La justice valide la clause « Hadopi » du contrat de téléphonie mobile Prixtel
Clause, toujours
Le 06 octobre 2017 à 15h15
3 min
Droit
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Dans le cadre de l’action intentée contre plusieurs opérateurs de téléphonie mobile, l’association CLCV n’est finalement pas parvenue à faire déloger une clause relative à l’obligation de sécurisation dans le contrat Prixtel. Une clause qu’on retrouve, peu ou prou, chez les autres acteurs.
En 2013, l’association CLCV assignait dix opérateurs de téléphonie mobile accusés d’avoir dans leurs conditions générales, une pluie de clauses abusives.
Aux côtés d’Orange, SFR, Bouygues, Free, Virgin Mobile, La Poste Mobile, Coriolis, Numéricâble, etc., l’opérateur Prixtel était notamment accusé d’avoir une clause relative à la responsabilité « Hadopi » peu en conformité avec le droit de la consommation.
Dans l’arrêt rendu par la cour d’appel de Versailles le 12 septembre dernier, l’article 8.3 des conditions générales de l'opérateur était notamment dans le viseur. Celui-ci indiquait que conformément à la loi de 2009, le client « a l’obligation de veiller à ce que le Service ne fasse pas l’objet d’une utilisation à des fins de reproduction, de représentation, de mise à disposition ou de communication au public d’œuvres ou d’objets protégés par un droit d’auteur ou par un droit voisin sans l’autorisation des titulaires des droits sur ces œuvres ou objets ».
Quelle responsabilité du client en cas de faille du matériel ?
Dans son engagement, l’abonné devait reconnaitre en outre qu’en cas « de manquement à cette obligation, il pourra être identifié (…) aux fins de voir mener contre lui une procédure administrative ou judiciaire ». Une procédure qui, rappelons-le, peut conduire à une amende, voire en cas de contrefaçon, à la suspension de l’abonnement.
L’association CLCV a estimé que cette clause était abusive. Pourquoi ? « Car elle prévoirait une responsabilité du client tirée de [la loi Hadopi], sans prévoir le cas où la violation de cette loi résulterait d’une défaillance des services et matériels fournis par l’opérateur lui-même ».
Dans la logique de la loi Hadopi, l’abonné est responsable non parce qu’il a mis à disposition des œuvres en peer-to-peer sans autorisation, mais parce qu’il s’est abstenu, malgré plusieurs avertissements, de prévenir des faits de piratage sur sa ligne.
Selon la grille de lecture de la CLCV, la clause – qu’on retrouve adaptée chez d’autres FAI et opérateurs – entrainerait un sérieux déséquilibre : elle n’envisage pas une hypothèse pas si hasardeuse, celle d’une faille de sécurité du matériel sur laquelle l’abonné n’a aucune emprise.
Faire dire à la clause ce qu'elle ne dit pas
Prixtel a contesté victorieusement cette analyse considérant comme la Cour d’appel de Versailles que la CLCV « tente de faire dire à cette clause ce qu’elle ne dit pas ». Dans leur arrêt, les magistrats soulignent que « cette clause renvoie à la responsabilité du client en matière de contrefaçon sans laisser supposer que celui-ci endosserait les conséquences d’une possible infraction liée à une défaillance des services et matériels fournis par l’opérateur lui-même ».
L’échec de la CLCV est donc à relativiser puisque, de ce passage, se confirme qu’un abonné pourra toujours échapper aux griffes de la mécanique Hadopi s’il démontre que le matériel entre ses mains souffre lui-même d’une faille de sécurité. Le point douloureux reste malgré tout la charge de la preuve...
La justice valide la clause « Hadopi » du contrat de téléphonie mobile Prixtel
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Quelle responsabilité du client en cas de faille du matériel ?
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Faire dire à la clause ce qu'elle ne dit pas
Commentaires (36)
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Abonnez-vousLe 06/10/2017 à 15h52
tu as intérêt à rester clean, sinon ton fournisseur renseignera la Hadopi et (au pire) devoir changer de fournisseur (si j’ai bien compris)
Le 06/10/2017 à 16h02
Le 06/10/2017 à 16h09
Le fournisseur indiquera à HADOPI le détenteur d’une adresse IP donnée certes, mais c’est théorique sur le réseau mobile où toutes les connexions IP V4 sont NATées et les IP sont donc celles de l’équipent de l’opérateur mobile. Comme le port de connexion ne fait pas partie des données traitées par HADOPI, le client ne risque rien en réalité.
Quant à la suspension de liaison (et non pas le changement de fournisseur comme tu le dis) a été annulée l’été 2013. Comme la plainte date de 2013 elle aussi, il est fort possible que ce cas figurait dans le contrat en début d’année.
Comme je le disais dans mon premier message, cette clause ne faisait que rappeler la loi.
Le 06/10/2017 à 16h12
Oui, mais ce n’était pas ce que disait la clause. De plus, on parle de contrat téléphonie mobile donc NAT et pas d’IP V4 propre à l’abonné, donc on parle vraiment pour ne rien dire. L’opérateur mobile ne fournit pas de routeur il me semble.
