Framatube : Framasoft nous explique son alternative décentralisée à YouTube
La fédération des partages
Le 23 novembre 2017 à 14h28
7 min
Internet
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Framasoft prépare pour le printemps prochain une bêta de Framatube, qui se veut une alternative à YouTube. Son fonctionnement est toutefois très différent. Pierre-Yves Gosset, délégué général de l’association française, nous en explique les arcanes.
Framasoft est surtout connue comme l’association derrière la campagne « Dégooglisons Internet ». Le message transmis est cependant le même depuis sa création en 2001 : montrer qu’il existe des alternatives aux services concentrateurs de données, et que le stockage de ces dernières peut se faire en respectant la vie privée de utilisateurs. Des initiatives comme les CHATONS ou Contributopia vont dans ce sens.
Cette dernière comportait d’ailleurs un lot de nouveaux services en approche. Parmi eux, Framatube, qui se pose en alternative de YouTube, avec un fonctionnement très éloigné des datacenters habituels. La décentralisation, comme bien d’autres projets lancés par l’association, reste donc le maître mot. Pierre-Yves Gosset nous en détaille les différents aspects, dont une partie est déjà disponible en version alpha.
Décentraliser, encore et toujours
Le délégué général de l’association nous explique ainsi qu’il n’est « pas question de centraliser, le coût serait d’abord beaucoup trop élevé, surtout qu’aucune solution de financement par la publicité ne serait envisageable évidemment ».
L’association a donc investi dans PeerTube, un projet existant depuis environ deux ans. 30 000 euros seront ainsi dépensés pour mener le logiciel au moins jusqu’à une version bêta pleinement fonctionnelle, prévue pour mars. Pourquoi PeerTube ? « Pour deux qualités techniques » nous explique Pierre-Yves Gosset, « la fédération et le fonctionnement pair à pair ».
Car PeerTube dispose de deux aspects spécifiques : les instances et la lecture. Les premières vont permettre à ceux disposant de vidéos qu’ils souhaitent partager de créer des « serveurs ». Ces instances seront toutes référencées sur une page qui permettra de les découvrir. La fédération interviendra quand les gestionnaires d’instances déclareront des liens « d’amitié ». Un « follow » qui pourra être accepté manuellement ou automatiquement, tout comme le « follow back ».
Comme le rappelle le délégué, ce procédé est exactement le même que pour Mastodon. D’ailleurs, le développeur principal de PeerTube (Chocobozzz) intègre actuellement le protocole ActivityPub, utilisé par Mastodon et presque une recommandation officielle du W3C.
Concrètement, nous détaille le délégué, « il sera possible de se déclarer ami avec d’autres instances. La recherche effectuée sur l’une pourra renvoyer alors les résultats de toutes celles déclarées de cette manière ». Un fonctionnement très différent évidemment de ce que propose YouTube, dont le stock – gigantesque – de vidéos est considéré comme présent dans un dépôt unique duquel dépendent tous ses utilisateurs.
Et côté utilisateur alors ?
Comme nous l’avions évoqué rapidement lors des dernières Rencontres mondiales du logiciel libre, l’expérience utilisateur sera un point particulièrement travaillé. Tout simplement parce qu’il est trop souvent mis de côté, particulièrement dans le logiciel libre. Laurent Chemla, initiateur du projet CaliOpen, nous confirmait d’ailleurs ce point.
La version alpha de Framatube permet de se faire une première idée de l'interface et des fonctions du service. Comme on s’en doute, il s'agit là d'une instance PeerTube permettant de montrer la voie. Pierre-Yves Gosset insiste d’ailleurs : « Il ne s’agit pas d’un portail d’entrée pour tout le contenu ».
Côté utilisateur, il ne faut donc pas attendre d’interface unique renvoyant vers toutes les vidéos. Chaque acteur disposant d’une instance PeerTube pourra publier un portail. Le contenu variera selon les vidéos présentes sur le serveur et les relations de fédération avec d’autres instances. L’utilisateur, lui, ne verra dans tous les cas qu’une grille de vidéos à cliquer, avec un champ de recherche.
Tout l’aspect lecture repose sur le client WebTorrent. Après un clic, le serveur envoie un flux vers l’utilisateur, qui peut être découpé en fonction du nombre d’autres personnes en train de lire la même vidéo. Comme avec BitTorrent, la réception des données se fait depuis plusieurs sources en fonction de la disponibilité des tronçons du fichier demandé.
Dans le cas de PeerTube, il n’est pas besoin que la vidéo soit entièrement stockée chez les autres, il suffit qu’elle soit en cours de lecture. Cela veut aussi dire que vous envoyez la vidéo aux autres visiteurs quand vous la visionnez. Un système qui fonctionnera donc d’autant mieux que les utilisateurs seront nombreux. Ce qui signifie également que le dossier de cache changera de taille en fonction des vidéos regardées.
