Au CSA, vers un code de bonne conduite sur la couverture des actes terroristes
Code is law, version CSA
Le 28 juillet 2016 à 15h20
4 min
Droit
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Dans un communiqué, le CSA n’annonce pas seulement qu’il a initié une procédure de (possible) sanction à l’encontre de France Télévisions. Il pose aussi les premières briques d’un code de bonne conduite, commandé par la toute récente loi sur l’état d’urgence.
Le gendarme de l’audiovisuel, saisi par de nombreuses personnes, a donc décidé d’initier une procédure à l’encontre du groupe audiovisuel. À l’index, la couverture de l’attentat de Nice par France 2, dans la nuit du 14 au 15 juillet 2016, et notamment l’interview d’un homme qui venait de perdre des membres de sa famille (le résumé d’Arrêt sur Images). Depuis, France Télévisions a présenté ses excuses, s’abritant derrière « une erreur de jugement (…) commise en raison de ces circonstances particulières », mais elle cela pourrait ne pas suffire selon les conclusions du rapport.
La suite est expliquée par le CSA, loi de 1986 en main : lorsqu’un tel éditeur « fait déjà l’objet d’une mise en demeure, en l’occurrence sur le fondement du respect du principe de dignité de la personne humaine, le constat d’un éventuel nouveau manquement sur le même fondement donne lieu à une procédure spécifique qui consiste à confier à un rapporteur indépendant la décision d’engagement des poursuites et l’instruction de l’affaire, susceptibles de conduire à un sanction prononcée par le Conseil ». Le cas échéant, la loi l’autorise en effet à infliger une sanction notamment pécuniaire.
Un code de déontologie sur la couverture audiovisuelle des actes terroristes
Surtout, à l’occasion des crimes commis à Nice, le CSA a aussi été saisi par voie de pétition « portant notamment sur les conditions de révélation de l’identité de terroristes et de diffusion d’images les représentant ». Ces sujets ne sont pas tranchés pour l’instant, alors que plusieurs médias de presse écrite ont décidé de ne plus montrer les visages de ces personnes dont Le Monde.
De fait, le Conseil réserve sa réponse à la rédaction du futur « code de bonne conduite relatif à la couverture audiovisuelle d'actes terroristes ». Ce code a été inscrit dans le marbre de la loi très récemment, celle prolongeant l’état d’urgence de 6 mois.
Lors des débats parlementaires, la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, auteur de cette disposition, avait d’ailleurs souligné l’objectif de ce document : « éviter que ne se reproduisent les dérives que nous avons pu constater lors du traitement audiovisuel d’attentats terroristes comme celui de Nice, le 14 juillet dernier ».
Dans son esprit, le code préviendra les « dérives en termes d’atteintes à la dignité humaine, avec la diffusion sur une chaîne publique des images terriblement choquantes et impudiques de la douleur indicible et glaçante de certaines victimes ». Mais aussi les « dérives en termes d’incitation indirecte à la violence par des images répétitives entraînant une certaine glorification des terroristes, et donc de possibles nouvelles vocations ». Et enfin celles relatives à la « diffusion d’informations pouvant gêner le travail des policiers : nous l’avons vu lors de la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes ».
Et la sénatrice d’ajouter qu’ « il existe aujourd’hui, nous le savons, avec le nombre croissant de chaînes d’information en continu, une certaine surenchère, une course aux images et au sensationnel ».
Un code qui perdurera au-delà de l'état d'urgence
Quoique voté lors de la dernière loi de prolongation, ce code de conduite n’est pas vissé à l’état d’urgence. Il lui « perdurera au-delà » précise le Conseil qui prépare une imminente concertation avec les médias audiovisuels.
Ajoutons que l’autorité indépendante est déjà en charge de veiller au respect de la déontologie des contenus audiovisuels. Elle édite d’ailleurs une page dédiée sur son site. Une nuance, cependant « les obligations déontologiques se sont essentiellement traduites dans les conventions conclues avec les éditeurs privés et les cahiers des charges des éditeurs publics ». En basculant aussi sur un code de bonne conduite, les règles en question seront sans doute publiques, mais aussi harmonisées à toutes les chaînes, radios, et même aux services de média audiovisuels à la demande, dont les onglets « vidéo » des sites de presse écrite en ligne.
