Les pistes des ayants droit pour purifier les moteurs de recherche
Le référencement, c'est payant
Le 08 juillet 2013 à 12h59
8 min
Droit
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C’est demain que le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique présentera au Ministère de la Culture son rapport sur les moteurs de recherche. PC INpact dévoile ce jour l’intégralité de ce rapport. Taxe, filtrage, surréférencement, déréférencement, tout est posé sur la table afin d’apurer les contenus affichés par Google et autre Bing.
Le document était attendu pour juillet 2012. C’est donc avec un an de retard que le CSPLA présente le rapport sur les moteurs de recherche à Aurélie Filippetti. « Le référencement interroge la propriété intellectuelle, soit lorsqu’il reprend tout ou partie des contenus couverts par les droits de propriété, soit lorsqu’il fournit un accès à une oeuvre en ignorant ou en s’affranchissant éventuellement des droits d’accès et des autorisations » écrivent les auteures de ce rapport, Valérie-Laure Benabou, professeur de droit à l’Université de Versailles-Saint Quentin, Joëlle Farchy, professeur de sciences de la communication à l’université Paris I et Cécile Méadel, professeur de sociologie à Mines ParisTech.
Le rapport entend ainsi concilier référencement et propriété intellectuelle en proposant différentes pistes pour réguler ces activités. C’est notamment la question des brefs extraits, des reproductions de miniatures reprises sur les sites ou encore la problématique des contenus illicites. Une problématique abordée déjà par la Commission de protection des droits de la Hadopi qui préconise d’inciter Google à coopérer avec les ayants droit pour déréférencer tels contenus qu'ils auront dénoncés. Le sujet est aussi sur le feu au TGI de Paris dans l’affaire Allostreaming puisque les ayants droit de l’audiovisuel tentent justement d’imposer une solution de retrait définitif des contenus via un logiciel développé par l’ALPA et TMG.
On se souvient ici que dans une ordonnance de référé du 15 juin 2011, la justice avait estimé que Google n’avait pas à surveiller et bloquer préventivement les images mises en ligne. Le TGI de Paris avait considéré que le référencement des vignettes par Google Images répondait à la liberté d’information : « les seules opérations d’indexation, de stockage temporaire et de visualisation de vignettes sur les pages de résultat du moteur de recherche ne peuvent donner lieu à une condamnation de la société Google inc sur le fondement de la contrefaçon, non plus que sur le fondement de la responsabilité civile de droit commun »
Le rapport présenté demain et dévoilé aujourd’hui dans nos colonnes n’apporte aucune solution définitive sur ces thèmes. Il consacre avant tout des points de désaccord multiples même chez les ayants droit. Dit de manière fleurie, ce rapport « s’efforce de mettre en exergue les positions exprimées dans leur diversité. »
Qu’est-ce que référencer ?
La question, qui est en instance au sein de la Cour de Justice de l’Union Européenne, n’est pas neutre et pourrait avoir des effets lourds. Dans l’affirmative, en effet, les ayants droit auraient la capacité d’autoriser ou d’interdire le référencement. Google & co prendraient alors le risque d’être condamnés pour contrefaçon du seul fait qu’ils n’ont pas glané d’autorisation à référencement, avant chaque établissement d’un lien. Mais s’ils gonflent déjà leurs pectoraux, les ayants droit craignent comme la peste une mesure de rétorsion de Google, comme fut le cas en Belgique lors d’un bras de fer avec la presse locale.
Dans leur quête existentielle, les ayants droit savent qu’ils ont toujours la possibilité d’agir avec l’opt-out : utiliser le fichier Robots.txt pour demander aux moteurs d’aller déréférencer ailleurs. Mais la solution ne plait pas : il s’agit d’une politique du tout ou rien, pire « les contenus contrefaisants demeurent référencés tant que l’éditeur du site ne pose pas de telles balises ; or, il n’a aucune raison de le faire, ce qui est susceptible de conduire à une survisibilité de la contrefaçon ».
Lutte contre les contenus illicites
Contre les contenus illicites, le rapport relève cependant que « la procédure de notification/retrait développée par certains moteurs depuis quelques mois s’appuie sur les dispositions du DMCA américain, essentiellement en raison de la nationalité de ces prestataires ». Ce sont ces fameuses notifications qui sont exposées par Google dans son rapport sur la transparence. Les auteures du rapport estiment néanmoins cette voie peu satisfaisante : elle donne en effet la part du lion au droit américain pour les actes de référencement. En outre, si dispositif est rapide, il présente l’inconvénient de ne pas bien respecter les principes de base : « il n’offre pas toutes les garanties du contradictoire, en dépit de certains aménagements (counter notice, transparency report). Or, le déréférencement d’un site peut avoir des conséquences importantes sur la survie de l’activité économique de l’opérateur. Il n’est donc pas souhaitable que celui-ci ne soit pas d’une manière ou d’une autre impliqué dans cette procédure ».
