Le développement d’Ariane 6 entre dans sa dernière ligne droite, vol inaugural en 2020
Jusqu'ici tout va bien...
Le 04 novembre 2019 à 15h54
6 min
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Tous les voyants sont au vert pour Ariane 6, dont le développement est dans la dernière ligne droite. Le vol inaugural est prévu pour 2020, puis les vols commerciaux début 2021 et Arianespace vise la Lune en 2023. Pendant ce temps, le cargo Canopée se dévoile : il sera chargé de transporter les morceaux d'Europe à Kourou, en Guyane française.
Ariane 6 continue d'aller de l'avant et une nouvelle étape vient d'être franchie par ArianeGroup : l'inauguration du bâtiment en Allemagne où sera intégré l'étage supérieur de la fusée, celui contenant les charges utiles. La société explique que son usine est d'ores et déjà « pleinement opérationnelle », et qu'elle intègre « actuellement les deux premiers étages supérieurs [qui sont] en phase finale d’assemblage ». Le vol inaugural est prévu pour le second semestre 2020.
Dans le même temps, Stéphane Israël (directeur général d'Arianespace, société chargée de la commercialisation et de l'exploitation des lanceurs d'ArianeGroup) profitait du 70e Congrès mondial d'astronautique de Washington pour parler des projets de son groupe, notamment son ambition d'aller vers la Lune en 2023.
« Dernière ligne droite du développement d’Ariane 6 »
Le bâtiment d'intégration se trouve donc à Brême en Allemagne. Il s'étend sur une superficie de 6 000 m², avec une hauteur de 21 m. Les deux étages supérieurs qui sont en train d'être finalisés auront deux missions différentes : « L’un partira pour ses tests à feu vers le nouveau banc du DLR, inauguré en février dernier à Lampoldshausen. Le second rejoindra les autres éléments constitutifs du lanceur à Kourou pour les tests combinés entre le lanceur et le pas de tir ELA-4 (Ensemble de Lancement – 4) », explique ArianeGroup.
Quelques semaines auparavant, André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, prenait la parole : « Nous entrons désormais dans la dernière ligne droite du développement d’Ariane 6. Sa conception est maintenant validée et tous les choix permettant de donner à ce lanceur l’ensemble des performances attendues, en termes de coûts de fabrication, de fiabilité et de polyvalence, sont finalisés. Nous pouvons donc commencer la phase de qualification pour un premier vol au second semestre 2020 ».
En plus de l'étage supérieur à Brême, l'étage principal est en train d'être intégré sur le site des Mureaux en France. De son côté, « le propulseur à poudre P120C subira lui son troisième et ultime test à feu au début de l’année prochaine », après avoir passé avec succès les précédents tests. Concernant les moteurs à propulsion liquide Vulcain 2.1 et Vinci, la qualification formelle « est en cours de finalisation, suite à la réussite de tous les essais à feu ».
Bref, les bonnes nouvelles et les feux verts s'enchaînent pour le moment pour Ariane 6, dont la « Revue de Conception Détaillée » s'est achevée le 25 septembre en autorisant « l’entrée du lanceur dans sa phase finale de qualification pour vol ».
Bateau cargo « écoresponsable » Canopée pour traverser l'Atlantique
Les éléments construits et assemblés en Europe seront transportés à Kourou en Guyane française par le navire Canopée « à propulsion hybride et à voiles articulées » dont la superficie est de 375 m², pour un transport « écoresponsable » avec une « réduction de 35% des émissions polluantes » selon ArianeGroup... qui ne parle évidemment pas du bilan carbone de la conception, construction et décollage d'une fusée.
Le bateau cargo de 121 x 23 mètres est construit par Alizés, une société commune entre l’armateur Jifmar Offshore Services et la compagnie maritime Zéphyr & Borée. Il devrait atteindre les 30 km/h (16 noeuds), mais il ne sera par contre pas disponible pour transférer les premiers éléments d'Ariane 6 puisque le lancement de Canopée « est prévu pour 2022 ».
Lancement commercial début 2021, 14 lanceurs en production
Sans attendre le vol inaugural de 2020, « la production de série des quatorze premiers lanceurs a démarré le 6 mai dernier et toute la chaîne industrielle est en marche pour produire les lanceurs qui voleront à partir du premier semestre 2021, conformément au calendrier établi avec les premiers clients d’Ariane 6 ». Pendant une période de transition, des lancements seront également effectués avec Ariane 5.
