Le Défenseur des droits milite pour « un Internet plus sûr pour les enfants »
Baudiguard
Le 20 novembre 2012 à 15h25
7 min
Droit
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Dominique Baudis, Défenseur des droits, a remis ce matin au président de la République son rapport (PDF) consacré aux droits de l’enfant, en compagnie de Marie Derain, Défenseure des enfants. Dans ce document, intitulé « Enfants et écrans : grandir dans le monde numérique », l'institution s'alarme des lacunes du contrôle et de la régulation des contenus, notamment à l'heure où les canaux de diffusion se multiplient (télévision, Internet, téléphone portable...), et formule dix propositions.
D’après le Défenseur des droits, outre le fait qu’Internet se soit considérablement répandu au sein des foyers français au cours des dix dernières années, le temps passé par les enfants devant les différents types d’écrans « a tendance à se cumuler », en ce que « les jeunes adoptent une attitude d’usage simultané des médias ». Les auteurs du rapport relèvent en effet que les mineurs peuvent aussi bien regarder la télévision, se connecter sur Internet en parallèle et/ou utiliser leur téléphone portable. « La convergence des écrans (télévision, ordinateur, portable, tablette) multiplie également les possibilités d’exposition avec des usages qui se recoupent (films et vidéos regardés sur Internet et non plus à la télévision, jeux sur les réseaux sociaux, etc.) ».
Les comportements des enfants évoluent eux aussi rapidement. « À titre d’exemple, les réseaux sociaux, activité de référence des jeunes sur Internet, étaient encore relativement marginaux au milieu des années 2000 alors que les blogs y étaient particulièrement populaires, notamment parmi les adolescents », note le rapport. 92 % des 15 - 17 ans, 80 % des 13 - 15 ans et 64 % des 11 - 13 ans déclarent ainsi posséder un profil Facebook. Et avec ces nouvelles évolutions, apparaissent de nouvelles problématiques : cas de harcèlement en ligne, problèmes liés au paramétrage des comptes, usurpation d’identité numérique, etc.
Les limites de la convergence numérique
Suite à ces différents constats, le Défenseur des droits relève que pour chaque vecteur de diffusion (télévision, jeux vidéo, cinéma...), correspond un dispositif particulier de contrôle et de régulation. Or, il remarque dans le même temps que « la convergence numérique met en évidence les dissonances entre les réglementations, les protections et rend rapidement obsolètes les différences d’approches, de règles, d’institutions intervenant en la matière ». Autrement dit, un même contenu (par exemple un film) peut potentiellement être régulé de plusieurs manières, par un organisme différent, en fonction de l’écran sur lequel il est diffusé (cinéma, VOD, télévision...). Le tout nuisant à l’efficacité de la protection des mineurs.
À cela s’ajoute l’apparition de nouveaux canaux de diffusion, qui ne sont quant à eux que « peu ou pas » régulés. Internet est ici clairement pointé du doigt. Pourquoi ? D’après le Défenseur des droits, un mineur peut ne pas être protégé du tout en fonction du site à partir duquel il regarde un contenu (plateforme de vidéos, téléchargement en P2P...). « La navigation internet sur les tablettes, les smartphones et via le wifi échappe à tout contrôle », déplore le rapport de l’institution.
« Les dispositifs existants ne permettent plus d’assurer une protection suffisante des enfants, écrit ainsi le Défenseur des droits. Le système doit être repensé pour plus de cohérence globale. Il existe une pluralité de dispositifs de régulation et de contrôle qui ont été créés en fonction du moyen de diffusion de contenus (TV, cinéma, Internet, jeux vidéo). Les parents n’arrivent pas aisément à s’y retrouver, et il n’est pas toujours facile de savoir à qui s’adresser pour obtenir les informations pertinentes ».
En conclusion, le Défenseur des droits regrette qu’il « n’existe actuellement aucun organisme de contrôle et de régulation unifié ». D’après lui, « les actions ont été fractionnées par publics, par missions, (médias écrit, audiovisuel, jeux, pub...) favorisant les interventions désordonnées peu évaluées par une instance extérieure. Des hésitations communautaires se sont ajoutées à ce flou quant à la conduite à tenir entre protection des publics sensibles et développement de ces industries. La diversité des législations et des modes de régulation internationaux oblige à une action commune qui s’ébauche lentement ».