Liste noire, liste blanche
Le rapport voit d’un bon œil le principe dit des « partenaires de confiance » qui permet à des ayants droit « de bénéficier d’une priorité de traitement dans leur demande de déréférencement. Ainsi, les sociétés de gestion collective ou syndicats peuvent utiliser cette procédure de notification en bénéficiant d’une présomption de titularité et d’illicéité des contenus notifiés ». Au sein du CSPLA, la mesure est suivie de près, d'ailleurs « certains membres de la commission proposent de conférer à une instance administrative un rôle actif dans le signalement des contenus illicites ».
Ces ayants droit scrutent encore avec attention le champ d’intervention de l’article L336-2 du Code de la propriété intellectuelle. Celui-ci permet d’exiger toute mesure apte à prévenir ou faire cesser une violation de leurs intérêts. Certains évoquent la mise en place de liste noire pour filtrer les mots clefs par exemple. Mais là encore, les avis divergent : « les moteurs avancent l’argument selon lequel l’établissement de listes noires de mots clés constituerait une atteinte à la neutralité de leur algorithme. Cette analyse n’est pas partagée par les ayants droit qui estiment les moteurs de recherche disposent de la capacité technique de paramétrer l’algorithme en excluant certains termes et qu’ils doivent, de ce fait, se conformer à l’injonction judiciaire qui leur est faite ».
Dans tous les cas de figure, le fait que Google tienne aujourd’hui compte du nombre de notifications adressées vers un site pour déterminer son pagerank est accueilli avec soulagement par les ayants droit. « Le choix d’intégrer dans son algorithme de classement des considérations sur la licéité éventuelle des contenus référencés constitue donc un changement majeur de paradigme par rapport au discours de neutralité précédemment tenu ».
Pour lutter contre l’illicite, un autre moyen est aussi de pousser en avant le licite dans les premiers résultats du moteur. Cependant, l’idée de mettre en place un mécanisme de liste blanche est accueillie avec des seaux d’acide par Google & co. « Cette proposition se heurte à une vive opposition des moteurs, comme étant contraire aux exigences d’exhaustivité et de neutralité nécessaires à la qualité de leurs outils de recherche. Elle soulève également des objections quant à la détermination de ces listes (qui, quels critères, qui en supporte les coûts, etc). ». Le CSPLA propose une solution tiède en recommandant par exemple d’ajouter « des onglets spécifiques à l’outil » pour lister les services labellisés par exemple.
Faire payer les moteurs de recherche
Si l’exclusion des moteurs tout comme le surréférencement sont des terrains minés, les ayants droit explorent également celui de la monétisation. Peut-on faire payer Google ou Bing pour les contenus référencés par leur soin ? Selon le rapport, il suffirait de démontrer préalablement que l’acte de référencement « répond aux conditions de la qualification des droits de propriété littéraire et artistique ». Dans ce cas, « si les titulaires sont en mesure d’établir la démonstration de ce que l’acte en question entre dans le périmètre de leurs prérogatives, ils peuvent en conditionner l’exercice à une autorisation préalable et au paiement d’une redevance ».
Les ayants droit explorent déjà plusieurs pistes, à supposer cette démonstration faite : gestion collective du côté des ayants droit de l'image, droit voisin, théorie de l’enrichissement sans cause proposée par les producteurs de phonogrammes, ou des exceptions adaptées… Aucune voie ne se dégage, mais tous les ayants droit reluquent l’exemple de la presse française qui a signé un accord secret avec Google. Au CSPLA, le moteur s’est vite empressé de calmer leur gourmandise : cet accord ne consacre aucun droit de propriété intellectuelle, estime-t-il, il n’est que la simple manifestation d’un choix politique.
Les pistes des ayants droit pour purifier les moteurs de recherche
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Qu’est-ce que référencer ?
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Lutte contre les contenus illicites
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Liste noire, liste blanche
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Faire payer les moteurs de recherche
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 08/07/2013 à 13h13
Un ptit lien svp pour télécharger ce pur rapport ?
