L’exécutif remet en cause l’existence des pratiques d’IP Tracking
Piste rouge
Le 16 janvier 2014 à 13h00
6 min
Droit
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Depuis le mois de mai, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) enquête sur les pratiques dites d’IP Tracking, afin de s’assurer qu’aucun consommateur ne soit victime de pratiques commerciales déloyales de la part de certains cybermarchands. Le ministre de la Consommation vient cependant d’annoncer que les investigations ainsi menées n’avaient pour l’heure pas permis de démontrer que les adresses IP d’internautes servaient à leur proposer des prix personnalisés.
À l’instar de nombreux autres parlementaires, le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé avait interrogé en août dernier le gouvernement à propos des pratiques dites d’IP Tracking, ou « pistage d’IP », en français. « Certains sites de vente en ligne sont accusés d'élever leurs tarifs en repérant l'adresse "IP" d'un internaute s'intéressant à une offre, afin d'inciter le client à acheter plus rapidement et à un tarif plus élevé », s’inquiétait alors l’élu.
Et pour cause : en janvier 2013, un article paru dans la section « SOS Conso » du site Lemonde.fr s’intéressait aux augmentations rapides de tarifs des cybermarchands spécialisés dans la vente de billets de train ou d'avion. Nos confrères en sont rapidement venus à parler d’IP Tracking. La technique repose sur un principe simple : après avoir consulté une page relative à un billet que vous n'achetez pas, l’idée est d’augmenter son tarif lors de votre prochaine visite, dans le seul but de vous faire croire qu’il ne reste presque plus de places et qu'il faut donc rapidement passer à l'acte d'achat.
L’eurodéputée Françoise Castex s’était alors rapidement emparée du sujet, ce qui avait notamment poussé la Commission nationale de l’informatique et des libertés à ouvrir une enquête sur l’IP Tracking. Pourquoi la CNIL ? Parce que les adresses IP sont des données personnelles au regard de la législation européenne. Mais pour les aspects liés au droit de la consommation (et notamment en raison des soupçons de pratiques commerciales déloyales), c’est la brigade de répression des fraudes qui était alors mise dans la boucle, en parallèle aux investigations de la gardienne des données personnelles. Nous étions alors au mois de mai.
Benoît Hamon confirme que les adresses IP sont bien utilisées
Depuis, aucune communication n’a été faite à ce sujet par les deux institutions. Mais la semaine dernière, dans sa réponse à Jean-Vincent Placé, le ministre de la Consommation a laissé fuiter de premières conclusions. « Les constatations réalisées à ce jour [par la DGCCRF] montrent que l'intérêt économique des entreprises à mettre en œuvre des pratiques d'individualisation des propositions commerciales en fonction de données collectées sur les internautes est avéré (les bannières personnalisées ont un meilleur taux de conversion). Le processus de segmentation est techniquement abouti » commence par expliquer Benoît Hamon.
Seulement, l’intéressé poursuit en affirmant qu’à ce jour, « il n'a pas été démontré que la technique est utilisée pour proposer des prix personnalisés. En tout état de cause, elle ne semble pas reposer sur la pratique de l'IP Tracking telle qu'elle est dénoncée par la presse ». Explication ? « L'adresse IP n'est qu'un des éléments collectés et ce n'est pas le plus pertinent, les entreprises se fondant notamment sur des informations stockées dans le navigateur tels les cookies ou témoins de connexion » affirme le locataire de Bercy.
En creux, le ministre de la Consommation laisse entendre que les investigations menées par la brigade de répression des fraudes n’ont encore donné lieu à la constatation d’aucun manquement particulier. Benoît Hamon l’assure néanmoins : « La CNIL et la DGCCRF vont maintenir collectivement leur vigilance en continuant à réaliser des enquêtes communes sur ces pratiques supposées ».
Pour Françoise Castex, « il y a donc bien de l'IP Tracking »
« On a toujours su que l'adresse IP n'était pas utilisée seule, parce qu'elle n'apprend rien en elle-même, ce n'est que l'avatar d'un ordinateur. C'est en croisant avec d'autres éléments qu'elle devient significative. La réponse de Benoît Hamon confirme que l'adresse IP est bien l'un des éléments utilisés dans le profilage des internautes » commente Françoise Castex, contactée par PC INpact. « Il y a donc bien de l'IP Tracking à partir du moment où l'adresse IP est utilisée » insiste l’eurodéputée socialiste.
L’élue regrette néanmoins que le ministre de la Consommation ne fasse pas référence à la notion de consentement explicite de l'internaute, pourtant nécessaire lors de la collecte de données personnelles. « Ce qu'il dit, c'est "oui, il y a un intérêt économique des entreprises à mettre en oeuvre des pratiques d'individualisation des propositions commerciales". Merci monsieur le ministre, on le savait déjà ! Ces "pratiques d'individualisation", moi j'appelle ça des pratiques de profilage, qui peuvent aboutir à des pratiques commerciales déloyales » fait ainsi valoir la parlementaire.
