La Manif Pour Tous condamnée pour avoir parasité un hashtag de la SPA
Un papa, une maman, un parasite
Le 07 janvier 2020 à 13h47
6 min
Droit
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Dans un arrêt rendu le 20 décembre 2019, la cour d’appel de Paris a condamné la Manif pour Tous à verser 15 000 euros de réparation à la Société protectrice des animaux. Il lui a été reproché d’avoir notamment repris le hashtag #JeVousFaisUneLettre, fer de lance d’une campagne de la SPA lancée en avril 2016.
Le 16 avril 2016, la Société protectrice des animaux lançait une campagne nationale pour dénoncer la torture faite aux animaux dans le cadre de l’abattage, de l’expérimentation animale et de la corrida.
Avec le hashtag #JeVousFaisUneLettre, reprenant la célèbre prose de Boris Vian, elle invitait les internautes à réagir à la maltraitance animale et à contacter le chef de l’État. Cette campagne a fait l’objet de nombreuses reprises dans la presse…mais elle a aussi inspiré l’association La Manif Pour Tous et la fondation Jérôme Lejeune.
Selon le résumé fait par la justice, dès le 23 avril, ces deux structures ont affiché « sur leurs sites Internet respectifs des visuels rappelant celui des affiches de la SPA pour traiter des causes qui leurs sont propres à savoir, pour la première, le refus de la GPA et de la PMA pour les couples de même sexe, et pour la seconde, 'l’eugénisme’ des bébés porteurs de la trisomie 21, l’avortement 'tardif’ et l’euthanasie ».
Deux images valant deux mille mots :
Reprendre un hashtag, c'est légal ?
Les visuels n’ont pas laissé beaucoup de doute sur les sources d’inspiration alors que la SPA avait dépensé 5 775 euros pour la création de ses affiches, 15 221 euros pour leur impression et 129 594 euros pour l’achat d’espaces, soit un peu plus de 150 000 euros.
La cour d’appel de Paris, saisie par l’association qui fut déjà condamnée devant le tribunal de grande instance, a rappelé ce 20 décembre 2019 que « le parasitisme, qui consiste pour un opérateur économique à se placer dans le sillage d’un autre en profitant indûment de la notoriété acquise ou des investissements consentis, résulte d’un ensemble d’éléments appréhendés dans leur globalité indépendamment de tout risque de confusion ».
En comparant les deux campagnes, elle a estimé que « LMPT et la Fondation Jérôme Lejeune ont profité des investissements réalisés par la SPA tant pour la création que pour la diffusion de sa campagne, ainsi que de sa notoriété ».
Diluer, brouiller, parasiter les messages de la SPA
Et ces deux intrépides se sont bien placés dans le sillage de la société de protection pour détourner sa campagne dédiée à la cause animale « au bénéfice de leurs propres causes tendant ainsi à diluer, brouiller et à parasiter les messages de la SPA ». Elle s’est notamment appuyé sur le fil Twitter où plusieurs hashtags #JeVousFaisUneLettre provenaient de ramifications départementales de l’association.
Celle-ci s’est cependant drapée derrière la liberté d’expression et l’exception de parodie pour sauver sa cause. La SPA a combattu l’un et l’autre de ces arguments : d’un, « la liberté d’expression n’autorise pas le détournement des investissements d’autrui ». De deux, elle ne revendique pas de droit d’auteur, la question de l’exception étant hors de propos.
La cour d’appel de Paris va concentrer ses attentions sur la liberté d’expression, en rappelant le contenu de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme :
« 1. Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.
2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. »
15 000 euros pour la SPA
Le cœur de la problématique retenue par les juges d’appel est donc simple : la condamnation sollicitée par la SPA, une ingérence dans la liberté d’expression, est-elle « nécessaire, dans une société démocratique pour atteindre un des buts légitimes prévus par ledit article et en particulier la protection des droits d’autrui » ?
La cour n’aura aucune difficulté pour répondre par l’affirmative. Par cette reprise, « la campagne [de la SPA] a perdu en clarté et en efficacité, a été en partie brouillée en ce qu’elle s’est trouvée associée à des associations et à des causes qui lui sont étrangères, voire antagonistes, les sympathisants de la SPA pouvant être tout à fait réfractaires aux thèses soutenues par l’association LMPT, mais aussi affaiblie ».
Pour déterminer le préjudice de ce parasitisme, les juges ont retenu que la campagne LMPT n’a duré que 17 jours sur le site de l’association, et 8 sur celui de la Fondation Jérôme Lejeune. Autre poids dans la balance, une publication judiciaire fut ordonnée sur chacun des deux sites et seuls 14 tweets ont concerné LMPT, et un la Fondation Jérôme Lejeune.