Le 08/07/2013 à 13h14
En résumé ils veulent de la thune et lorgnent sur le pactole de google et compte bien faire du lobbying à mort pour obtenir leur petit pécule. Rien de nouveau :tranpi:
Le 08/07/2013 à 13h21
Le 08/07/2013 à 13h37
" /> tiens j’vais aller faire un tour sous Thor
Le 08/07/2013 à 13h38
Qu’ils soient tous deréférencés! Puis qu’Internet crève aussi parce qu’ils n’arrivent pas à se faire assez de sous avec! " />" />" />" />
Le 08/07/2013 à 13h38
Le 08/07/2013 à 13h41
Privilèges, taxes dans leurs poches et pouvoirs exclusifs.
Ils n’en auront donc jamais assez.
La prochaine étape sera quoi ? Des électrodes dans nos cerveaux et une main robotique dans notre portefeuille ?
Le 08/07/2013 à 13h41
En gros ce qu’ils souhaitent dans l’absolu, c’est que tout le système soit organisé dans le seul et unique but de leurs propres intérêts. Et point barre.
Un bon gros lobby dans le sens le plus méprisable du terme, toujours euphémisé derrière la défense de la propriété intellectuelle, le terme d’ayants-droit, et autres enrobages prompts à faire oublier à qui on a vraiment à faire.
Le 08/07/2013 à 13h44
C’est pourtant pas compliqué, on oblige Google et consorts à ne référencer que des contenus validés pas les ayants droits " />
PS : La validation se fera par une personne physique, cela prendra surement un peu de temps, afin de patienter, nous vous conseillons de vous rendre dans votre magasin culturel le plus proche " />
Le 08/07/2013 à 13h47
Le 08/07/2013 à 13h47
Le plus simple est de n’avoir qu’un moteur autorisé en France : cherche.fr par exemple. Et de bons routeurs pour ne pas sortir de la zone d’exception culturelle, le tour est joué. Techniquement, on sait faire, alors pourquoi un rapport ??
Le 08/07/2013 à 14h04
Pas mal faire payer google pour ce qu’il référence.
Comme il y a des milliards de pages ou alors le coût par page va être ridicule ou alors google payera pas.
Le 08/07/2013 à 14h05
Ces ayants droit scrutent encore avec attention le champ d’intervention de l’article L336-2 du Code de la propriété intellectuelle. Celui-ci permet d’exiger toute mesure apte à prévenir ou faire cesser une violation de leurs intérêts. Certains évoquent la mise en place de liste noire pour filtrer les mots clefs par exemple. Mais là encore, les avis divergent : « les moteurs avancent l’argument selon lequel l’établissement de listes noires de mots clés constituerait une atteinte à la neutralité de leur algorithme. Cette analyse n’est pas partagée par les ayants droit qui estiment les moteurs de recherche disposent de la capacité technique de paramétrer l’algorithme en excluant certains termes et qu’ils doivent, de ce fait, se conformer à l’injonction judiciaire qui leur est faite».
Ben voyons, sur quelle base ? la boule de cristal ? Qui payera la mise en place ( en général c’est à ce moment-là que tout le monde se racle la gorge et regarde ailleurs) ?
C’est dingue comment les ayants-droits ont toujours une solution quand il s’agit de faire bosser les autres, mais quand il s’agit d’eux, oula non c’est pas possible mon bon monsieur !
" />
Le 08/07/2013 à 14h12
Le référencement, c’est payant
…..Index/PI/3/1/4/1/5/9/2/6/5…..etc " />
Réponse incorrecte, veuillez continuer après trois essais de recherche, vous paierez 1€ " /> (ne cherchez pas à nous pigeonner, on a déjà toutes les données vous concernant " /> " />
Le 08/07/2013 à 14h20
Qu’ils mettent en place le déréférencement global de la presse, et ensuite ceux qui en voudront le demanderont par optin et voilà…
Le 08/07/2013 à 14h21
Les pistes des ayants droit pour PURifier les moteurs de recherche
eh eh " />
Le 08/07/2013 à 14h33
Les pistes des ayants droit pour purifier les moteurs de recherche
Maintenant j’ai peur de lire l’actu.
Le 08/07/2013 à 14h39
J’ai une idée, et si on arrêtait d’engraisser tous ces ayants-droits/lobby et laisser couler ? On fera un peu d’économie pour notre dette.
Vivement leurs disparitions, il y en a ras le " /> là.
Le 08/07/2013 à 14h41
101 pages…tuez moi
Le 08/07/2013 à 14h45
Mais le temps n’est pas encore venu de la stabilisation
pffff, paye tes formulations aspirine…
Le 08/07/2013 à 14h49
enfin,
la frontière
entre indexation, référencement et agrégation
de contenus
devient de poreuse.
Sérieusement, je vais abandonner avant la 5 ème page, c’est même pas écrit en français.