Pour rappel, l'étage supérieur d'Ariane 6 est équipé d'un moteur réallumable plusieurs fois : Vinci. Il « permet au futur lanceur européen d’effectuer tous types de missions, quelles que soient la durée et l’orbite visées, notamment les déploiements de constellations de satellites » sur des orbites différentes, explique ArianeGroup. C'est un des points forts d'Ariane 6.
Pour rappel, la Cour des comptes a récemment étrillé le modèle économique d'Ariane 6 qui présenterait des risques. Des accusations balayées d'un revers de la main par ArianeGroup pour qui Ariane 6 est « le couteau suisse qu'il nous faut ».
- Pour la Cour des comptes, « le modèle économique actuel d’Ariane 6 présente des risques »
- ArianeGroup défend Ariane 6 : c'est « le couteau suisse qu'il nous faut »
La Lune en 2023
Ensuite, ArianeGroup devrait s'envoler vers la Lune, une première étape avant de s'attaquer à d'autres objets de notre galaxie, dont la planète Mars. Ariane 6 sera ainsi en mesure d'apporter plus de 8 tonnes de chargement en orbite lunaire. Les orbiteurs et/ou atterrisseurs seront capables d'atteindre notre satellite naturel en l'espace de trois jours.
« En 2023, nous sommes prêts à proposer la première mission en "covoiturage" vers la Lune », avec des partenaires privés ou publics, explique Stéphane Israël, repris par SpaceNews. L'Agence spatiale européenne prévoit elle aussi d'utiliser Ariane 6 pour une mission sur la Lune, mais cela reste à confirmer.
Il n'est pas (encore) question de transporter un équipage à bord des fusées Ariane 6, mais Stéphane Israël aimerait que cette idée soit discutée au niveau européen, lors d'une réunion entre ministres des différents États membres, en 2022. Par contre, la NASA compte bien envoyer des hommes sur la Lune en 2024 avec son programme Artémis.
L'Agence spatiale américaine a d'ailleurs laissé entendre que des astronautes non américains pourraient prendre place dans l'équipage, mais cela reste à négocier pays par pays (et en fonction des contributions financières évidemment). Dans tous les cas, le Français Thomas Pesquet est prêt : « J'ai toujours rêvé d’aller plus loin et plus profondément dans l’espace. J’espère vraiment prendre ma part dans cette prochaine étape de l’exploration spatiale ».
Le développement d’Ariane 6 entre dans sa dernière ligne droite, vol inaugural en 2020
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Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 05/11/2019 à 06h49
Juste une petite correction, Canopée ne va pas transporter les morceaux d’Europe aux Etats-Unis mais d’Europe à Kourou en Guyane française, en Amérique du Sud…
Le 05/11/2019 à 07h09
Réutilisable mais plus couteuse en carburant et capable de transporter une charge plus faible (et oui, le carburant nécessaire au retour des parties réutilisables c’est autant de charge utile en moins).
Ça plus le cout de la révision et la fiabilité forcément plus faible…
Et quand on voit les problèmes qu’à rencontrer la navette spatiale niveau révision…
Bref, techniquement intéressant mais en pratique est-ce vraiment avantageux ?
Le 05/11/2019 à 07h33
En pratique on peut se dire que le réutilisable est l’avenir.
Imaginez qu’à chaque fois que l’on prend l’avion on en construisait un autre ?
Actuellement on en est là avec les fusées. Le but est pas de faire la pub de spaceX (ils sont bons là dessus) mais objectivement ils ont apportés un truc nouveau.
Le 05/11/2019 à 08h38
J’aime bien l’enchainement de feux verts genre “on est les meilleurs on réussi des trucs de dingues”…
Faudrait pas oublier que c’est une mise à jour à moindre frais face à la concurrence…. Y a pas lourd à se mettre sous la dent et j’ai peur qu’Ariane 6 soit vite dépassée dans la course des lanceurs… La fiabilité est un argument mais il faut aussi apporter d’autres atouts
Le 05/11/2019 à 09h11
Concernant le bilan carbone, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le décollage n’émet pas de CO2 car le carburant utilisé est de l’oxygnène et de l’hudrogène. Le moteur ne produit que de l’eau.