Quand le gouvernement refusait de soutenir les amendements anti-IP Tracking
Rappelons qu’à l’échelon national, le gouvernement a loupé plusieurs occasions de faire évoluer les règles relatives à l’IP Tracking. À deux reprises, des amendements ont été déposés à l’Assemblée nationale afin que « les méthodes d’identification des utilisateurs d’internet au moyen du stockage de leur adresse IP et de leurs données de navigation aux seules fins de faire varier les prix d’un produit ou d’un service vendu en ligne » soient expressément considérées comme des pratiques commerciales déloyales, dès lors interdites et réprimées par le Code de la consommation. Mais à chaque fois, l’exécutif s’y est opposé, de même que les députés.
« Il faut bien qu'à un moment donné le législateur tranche entre : est-ce qu'on privilégie l'intérêt économique des entreprises ou la protection des données personnelles et le consentement explicite des internautes ? Voilà ! En France, le débat n'a pas bougé d'un cran ! » déplore aujourd’hui Françoise Castex, qui continue de se battre pour que le sujet évolue sur un plan européen, notamment au travers des discussions relatives au projet de directive sur la protection des données personnelles.
Contactée pour un point sur ce dossier, la CNIL n’a pas voulu nous donner davantage d’informations. L’institution nous a cependant laissé entendre qu’elle sortirait officiellement de son silence dans les prochains jours.
L’exécutif remet en cause l’existence des pratiques d’IP Tracking
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Benoît Hamon confirme que les adresses IP sont bien utilisées
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Pour Françoise Castex, « il y a donc bien de l'IP Tracking »
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Quand le gouvernement refusait de soutenir les amendements anti-IP Tracking
Commentaires (40)
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Abonnez-vousLe 16/01/2014 à 14h17
Quasiment tous les sites de comparateurs de billets d’avion IMPOSENT d’accepter les cookies juste pour les consulter, comme c’est bizarre…Je pense qu’un site plus honnête, qui n’imposerait pas cette limitation pourrait prendre facilement tout le marché, mais pour l’instant ça sent trop l’entente entre les différents acteurs. Que fait la commission Européenne et ses amendes à coup de millions? Rien= lobby? corruption? " />
Le 16/01/2014 à 14h19
Le 16/01/2014 à 14h24
Le 16/01/2014 à 14h26
Le 16/01/2014 à 14h34
Le 16/01/2014 à 14h38
Le 16/01/2014 à 14h41
Le 16/01/2014 à 14h53
IP Tracking, ou « pistage d’IP », en français
Pistage de PI " />
Quitte à traduire, autant tout traduire.
est-ce qu’on privilégie l’intérêt économique des entreprises ou la protection des données personnelles et le consentement explicite des internautes ?
On connaît la réponse : notre gouvernement de droite favorise les entreprises. Les données personnelles, ça n’INtéresse que quelques barbus comme Snowden (bien que lui soit un débutant, il n’a que quelques poils au menton).
Le 16/01/2014 à 14h58
Le 16/01/2014 à 15h04
Le 16/01/2014 à 15h08
Le 16/01/2014 à 15h07
Ils vont nous pondre une loi dans la finesse et la maitrise technique qui les caractérise, un truc du genre : “les navigateurs doivent obligatoirement bloquer les cookies par defaut” ou mieux : “les FAI devront filtrer les infos mises en cookie selon une liste établie de sites marchands” " />
Le 16/01/2014 à 16h09
Le 16/01/2014 à 16h21
Le 16/01/2014 à 16h31
des vendus ! " />
ça va mal finir ces histoires… " />
“François la sens tu…” " />
Le 16/01/2014 à 16h39
Excellente la bannière « Félicitations ! Votre IP a été tirée au sort » " />
Le 16/01/2014 à 13h14
Négationniste… " />
ou alors n’ont ils pas (bien) cherché
Le 16/01/2014 à 13h17
… ah ben oui mais c’est normal avec Ryanair, faut bien qu’ils fassent payer à leurs con-sommateurs l’amende de 10 millions d’€ qu’ils se sont pris dans les gencives …!! " />
Le Monde
Le 16/01/2014 à 13h19
Le 16/01/2014 à 13h22
Cela dit, ils n’ont pas totalement tort. L’IP tracking n’est qu’une méthode parmi d’autres qui sont utilisées par les sites malhonnêtes pour faire croire à une rupture de stock imminente ou à une montée des prix. Par exemple il y a les tracking cookies aussi, qui contournent le problème de l’IP dynamique. Donc pour être efficace il faudrait interdire tout moyen de pister un utilisateur, sauf qu’interdire les cookies serait une aberration. Comment savoir si un authentification cookie est purement pour permettre à un utilisateur d’être connecté au site sans avoir à se re-logguer sur chaque page ou s’il n’est pas exploité de manière plus fourbe pour faire gonfler artificiellement les prix ?
