Ariane 6 : le premier des trois tests de mise à feu encore repoussé
Tant que les trois tests ne font pas Bim, Bam et Boom
Le 30 août 2023 à 08h31
6 min
Sciences et espace
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L’ESA donne enfin des détails sur l’essai réalisé le 18 juillet, et plus précisément sur l’allumage du moteur Vulcain 2.1 qui n’a pas pu être réalisé. Une nouvelle tentative est prévue le 29 août, puis deux autres essais en septembre. L’Agence spatiale européenne confirme un secret de polichinelle : le vol inaugural d’Ariane 6 aura lieu en 2024.
Il y a quelques jours, l’Agence spatiale européenne expliquait avoir « réussi pour la première fois une séquence de préparation du lanceur ainsi qu’une chronologie de lancement au Centre spatial guyanais ». Une étape importante pour retrouver une souveraineté dans le spatial, mais il restait une importante ombre au tableau : « la dernière partie de l’essai, qui prévoyait un court allumage du moteur Vulcain 2.1 [moteur du premier étage, ndlr], a dû être reprogrammée faute de temps ». Aucune explication n’était donnée et nous regrettions le manque de transparence de la part de l’ESA.
Un nouveau communiqué a été mis en ligne hier pour inviter les médias à une conférence le 4 septembre sur la « mise à jour de la campagne d’essais d’Ariane 6 ». Il est accompagné d’une série de questions réponses apportant cette fois-ci des détails sur le précédent essai.
L’Agence spatiale européenne commence par expliquer que, « ce point de presse s’inscrit dans le cadre de la décision prise début juin par la Task Force Ariane 6 de fournir des mises à jour régulières sur le développement du lanceur Ariane 6 ». C’est peu de dire que le communiqué du 25 juillet était loin de la décision de la Task Force tant il manquait d’informations cruciales.
Cause des retards : une fuite, des mesures dépassant les limites
L’ESA revient déjà sur la chronologie des événements, confirmant que les tests ont bien débuté le 13 juillet. Il s’agissait de réaliser un court essai de tir à chaud de l'étage principal (short hot-firing test of the main stage ou CTLO1). Néanmoins, une fuite sur le joint d’un flexible entre le réservoir mobile d'hydrogène et l'infrastructure cryogénique au sol est venue jouer les trouble-fêtes.
La fuite a été détectée avant le refroidissement de ces infrastructures, qui servent ensuite à remplir les réservoirs d'Ariane 6 : « Par conséquent, le test de remplissage n'a même pas pu commencer. La fuite a été réparée, et le test a donc été déplacé au 18 juillet ». Cette fois-ci, le remplissage des réservoirs du lanceur s’est correctement déroulé, « avec un allumage réussi de la chambre du moteur Vulcain 2.1 ». Dommage de ne pas l’avoir simplement indiqué en juillet.
« Plus tard dans la séquence de test, le compte à rebours automatique, qui aurait dû conduire à un test d'allumage du moteur de quatre secondes, a été interrompu en raison de certaines mesures dépassant les limites prédéfinies », ajoute l’Agence. On a également une explication sur le surprenant « faute de temps » du précédent communiqué : « la tentative d'effectuer le test de tir à chaud de quatre secondes a dû être abandonnée en raison de la longueur des tests qui a conduit à une pénurie d'oxygène liquide ».
Nouveau test court le 29 août, test long le 26 septembre
Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que commence un nouveau test d’allumage de quatre secondes : il est programmé pour le 29 août, toujours à Kourou en Guyane. Un délai nécessaire pour réparer « le bassin où l'hydrogène évaporé est brûlé » car il a été endommagé pendant le test de juillet.
