Stéphane Richard (Orange) parle télécoms, consolidations, Free, 4G, Netflix…
J'suis prêt à discuter avec tout le monde...
Le 03 septembre 2014 à 07h02
10 min
Société numérique
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Hier soir, Stéphane Richard était l'invité du Club de la Presse d'Europe 1. Contrairement à Maxime Lombardini qui était resté très discret au micro de BFM Business, le PDG d'Orange a fait des commentaires sur de nombreux sujets : consolidation dans le marché des télécoms, Free Mobile, Xavier Niel, recrutement, baisse des prix, 4G, Netflix, etc.
Tôt lundi matin, Maxime Lombardini était passé sur le plateau de BFM Business pour parler des résultats du deuxième trimestre qui avaient été annoncés par Free Mobile vendredi soir. On était tout de même resté sur notre faim, le dirigeant n'ayant donné aucune information supplémentaire, que ce soit sur l'ARPU dans le mobile ou les nouvelles Freebox attendues pour la fin de l'année et/ou 2015. Hier soir, c'était au tour de Stéphane Richard de se prêter au même exercice chez nos confrères d'Europe 1... mais avec des annonces bien plus intéressantes (les vidéos de son intervention se trouvent par ici).
Le contrat d'itinérance avec Free ne compense pas une baisse des prix inéluctable
Après une première partie axée sur la politique, le remaniement du gouvernement et l'arrivée d'Emmanuel Macron à la place d'Arnaud Montebourg, le débat s'est porté sur la baisse des prix dans la téléphonie mobile. Sans surprise, Stéphane Richard confirme que « l'arrivée du quatrième opérateur a beaucoup accéléré le phénomène, l'a rendu beaucoup plus brutal. On ne peut pas le nier ». Il nuance néanmoins en ajoutant que « la baisse des prix est un phénomène Européen, on l'observe partout en Europe, y compris dans les pays où il n'y a pas monsieur Niel et il n'y pas Free ».
Pour rappel, la cassure étant effectivement importante et Sosh par exemple avait dû baisser de 15 euros le prix de son forfait le plus élevé. Il était alors question d'appels, SMS/MMS illimités et de 1 Go de data pour... 24,90 euros au lieu de 39,90 euros. Ce même forfait propose maintenant un « Fair use » de 5 Go de 4G, entre autres.
Le dirigeant est ensuite revenu sur le contrat d'itinérance qui le lie à Free... et dont on ne connait absolument pas les tenants et les aboutissants. « Les recettes que nous touchons du fait de l'itinérance sont loin de compenser les pertes qu'on a subies du fait de la baisse des prix, même si encore une fois ce mouvement de la baisse des prix était assez inéluctable ». Un discours qui change quand même de celui de janvier de l'année dernière où le PDG annonçait : « on s'en met plein les poches avec l'itinérance de Free ». Rappelons que Bouygues et SFR ont du faire face à la même baisse sur le marché de la téléphonie mobile, mais sans contre-partie financière de la part de Free Mobile. Depuis, le premier est en situation difficile, tandis que le second est en train de changer de mains.
Selon Stéphane Richard, un marché à quatre opérateurs n'est pas soutenable
Enchainement logique, il était ensuite question de consolidation dans les télécoms avec une question-réponse de la part du PDG : « est-il soutenable pour un marché comme la France d'avoir quatre opérateurs de plein exercice, c'est à dire disposant chacun d'un réseau qui couvre l'ensemble du pays dans les dernières technologies dans la téléphonie mobile ? » La réponse qui suit est sans appel : « non, ce n'est pas tenable ». La raison est simple : le coût des investissements (des milliards pour les fréquences, déployer les réseaux, entretenir les réseaux, etc.).
Néanmoins, plusieurs scénarios d'un retour à trois ont d'ores et déjà été mis de côté : un rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom, un autre entre Bouygues Telecom et Free et enfin Bouygues Telecom (encore et toujours) avec SFR. La question est donc de savoir ce qu'il peut se passer ?
Mutualisation de réseau ou rapprochement entre sociétés ? Les jeux sont ouverts
Deux choses selon le dirigeant : une mutualisation des réseaux, comme c'est le cas avec Bouygues et SFR, à condition que ce accord survive à la revente de SFR. Cela conduirait donc à quatre marques (Bouygues, Free, Orange et SFR/Numericable), mais seulement trois réseaux, ce qui à quoi Stéphane Richard ajoute : « voire deux réseaux »... un appel du pied à Xavier Niel ? Possible, ce n'est en tout cas pas la première fois qu'il laisse ce genre de porte ouverte, même si Free avait officiellement demandé à intégrer le contrat de mutualisation Bouygues/SFR.