Le partage de la bande passante est donc un point capital. Interrogé sur ce point, Pierre-Yves Gosset veut rassurer : « Puisqu’on ne partage de la bande passante que pour la vidéo en cours de lecture, on ne risque pas de saturer la connexion ».
Monétisation : Framasoft botte en touche
Que se passe-t-il si un acteur quelconque met en place une instance PeerTube et souhaite monétiser ce qu’il partage ? Pierre-Yves Gosset avoue que l’association « botte en touche ».
« On ne s’oppose pas à la monétisation, ce n’est pas à nous d’en décider ». L’instance Framatube en sera dépourvue, mais rien n’empêche d’en mettre chez les autres. Le délégué nous l’explique : « Si quelqu’un veut mettre une grosse publicité, c’est son affaire ». Il en sera de même pour ceux qui misent sur le contenu sponsorisé et autres placements de produits.
Notez que l’association compte intégrer plus tard un bouton qui permettra de renseigner un compte Patreon, Tipeee ou autre. Une personne ou une entreprise peut en effet vouloir partager un savoir-faire ou montrer ses réalisations avec une instance PeerTube. Framasoft souhaite donc que la solution puisse être utilisée dans ce cas de figure, tout en permettant aux créateurs de mettre en avant des dispositifs de soutien.
Pas de vrai test avant le printemps prochain
PeerTube est en développement actif, en fait l’un des plus gros actuellement chez Framasoft. L’association prévoit l’arrivée d’une bêta fonctionnelle pour mars prochain, si tout se passe bien d’ici là, car il reste encore beaucoup de travail.
Framasoft compte d’ailleurs sur les dons pour continuer à financer ces développements. Les 30 000 euros investis proviendront ainsi d'une campagne en cours, affichée en rouge en haut des pages de Framasoft. C’est une forme de financement participatif.
Pierre-Yves Gosset ajoute d’ailleurs que si Framatube (et donc PeerTube) enthousiasme assez les utilisateurs, les dons permettront de financer plus longtemps le développement, voire d’autres projets (et ils sont nombreux). D’autant que, comme pour Next INpact, les dons à Framasoft sont défiscalisés à hauteur de 66 %.
En attendant, ceux qui souhaitent tester le service peuvent, comme indiqué précédemment, se rendre sur un prototype de portail. Des erreurs peuvent apparaître, mais on pourra constater que les vidéos se lisent sans problèmes particuliers et que les performances semblent pour l’instant prometteuses.
Framatube : Framasoft nous explique son alternative décentralisée à YouTube
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Décentraliser, encore et toujours
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Et côté utilisateur alors ?
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Monétisation : Framasoft botte en touche
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Pas de vrai test avant le printemps prochain
Commentaires (34)
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Abonnez-vousLe 23/11/2017 à 14h35
Framasoft c’est bon, mangez en ! " />
Le 23/11/2017 à 14h43
Cela me fait vaguement pensé à Popcorn Time " />
Le 23/11/2017 à 14h46
Bientôt une instance NextINPACT ?
Le 23/11/2017 à 14h48
Sauf que le but ici c’est de proposer du contenu intéressant de manière décentralisée, par de faire du piratage de masse pour que chacun puisse regarder le dernier blockbuster gratos en ayant l’impression de lutter contre l’oppression du grand Capital du fond de son canapé ;)
Le 23/11/2017 à 14h48
Superbe initiative, mais le P2P a ses limites dès lors qu’on visionnera une video peu regardée, donc il y a un risque pour les vidéastes les moins populaires ou faisant le moins de buzz.
Le 23/11/2017 à 14h48
Ce protocole P2P sera-t-il surveillé par TMG dans le cadre d’HADOPI ?
Edit après avoir lu le commentaire précédent de David.
Cela n’empêche en rien le fait que le contenu décentralisé ne sera pas contrôlé a priori.
Le 23/11/2017 à 14h49
C’est du BT, donc y’a pas de raison que ça ne le soit pas.
Le 23/11/2017 à 14h57
Entre la démocratisation des connexions très haut débit (qui favorisent l’auto-hébergement) et le fait que de nos jours, on peut louer un serveur dédié (avec une très bonne connexion) pour quelques euros par mois, ce problème est bien moins important que par le passé.
Le 23/11/2017 à 15h02
Techniquement, nous sommes sur le même principe.
Il y a le système de “portail” qui me fait penser aux “chaines” de Youtube.