Au CSA, vers un code de bonne conduite sur la couverture des actes terroristes
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Un code de déontologie sur la couverture audiovisuelle des actes terroristes
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Un code qui perdurera au-delà de l'état d'urgence
Commentaires (38)
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Abonnez-vousLe 28/07/2016 à 18h59
Non mais là y’a pas de censure, juste un appel à la décence… mais bon, si montrer un mec pleurer sa famille alors que les corps ne sont pas encore refroidi ça peut éviter l’holocauste, j’veux bien que tu m’expliques ça " />
Le 28/07/2016 à 19h25
Pas besoin de terroriste pour mettre en danger la liberté d’expression, on s’en sort très bien nous même.
Le 28/07/2016 à 19h30
Ça me fait bien rire, les médias font tout pour nous manipuler.
Le 28/07/2016 à 20h45
Ça fait un moment que les médias sont comme des poulets sans tête à courir dans tous les sens " />
Le 29/07/2016 à 06h00
cette banalisation du terrorisme… il faudrait plutôt réfléchir à comment l’éradiquer et passer à l’action !
Le 29/07/2016 à 08h09
Le 29/07/2016 à 09h14
Vu que les terroristes cherchent la gloire, pourquoi ne pas faire juste un mini-sujet en fin de journal pour ne pas les glorifier !
Sinon, ne révéler ni l’identité ni le visage des terroristes morts (parce que pour les vivants, il faut des yeux pour les chercher) serait, AMHA, une sage décision.
Le 29/07/2016 à 13h36
Le 29/07/2016 à 13h57
Le 29/07/2016 à 17h51
Le 29/07/2016 à 18h15
Merci de cette information, au moins maintenant je sais où je mets les pieds.
Le 29/07/2016 à 20h06
Le 29/07/2016 à 23h07
Une amende? qui va en fin de compte payer cette amende, nous, bien sur, par nos impôts ou la redevance audio-visuelle. Donc, à mon humble avis, ils s’en foutent complètement.
Cela devrait plutôt être retenu sur leur salaire, non?
Le 30/07/2016 à 04h43
Pourtant, le gros problème des médias presse-radio-TV est d’être dans une frénésie et une surenchère émotionnel et de le répéter sous tous les angles, avec le point de vue du plus haut représentant de l’Etat jusqu’au point de vue de l’homme de la rue qui n’a rien vu (mais qu’on demande de témoigner quand même parce qu’il a eu peur et que l’émotion est là).
Certes Le Monde n’est pas BFMTV, mais ça n’empêche que censurer la photo d’un criminel n’a aucun sens si l’organe de presse continue à produire de la sensation ou du spectacle, au lieu de produit de l’information utile et sincère (le journalisme consiste logiquement à relater des faits, et à les rendre intéressants dans une moindre mesure pour vendre - certainement pas à rendre des faits sensationnels, pour vendre plus que l’organe de presse-TV-radio concurrent qui lui prendrait sinon son audience). On peut parfaitement diffuser une ou deux fois une photo de criminel à titre informatif, parce que ça informe le grand public (et non parce que ça le fera frémir ou que ça l’interpellera).
Le 30/07/2016 à 14h10
Le 01/08/2016 à 01h40
Certains. Une bonne partie de la presse a quand même été dans la retenue dans leur couverture de ces horreurs. Mais ici on met tout le monde dans le même sac et on donne voix qu’aux gueulards.
Le 28/07/2016 à 15h44
D’une manière générale, ne pas leur faire de publicité serait une bonne chose.
Les médias feraient tout aussi bien de se concentrer sur les victimes, sur les conséquences, etc.
Il n’y a, je trouve, aucun intérêt (que ce soit pour les médias ou pour la société en général) à donner leurs nom, ou a afficher leurs photo. Donc autant ne pas le faire.
Le 28/07/2016 à 15h49
Il s’agit du copier/coller de l’article qui reprend la phrase du CSA.
Et c’est également un point de vue que je partage.
Ne s’agit-il pas de la gloire recherchée par toutes les personnes qui font des actes de terrorisme actuellement ?
Les journaux font une propagande pour Daesh à répéter en boucle sur toutes les chaines la même information non stop : les auteurs des actes avec photos à l’appui des terroristes, tous les détails et le processus utilisé pour perpétrer des actes ignobles.
