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Vega : l’échec de VV17 causé par… une procédure imprécise et « une inversion de connexions »

Jamais deux sans trois ?

Vega : l’échec de VV17 causé par… une procédure imprécise et « une inversion de connexions »

Le 18 décembre 2020 à 15h21

En novembre, la mission VV17 échouait à cause d’une anomalie sur le lanceur Vega. En cause, « un câblage et à une connexion incorrects des actionneurs électromécaniques ». Des actions ont été prises pour éviter que cela ne se reproduise et Arianespace espère revenir en vol au premier trimestre 2021.

L’Agence spatiale européenne et Arianespace enchainent les déconvenues avec le lanceur Vega. En juillet 2019, la mission VV15 connaissait aussi un funeste destin, après un sans-faute depuis 2012. La cause la plus probable de l’anomalie était une « défaillance thermo-structurale dans le dôme avant du moteur Zefiro 23 ». Des « actions correctives portant sur l’ensemble des sous-systèmes, des processus et des équipements concernés » étaient mises en place pour éviter que cela ne se reproduise.

L’Europe prenait une bouffée d’oxygène en septembre 2020 avec le lancement réussi de VV16, d’autant que cette mission était l’occasion de valider SSMS (Small Spacecraft Mission Service), le service de lancement partagé Vega (qui sera aussi disponible sur les futurs lanceurs Vega-C et Ariane 6). Le retour en vol devait se faire rapidement – dès le mois de mars – mais la pandémie mondiale de Covid-19 est venue gripper les rouages.

« Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge »

Il y a un mois, la mission VV17 était un cuisant échec, de nouveau à cause d’une « anomalie », mais sur le quatrième étage cette fois-ci. Les satellites d’observation de la Terre SEOSAT-Ingenio et TARANIS pour le Centre National d’Études Spatiales (CNES) étaient perdus. Un coup dur pour les partenaires, Arianespace et l’Europe, d’autant que c’était le second échec sur les trois derniers lancements.

Rapide rappel des faits : « Les trois premiers étages ont fonctionné de façon nominale jusqu’à l’allumage de l’étage supérieur AVUM, huit minutes après le décollage. Une dégradation de la trajectoire a alors été détectée, générant une perte de contrôle du lanceur puis la perte de la mission ».

De premiers éléments sont rapidement arrivés, par l’intermédiaire de Roland Lagier (CTO d’Arianespace) : « C'était clairement un problème de production et de qualité, une série d'erreurs humaines, et non un problème de conception ». La commission chargée de l’enquête vient de rendre son verdict.

Elle confirme les premières hypothèses : il ne s’agit pas d’un problème de conception, mais d’intégration : « l’échec est dû à un câblage et à une connexion incorrects des actionneurs électromécaniques du système de contrôle de vecteur de poussée de l’étage supérieur AVUM, entrainant une inversion des commandes de direction qui a conduit à la dégradation de la trajectoire et la perte du véhicule ».

La commission décrit le déroulement des faits, en trois temps : « (i) une procédure d’intégration imprécise qui a causé (ii) une inversion de connexions électriques, non détectée lors (iii) des différentes étapes de contrôle et de test effectuées entre l’intégration de l’étage supérieur AVUM et l’acceptation finale du lanceur, et ce à cause d’incohérences entre les exigences spécifiques et les contrôles recommandés ».

Pluie de recommandations pour éviter un nouveau drame

Les experts ont formulé un ensemble de recommandations pour éviter que cela ne se reproduise. La commission recommande qu’une ribambelle d’inspections et de tests supplémentaires soient effectués rapidement sur les deux prochains lanceurs Vega, car ils sont déjà entièrement ou partiellement produits. Sans surprise, il en va de même pour les prochaines fusées à construire.

Sur le plus long terme, des « recommandations permanentes » sont formulées, à la fois sur la fabrication, l’intégration et le « processus d’acceptation » durant l’assemblage du lanceur en Italie et Guyane. Un groupe de travail dirigé par l’ESA et Arianespace a été mis en place pour vérifier la bonne exécution de cette feuille de route.

Pour Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace, « la clarté des conclusions présentées par la Commission indépendante donne la possibilité à Avio, le maître d’œuvre de Vega, de prendre en compte immédiatement ces recommandations sur ses lignes d’intégration, avec le soutien d’Arianespace et de l’ESA ».

Vega VV17
Il y a comme un petit souci avec la trajectoire sur l’écran de derrière…

Petit retard à prévoir pour le prochain lancement…

Un léger retard sur le planning est à prévoir pour le patron d’Arianespace : « Ce plan d'actions nous rend confiants dans notre capacité à reprendre les vols d'ici à la fin du premier trimestre 2021. Sachant qu'avant l'anomalie, le prochain lancement était programmé en février 2021. C'est donc un retard limité que nous anticipons ». 

