Hadopi : l’intimité de la riposte graduée couverte par la sécurité publique
Noir c'est noir
Le 30 avril 2013 à 14h35
5 min
Droit
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Épilogue dans l’une de nos procédures contre la Hadopi. Nous avions réclamé de la Hadopi la transmission des documents des marchés du système d’information de la riposte graduée. Quelques jours avant le terme de notre action devant la Commission d’accès aux documents administratifs, la Hadopi avait finalement lâché du lest. Partiellement, puisque plusieurs documents de ces marchés nous étaient transmis « noircis » quand ils n’étaient tout simplement pas oubliés.
En novembre 2010 et en mars 2011, la Hadopi ouvrait deux marchés publics d’ampleur pour lancer son nouveau système informatique (SI), cœur de la riposte graduée. De la réception des IP par les ayants droit jusqu’à l’envoi des avertissements, et donc la transmission aux Parquets, aux FAI et au casier judiciaire. Un SI qui est voué à être très sollicité puisque la Hadopi a programmé d’envoyer pour la seule année 2013 1,1 million d’avertissements soit près de 40 % de plus qu’en 2012.
Mais que cachent ces marchés ? Pour le savoir, il était nécessaire d’avoir la communication de leurs pièces, et notamment le fameux DCE ou document de consultation des entreprises. C’est lui qui orchestre toutes les parties techniques et juridiques, autant dire une mine.
Réponse graduée
Pour se faire, rien de mieux qu’une bonne réponse graduée. Suite à un email puis une première lettre recommandée du 26 décembre 2012 restés sans réponse, nous lancions notre riposte devant la CADA contre la Hadopi. La Commission d’accès aux documents administratifs est en effet compétente pour dire si oui ou non des documents jalousement conservés par une autorité administrative sont communicables.
Peu avant le terme de cette procédure, la Hadopi nous transmettrait un camion de documents. La technique est idéale : elle évite la contrariété d'une mise à l’index. Était en tout cas confirmée noir sur blanc la volonté pour la Hadopi de monter en puissance et d’huiler l’automatisme de son système informatique afin de traiter des milliers d’envois d’avertissement par jour.
Cette réponse n’était toutefois pas satisfaisante. Plusieurs pièces étaient occultées ou oubliées. Zappé le cahier des charges décrivant les spécifications d’interface avec les ayants droit ou les FAI, oubliés le rapport d’audit du code, le plan de sécurité, le plan d’architecture, les spécifications fonctionnelles détaillées ou le manuel utilisateur... Quant aux annexes relatives aux traitements des données personnelles (« Annexe CNIL »), elles ressemblaient à une mine de charbon en pleine nuit :
La Hadopi est coutumière. Elle avait déjà tenté de gommer la rémunération du secrétaire général de la Hadopi. Une procédure CADA permettait cependant de connaître ce montant.
Nous avons donc laissé cette nouvelle procédure CADA aller jusqu’à son terme. Sans surprise, dans son avis du 11 avril (PDF), la Commission a considéré sans objet une bonne partie de nos demandes. C'est tout à fait normal puisque ces documents nous avaient été adressés peu de temps avant. Mais pour les éléments non révélés, elle vient de donner gain de cause à la Hadopi.
Sécurité publique et secret des affaires
C’est Marie Françoise Marais qui l’a expliqué à la CADA : « La présidente de la Haute autorité a par ailleurs indiqué à la commission que les annexes du cahier des charges particulières n'ont pu être adressées à Monsieur Rees dès lors que leur communication serait de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État, la sécurité publique ou la sécurité des personnes ainsi qu'au secret en matière industrielle et commerciale. »
De son côté, la CADA a noté pareillement « que les menaces pesant sur la sécurité du système d'information (…) qui pourraient résulter de la divulgation d'informations sensibles telles celles relatives aux spécifications et au mode de protection contenues dans ces annexes seraient de nature à compromettre l'exécution de la mission de protection des droits d'auteur contre les atteintes commises sur Internet dévolue à l'HADOPI et, par suite, de porter atteinte à la sécurité publique ». Cette « sécurité publique » est justement l’une des causes valables de non-transmission (loi du 17 juillet 1978 sur les documents administratifs).
Ce n’est pas tout. La CADA « relève également que ces documents ont été élaborés par des prestataires extérieurs qui ont, à ce titre, mis en œuvre des procédés couverts par le secret industriel », qui est lui aussi couvert. Bref, sécurité publique et secret industriel permettent à la Hadopi de conserver secrète une partie des documents réclamés.