Quelques jours plus tard, le 1ᵉʳ septembre, ce sera au tour du test de tir à chaud de l’étage supérieur d’être réalisé, mais cette fois-ci au centre du DLR à Lampoldshausen, en Allemagne. Il devait pour rappel être réalisé en juillet, selon le calendrier publié en juin de cette année, mais reporté « en raison d'anomalies détectées avec le logiciel lors des tests ». Des vérifications visiblement rassurantes ont été faites début août. L’ESA explique que ce nouveau calendrier « tient compte d'une pause estivale de deux semaines pour les équipes d'Ariane 6 à Kourou et à Lampoldshausen ». C’est valable pour réparer le bassin et corriger les anomalies du logiciel.
Enfin, « un long test de tir à chaud du moteur Vulcain est provisoirement prévu le 26 septembre, au Port spatial européen de Kourou en Guyane française », à condition bien évidemment que celui de quatre secondes se déroule sans anicroche.
« Le vol inaugural est désormais prévu pour 2024 »
L’Agence spatiale européenne et ArianeGroup ne s’aventurent pas à donner une date pour le vol inaugural et attendent « les résultats de tous ces tests » avant de se prononcer. De plus amples détails seront donnés après l’essai prévu pour le 26 septembre. Mais on peut déjà officiellement annoncer un nouveau retard, qui ne surprendra malheureusement pas grand monde : « Le vol inaugural est désormais prévu pour 2024 ». Il devait pour rappel avoir lieu en 2020 selon le calendrier initial. Ariane 6 est très importante pour l’Europe, qui n’a plus d’Ariane 5 en stock et est privée de Vega-C et Soyouz pour le moment.
Enfin, la question de la retransmission vidéo des tests revient sur le tapis, avec la question de la transparence sous-jacente. L’ESA explique qu’elle propose aux médias intéressés de s’inscrire pour suivre le long essai de tir à chaud du moteur Vulcain 2.1 du 26 septembre. Ce sera possible soit directement à Kourou, soit dans les installations d’ArianeGroup aux Mureaux, en France. « Dans tous les cas, les photos et vidéos seront partagées avec les médias après la fin des tests », précise l’ESA.
Ariane 6 : le premier des trois tests de mise à feu encore repoussé
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Nouveau test court le 29 août, test long le 26 septembre
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« Le vol inaugural est désormais prévu pour 2024 »
Commentaires (27)
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Abonnez-vousLe 10/08/2023 à 07h34
Et bien, aucun commentaire pour Ariane 6! L’article est donc parfait !
Le 10/08/2023 à 07h38
Au vu de l’historique, j’aurais été moins catégorique dans le chapô de l’article, en utilisant plutôt le conditionnel dans la dernière phrase :
Le 12/08/2023 à 07h59
Question Idiote, combien de temps à pris le Développement complet de Arian 6 !!??
parce que ce genre de truc ne se conçois pas comme ça du jour pour le lendemain j’imagine !!??
Le 12/08/2023 à 08h11
L’étude a commencé en 2009 et le choix d’architecture finalisé en 2014. Le développement des premiers modèles a démarré en 2016 avec un objectif d’un premier tir en 2020.
Le 12/08/2023 à 08h22
@SebGF merci à toi.
Le 15/08/2023 à 16h16
on devrait peut être copié les russe, qui utilise des composant de lave linge et télévision récupéré pour lancer leur satellite militaire et leur sonde lunaire a moins de 30 jours d’intervalle.
ouais je sais ce sont des technologie différente.
Le 30/08/2023 à 13h19
Ou plutôt les indiens qui font pareil mais leur mission n’explose pas en vol
Le 30/08/2023 à 14h29
Au cas ou l’article à été mis à jour, le commentaire date du 15⁄08 la sonde indienne a atterri le 23⁄08 (par contre elle a décollé 14⁄08, mais je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup d’info à ce sujet).
La sonde Russe s’est écrasée le 20⁄08.
Avec la mise à jour, le commentaire d’anagrys est bien plus amusant.
Le 30/08/2023 à 13h24
C’est pas le top leur sonde lunaire c’est écrasée sur la lune
Le 30/08/2023 à 13h44
Avec un tel pseudo, on attendrait plutôt des louanges de l’Inde !