Le Défenseur des droits formule dix recommandations
À partir de là, dix propositions sont formulées par le rapport du Défenseur des droits. Tout d’abord, l’institution préconise l’instauration d’une « co-régulation des politiques du numérique en direction des enfants et des adolescents ». Comment ? En créant à une plateforme de réflexion, de propositions et d’interventions rassemblant et coordonnant l’ensemble des acteurs publics et privés du numérique. Se dessine ici la création d’un pôle qui pourrait par exemple rassembler des organismes comme le CSA, ainsi que des entreprises comme Google, Zynga ou Twitter.
Notons par ailleurs que le Défenseur des droits mise sur l’autorégulation des acteurs privés du numérique pour renforcer la protection des enfants. « Plusieurs initiatives d’autorégulation initiées par différents acteurs du numérique (jeux vidéo, réseaux sociaux, industriels) ont déjà vu le jour et prospéré au plan international, indique le rapport. Elles ont montré leur pertinence ». L'institution conseille ainsi de les inciter.
Un droit à l'oubli « effectif » pour les mineurs
Ensuite, l’institution recommande fortement d’intégrer « le droit au déréférencement au règlement européen actuellement en préparation ». La Commission européenne veut en effet définir un nouveau cadre juridique pour la protection des données personnelles dans l’UE, visant notamment à encadrer la sécurisation informatique des données personnelles contre le piratage ou la perte de données, comme nous le révélions l’année dernière.
Le Défenseur des droits voudrait ainsi que les mineurs disposent d’une protection juridique renforcée de leur vie privée : « Ce droit [au déréférencement], qui constitue le corollaire indispensable d’une mise en œuvre effective du droit à l’oubli numérique, permettrait à la personne concernée de demander et d’obtenir la suppression du référencement des informations en question, dans les moteurs de recherche par exemple. Ainsi les données devenues indésirables disparaîtraient non seulement du site où elles ont été initialement introduites, mais aussi de tous les sites qui les ont reprises et diffusées », assurent les auteurs du rapport.
Sensibilisation
Le rapport de l’institution préconise également d’assurer « une formation effective aux TICE des principaux acteurs intervenant auprès des enfants (professeurs, éducateurs, animateurs...) abordant aussi bien la sensibilisation aux risques, les informations sur les systèmes de protection, que l’accès à la culture et à la connaissance ». Le Défenseur des droits déplore en effet qu’un nombre trop élevé « d’initiatives coûteuses » soit dispensé.
L’institution recommande enfin de modifier la législation relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne, dans le but d’y intégrer l’obligation d’indiquer dans toutes les publicités que ces jeux sont interdits aux moins de 18 ans.
Le Défenseur des droits milite pour « un Internet plus sûr pour les enfants »
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Les limites de la convergence numérique
Commentaires (50)
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Abonnez-vousLe 20/11/2012 à 16h31
Le 20/11/2012 à 16h32
Le 20/11/2012 à 16h33
On voit bien qu’il a été président du CSA…
Il travaille pour son successeur qui veut absorber l’ARCEP ?
Dire qu’à un moment, il était un jeune journaliste dynamique !
Le 20/11/2012 à 16h34
Le 20/11/2012 à 16h37
Le 20/11/2012 à 16h39
Le 20/11/2012 à 16h39
Quand j’avais 13 ans je suis tombé sur goatse et j’ai survécu " />
Le 20/11/2012 à 16h42
Le 20/11/2012 à 16h51
Le 20/11/2012 à 16h54
Ouah, bientôt l’INternet bisounours tout propre et sûr pour les petits enfants." />
Déjà laisser ses gosses aller sur Internet sans surveillance d’un adulte ou au moins, un “mode parental” bien configuré, c’est de la folie.
Marre de ces gens qui pondent les gosses à la chaîne tout ça pour les laisser livrés à eux même dans les moments clés de leur vie." />
Le 20/11/2012 à 16h57
Le 20/11/2012 à 17h03
Le 20/11/2012 à 17h07
Le 20/11/2012 à 17h19
Le 20/11/2012 à 17h21
c’est un débat sans fin et sans solution. mais i lexiste qq pistes.
bébé : pas de tv mais des jeux du coloriage tout ca
enfant : dessins animés mais aussi faire dessiner lire écrire
jeune ado : jeux video film controlé par parents mais aussi faire du sport , apprendre comprendre, lire écrire
ado plus de 12 ans : tv sans limite, jv, musique sport, ordi, acces restreint a internet
16 ans : internet mais surveillé par les parents, et tous le reste sortie etc
18 19 ans: fais ce qu’il veut sauf suivi sex etc
21 ans: casse toi
Le 20/11/2012 à 17h25
Le 20/11/2012 à 17h29
Cid_Dileezer_geek, je trouve ton dernier commentaire très mal pesé… C’est bien dommage…
Il y a certains commentaires réellement intéressants: ceux de Gruntz, de nikon56 et de carbier (pour ne citer que cela).