Oui l’objectif est différent. Mais il y aura tout de même les dérives retrouvées sur Youtube avec un nombre de résultats non négligeable en tapant “Film complet” :)
Le 23/11/2017 à 15h23
Ce qui me géne avec ce truc décentralisé c’est que il faut savoir ce qu’on veut voir.
Est ce qu’il y aura des playlists automatiques comme YT ?
Est ce que e-penser, science étonnante, scilabus, astronogeek etc auront une instance ?
Bref, comme bcp de solution Frama*, il faudra gérer de multiples abonnements.
Ou alors je n’ai pas compris.
Le 23/11/2017 à 15h24
Le 23/11/2017 à 15h35
C’est en quelque sorte l’orientation qu’aurait du prendre le web… et que j’espère le voir emprunter, même si c’est mal barré…
Mais l’avenir, et cela concerne d’autres secteurs (énergie par exemple), est dans le distribué. Du moins si l’on souhaite garder une forme de contrôle citoyen et un fonctionnement démocratique.
Dans le cas contraire les système centralisés actuels feront l’affaire, et la neutralité du web n’a en effet aucun intérêt :)
Dommage que Framasoft ne soit pas plus connue en dehors des “geeks” ou des personnes sensibles aux valeurs défendues par l’association.
Parce qu’en dehors des alternatives qu’elle propose, il y a vraiment un travail pédagogique de fond pour défendre une vision de l’Internet libre et respectueux de ses utilisateurs.
Le 23/11/2017 à 15h38
Le 23/11/2017 à 15h49
Le 23/11/2017 à 15h58
Ca me fait penser que j’ai créé un compte Mastodon récemment… Sauf que je me suis trompé d’instance et le fait de ne pas pouvoir supprimer mon compte sans passer par l’administrateur de l’instance (dont je ne connais même pas le pseudo) m’embête " />
Le 23/11/2017 à 16h01
C’est HS mais si l’instance en question est un tant soit peu à jour tu devrais pouvoir supprimer ton compte toi-même.
Le 23/11/2017 à 16h06
Ca peut être un usage, mais ça n’est pas l’usage exclusif ou visé ;) Après une instance sera comme n’importe quel autre service en charge du ménage. C’est surtout là que ça va être “fun” (surtout si on a des instances qui font dans la censure de petit caporal comme on a eu sur mastodon)
Le 23/11/2017 à 16h08
Tout à fait, mais ça reste un risque, aussi bonne que soit l’initiative, il y a toujours 1000 fois de leechers que de seeders en P2P.
Mais j’espère me tromper pour ce projet :)
Le 23/11/2017 à 16h29
Sauf que là t’as le serveur en plus qui seed, ce qui fait une BP non négligeable. Et vu que c’est du BitTorrent, il sera facile d’ajouter la possibilité de redonder une vidéo sur plusieurs serveurs.
Le 23/11/2017 à 16h41
Beaucoup de temps et d’argent pour pas grand chose au final… Je pense qu’il serait plus intéressant de pomper le contenu de youtube via de l’embed et de faire un meilleur système de navigation / découverte / personnalisation / multi compte.
Le 23/11/2017 à 16h45
Je reste dubitatif mais je ne demande qu’à être convaincu ;-)
Le 23/11/2017 à 16h57
Ça te ferait dépendre de YouTube, aussi bien pour la plateforme technique que pour le contenu. Et sur ce point, tu ne pourrais donc rien faire s’ils décident de censurer ou supprimer des vidéos pour telle ou telle raison.
Ensuite ça ne respecterait sans doute pas leurs conditions d’utilisation, ce qui te mettrait dans l’illégalité.
Le 23/11/2017 à 17h42
Le 23/11/2017 à 21h26
Je découvre le concept de webtorrent.
Intéressant.
Le 24/11/2017 à 09h16
La raison d’être du truc étant de permettre aux producteurs de mettre en ligne sans utiliser YT, je ne vois pas en quoi ta solution répond au cahier des charges.
Le 24/11/2017 à 09h34
Le 24/11/2017 à 10h31
Ils trouveront bien quelque(s) chose(s) " />" />" />
Le 24/11/2017 à 12h24
Le 24/11/2017 à 12h39
Le 25/11/2017 à 12h33
C’est un très bon projet, mais je reste dubitatif sur ces liens d’amitié. Perso, j’évite tout cela, ce n’est pas mon truc. Donc si je monte mon instance, elle restera isolée, mes vidéos ne seront pas partagées, et personne ne s’en servira comme un pair. Enfin c’est ce que je comprends de cette présentation.
Le 25/11/2017 à 12h36
Le 26/11/2017 à 11h00
Le 26/11/2017 à 17h37
Tu trouves les autres noeuds de la DHT via des “bootstrapping node” : Wikipedia
Le 27/11/2017 à 15h59