Le 30/08/2023 à 14h58
Par des indiscrétions de personnes bien placées, je connais la date EXACTE du test de la (première) mise à feu. Ça sera… le jour… de la St Glingin, ou au 30 février (ou peut-être après d’ailleurs).
Ariane 6 : “Même pas encore terminée mais déjà obsolète…” et tout ça à cause de la faute d’un petit programmeur informatique Sud-Africain qui avait placé ses économies (gagnées grâce à PayPal, oops, non X.com, fixation sur le X le Elon, enfin la lettre X…, non on me dit qu’il a déjà 10 gosses, naturels, à 52 ans, il a pris du temps sur son agenda… mais bon il a déjà mis un peu de coté pour les nourrir, par contre, pour les voir, avec des journées de seulement 24h… bref … )
Ha l’Union Européenne qui devait nous rendre plus forte… Mais pas sur tous les sujets apparemment…
Fascinant…
Le 30/08/2023 à 15h13
En l’occurrence c’est spécifiquement les français qui se sont battus pour empêcher toute compétition européenne à Ariane.
Quand il était encore temps de rattraper SpaceX il y a quelques années, les Allemands avaient un peu gueulés et tentés d’encourager des startup européennes.
Peine perdu, les Français expliquaient qu’il fallait absolument continuer de tout miser sur Ariane alors que les dirigeants d’Arianespace eux-même continuaient comme avant, en répétant que la navette américaine avait supposément démontré que la réutilisation ne marche pas - il ont tellement répété cette connerie au fil des années qu’ils le croyaient peut être eux même - pour donner une idée de leur incompétence..
Le 30/08/2023 à 15h41
Et je me souviens quand en 2011⁄2012, 2 députés avaient remis un rapport sur l’avenir de l’industrie spatiale en Europe, où ils suggéraient déjà la piste du réutilisable (quand SpaceX n’en étant qu’au stade des essais, pas vraiment concluants encore mais prometteurs) et le CNES, l’ESA et ArianeEspace s’étaient bien assis sur le rapport.
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En 2019, devant le nombre record de succès de SpaceX, durant une conférence de presse le CNES (ou ArianeGroup ?, changé de nom entre temps), a fait un mea-culpa à demi-mot en disant que oui, ArianeNext (cad Ariane 7, on peut attendre…) sera enfin un lanceur réutilisable…
Allez en 2030, minimum, soit 15 ans au bas mot après SpaceX…
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A pleurer, et pourtant en Europe, on a aussi des ingénieurs pas trop stupides et plutôt bien formés mais comme tu le mentionnais clairement, on ne parle malheureusement pas la même langue, alors qu’aux US, la NASA (c’est la NASA qui a fait grandir SpaceX), c’est fédéral, point barre, cad un seul pilote aux commandes et qui décide. J’imagine si la NASA était dirigée par un Board de 50 représentants. La cata…
Le 30/08/2023 à 16h07
Le poids des lobby existe aussi aux US, et même en pire.
Ils ont aussi Boeing&LM qui sont leur équivalent de notre Arianespace, avec leur lobbyistes bien connectée avec l’élite politique (et ça plombe aussi la NASA - voir la gabegie du SLS par ex.). Mais ils ont aussi une culture du libre marché et une conscience de la force de la concurrence.
Le plus consternant à mon avis c’est qu’après tout ça, des types comme Stéphane Israël qui se sont trompé sur tout année après année, et ont littéralement détruit le secteur spatial français et européen, soient encore en poste.
Le 30/08/2023 à 16h37
« culture du libre marché et une conscience de la force de la concurrence. » : tout à fait, c’est une des raisons pour laquelle la NASA a fait grandir SpaceX parce qu’ils ont réalisé qu’ils n’y arriveraient pas avec toutes leurs lourdeurs administratives de la structure publique. Après pas mal d’ing. de la NASA ont sauté le pas et été embauchés par SpaceX.
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Fascinant comme des changements de règles peuvent changer la performance d’une organisation avec grosso modo la même quantité de matière grise.
