Le texte va également autoriser l’ANSSI à pénétrer des systèmes informatiques à l’origine d’une attaque « pour rechercher des données permettant de comprendre le fonctionnement de l’attaque informatique ». Il prévoit en outre toute une série de mesures d’hygiène informatique que devront mettre en œuvre les opérateurs d’importance vitale (OVI) contre les cybermenaces (voir notre actualité, aux Assises de Monaco). Enfin, les agents habilités de l’ANSSI pourront « obtenir des opérateurs de communications électroniques l’identité, l’adresse postale et l’adresse électronique d’utilisateurs ou de détenteurs de systèmes d’information afin de les alerter sur la vulnérabilité ou la compromission de leur système » si est en jeu la sécurité des systèmes d'information de l'État et des opérateurs d’infrastructure vitale.
Programmation militaire : de l’internet des objets, à la surveillance des objets
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Géolocaliser un objet connnecté, automobile comprise
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Mise en oeuvre en toute discrétion
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Sur autorisation de la CNCIS ou décision du Premier ministre
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 26/11/2013 à 12h25
Le 26/11/2013 à 12h27
Le 26/11/2013 à 12h31
Le 26/11/2013 à 12h36
Le 26/11/2013 à 12h37
Le 26/11/2013 à 12h39
Comment est-il possible que notre monde s’enfonce vers un futur qui cumule toutes les dérives que la SF avait pu imaginer?
Le 26/11/2013 à 12h46
Le 26/11/2013 à 12h46
Le 26/11/2013 à 12h50
On en est au début. Ça commencera vraiment, quand des puces GPS (ou Gallileo) seront directement INplantées dans le des nouveaux nés (pour leur sécurité bien sûr), le tout accompagné de la prise d’ADN au cas où ils décident de devenir des sauvageons durant leur jeunesse
On n’ est plus au début mais déjà dedans:
Yves Liégeois, le procureur général d’Anvers, a formulé, samedi 16 novembre, une proposition retentissante pour résoudre les affaires criminelles à l’avenir : prélever l’ADN de tous les nouveau-nés et tous ceux qui arrivent en Belgique. “Je dis cela sans rire”, a précisé le haut magistrat au quotidien De Standaard. “Vous avez bien un dossier chez votre médecin de famille, vos empreintes digitales figureront bientôt sur la puce de votre carte d’identité électronique : c’est pareil”, poursuivait M. Liégeois, selon qui “il faut oser réfléchir à la façon dont on protégera le citoyen à l’avenir”.
Des syndicats policiers applaudissent des deux mains la proposition du procureur, le monde politique ne la commente pas, un sondage via Internet montrait, dimanche, que quelque 60 % des répondants flamands jugeaient l’idée intéressante.
Source
Comment est-il possible que notre monde s’enfonce vers un futur qui cumule toutes les dérives que la SF avait pu imaginer?
La réponse est simple et donnée par le même Monsieur:
Selon Yves Liégeois, la société doit oser s’interroger sur la manière de protéger les citoyens à l’avenir. “Pour cette protection, il faut oser en payer le prix. Notre loi sur la protection de la vie privée va beaucoup trop loin.”
Source
Bienvenue à Gattaca au XXI siècle.
Le 26/11/2013 à 12h59
Le 26/11/2013 à 13h05
Dire qu’il suffit simplement de s’installer une cage de faraday pour avoir définitivement la paix…
Le 26/11/2013 à 13h22
Le 26/11/2013 à 13h23
Le 26/11/2013 à 13h25
Le 26/11/2013 à 13h31
Le 26/11/2013 à 13h33
La news m’en a rappelée une autre
WikipediaLe système européen à installer bientôt dans toutes les nouvelles voitures (possiblement octobre 2015). Un systeme GPS/Téléphone qui appel automatiquement les urgences en cas d’accident.
C’est pour la sécurité n’empèche que techniquement toutes les bagnoles auront alors un proto-mouchard (manquerait plus qu’il y ait une backdoor pour l’activer à distance…)
Bon je dis ça mais vu que tout le monde se promène avec un mobile (avec souvent GPS incorporé), réellement ça ne change ptete pas grand chose.
Le 26/11/2013 à 13h54
Qu’on mette des moyens pour lutter contre la grande criminalité (cartel de drogue et j’en passe), le terrorisme, etc… ça ne me choque pas, par contre, j’aurais bien aimé qu’un juge soit de la partie… doux euphémisme (y a des juges spécialisés dans l’anti-terrorisme avec des pouvoirs un peu spéciaux il me semble). Là ce n’est pas comme si on avait déjà eu un précédent où un président de la République avait demandé des écoutes téléphoniques juste parce qu’il avait envie de savoir s’il pourrait se choper la belle…
Donc des écoutes, des mouchards tout ça, ok mais sous surveillance de la justice, si y a un 3ème pouvoir théoriquement (et dans les faits il l’est plutôt pas si mal ce qui gène bien nos “amis” les politiques) indépendant ce n’est pas pour rien…
Le 26/11/2013 à 14h00
Le 26/11/2013 à 14h00
Il y a un petit article sur Numérama qui évoque certains aspects liés directement aux réseaux… Si ça intéresse certains :
c’est par ici
Le 26/11/2013 à 14h09
Le 26/11/2013 à 14h30
S’ils font ça avec le même sérieux que le logiciel de paie des militaires, on est tranquille
(message géolocalisé sur la lune à 17km du site d’alunissage d’apolo11)
Le 26/11/2013 à 14h33
J’imagine le scénario de 24H: “M. le président, la localisation de ce frigo est vitale pour la liberté de notre pays!”