Quand Gruntz parle de solutions de protection, cela me paraît tout à fait cohérent. Dire que leur mise en place est un acte “volontaire, individuel et extérieur” m’apparaît comme en décalage avec une réalité : celle évoquée par carbier. Beaucoup encore n’ont que très peu de connaissances (notions ?) des systèmes d’information ce qui est, à mon avis, un prérequis pour apporter de la sécurité dans un environnement logiciel.
Nikon56 n’a pas tord : un assistanat dans le sens “ne bougez pas, on règle ça pour vous à coup de lois et autres” n’est certainement pas une solution viable. Et alors Gruntz le dit : nous devons trouver une volonté des parents à se former à ces technologies de l’information. Et carbier complète : c’est bien à l’état de proposer à ces parents des solutions pour se former (et ce n’est pas de l’assistanat).
Quand je vois le recul que peuvent avoir des étudiants en informatique (en second année) sur les systèmes d’information, je n’ai aucun mal à imaginer que d’autres ignorent les règles les plus simples de la sécurité informatique et plus généralement du monde des TIC.
Le 20/11/2012 à 17h32
Le 20/11/2012 à 17h38
Le 20/11/2012 à 17h42
moij e suis pas trop d’accord avec ce qui a été écrit plus haut. j’estime que sur le net il doit y avoir des regles. par exemple pas de contenu pornographique sur les sites généralistes.
Le 20/11/2012 à 18h09
Le 20/11/2012 à 18h36
Quand il est question de publicités ciblées et passées au moment où les enfants regardent le plus la TV ils ne voient pas de quoi réguler quoi que ce soit. Pourquoi les prendre au sérieux?
Le 20/11/2012 à 18h51
Le 20/11/2012 à 19h56
Le 20/11/2012 à 20h01
Le 20/11/2012 à 20h47
toutafait!!! on devrait aussi rendre les villes plus sures pour que des enfants puissent y jouer seuls et en sécurité " />
putain mais ce qu’il faut pas entendre " />
Le 21/11/2012 à 08h59
Pourquoi l’etat ne mets en place un proxy pour les enfants ??? C’est compliqué de filtré le net surtout pour une seule personne dont c’est pas le boulot, mais bon une equipe de 10 personnes pourrait déjà faire un bon taff…
Suffit de faire une session pour l’enfant avec le navigateur paramétré avec ce proxy étatique…
C’est pourtant simple
Le 21/11/2012 à 09h38
Le 21/11/2012 à 10h15
Le 21/11/2012 à 14h43
Le 21/11/2012 à 15h31
Le 22/11/2012 à 08h35
Le 20/11/2012 à 15h43
Si les fournisseurs commençaient tout simplement par nous fournir des box capables de filtrer les contenu correctement, facilement et de manière ciblé on ferait déja un grand pas…
Le 20/11/2012 à 15h47
Le 20/11/2012 à 15h56
Le 20/11/2012 à 15h57
Sensibilisation
Ils auraient dû commencer par là.
“La navigation internet sur les tablettes, les smartphones et via le wifi échappe à tout contrôle”
Ben suffit de segmenter les flux, le bon grain d’un coté : facebook, youtube, lemonde… L’ivraie de l’autre : tpb, youporn, google news…
Le 20/11/2012 à 15h58
Utilisation des bouilles grasses des minots pour faire pencher le cœur des votants, technique habituelle " />
le Défenseur des droits relève que pour chaque vecteur de diffusion (télévision, jeux vidéo, cinéma…), correspond un dispositif particulier de contrôle et de régulation.
Le discours de merde ! On met un rond rose en bas à droite, et hop ! On est couvert. P$#%*in, si ça c’est un dispositif acceptable, n’importe quel skyblogeur peut trouver un système au moins aussi efficace pour dédouaner les pages web.
Pour les contenus erotico-porno-fessiers, la solution est toute trouvée : un nom de domaine pour les contenus de fesse et c’est réglé.
