Ariane 6 en route vers son destin
Prends, prends, prends-toi en main !
Le 05 janvier 2022 à 11h04
5 min
Sciences et espace
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Les étages principal et supérieur d’Ariane 6 sont en route pour la Guyane où ils vont être assemblés afin de former le « corps central » de la fusée qui participera aux tests combinés – en avril si tout va bien – avec le pas de tir et les installations au sol. La prochaine grosse étape sera le vol inaugural.
Alors que la concurrence s’est fortement intensifiée ces dernières années dans le domaine spatial – notamment avec l’arrivée des acteurs « new space » – l’Europe est largement en retard sur la mise en place de sa nouvelle génération de lanceurs que sont Ariane 6 et Vega-C. Pour rappel, leur principal objectif est de baisser les coûts, sans être réutilisables.
Ariane 6 en mode « Valve Time » ?
En attendant, Ariane 5 continue d’assurer le service. La fusée vient d’ailleurs de réaliser un superbe lancement avec le James Webb Space Telescope, renforçant au passage son image de marque. Mais cela ne suffit pas à contrer des concurrents comme SpaceX qui pratiquent des prix inférieurs.
Depuis plusieurs années, Ariane 6 et Vega-C multiplient les retards concernant leur vol inaugural : 2019, 2020, 2021, deuxième trimestre 2022 et maintenant il est question du troisième trimestre de l’année. Les choses bougent néanmoins : un « exemplaire complet d’Ariane 6 » est désormais en route vers Kourou. Il n’est pas encore question d’un lancement, mais d’avancer sur les essais combinés.
Deux étages naviguent sur les flots…
« Après la finalisation de son assemblage sur le site ArianeGroup des Mureaux et la réalisation de tous ses tests fonctionnels de réception, l’étage principal a pris le chemin du port français du Havre. Le navire a ensuite rejoint Brême, en Allemagne, pour y charger l’étage supérieur assemblé et contrôlé sur place par ArianeGroup, avant de reprendre la mer en direction de la Guyane », explique ArianeGroup. Les deux étages devraient arriver au port spatial européen mi-janvier.
« Cette première rencontre entre le nouveau lanceur européen et son pas de tir constitue une étape décisive du développement d’Ariane 6 », ajoute le fabricant. « Les équipes de l’ESA, du CNES et d’ArianeGroup travaillent d’arrache-pied pour préparer les tests combinés en Guyane, incluant les essais à feu de l’étage principal effectués directement sur le pas de tir ». Il ne faudrait effectivement pas que les opérations prennent de nouveau du retard…
L’étage principal d’Ariane 6. Crédits : ArianeGroup
« Anticiper tous les risques potentiels »
De plus, ArianeGroup n’a pas franchement le droit à l’erreur. Une des forces des lanceurs Ariane est leur fiabilité, une explosion lors du vol inaugural serait une catastrophe en termes d'image. Il est ainsi « essentiel d’anticiper tous les risques potentiels et de finaliser toutes les vérifications dans les conditions les plus proches possible du vol, pour assurer la réussite du lancement inaugural d’Ariane 6 ».
Lorsque les éléments seront dans le centre spatial guyanais, les étages destinés aux essais combinés seront intégrés horizontalement dans le nouveau « Bâtiment d’Assemblage Lanceur (BAL) », puis le lanceur sera placé à la verticale et installé sous le portique mobile.
Des opérations d’assemblage bien différentes d’Ariane 5
Ainsi, « Ariane 6 reçoit ses boosters à poudre et sa partie haute (incluant coiffe et charge utile) directement sur le pas de tir, sous le portique mobile » ; c’est en effet un changement important par rapport à l’actuelle génération de fusées.
Dans le cadre des tests combinés, les boosters n’auront pas besoin d’être allumés ; ils seront donc chargés d’une matière inerte (masse et encombrement identique au combustible) afin de tester en conditions réelles (ou presque) les opérations d’accostage au lanceur.
Si vous en doutiez encore, Ariane 6 « ne décollera pas lors des tests combinés », mais c’est l’ultime étape avant de passer aux choses sérieuses. Elle devrait se dérouler en avril… oui, de cette année !
Cette répétition générale permettra de « tester l’ensemble des interfaces et les bonnes communications entre le lanceur Ariane 6 et les installations au sol du nouvel ensemble de lancement Ariane n°4 (ELA 4) ». Les logiciels de vol ainsi que les opérations de remplissage et de vidange des réservoirs seront également examinés de près.
L’étage supérieur d’Ariane 6. Crédits : ArianeGroup
Le modèle de vol en cours d’intégration
Les prochains mois seront chargés puisque, en parallèle des essais combinés en Guyane, « un autre exemplaire de l’étage supérieur complet d’Ariane 6, appelé HFM (Hot Firing Model) et équipé de son moteur ré-allumable Vinci, va être testé sur le site du DLR, à Lampoldshausen en Allemagne ».
« Les étages du premier modèle de vol sont d’ores et déjà en cours d’intégration dans nos usines en France et en Allemagne », affirme la société
« Les essais porteront également sur l’unité de propulsion auxiliaire APU (Auxilliary Power Unit), un système innovant qui renforce la polyvalence d’Ariane 6 », explique ArianeGroup.
Le 05 janvier 2022 à 11h04
Ariane 6 en route vers son destin
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Ariane 6 en mode « Valve Time » ?
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Deux étages naviguent sur les flots…
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« Anticiper tous les risques potentiels »
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Des opérations d’assemblage bien différentes d’Ariane 5
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Le modèle de vol en cours d’intégration
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 05/01/2022 à 13h53
#1
Comme Ariane 5 ?