Le 06/10/2017 à 16h17
C’est vrai que si il faut encore compter sur le premier avertissement, ça va être la joie(, autant appeler son avocat, être en plus en conflit avec son fournisseur)
Le 06/10/2017 à 16h21
En parlant de devoir sécuriser son matériel, j’aimerais bien que l’Hadopi et/ou l’état oblige un peu les constructeurs à fournir des mises à jour de sécurité sur le moyen ou long terme.
Le 06/10/2017 à 16h28
Je ne comprends rien à ce que tu dis ici. Quel rapport avec mon message ou même l’article ?
Le 06/10/2017 à 16h34
Le 06/10/2017 à 16h36
J’imagine qu’il veut dire que l’Etat donne des obligations aux particuliers qu’ils ne donnent pas aux professionnels du secteurs IT.
Après la sécurisation selon HADOPI c’est juste au niveau des œuvres culturelles, alors que les failles logicielles ou matérielles implique d’autres pans de la sécurité publique.
Le 06/10/2017 à 16h39
Mais Prixtel n’a jamais dit qu’il se retournait vers son abonné en cas de problème avec Hadopi. Donc fin de tes craintes.
De plus, la demande d’adresse IP ne présage en rien de ta culpabilité.
Le 06/10/2017 à 16h47
Le 06/10/2017 à 16h56
Cela voudrait que cette clause est inutile, puisqu’elle est déjà reprise dans la loi ? je ne vois vraiment à quoi elle sert
Le 06/10/2017 à 16h59
Oui, c’est ce que je dis depuis le début. " /> Pour moi, elle sert juste à informer l’abonné, mais ça n’a pas sa place dans un contrat…
Le 06/10/2017 à 17h10
Si l’on devait virer toutes les clauses rappelant la loi dans les contrats existant, certains seraient bien vides.
Le 06/10/2017 à 17h15
Le 06/10/2017 à 23h57
Le 09/10/2017 à 15h43
Le 09/10/2017 à 15h50
Quel soft ? … " />
Le 09/10/2017 à 16h14
La réponse est dans ta question " />
Le 06/10/2017 à 15h43
J’ai du mal à voir en quoi une clause qui ne fait que reprendre les termes de la loi serait abusive. D’autant plus qu’elle ne semble pas faire peser de menace sur les relations entre l’opérateur et l’abonné en cas de non respect, l’opérateur n’étant pas mis au courant d’éventuels manquements ni par Hadopi ni pas les ayants droits.
Par contre, j’ai du mal à voir ce que cette clause fait dans un texte qui régit les relations entre un fournisseur de service et ses clients. Elle est inutile sauf à être informative.
Le 07/10/2017 à 06h02
Le 07/10/2017 à 08h22
Ça passe comment si on reçoit une lettre de Hadopi et qu’on réponds avec la liste des CVE d’exécution de code arbitraire à distance applicable au matériel fournis par le fournisseur d’accès ?
Le 07/10/2017 à 10h13
J’attends de voir le malware qui embarque un film connu de la Hadopi sur un téléphone.
Tous ceux qui postent font preuve d’une mauvaise foi crasse.
Le 07/10/2017 à 11h38
Beaucoup de fumée pour pas grand chose.
Le paragraphe 8.3 a t-il une réelle utilité dans le contrat ?
Aujourd’hui, j’aimerais bien croiser IRL une personne qui est connecté et qui n’a jamais entendu parler d’Hadopi et ne connais pas sa mission première au coté de TMG.
Clause ou pas clause, si un code arbitraire est injecté dans le matériel, les personnes qui seront capable de le prouver avec certitude doivent se compter sur les doigts d’une main.
Le 07/10/2017 à 19h39
Le 07/10/2017 à 20h32
Le 07/10/2017 à 22h41
Avec le soft de sécurisation recommandé par le gouvernement ? " />
Le 08/10/2017 à 10h22
Le 08/10/2017 à 15h18
Le 08/10/2017 à 23h30
Le 09/10/2017 à 07h31
Le 09/10/2017 à 07h32
effectivement cependant il existe un contrat synallagmatique de nature a engager les foudres d’Hadopi.
L’approche de la CLCV n’était pas judicieuse se bornant a un exemple technique .Comme on parle de contrat,il aurait du s’intéresser a l’obligation générale de conformité L212-1 du code de la consommation.
Déséquilibre il y a,comment l’utilisateur lambda démontre t il que l’operation est en conformité avec la loi et qu’il a sécurise ses services ???
Mais au fait,de quoi parle-t-on ?? une obligation de moyen ou de résultat ?
Pritel peut il fourni a l’abonné un rapport de connection de sa ligne a l’heure du délit,je pense pas préférant concentre tous les moyens sur la force de vente…
Le 09/10/2017 à 08h32
Le 09/10/2017 à 10h35
Le 09/10/2017 à 11h34
On est bien d’accord. Je dirais même qu’elle est scélérate et hypocrite. On a en effet inventé un délit à la con pour punir en fait le piratage qu’il est quasiment impossible à prouver : on n’est pas capable de prouver que c’est le titulaire de l’abonnement qui a piraté, donc à partir de là, on ne peut condamner personne. C’est pour cela qu’on a inventé cette histoire de sécurisation alors que quelqu’un seul chez lui et sans Wi-Fi qui pirate n’a pas de problème de sécurisation, puisqu’il utilise sa ligne, mais il sera quand même condamné pour cela. Honte aux parlementaires qui ont voté cette loi.
Le 09/10/2017 à 11h36
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