Pour les contenus politico-déviants, haineux ou autres, c’est juste pareil qu’IRL : à toi de surveiller à qui tu parle, à toi de surveiller à qui ton gamin de 12 ans parle.
Arrêtez de saouler à faire des lois de ceci ou cela pour verrouiller le net, surtout en exhibant des gamins (pervers!) pour arriver à vos fin.
Le 20/11/2012 à 16h05
“Défenseure” …
La féminisation systématique de tous les mots est parfois moche. Et pourquoi ne pas avoir pris défenseuse ou défenseresse … pas plus ridicule ;)
Pauvre langue française …
Dans certains cas ça le fait bien mais pas là …
Le 20/11/2012 à 16h07
lol, Beaudis montre qu’il ne comprend rien à ce qu’il demande:
Ce droit (au déréférencement), (…), permettrait à la personne concernée de demander et d’obtenir la suppression du référencement des informations en question, dans les moteurs de recherche par exemple. Ainsi les données devenues indésirables disparaîtraient non seulement du site où elles ont été initialement introduites, mais aussi de tous les sites qui les ont reprises et diffusées
Cher Dominique, contrairement à ce que tu sembles penser, ainsi que l’écrasante majorité de tes confrères politiciens, ce n’est pas parce qu’on supprime la référence à une information dans un index que l’information disparait.
Ainsi, pour prendre un exemple familier des personnes de ta génération, ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas dans l’annuaire qu’il n’a pas le téléphone (exemple: liste rouge).
Merci de bien vouloir essayer, au moins 10 minutes, de comprendre, car visiblement ce n’est actuellement pas le cas.
Ah, et si tu as compris, merci de bien vouloir faire passer le message, ça évitera à un nombre de plus en plus important de français de troller sur des sites de news informatiques au lieu de travailler dur pour réduire la dette (entre autres).
Le 20/11/2012 à 16h10
Je vois que la nounou télévision (où l’on continue de voir des horreurs lors du 20h) a été rejointe par tata internet pour ses gardes d’enfants.
Un gamin n’a pas à aller sur le net seul. On ne laisserait pa sun gamin traverser seul la ville, donc on fait pareil pour le net. Un adulte consacré à cette tâche ( et non jetant un coup d’oeil de temps en temps) doit être présent et assister l’enfant.
Ce qui n’empêche pas que le compte “ordi” de l’efant soit doté des outils de préventions adéquats.
Quant aux ados, l’immense majorité sait trés bien se protéger et ne pas divulger d’informations sensibles. Les soucis viennent majoritairement lorsqu’une personne de confiance la brise en divulguant ces infos.
Ajoutons que le filtrage est stupide, les ados savent très bien comment contournés tout type de privation d’accés.
Le 20/11/2012 à 16h16
Le 20/11/2012 à 16h17
[HS]
je viens de voir que Tardy menace de quitter l’UMP.
en fait les Maya disaient vrai " />
#UMP … pour ma part c’est clair, soit il y a création ou mise en place d’une structure autour de @FrancoisFillon, soit je quitte l’UMP
— Lionel TARDY (@DeputeTardy)
[/HS]
Le 20/11/2012 à 16h19
Le 20/11/2012 à 16h19
En général, quand un politicien commence à parler de sécurité, ça commence à puer le liberticide et la censure. Et quand ils parlent plus précisément de sécurité des enfants, ça veut dire que ça va vraiment être salé.
Bon, à première vue ça n’a pas l’air d’être le cas ici mais je n’ai lu qu’en très large diagonale, ça doit être caché quelque part.
Le 20/11/2012 à 16h22
Le 20/11/2012 à 16h24
Le 20/11/2012 à 16h27
Le 20/11/2012 à 16h28
Le 20/11/2012 à 15h36
C’est vrai que c’est un dossier compliqué en même temps.
Car protéger les enfants du net sans nuire aux adultes, à par faire deux web séparé qui ne puisse pas communiquer.
Le 20/11/2012 à 15h37
C’est stupide !
Est-ce qu’on a demandé à faire des routes spéciales pour apprendre à marcher sous prétexte que les autres sont dangereuses pour les piétons ?
C’est juste un autre moyen détourné de justifier la mise en place de filtrage amont “pour la bonne cause”, comme toujours.
Internet doit être neutre, et les moteurs de recherche doivent être agnostiques.
“l’institution s’alarme des lacunes du contrôle et de la régulation des contenus”, moi, je m’en félicite