En commission, les eurodéputés refusent de libérer les données des voitures autonomes
Zinzin au pays de l'Or noir
Le 12 octobre 2018 à 14h46
3 min
Droit
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Dans le cadre de l’examen d’une résolution européenne sur les véhicules autonomes, l’eurodéputé Max Andersson, du groupe des Verts/Alliance libre européenne, a regretté le rejet de son amendement visant à libérer les données générées par ces moyens de transport.
Le projet de rapport initial, déposé par l’eurodéputé Wim van de Camp (PPE) n’est qu’une résolution européenne, mais sa portée politique n’est jamais neutre.
Pour accompagner ce secteur, il propose par exemple que les normes techniques des véhicules et des infrastructures, dont les panneaux de signalisation, soient « élaborées et harmonisées aux niveaux international, européen et national », afin de garantir « une interopérabilité transfrontière homogène ». Dans la même veine, il constate sans mal que ces véhicules vont générer une grande quantité de données et qu’il est donc nécessaire d’utiliser des données à caractère non personnel et anonymisées.
En commission des affaires juridiques, à l’occasion d’un habituel travail d’amendement, l’eurodéputé Max Andersson a justement tenté d’introduire une disposition pour éviter toute mainmise sur ce précieux carburant. Son amendement visait à affirmer que les données des voitures autonomes, parce qu’elles sont générées automatiquement et de ce fait ne sont pas créatives par nature, rendent selon lui « la protection du droit d'auteur ou le droit sur les bases de données inapplicable ».
À la demande de la droite européenne (groupe EPP), un vote par appel nominal a néanmoins été décidé. Un tel vote enregistre les noms des députés et leur choix. Et la commission Juri a finalement repoussé son amendement, provoquant un certain agacement du parlementaire.
« Si vous pensiez que les organisateurs d'événements sportifs dans la directive sur le droit d'auteur représentaient une vue extrême en commission Juri, voyez ce qu’il s'est passé sur les véhicules autonomes » écrit-il sur Twitter avant de raconter l’épisode. « Il semble que dans le monde du groupe EPP, les données d’une voiture autonome sont le fruit d’un travail créatif - peut-être celui du constructeur automobile - qui peut être acheté et vendu et est digne de la protection spéciale que nous accordons aux artistes » critique Max Andersson.
Comme le relève Euractiv, ces données pourraient pourtant être utiles « pour évaluer l'efficacité et la sécurité des véhicules, en plus de garantir le bon fonctionnement des composants des voitures ». Ce rejet sur l’autel du droit d’auteur, s’inscrit en droite ligne de l’adoption de la proposition de directive sur le droit d’auteur, portée par Axel Voss, eurodéputé du groupe EPP.
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 12/10/2018 à 18h35
Pourtant, la collecte des infos des voitures autonomes est crucial pour faire évoluer les infrastructures. C’est une boucle de retour pour un contrôle qualité, c’est la possibilité d’évaluer la pertinence de certaines mesures.
La sentence devrait être: pas de droit de circuler si pas de contribution au bien commun, a fortiori pour les véhicules individuels (non mutualisés) autonomes.
Le 12/10/2018 à 19h17
la seul chose que les constructeurs souhaitent, c’est des outils propriétaire
Le 12/10/2018 à 19h50
Voilà qui est étonnant, vue la difficulté d’accorder le droit de panorama aux photographes (notamment de cartes postales) au bénéfices des architectes. Ainsi, les constructeurs automobiles seraient plus créatifs que les photographes ?
Le 12/10/2018 à 20h40
Et tristement les ingénieurs qui travaillent/ont travaillé sur ces systèmes moi compris sont bien contents de pouvoir accéder à Mapillary et d’autres bases libres pour faire avancer la recherche dans le domaine.
Les lobbies sont déconnectés des individus qui créent la valeur.
Le 13/10/2018 à 08h21
Le 13/10/2018 à 09h24
Pourtant les constructeurs automobiles ont prouvé leur “créativité” dans les données sur la pollution de leurs marchandises " />
Le 13/10/2018 à 10h06
Le 13/10/2018 à 10h20
Le 13/10/2018 à 11h46
Je pense que ce qu’ils veulent protéger, ce sont leurs erreurs. En cas d’incident, voire d’accident, les données des véhicules impliqués mettraient à jour les erreurs des algos et donc les fautes des constructeurs et cela aux yeux de tout monde.
Le 13/10/2018 à 14h58
A mon avis, ça n’est pas vraiment la raison. En cas d’enquête, il y aura forcément une demande d’analyse des données du véhicule de la part des autorités compétentes.
On est clairement dans une décision réfractaire et court-termiste sans fondement.
Le 13/10/2018 à 15h25
Personne n’a l’air de remarquer que mettre à disposition des Tera/Peta octets de données a un coût…
Par ailleurs, on exige des Google Car de flouter un certain nombre de choses avant diffusion au public.
Ici, qui serait en charge de ce travail de titan (et de la mise au point des algos, de leur maintenance et des interventions humaines ?)
Le 15/10/2018 à 09h45
Si les données sont données aux pouvoirs publics, je pense que le plus important serait d’anonymiser les données, de déconstruire les trajets pour empêcher aux forces de l’ordre d’en faire un outil d’espionnage massif, mais en dehors de cette considération, je ne vois pas les voitures autonomes décoller avec une bonne efficacité sans une boucle de retour permettant de faire du contrôle qualité sur la ville elle-même. La ville n’est pas à voir comme juste des données mais comme un processus faisant partie de la voiture autonome.