Un avis défavorable sur des annexes non connues
On notera cependant le dernier paragraphe de l’avis : la CADA explique en substance qu’elle n’a elle-même « pas pu prendre connaissance » des annexes dont nous avons sollicité communication, et qui sont donc protégées par la sécurité publique ou le secret commercial. D’où un avis défavorable émis avec « des réserves » polies.
Hadopi : l’intimité de la riposte graduée couverte par la sécurité publique
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Réponse graduée
Commentaires (49)
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Abonnez-vousLe 30/04/2013 à 14h46
Person of Interest, ‘faut pas que ça se sache, hein ? " />
Le 30/04/2013 à 14h46
La sécurité par l’obscurité, c’est bien connu, y’a que ça de vrai…
Le 30/04/2013 à 14h50
Mais … mais … ils ont réussi a envoyer des pages encore plus censurées que le contrat de la BNF !! " />
Le 30/04/2013 à 14h50
Le classique, “au nom de la sécurité” et hop ils essaient de cacher certaines choses…
Est-ce qu’il y aurait des parties peu avouables ?
Le 30/04/2013 à 14h52
Mais non, ils sont pas tous pourris. " />
Et au lendemain du premier tour des présidentielles de 2017 quand on verra Marine, ces même malotrus de l’UMPS ne la joueront comme avec Chichi “Oh les sales racistes qui ont voté par une amie de Derrick, il nous faut un sursaut national + je vous ai compris vous avec vos vrais problèmes de la vraie vie”
…et rien ne changera " />
Le 30/04/2013 à 14h55
Quand les inspecteurs ont visité TMG, c’était aussi “secret défense” ?
Le 30/04/2013 à 14h55
C’est fini ou il y a la possibilité d’une nouvelle procédure? Une autre instance peut-elle être sollicitée? Niveau Européen?
Le 30/04/2013 à 14h55
On notera que le pdf cité discrètement indique que 2 des demandes de pci portaient sur des documents publiés au JO :p ouarf.. Sinon, bah normal et logique, et encore une fois on s’en contrefout totalement de ces marchés, quand même, on sait pertinemment ce sur quoi ils portent, ce qui a été mis en place, et le total des sous dépensés, le reste ce sont les détails techniques ou financiers des marchés, surtout quand ça a trait à la sécurité .. Mais bon, bouh caca les vilains ils cachent forcément les trucs intéressants .
Le 30/04/2013 à 14h56
Et les entreprises qui postulaient a ces marché publics, elles ont bien du avoir accès à ces infos pour monter leur dossier & solution non ? De là, que vaut le caractère “sécurité” ??
Le 30/04/2013 à 14h58
Le 30/04/2013 à 15h00
marché “public” mais privé… ‘sont forts…
Le 30/04/2013 à 15h00
Le 30/04/2013 à 15h00
Le 30/04/2013 à 15h03
Sinon … en quoi les données concernant le Traitement des Infos Personnelles peut “Porter atteinte à la sûreté de l’état” ??? " />
Faudrait quand même qu’ils arrêtent de se brler le cerveau ces gens là ! Bientôt c’est plus facile d’avoir des infos sur le ministère de la défense que sur Hadomerde …
Le 30/04/2013 à 15h03
Le 30/04/2013 à 15h07
Le 30/04/2013 à 15h09
Ce thumbnail " /> . On croirait une pub pour l’Oréal cette fois.
Le 30/04/2013 à 15h10
Le 30/04/2013 à 15h13
Le 30/04/2013 à 15h14
@ Marc Rees & l’équipe PCI
Promis; si dans l’abonnement il y a une option pour que le “doux visage” de la présidente de l’Hadopi soit masqué dans les news de ce type … je m’abonne à la minute …
" />
Le 30/04/2013 à 15h18
Le 30/04/2013 à 15h24
A noter que les fichiers qui avaient été déposés en Janvier sur turbobit ont été effacés :
Entre les deux mon coeur balance " />
Le 30/04/2013 à 15h25
Les “annexes relatives aux traitements des données personnelles” sont aussi concerné par la sécurité national ? Y’a pas comme un soucis ?