Le 26/11/2013 à 14h35
Le 26/11/2013 à 14h35
Le 26/11/2013 à 14h39
Remarque avec ce système, on va peut-être pouvoir retrouver les 3 mecs qui ont acheté la Galaxy Gear " />
Le 26/11/2013 à 14h42
Le 26/11/2013 à 14h58
Le 26/11/2013 à 16h56
Comme je le mentionnais plus haut, après sondage 60% des sondés trouvait INtéressant la proposition de ficher l’ADN de tout les nouveaux nés (et des étrangers tant qu’on y est, la proposition venant d’un procureur qui malgré son nom venait d’Anvers …enfin, disons Antwerpen ^^)
Le 26/11/2013 à 17h09
Le 26/11/2013 à 17h22
Le 26/11/2013 à 17h25
Le 26/11/2013 à 17h31
Le 26/11/2013 à 17h52
La chanson des flamands de Brel parlait surtout des flamandes ^^
Le 26/11/2013 à 18h18
Le 26/11/2013 à 18h50
Le 26/11/2013 à 18h53
Le 26/11/2013 à 19h21
Le 26/11/2013 à 21h53
Liège mais tu connais sans doute notre réputation de faire la fête pour n’importe quel occasion et de boire n’importe quoi en toute occasion … donc même si la révolution de 1830 à été menée entre autre par des liégeois aujourd hui, cela risque d’être plus difficile de nous motiver … Sauf si il pleut de la bière et du blanc (pecket) coca à flot … ^^
Le 27/11/2013 à 06h12
Le 27/11/2013 à 11h12
Le 27/11/2013 à 11h14
Le 27/11/2013 à 12h51
Les bourgeois et les flamandEs sont 2 chansons différentes.
La chanson de Brel in vlaams c’est la reprise du plat pays qui devien mijn vlakke land.
Le 26/11/2013 à 10h57
Bienvenue dans un monde meilleur " />
Le 26/11/2013 à 11h02
Je sens que les détecteurs de mouchards vont avoir le vent en poupe " />
Le 26/11/2013 à 11h03
Le député PS considère qu’en confiant ce mécanisme à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, une autorité administrative indépendante, est assurée « une parfaite protection des libertés fondamentales de nos concitoyens dans le cadre des opérations de police administratives. »
Celle là, elle est belle ! " />
La CNIL plussoie " />
" />
Le 26/11/2013 à 11h08
Comment mettre en œuvre ces espions connectés ? Simple, ces administrations pourront être autorisées encore à introduire des mouchards « dans un véhicule ou un lieu privé, à l’insu ou sans le consentement du propriétaire ou du possesseur du véhicule ou de l’occupant des lieux ou de toute personne titulaire d’un droit sur ceux-ci ». (Précisons au passage que des garanties spécifiques existent lorsqu’il s’agira d’espionner les entreprises de presse, les entreprises audiovisuelles, les parlementaires, les avocats ou les magistrats)
Ces systèmes seront cette fois mis en place sur autorisation de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité et sur proposition écrite et motivée du ministre de la Défense, du ministre de l’Intérieur ou du ministre de l’Économie et du Budget. La CNCIS aura 48 heures pour prendre sa décision, ou même une heure en cas d’urgence. L’autorisation d’interception sera donnée pour une durée maximum de quatre mois. Elle peut enfin être renouvelée dans les mêmes conditions de forme et de durée, sans autre limite de temps.
Quand on vous disait que les objets connectés ça sert à rien, à part vous soutirez des renseignements “à l’insu de votre plein gré” " />" />
Le 26/11/2013 à 11h17
A coté de la réalité, “1984” ou “Le meilleur des mondes” ou encore “Brazil”, c’est des petits joueurs.
Bienvenue dans le futur. " />
" />
Le 26/11/2013 à 11h23
Bon, a priori, il faut relativiser, même dans la surveillance, on garde notre tradition de l’administration. C’est peut être ça l’exception culturelle française.
Le 26/11/2013 à 12h01
Si l’appli de géolocalisation est aussi performante que leur logiciel de facturation les voleurs n’ont pas grand chose à craindre
Le 26/11/2013 à 12h02
Et comme on a pu le voir avec le tireur de Libé ou les bonnets rouges, nous sommes tous des terroristes potentiels " />
Bienvenu dans l’ère de la géo-surveillance " />
Le 26/11/2013 à 12h20