En ce moment, les apprentis terroristes non pas besoin de consulter des sites internet sous surveillance ou de prendre contact avec des cellules de Daesh pour avoir un mode opératoire qui fera à coup sur une couverture médiatique extraordinaire.
C’est bien simple, je ne regarde plus les chaînes d’info et les journaux télévisés.
Le 28/07/2016 à 15h50
Il y a glorification des actes de terreurs dans l’exploitation du spectaculaire et du sensationnel afin d’augmenter la part d’audience de la chaîne.
Et la répétition quotidienne, heure par heure d’une info brute n’a jamais fait un bon journalisme (relater des faits) - ça fait, en revanche, un bon buzz, une bonne création d’audience et de revenus publicitaires.
Le 28/07/2016 à 15h55
Le 28/07/2016 à 16h01
Le 28/07/2016 à 16h28
Au contraire, le journalisme sert à informer le grand public. Or répéter une info ou diffuser une photo dans le but d’améliorer l’audience, c’est donner de l’émotion, de la sensation, du spectacle. C’est montrer des bêtes de foire. Ce n’est pas relater des faits.
Le bon journalisme relate des faits, montre des photos de criminels dans le but d’informer ses contemporains, pas dans le but de capter leur attention ou de les faire vibrer ou frémir.
Le 28/07/2016 à 16h33
Pujadas n’aura plus le droit à l’antenne en cas d’attentat? “génial” des morts! " />
Le 28/07/2016 à 18h01
Bien. Ensuite, il faudra étendre ce code aux actes de grands banditisme, tels la corruption, et les dessous de table. Histoire de ne pas trop donner d’infos avant les élections. " />
Le 28/07/2016 à 18h26
Je vous invite à signer cette pétition qui pour une fois fait bouger les choses, espérons que ca aille jusqu’au bout.
Le 28/07/2016 à 18h38
Mise en demeure, sanction ? Mais que risque la chaîne, au final ? Encore un message d’excuse, « on le fera plus promis » (alors qu’on sait très bien qu’ils recommenceront).
Le pouvoir est prompt à demander la fermeture d’un site quand il ne respecte pas les règles. Imposons aux chaînes tv de respecter cette charte, avec pour véritable sanction une interdiction d’émission en riposte graduée, avec la mire et le message d’explication. Il n’y a que la peur du gendarme qui fonctionnera, et pas ces pseudos tapages sur les doigts !
Le 28/07/2016 à 18h40
Merci mais non.
Le 28/07/2016 à 18h41
Le 28/07/2016 à 18h42
Le 28/07/2016 à 18h43
Oui je suis d’accord avec toi. Cette phrase me dérange vraiment.
“Incitation indirecte à la violence par des images répétitives
entraînant une certaine glorification des terroristes, et donc de
possibles nouvelles vocations”
Ils se permettent d’établir une causalité qui n’existe tout simplement pas. “images de meurtre” = “incitation au meurtre”. Un raccourcis facile et stupide qui reste à prouver.
Le 28/07/2016 à 18h49
Euh bah non… Ces criminels veulent qu’on leurs colle l’étiquette de “terroriste”, et oui on les glorifie désolé, là par exemple avec le meurtre du prêtre on est parti pour des jours de “propagande” sur ça… C’est exactement ce que veulent ces criminels hein… Ils veulent devenir des “star” (généralement dans la mort) et les médias le font parfaitement.
C’est exactement ce qu’ils veulent je vois pas pourquoi on leur donnerai ce privilège hein…
Il faut comprendre que ces criminels savent justement utiliser les médias et Internet pour faire passer leurs idées. Faut pas s’étonner après qu’ils arrivent à manipuler les gens.
Le 28/07/2016 à 18h51
Le 01/08/2016 à 01h43
Non et oui (surtout quand c’est constructif et pas plein de sophismes).
Le 28/07/2016 à 15h22
Ils vont servir a quelque chose finalement les vieux croutons ?
Le 28/07/2016 à 15h27
Le 28/07/2016 à 15h36
« dérives en termes d’incitation indirecte à la violence par des
images répétitives entraînant une certaine glorification des
terroristes, et donc de possibles nouvelles vocations »
Il est effectivement temps de mettre fin à cette surenchère médiatique sur la couverture des évènements.
Et plus le plus vite sera le mieux pas dans 1 an !
Le 28/07/2016 à 15h39
Le 28/07/2016 à 15h40