En attendant, Arianespace peut se réjouir du lancement d’une fusée Soyouz depuis de cosmodrome de Vostochny, la première mission conjointe Arianespace-Starsem depuis la toute nouvelle base spatiale russe. 36 satellites OneWeb sont à bord (la société vient de renaitre de ses cendres). Ils sont largués quatre par quatre, les huit premiers sont déjà libérés, les autres devant suivre rapidement.

… mais VV18 reste en piste pour le premier trimestre 2021

Pour le moment, le prochain lancement de Vega est programmé pour le premier trimestre 2021. Cette mission VV18 embarquera le premier satellite de la constellation d’observations de la Terre Pléiades Neo, développée par Airbus, mais il ne sera pas seul à bord.

Comme avec VV16 (qui n’a pas explosé en vol), il s’agira d’une mission SSMS, dite de « juxtaposition (avec passagers auxiliaires) » : « le dispenseur a une configuration reposant sur un module hexagonal sous la principale interface avec la charge utile principale ». Cinq sociétés ont déjà signé avec Arianespace, VV18 affiche désormais complet.

« Nous allons vérifier avec Airbus que tout a été fait correctement afin d'aller vers un retour en vol fiable. Nous impliquerons très fortement notre client dans le suivi de la mise en œuvre des actions », affirme Stéphane Israël. Un troisième échec en si peu de temps serait un gros coup de massue pour Arianespace… ce qui pourrait bien pousser ses partenaires vers des concurrents.

… suivi par VV19 et Vega-C

VV19 doit ensuite s’envoler au second trimestre, là encore avec une charge principale et des passagers auxiliaires. Il reste encore de la place pour des nanosatellites et dispositifs de déploiement de CubeSats. Le successeur du lanceur léger de l’Europe – Vega-C – devrait effectuer son vol inaugural en juin prochain, puis une mission commerciale au quatrième trimestre 2021, sur laquelle il reste de la place pour des petits satellites.

Il faudra par contre attendre 2022 pour le vol inaugural du lanceur lourd Ariane 6. Vous pouvez d’ailleurs retrouver un dossier sur cette fusée dans notre magazine #2.

Commentaires (28)

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Si l’ESA veut arriver à rattraper la concurrence, il est grand temps de passer à des lanceurs RDNA2, Vega a fait son temps !
(OK, je sors, pardon pour l’dérangement)

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:baton:

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Mais ça sert à rien de s’énerver, faut juste confier le travail à des pros !

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Vega : l’échec de VV17 causé par…


… Goldorak, toujours à casser les jouets de Vega.

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Vaark a dit:


Si l’ESA veut arriver à rattraper la concurrence, il est grand temps de passer à des lanceurs RDNA2, Vega a fait son temps !



David_L a dit:


:baton:


Pourtant il a raison quand il dit que ça fait son temps.
Vega, c’était plus fort que toi …



(hein, la sortie ?)



Sinon, il reste à espérer qu’il n’y aura pas de déboires sur la prochaine génération de lanceurs (les réutilisables).
Parce qu’arriver avec 10-15 ans de retard et tout faire exploser suite à une erreur de branchement, ce serait ballot.

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Le mieux et de viser à construire directement un X-Wing, cela mettrai à genoux les concurrent. :transpi:

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Vaark a dit:


Si l’ESA veut arriver à rattraper la concurrence, il est grand temps de passer à des lanceurs RDNA2, Vega a fait son temps ! (OK, je sors, pardon pour l’dérangement)


il a osé :mdr:




SebGF a dit:


… Goldorak, toujours à casser les jouets de Vega.


:bravo:

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« Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge »



C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit quand j’ai vu le titre de cette new. :D

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Le pire, c’est que le lancement coûte 2 fois plus cher qu’avec du SpaceX 😂

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Pour les clients privés ou pour le client état ? :transpi:

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Pour du privé :D



C’est sur que SpaceX pour la nasa ca vaut pas le coup.

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Diom a dit:


C’est sur que SpaceX pour la nasa ca vaut pas le coup.


Bof, SpaceX pour la NASA ça reste moins cher que du Ariane 5 pour le privé :roll:

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Diom a dit:


Le pire, c’est que le lancement coûte 2 fois plus cher qu’avec du SpaceX 😂



azurief a dit:


Bof, SpaceX pour la NASA ça reste moins cher que du Ariane 5 pour le privé :roll:


Le prix est une info qui ne veut rien dire quand la société qui vend fait son beurre avec des contrats publics US.

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Bon, c’est un problème d’intégration et ils ont trouvé où se situait le pépin.



Rendez-vous en mars pour voir si le tir suivant se passe bien.

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Je ne comprend pas bien. De mon souvenir de documentaire sur la construction spatiale.



Le montages des systèmes requiert un personnel qualifié avec un personnel qualifié aussi qui supervise le premier au moment de l’action. Si cela ne change pas. Cela veut-t-il dire que plusieurs personne se trompent en même temps ?