Le 30/04/2013 à 15h29
… seraient de nature à compromettre l’exécution de la mission de protection des droits d’auteur contre les atteintes commises sur Internet dévolue à l’HADOPI et, par suite, …
Moi qui croyais que la réponse graduée c’était pour confondre les internautes incompétents et idiots qui ne savaient pas sécuriser leur connexion internet (les gros nazes!).
On m’aurait encore une fois menti? " />
la CADA a été trop honnête là :)
Le 30/04/2013 à 15h29
Déjà sur le principe, l’excuse de la “sécurité” tout ça c’est bien pipeau dans le cas présent, mais ce qui me choque personnellement c’est la fin du document “on n’a pas pu voir les documents, mais on va croire la HADOPI quand elle dit que faut qu’ils restent secrets pour des raisons de sécurité”… La CADA aurait du demander communication des documents par la HADOPI pour pouvoir juger elle-même si effectivement ces documents devaient rester confidentiels ou non. Que je sache, c’est à la CADA de dire si un document doit ou non rester confidentiel, pas à l’autorité qui ne veut pas le communiquer, et pour ça il faut qu’ils aient connaissance du dit document !
C’est un peu trop facile sinon, il suffit à une administration de dire qu’un document doit rester confidentiel pour des raisons de sécurité pour qu’on leur donne le droit de ne pas le communiquer au public, quand bien même ce serait par exemple un relevé détaillé des dépenses en coke et putes au ministères de la culture.
Le 30/04/2013 à 16h05
Article 14
Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.
Article 15
La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.
Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789." />
Le 30/04/2013 à 16h10
Le 30/04/2013 à 16h11
Quelle communication de qualité au niveau de la Hadopi,
c’est incroyable d’avoir aussi peur de PCI " />
Le 30/04/2013 à 16h26
Le 30/04/2013 à 16h49
leur communication serait de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État, la sécurité publique ou la sécurité des personnes ainsi qu’au secret en matière industrielle et commerciale.
C’est tout ? Je trouve cette liste un peu courte.
(maintenant je vais lire les commentaires…)
Le 30/04/2013 à 17h07
Le 30/04/2013 à 17h13
Cette foutaise hadopi
Le 30/04/2013 à 17h13
Amis bling bling, si t’as pas de Rolex tu as raté ta vie " />
Le 30/04/2013 à 17h14
“serait de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État”
Vivement une dictature inverse, pour sortir les mêmes “arguments” à ce type de …
Le 30/04/2013 à 17h32
Le 30/04/2013 à 17h43
" /> en voyant les documents.
Je crois qu’il y encore du foutage de gueule de leur part.
Plus qu’à attendre un article sur Wikileaks.
Le 30/04/2013 à 20h09
Le 30/04/2013 à 20h52
Le 30/04/2013 à 21h12
Dites-vous bien Millerand, que lorsqu’un mauvais coup se mijote, il y a toujours une république à sauver
(Gabin, in Le Président)
Le 30/04/2013 à 21h43
Le 01/05/2013 à 00h27
“les annexes du cahier des charges particulières n’ont pu être adressées à Monsieur Rees dès lors que leur communication serait de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État, la sécurité publique ou la sécurité des personnes ainsi qu’au secret en matière industrielle et commerciale”
Au moins, on ne pourra pas accuser les pirates d’avoir essayé de contourner les mesures de détection… vu qu’elles ne sont pas connues du public.
VPN un jour, VPN toujours.
Le 01/05/2013 à 05h46
Le 01/05/2013 à 07h18
L’Hadopi " /> donne ll’image de ce qu’est le gouvernement " />, un repaire de vautours " />
Le 01/05/2013 à 07h21
et qui sont donc protégées par la sécurité publique ou le secret commercial
c’est la liste des IP des menbres de la classe politique " /> " /> et de leur descendance " />qui ont été choppés à télécharger " />
Le 01/05/2013 à 09h59
Secret pour la défense de la Sécurité Publique?
Adopi c’est comme les Services Secrets. Pas besoin de savoir comment et pourquoi ils coulent le Rainbow Warrior.
Le 01/05/2013 à 12h22
Tiens, les connards de service sont de retour.
Vivement le projet de loi numérique sociétale pour abroger toutes ses conneries.
Le 01/05/2013 à 14h42
Le 01/05/2013 à 15h11
Heu , si je suis une société de prestation informatique, comment je peux avoir accès, lors du lancement aux ouvertures du marché “public” ?
Le 02/05/2013 à 05h48
Il faut demander à un député, il doit avoir le droit de mettre le nez dedans. Non?