Le 08/07/2013 à 14h50
L’exception culturelle française : Etre subventionner et demander des taxes.
Le 08/07/2013 à 14h54
" />" />" />
cool le divertissement !
Le 08/07/2013 à 14h58
Je viens d’avoir une idée pour redonner un coup de jeune à des chiffres et des lettres : la phrase la plus longue.
Certaines formes de référencement sont peu intrusives
comme l’est un lien «
pur et univoque
» amenant seulement à une page donnée, d’autres mettent les
internautes en contact avec les œuvres de façon médiate, à
un clic de l’œuvre, par le truchement de
liens cliquables qui lancent des fichiers exécutables contenant des œuvres, d’autres encore dans
lesque
l
l
e
s l’œuvre
est
le pointeur, fusionnent lien et œuvre en une seule figure sensible
,
à l’instar des
vignettes q
ui reproduisent les photographies en format réduit tout en servant de lien.
Pourquoi le copier-coller ajoute des retours à la ligne partout ? Aucune idée.
Le 08/07/2013 à 14h59
Le 08/07/2013 à 15h01
Bon, on a :
-une mesure qui va coûter des sous sans que l’on sache qui va payer ;
-Google qui a des possibilités d’effacer qui il veut de ses index, avec les conséquences qui vont avec une fois " /> ;
-des zéyandrouah qui s’imaginent qu’en déréférençant l’offre illégale, leurs problèmes seront supprimés ;
-une offre légale qui va sûrement être améliorée pour concurrencer ce qu’on trouve sur le bourricot ou dans le lit du torrent. Comment ça, je rêve ? Ah oui, j’avais oublié… " />
La suite promet d’être savoureuse…
Le 08/07/2013 à 15h03
topiques
Bon allez ça va, je laisse tomber.
Sans déconner j’en suis qu’à la 2 ème page mais c’est absolument illisible pour le commun des mortels.
Le 08/07/2013 à 15h17
Purifier les moteurs : - Mais pourquoi continuer à payer les intermittents bénévoles ? " />" />" />" />" /> (qui ne comprennent pas les enjeux de l’exception culurelle ?) (ils sont vraiment dur à ne pas vouloir s’effacer, hein ?)" />" />
Le 08/07/2013 à 15h18
Le 08/07/2013 à 15h19
Le 08/07/2013 à 15h23
Le 08/07/2013 à 15h26
Le 08/07/2013 à 16h04
Marrant de voir comment le www qui était avant un espace de liberté, d’échange et de savoir entre citoyens est en train de devenir la propriété des corporations et des puissances financières.
Le 08/07/2013 à 16h16
Ha ouai, quand même…
Je crois que nous avons retrouver le fournisseur de JL Delarue. Il a toujours d’aussi bon client à priori.
Le 08/07/2013 à 16h35
Le 08/07/2013 à 18h16
Le 08/07/2013 à 22h42
Le dilemme des ayant-droits reste insoluble: permettre aux consommateurs d’accéder facilement a du contenu, tout en les empêchant d’y avoir accès trop facilement.
c’est pas gagné. " />
Le 09/07/2013 à 00h34
Vraiment formidables ces propositions.
Bref, a mes yeux, encore un paquet de “papier” (uniquement virtuel j’espere… le contraire serait un gachis sans nom). Mais helas c’est probablement un rapport du meme ordre que le “rapport Tera”: un truc plein d’aberrations, mais un outil de lobbying efficace malgre tout. (Puisque, comme d’habitude, les politiciens a qui il est destine n’y connaissent rien. Et en sont parfois fiers.)
Le 09/07/2013 à 04h32
Le problème, ce sont les ayant-droit. Si ce sont réellement les auteurs, OK. Mais c’est rarement le cas, et ce sont des sangsues inutiles qui s’accaparent les droits pour rien.
Voir la différence entre la propriété culturelle et intellectuelle “à l’européenne”, et le droit anglo-saxon qui ne pense qu’à la partie rémunération. Le problème est là. Le droit d’auteur ne devrait être transmissible que par héritage.
Le 09/07/2013 à 05h51
Le 11/07/2013 à 12h34
“Gangnam Style” “la chute” " />" />" />
Le 11/07/2013 à 16h31
Personnellement même avec du streaming et du téléchargement le monde du cinéma continura toujours a tourner je pense qu’ils exagèrent…
Ils doivent juste faire face a cela et changé leur manière d’avancer car sinon c’st trop facile pour les ayants-droits… Ils doivent évoluer.
Pour ma part en cadeau je vous présente un super site ou l’on peut créer sois-mêmes et très facilement des albums photos j’en suis convaincu qu’il vous apportera du bonheur.
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