Enfin je veux dire avec des sommes pareilles (et assuré pour les montants correspondants), l’erreur n’est pas permise et donc on se prémuni de ces choses par les vérifications et contre vérifications.



Gné???

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Je travaille dans ce milieu. Il y a 5 vérifications humaines sur certains cablâges. Parfois, ils reviennent de chez le client avec une erreur quand même.
Ce sont des systèmes très complexes et tout le monde est faillible. Automatiser cela est complexe et cher, mais on y vient.

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2020 est une année assez foireuse pour le spatial. Beaucoup de lancements (110 en tout), mais 10 échecs sur l’année pour plusieurs lanceurs : Long March, Vega, Electron, LauncherOne, Rocket 3, Momo 5. Soit un taux d’échec plus élevé que les années précédentes.
En 2019 il y a eu 97102 lancements réussis, soit 5 échecs. 2018 c’est seulement 2 échecs (+ 1 partiel) sur 114 lancements.



Bien que ça ne peut être l’unique cause, la pandémie n’a pas du aider à maintenir le niveau de qualité dans le secteur avec les réorganisations d’effectifs dans les entreprises.



Après il faut arrêter de sur-dramatiser comme à chaque fois. Cette année deux Long March se sont pétées la gueule en Chine et aujourd’hui tout le monde félicite la mission Chang’e 5. Shit happens comme on dit.

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Oui … Tant qu’il n’y a pas de charge utile humaine, tout va bien :D
Quand Thomas Pesquet ira rôtir dans Crew Dragon, ça sera plus embêtant.

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Bah comme j’ai dit sur un autre article à ce sujet, l’espace n’est pas acquis.

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SebGF a dit:


Shit happens comme on dit.


À tout le monde en plus. Tous égaux devant les tuiles…

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Merci pour cet article !

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linkin623 a dit:


Le prix est une info qui ne veut rien dire quand la société qui vend fait son beurre avec des contrats publics US.


Justement, le prix public payé pour les contrats public US c’est 150 millions de dollars le lancement (le prix public étant aux alentours 60 millions). Une Ariane 5, c’est 220 millions le lancement. Donc même “surpayés”, les vols SpaceX restent plus rentables que de l’Ariane 5…

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Je me suis toujours demandé si Ariane 5 ne payait pas son héritage de lanceur habité dans le coup… Car si Hermès n’a jamais volé, le design d’Ariane 5 est quand même issus de ce projet.

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Ariane 5 a vingt ans aussi, la comparaison avec SpaceX est difficile en matière de technologie. C’est pour ça qu’Ariane 6 a été conçue pour réduire les coûts de lancement, même si l’estimation reste plus chère que le concurrent.

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Oui effectivement, Ariane 5 a été conçue avant la naissance de nombre d’INpacticiens.



Effectivement mais la faute revient a Arianespace ou aux politiciens? Il ne faut pas oublier que 15 pays participent a l’ESA, le client final d’Arianespace.

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Alors attention, c’est pas les mêmes capacités non plus pour l’orbite de transfert géostationnaire ; Ariane 5 propose de 25 à 50% de plus. Du coup elle peut y placer 2 gros satellites d’un coup.
Ce sont des optimisations différentes pour des usages principaux différents.

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Leum a dit:


Je me suis toujours demandé si Ariane 5 ne payait pas son héritage de lanceur habité dans le coup… Car si Hermès n’a jamais volé, le design d’Ariane 5 est quand même issus de ce projet.


Je ne pense pas que ce soit ce design qui ait posé problème. Cela a donné la capacité à Ariane 5 de faire des lancements doubles ce qui était une capacité intéressante à l’époque.



Arianespace paie surtout le prix de ne pas avoir conçu de nouveau lanceur en 25 ans, ce qui a été une grosse erreur avec l’arrivée de nouveaux acteurs financés par le gouvernement US.




kalgan a dit:


Alors attention, c’est pas les mêmes capacités non plus pour l’orbite de transfert géostationnaire ; Ariane 5 propose de 25 à 50% de plus. Du coup elle peut y placer 2 gros satellites d’un coup. Ce sont des optimisations différentes pour des usages principaux différents.


Alors en GTO, c’est 10,5t pour Ariane 5 ECA et 8t pour une F9 B5. Donc, on peut dire que c’est à peu près au même prix (enfin avec tarif++ côté Spacex et prix public côté Ariane).



Après, les satellites de 10t sont devenus plutôt rares et le lancement double a ses inconvénients en terme de planification, surtout quand tu as un concurrent qui peut faire deux fois plus de lancement que toi.



Dans tous les cas, les prochaines années vont être intéressantes à observer. Juste dommage qu’Ariane se soit autant reposé sur ses lauriers.

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ça arrive des erreurs de connexion, baby yoda avait fait la même erreur

Vega : l’échec de VV17 causé par… une procédure imprécise et « une inversion de connexions »

  • « Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge »

  • Pluie de recommandations pour éviter un nouveau drame

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