Le 05/01/2022 à 13h54
#2
* Salamandar pense au vol 501
Le 05/01/2022 à 14h39
#3
ce sous-titre
j’ai pas percuté de suite, je me suis dit “tient ça me fais penser à qqch”, puis en relisant le rythme est venu tout seul et là j’ai percuté que c’était pas un hasard XD
bon maintenant je vais lire l’article :p
Le 06/01/2022 à 14h29
#3.1
C’est ton destain !
Le 05/01/2022 à 14h53
#4
Je visualise pas bien cette histoire de tests combinés… C’est une sorte de mise à feu statique sur le pas de tir? Avec à ce que je comprends des tests de communication? (sur la distance centre de contrôle <-> fusée ça risque d’être vachement représentatif )
Le 06/01/2022 à 09h18
#4.1
Ca consiste en l’assemblage de tous les éléments de la fusée venant d’Europe, la déplacer sur le pas de tir, faire le remplissage des réservoirs d’ergols liquide et valider les procédures
En fait il n’y a pas que la fusée qui est nouvelle, tout le pas de tir (ELA4) est nouveau
Je ne pense pas qu’il y est d’allumage statique du moteur vulcain sur le pas de tir c’est pas vraiment la méthode chez ArianeGroup contrairement à SpaceX (mais les merlins sont de plus petit moteur)
Le 05/01/2022 à 15h09
#5
Sympa le smiley sur l’emballage de la fusée/de l’étage
Le 05/01/2022 à 20h01
#5.1
C’est du plagiat, mais c’est classe.
Le 05/01/2022 à 20h24
#6
Je ne pense pas qu’il faille se focaliser sur un sans faute en début de carrière. Apprendre, c’est faire des erreurs, pas une question de dignité. Mais c’est vrai que ça coûte de l’argent.
Le 05/01/2022 à 21h20
#7
Dans la méthode américaine à la spacex, tout à fait.
Dans la méthode à l’européenne on préfère la méthode on revérifie et recalcule 500 fois quitte à perdre 10 ans que de faire un raté pour apprendre.
Et pourtant cette méthode n’a pas marché avec L501… Et il suffit de voir les années de retard ensuite pour comprendre que ça n’a pas fait évoluer la méthode.
PS : souvenir, j’étais à 15km sur la montagne des singes, on a manqué l’école pour assister au 501… Je me souviens sur la radio entendre le ddo dire que tout était nominal alors qu’on venait de la voir exploser… Puis la radio a coupé… Plus de signal pendant plusieurs minutes… A trop parler d’une fusée hyperfiable… C’est là qu’ils ont raté l’occasion de se taire et que la méthode Musk est plus honnête.
Le 06/01/2022 à 09h09
#7.1
J’ai pas vu de méthode Musk. SpaceX suit les mêmes vérifs. Et surtout lorsqu’on a toute la R&D des précédents lanceurs payés par l’impot derrière soi…
Musk pourrait s’appeller Bezos que cela ne changerait rien à l’évolution technologique .
Le 06/01/2022 à 09h18
#7.2
Pour le coup ça a raté car ils n’ont pas assez testé/vérifié. Ils étaient tellement confiants qu’ils n’ont pas vérifié à fond et l’explosion était facilement évitable.
Le 05/01/2022 à 21h21
#8
Bon et pendant ce temps jw a déployé son miroir secondaire… Tout est nominal, ça semble dans ce cas parfait ;)
Le 06/01/2022 à 10h13
#9
Quelle différence de culture avec SpaceX…
Le 06/01/2022 à 20h30
#9.1
Bah, c’est bien plus facile de prendre tous les risques, d’appliquer des méthodes “agiles” et de casser les prix quand tu touches des montants “non divulguables car secret défense” qui financent les activités de ta société…
L’Europe demande à Arianegroup d’être en grande partie financé par des lancements à charge privée qui doivent être rentable pour éviter des plaintes devant l’OMC des concurrents dont les Etats Unis…
Le 06/01/2022 à 20h40
#10
Il se trouve justement que Bezos a aussi une boite qui fait du spatial (Blue Origin), et qui essuie échec sur échec…
Il parrait même que Bezos est vert de jalousie devant les succès technologiques et commerciaux de SpaceX.
Il y a aussi Boeing, une autre boite américaine qui n’arrive pas non plus à suivre la compétition de SpaceX.
Bref, les succès de SpaceX ne sont pas (uniquement) dus à la chance ou au soutient du gouvernement américain.
Et il semble clair que SpaceX a une approche beaucoup plus agressive que Boeing et Ariane en terme d’essai/erreur. SpaceX a connu un certain nombre d’echecs avant de réussir à faire aterrir verticalement leur premier étage (techique qu’ils ont développé de zéro ou presque).
Le 07/01/2022 à 07h47
#11
Ça, c’est ce qu’il est possible de raconter.
Essai ou erreur ?
Moi je vois surtout que les essais étant inénarrables on en conclu à l’erreur positive. Il n’y a rien de plus faux en termes de processus : à partir de quel moment et sur la base de quoi tu arrêtes ton prototype ?
On voit bien que la méthode spaceX c’est la même que tous les autres.
La différence ici c’est l’échéance, ça coutait juste moins cher de casser n lanceurs que d’attendre le résultat dans un supercalculateur… et ça c’est jamais dit.
Le 07/01/2022 à 11h24
#12
Les Shadoks avaient une chance sur un million d’envoyer leur fusée sur la planète Gibi.
Il fallait se dépêcher de faire les 999999 tirs ratés.
“Plus ça rate, plus on a de chance que ça réussisse”.
(tous en mode agile !)
Le 10/01/2022 à 07h52
#12.1
Ils ne sont pas très bons en statistiques ces Shadoks :)