Le 05/11/2019 à 09h49
Il me semble que l’hydrogène n’existe pas naturellement elle doit être produite (donc dépense d’énergie proportionnelle, au delà des pertes, à celle restituée lors de la combustion)
Le 05/11/2019 à 11h05
Le 05/11/2019 à 11h22
Le 05/11/2019 à 11h48
Il semble que la France veut pousser les membres de l’ESA a faire pareil.
Le 05/11/2019 à 11h51
Effectivement il y a 2 configurations d’Ariane 6, 62 et 64, en fonction du nombre de boosters (et donc de la charge utile à emporter).
Merci pour le lien. L’illustration est effectivement un peu plus 2020 que 1980 dans le style…
Le 05/11/2019 à 16h17
Le 05/11/2019 à 17h23
Le site d’Ariane Espace propose même le manuel utilisateur de la fusée, avis aux intéressés " />
Le 05/11/2019 à 17h43
Le 05/11/2019 à 17h46
Sauf que l’hydrogène aujourd’hui, on le produit par réformage du gaz naturel : on craque la molécule de CH4 pour isoler l’hydrogène (H2), et ça émet du CO2 ça. Donc si, les décollages de fusée ce n’est pas neutre pour le climat, du moins tant qu’on ne fait pas de l’hydrogène par électrolyse de l’eau, avec de l’électricité produite avec une source neutre en carbone.
Le 05/11/2019 à 18h52
Le 05/11/2019 à 22h26
Le 04/11/2019 à 16h08
Techniquement Ariane 6 est visiblement, et heureusement, un progrès mais esthétiquement on a quand même l’impression d’une régression jusqu’à Ariane 4 après une Ariane 5 au look immédiatement reconnaissable.
Le 04/11/2019 à 18h19
Le 04/11/2019 à 18h56
Dans la vidéo de Pesquet à la fin de l’article, c’est moi où il parle de Dieu à la fin ? C’est très étrange non ?
Le 04/11/2019 à 19h17
J’ai appris un truchttps://www.merriam-webster.com/dictionary/Godspeed
c’est un bateau bien connu des américains et c’est devenu une expression. L’histoire des Usa est tellement riche et fournie (ironie)
Le 04/11/2019 à 19h42
La fusée Ariane accuse surtout un train de retard (si pas plus) comparé aux fusées de Musk dont le lanceur est réutilisable ce qui n’est pas le cas d’Ariane 6. Du coup, question différence tarifaire, Space X est bien meilleur..
Le 04/11/2019 à 20h25
Tu as des infos fiables sur le gain lié à l’aspect réutilisable ou c’est une affirmation sans fondement ?
Le 04/11/2019 à 21h00
Godspeed
https://dictionary.cambridge.org/fr/dictionnaire/anglais/godspeed
Le 04/11/2019 à 21h14
Le 04/11/2019 à 21h29
La quasi-totalité du secteur (quelques dizaines d’acteurs) est en retard sur le plus en avance. Jusque là, rien d’anormal…
Et Ariane ne l’est pas plus que les autres.
Le 04/11/2019 à 22h19
Le 05/11/2019 à 06h30
https://www.arianespace.com/ariane-6/
Je ne sais pas de quand date l’illustration, mais ça ne ressemble pas à ce qu’il y a sur le site officiel d’Arianespace. Ni sur le site d’ArianeGroup qui est tellement bardé d’animations kikoolol qu’il dit que mon navigateur est obsolète.
Grosso merdo, Ariane 6 aura le même coeur central que la 5 (visuellement parlant) et entouré de deux ou quatre propulseurs complémentaires selon la version si j’en crois l’illustration officielle.
Le 06/11/2019 à 09h16
Je sais que tu as déjà ta réponse, mais c’est une expression qu’on apprend en regardant le très bon “ROCK” (avec Nicolas CAGE et Sean CONNERY).
C’est le nom de famille du héros et il explique la traduction à un moment :p
(aparté qui ne sert a rien, merci bonne journée " /> )
Le 06/11/2019 à 09h47
C’est certain que l’histoire US est pauvre mais ça signifie aussi qu’elle est plus facile à connaître. J’entends souvent dire que les citoyens US connaissent mieux leur histoire que nous et quand on voit la violence des débats sur leur histoire je suis enclin à le croire…
Le 07/11/2019 à 11h36
Le 07/11/2019 à 11h56
Le 09/11/2019 à 19h45
Le 09/11/2019 à 22h45