Alors que la SPA réclamait 50 000 euros de réparation, l’association LMPT sera condamnée à payer la somme de 15 000 euros pour réparation des préjudices de la SPA. La fondation Jérôme Lejeune sera tenue solidairement à hauteur de 5 000 euros.
La Manif Pour Tous condamnée pour avoir parasité un hashtag de la SPA
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Reprendre un hashtag, c'est légal ?
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Diluer, brouiller, parasiter les messages de la SPA
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15 000 euros pour la SPA
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 07/01/2020 à 13h55
On dit mot-dièse, nindidiou :p
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Le 07/01/2020 à 14h55
Le parasitisme …résulte d’un ensemble d’éléments appréhendés dans leur globalité indépendamment de tout risque de confusion…
Il ne s’agit donc pas du hashtag mot-dièse uniquement, il y a bien d’autres choses : le titre est certes accrocheur mais un peu abusif à mon sens. Le hashtag est un des éléments, pas le seul. Je dirais plutôt : Pas de hashtag pour tous, ne parasite pas le hashtag de ton voisin, copier (un hashtag) c’est parasiter. Mais bon je suis pas toujours inspiré…
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Le 07/01/2020 à 14h55
#drinktears
Le 07/01/2020 à 14h57
Aller en appel avec ces 2 images est à mon avis osé. " />
Le 07/01/2020 à 14h57
L’exception de parodie avec LMPT " />" />" />
C’est meugnon de croire que ça peut passer venant d’un mouvement aussi premier degré et haineux
Le 07/01/2020 à 14h58
Le 07/01/2020 à 14h59
Le 07/01/2020 à 15h00
Je l’ai justement regardé hier. " />
Le 07/01/2020 à 15h01
le sous-titre de la news : " />
Le 07/01/2020 à 15h02
Ca fait une campagne de pub à 15 000 euros, au lieu des 150 000 investis par la SPA. Ca reste une belle affaire. Sans compter la pub gratuite de l’actu judiciaire.
Le 07/01/2020 à 15h26
Le 07/01/2020 à 16h15
En fait on est tous tombés dans le panneau, LMPT est une parodie depuis le 1° jour #loiDePoe
Edit: le logo de l’affiche en bas à droite est énorme. Ça ressemble à mon sens à une parodie de la représentation classique de l’évolution, ce qui démontrerait qu’ils en sont capables, mais aussi peut laisser penser qu’ils sont aussi un peu créationnistes sur les bords.
Le 07/01/2020 à 16h45
Le 07/01/2020 à 18h08
Ces 2 associations ont l’air d’avoir cramer tous leur neurone." />
Le 07/01/2020 à 22h34
Commentaires lamentables, décidément l’abrutissement des masses (et la montée de sa haine contre toute résistance au mouvement/progrès) est réussi. On ne sait plus du tout penser et réfléchir contre soi, c’est affolant, “sagesse” est un mot à effacer de la langue je crois, avec “humilité”.
Intéressant en tout cas. On découvre des lois tous les jours, étonnant que celle-ci ne serve pas plus souvent. Ça fait longtemps que je pense qu’il y a tellement de lois que si tu veux t’acharner contre quelque chose ou quelqu’un, tu trouveras forcément de quoi le condamner. La bonne nouvelle c’est que c’est aussi valable pour se défendre. Je trouve le jugement… juste, (mais le titre faux, c’est la campagne qui est en cause, pas juste l’utilisation virale d’un mot-dièse, j’ai cru au départ que c’était un mouvement spontané sur Twitter qui était visé).
Et d’un autre côté, je trouve qu’il est défendable, sur le fond, d’estimer qu’on peut lier les sujets, donc je ne sais pas si ces associations auraient pu anticiper la condamnation, mais je suppose que ça n’interdira pas pour autant aux gens de tweeter ce qu’ils veulent, si ? Quelque part, ça aide la campagne (dont par exemple je n’aurais jamais entendu parler autrement). Mais ce n’est plus à faire.
Le 08/01/2020 à 09h21
Discret le repompage intégral de la campagne de com " />
En en même temps savoureux, puisque refuser “l’eugénisme’ des bébés porteurs de la trisomie 21, l’avortement ‘tardif’ et l’euthanasie” c’est aussi prôner une forme de… torture " />
Le 08/01/2020 à 10h15
Le 08/01/2020 à 10h22
Je préfère “mot-clic” personnellement :-)
Le 08/01/2020 à 11h09
Je trouve ca leger, 15.000 euros
Le 08/01/2020 à 12h01
Pareil, 15ke pour avoir pompé l’intégralité d’une campagne de pub à +100ke, c’est ridicule. Ca doit tout juste couvrir les frais de justice.
Le 08/01/2020 à 14h28
Ils ont pris 2K€ en supplément au terme des frais de justice. Après 15 k€ çà reste conséquent pour une association qui n’a pas forcément beaucoup de subvention.