Concernant Stéphane Israël, oui en effet c’est assez minable. Durant ma carrière professionnelle, j’ai eu la joie et le bonheur (notamment au retour de ma lune de miel de mon 2nd mariage, 30min après être arrivé au bureau sourire aux lèvres) de me faire virer en 1h top chrono, mais on vous donne un gros carton, vous avez le droit de prendre la plante verte et tout ca sous le regard d’un vigile.
Trop cool. Pour préciser, évidemment 2 boites américaines et ce n’était pas en France. Bon aussi une petite vingtaine de mes collègues me suivaient derrière avec eux aussi leur carton (& plante verte ?).
Tout un niveau hiérarchique atomisé d’un coup pour réduire les coûts de structure… Ressource Humaine, ressource, le terme porte très bien son nom.
Bref, Israël aurait dû être débarqué depuis déjà bien bien longtemps. Quand on ne croit pas à quelque chose, ça ne sert à rien de faire semblant d’y croire après coup…Hypocrisie.
Le 30/08/2023 à 16h17
Wikipedia
Je viens de lire sa bio, le type n’est même pas un ingénieur, juste un énarque pantouflé par Hollande, et il est à la tête de Arianespace depuis 2013.
Le 30/08/2023 à 16h54
Ha les boules, je ne savais pas. Le type est prof d’Histoire-Géo ?
(on a aussi eu un 1er ministre pendant 5 ans qui avait une Licence en Histoire… un gars du coté de Barcelone)
Le 31/08/2023 à 08h24
Premièrement, on ne lui demande pas d’être ingénieur, mais de diriger une administration publique. Sa formation à l’ENA est donc tout à fait pertinente.
Deuxièmement, je crois que quelques années se sont écoulées depuis sa scolarité. Déduire ses compétences simplement de sa lointaine scolarité me semble donc très hasardeux.
Le 30/08/2023 à 16h57
Le bon coté c’est qu’elle n’a pas explosée en vol
Le 30/08/2023 à 17h54
Il est “diplomé” de l’ENS Ulm.
Le 30/08/2023 à 18h57
Oui, mais en Histoire, pas en sciences.
Le 31/08/2023 à 10h27
Disons que quand les experts du groupe lui font un briefing sur un sujet, faut pas trop rentrer dans les détails techniques… A la Trump quoi, quand ses conseillers lui simplifiaient les mémos…
Le 30/08/2023 à 21h03
En France, on ne cherche jamais les responsables d’une situation (exemples autres : les attentats à Nice, la cathédrale Notre-Dame, vous avez vu une enquête pour déterminer les responsabilités ?). On ne vire pas les incompétents, on les promeut à un poste encore plus élevé.
Le 31/08/2023 à 05h05
Pour Nice, il y a une enquête sur le dispositif de sécurité :
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaque-au-camion-a-nice/proces-de-l-attentat-de-nice-du-14-juillet-2016/attentat-de-nice-le-procureur-pointe-les-negligences-de-la-securite-et-demande-la-requalification-des-faits-en-homicides-et-blessures-involontaires_5958725.html
Le 31/08/2023 à 16h51
Merci pour l’information, j’ignorais qu’une enquête était en cours. Mais les attentats ont eu lieu en 2016, et vu comme c’est parti, certains responsables seront morts avant la fin du procès, et ils continuent d’exercer tranquillement en attendant.
Le 31/08/2023 à 08h55
Et maintenant c’est la situation à Libreville qui devient instable, si station de suivi indisponible, pas de tir possible.
Le 31/08/2023 à 12h46
Non, c’est un peu comme Boeing et Intel.
Une boite de recherche et d’ingénierie doit nécessairement être dirigée par qqun qui comprend ce qu’il se passe. Si ce n’est pas le cas la boite périclite en quelques années.
Par ex. Bob Swan, un Master of Business Administration (parfait non ? ) a dirigé Intel de 2018 à 2021.
En 2021 ils ont rappelé Pat Gelsinger à la tête du groupe.
Cet à dire l’ingénieur architecte du processeur Intel 80486.