Bref, j’ai l’impression que c’est pas si simple que ça. :/
Le 16/01/2014 à 13h23
Le 16/01/2014 à 13h24
Le 16/01/2014 à 13h25
J’ai fait l’expérience de ce genre de tracking sur le site de GrosBill hier même. Il semble basé sur des cookies au lieu de l’IP. Je voulais acheter une carte graphique vendue pour 200€. Je la met dans mon panier mais je ne l’achète pas tout de suite. Je reviens un peu plus tard : 210€. Je cherche sur d’autres sites pour voir si le prix augmente ailleurs également, puis je reviens : 220€. Pris d’un doute soudain je charge le site avec un autre navigateur : 210€. Il y a clairement anguille sous roche. Résultat j’ai fait mon achat sur Amazon " />
Le 16/01/2014 à 13h29
Le problème pour être sur qu’il y a bien de l’IP tracking, c’est que les entreprises qui ont recours à ces méthodes, notamment dans l’aérien, font aussi du yield management (e prix fluctue en fonction du taux de remplissage). Et donc faire les tests sur un site en prod ne permettra jamais de démontrer avec certitude l’usage d’IP tracking.
Le 16/01/2014 à 13h36
Le 16/01/2014 à 13h40
le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé
Ah ! le sénateur bio-incompatible qui ne paie pas ses amendes est un maître illusionniste, insérant des irréalités aussi risibles les unes que les autres dans la morne vie de ses concitoyens. Avec un plouc pareil, les ministères peuvent maintenant justifier leur existence parasite : pour le maestro, la réalité n’est pas bridée.
Le 16/01/2014 à 13h41
je l’avais déjà mentionne dans ces colonnes, mais j’ai déjà observe de drôles de comportements.
je vis a Sydney, ma compagne est australienne, on est tous les deux derrière le même Modem.
mon écosystème Google est parametre en français. quand elle accède a un service Google sans se connecter, elle peste parce que ça s’affiche en français, sur son ordinateur. quand elle navigue sur YouTube, elle reçoit des recommandations liées a ce que je regarde sur ma machine. on retrouve même ces recommandations sur ma TV!
Le 16/01/2014 à 13h46
Le 16/01/2014 à 13h57
Le 16/01/2014 à 13h59
Le 16/01/2014 à 14h02
Le 16/01/2014 à 14h11
pratiqué par liligo (je pense) pas plus tard qu’il y a 48H pour un billet d’avion paris amsterdam
Le 16/01/2014 à 13h04
il n’y a qu’a aller sur RYANAIR, ils pourront profiter du spectacle.
ayant une livebox avec ip dynamique sous la main, j’ai pu faire le test très facilement!
choisir un vol -> prix de base -> echec de paiement parce que ?????? -> resaisie du vol -> prix + X€
déco/reco de la LB pour avoir une nouvelle IP (et suppression de cookies)
resaisie du même vol -> prix de base
" />
Le 16/01/2014 à 13h13
Le 16/01/2014 à 16h59
Le 16/01/2014 à 17h05
Le 16/01/2014 à 21h29
Quand le gouvernement refusait de soutenir les amendements anti-IP Tracking
Et ils traitaient les insoumis de comploteurs, néo-nazi, et touti quanti " /> (il en a fallut du temps)
Les e-commerçants, mais non c’est pour le bien des consommateurs (mais ils ont oublié de dire qu’ils partageaient leurs données aux plus offrants de la pire espèces quitte à vendre leurs âme au(x) diable(s))
Le 16/01/2014 à 23h28
Au moins la SNCF n’utilise pas les cookies, suffit d’aller au guichet pour avoir la même chose xD
Sinon, moi c’est simple, mon navigateur refuse tous les cookies par défaut et je n’autorise que les sites que je veux. Et parfois, des sites connus ne fonctionne même plus et ce juste pour la navigation. Je veux bien que les cookies peuvent être utiles mais faut pas en abuser quand même…
Mais bon, comme indiqué plus haut, notre gouvernent ne fait jamais rien pour les consommateurs. Qu’il soit de gauche ou de droite. Parce que c’est bien beau les “intérêts économiques” mais faut que ça fonctionne dans les 2 sens et pas que pour les “commerçants”.
Le 17/01/2014 à 05h48
Le 17/01/2014 à 09h38
Comment, pas démontrées?
Il n’y a pas besoin de démonter le serveur du vendeur, il suffit d’en constater les effets sur son écran.
On a tous été victimes de ce procédé d’étiquettes qui enflent d’une minute à l’autre, mais qui restent au prix de base si on consulte le site avec son portable…