Après je doute que ces 2 associations trouvent beaucoup d’amis par ici.
Le 08/01/2020 à 15h19
Le 08/01/2020 à 15h35
Le 09/01/2020 à 08h53
Avec mon pseudo, tu imagines bien qu’il y en a une des deux que j’adore ! " />
Le 09/01/2020 à 14h07
sérieux ? t’es fan de Frigide Barjot ? " />
(je suis déjà dehors " /> )
Le 10/01/2020 à 09h08
Tu peux expliquer ce mot torture ?
Je suis bénévole dans une association qui s’occupe d’enfants handicapés, et j’ai notamment eu des trisomiques 21, ils ne souffrent pas, et sont « heureux » (guillemets car on ne met pas tous la même chose derrière ce mot) la plupart du temps.
Le 10/01/2020 à 10h10
Je confirme…
Quand j’étais gamin j’ai eu l’occasion de connaître le fils d’une amie de ma mère qui était trisomique 21 et qui était très heureux grâce à ses parents, son frère et ses soeurs qui le considéraient comme n’importe lequel d’entre-eux. Ce gars âgé d’une vingtaine d’années était d’une gentillesse et d’une politesse impressionnantes. Le temps passant, je ne sais pas ce qu’il est devenu mais j’en ai gardé un excellent souvenir.
Bref, il y a sûrement plein de trisomiques 21 qui sont bien plus fréquentables que certains “normaux” qui se croient au-dessus de tous et qui parfois occupent hélas de très hautes fonctions (ça devient quasiment une mode à travers le monde de mettre des tarés au pouvoir)… " />
Le 11/01/2020 à 14h17
Bonjour,
@gavroche69> Le problème c’est pas la personne trisomique (ou tout autres “personne spécial”) ni sa famille, le problème c’est le regard des autres et c’est ça la “torture”.
Edit:
C’est pas pour rien que j’ai ça dans une de mes signatures sur un autre forum: “Les préjugés font plus de malheureux que le savoir ne fait d’heureux.”
Le 11/01/2020 à 15h29
Le 12/01/2020 à 10h06
C’est le fait d’empêcher un choix qui provoque la torture (le choix de garder ou non un enfant, trisomique ou non, le choix de l’euthanasie).
Ça revient à imposer les conséquences aux gens, conséquences pour lesquels ils ne sont pas forcément prêts, capables (pour des raisons de moyens, de capacités, de connaissance, etc…) ou n’ont tout simplement pas envie.
Dans le cas des enfants trisomiques, oui je dirait qu’ils sont heureux (sans guillemets) mais dans un monde pour lequel ils ne sont pas adaptés.
Cela fonctionne donc seulement pour ceux qui ont la chance d’être accompagnés d’abord par leur parents puis par des services adaptés à leur situation.
Mais la réalité est bien différente, tu dois d’ailleurs être bien placé pour le savoir.
Nous n’avons pas tous les moyens, les connaissances ou même l’envie d’éduquer un enfant trisomique.
Sans parler du fait que le gros du problème se situe à l’age adulte ou ils se retrouvent bien
souvent seuls une fois que les parents ne sont plus là :/
Donc empêcher à des parents de choisir dans un tel cas ça peut être équivalent à de la torture. Pour les parents et pour l’enfant.
Les uns incapables d’assumer une telle situation et l’autre d’en subir les conséquence toute sa vie, soit 3 vies détruites (bilan pas terrible).
Le 12/01/2020 à 13h02
Mais le monde n’est pas adaptés à de nombreux autres troubles et handicaps. C’est tout l’enjeu de ce qu’on appelle une société inclusive. Les enfants trisomiques (ou les enfants autistes aussi, et plein de troubles que j’ignore) galèrent à aller à l’école, rien que ça. Certains n’ont pas le niveau et vont en IME, d’autre sont en théorie le droit à une place à l’école, mais apparemment ce n’est pas la joie pour en obtenir une dans les faits.
Dans la réalité, c’est aux parents d’un enfant trisomique qu’on va reprocher de ne pas l’avoir avorté.
De même pour l’euthanasie, les soins palliatifs sont sous-financés, évidemment personne n’a envie de souffrir, mais si la santé était équipée correctement, la question ne se poserait pas.
Le 13/01/2020 à 09h11
Qui n’éprouve pas de plaisir sexuel.
Femme frigide.
Le 13/01/2020 à 14h31
Ce n’est pas le monde qui n’est pas adapté, mais les personnes handicapées (sinon on ne parlerai pas d’handicap).
Après l’adaptation de la société pour inclure les personnes en situation de handicap c’est autre chose.
Et peut importe les moyens, les personnes devrait avoir le choix tout simplement.
(même avec des moyens illimités les soins palliatifs n’empêchent pas la souffrance, ils l’atténue…)