Bien évidemment, la seconde possibilité est le rapprochement entre des sociétés. Mais la France est dans un cas unique en Europe explique Stéphane Richard : « on a trois capitaines d'entreprises (Martin Bouygues, Xavier Niel et Patrick Drahi) et une grande entreprise institutionnelle qui est Orange ». Pour trois des quatre opérateurs, « cette situation introduit des questions d'ego, des questions de personnes qui jouent un rôle beaucoup plus important que si ça se passait entre Vodaphone, Deutch Telekom, Telefonica et Orange ». On se souviendra par exemple de l'animosité entre Martin Bouygues et Xavier Niel (en avril) ou l'histoire des « romanichels » (en 2012) pour juger de l'état du terrain.
Stéphane Richard ouvert aux discussions avec tout le monde... ne parle avec personne
De son côté, Stéphane Richard réaffirme qu'il est « prêt à discuter avec tout le monde » d'une éventuelle consolidation, tout en indiquant que c'est actuellement le cas... avec personne. L'homme d'affaires confirme d'ailleurs au passage avoir porté plainte contre Free pour violation des brevets dans la télévision en réclamant 250 millions d'euros.
Décidément ouvert aux discussions, Stéphane Richard lançait hier soir « un appel afin que tout le monde se mette autour de la table, avec le gouvernement, pour voir comment on peut relancer un nouveau programme de couverture des zones blanches. Il faut le faire en mutualisant parce qu'aucun opérateur ne trouvera la rentabilité d'aller installer ses infrastructures très couteuses dans des endroits très peu peuplés ». Notez que cette situation qui n'a malheureusement rien de nouveau, certains clients le savent bien...
Le patron d'Orange découvre qu'il faut traiter les zones blanches, nous sommes en 2014. En 2020 il parlera d'IPv6 !!! #innovationpower #LRT
— Pascal SBH (@PascalSBH) 2 Septembre 2014
4G : 70 % de couverture pour Orange. Bouygues va-t-il annoncer 71 % ?
Concernant la 4G, Stéphane Richard revendique couvrir désormais... « 70 % du pays », mais il s'agit selon toute logique d'une erreur, il faut remplacer pays par population. Quoi qu'il en soit, on s'étonne un peu de ne pas avoir eu une communication officielle de la part d'Orange pour indiquer qu'il était au même niveau que Bouygues Telecom... ce qui aurait peut-être permis à ce dernier de doubler la mise en annonçant 71 % ?
Stéphane Richard ajoute qu'un « client 4G consomme en moyenne deux fois et demie plus de data d'un client 3G, parce que son expérience est meilleure ». Il ajoute d'ailleurs que le volume du trafic sur son réseau double tous les 18 mois, mais sans préciser si cela comprend également celui provenant de l'accord d'itinérance avec Free Mobile. On notera par contre que les « Fair use » des forfaits Origami n'ont pas vraiment suivi la même tendance. En effet, les forfaits Play ne dépassent pas les 7 Go, contre 10 Go pour les versions Jet, mais il faut alors compter près de 70 euros par mois minimum.
Le cas de Netflix : des conditions économiques pas assez attractives, mais...
La fin de l'interview était consacrée au cas de Netflix, qui se dévoilera le 15 septembre. Au-delà d'une histoire de gros sous et de répartition des revenus, il y a un écosystème en France annonce Stéphane Richard : « il y a les chaines payantes (Canal), il y a les chaines gratuites qui tirent leurs revenus de leur audience, y'a le financement de la création française, il y a des lois, il y a des quotas, il y a tout cet ensemble de règles que pour l'instant Netflix ne respecte pas puisqu'ils émettent depuis le Luxembourg. Ils ont dit qu'ils allaient faire des productions en France, très bien, mais pour l'instant on est loin d'être dans le cadre qui a été tracé ».
Malgré la similitude avec le discours des représentants de l'État, Stéphane Richard indique ne pas être « sous la pression du gouvernement ». Il considère simplement que « distribuer Netflix sur les box des opérateurs aujourd'hui ça serait prendre un certain nombre de risques ». Il ajoute que « les conditions économiques qui nous sont proposées aujourd'hui pour distribuer Netflix, ne sont pas suffisamment attractives [...] Si elles l'étaient, je reconsidérerais le sujet ». Les paroles de Richard seront elles suffisamment fortes pour inciter Netflix à revoir son plan d'invasion français ? Pas si sûr...
Sans vouloir en faire une question politique, il ajoute tout de même : « en tant que patron d'une grande entreprise française et patron citoyen, moi je le dis franchement, ça me gêne de voir un acteur arriver ne respectant pas les lois françaises, émettant depuis le Luxembourg, n'étant quand même pas très clair sur sa situation fiscale ». Si Netflix ne « respecte pas la loi française » comme l'indique sans nuance Richard, les autorités devraient pouvoir trouver un moyen d'agir devant les juridictions. De fait, la plateforme américaine profite surtout des brèches européennes pour éviter d'avoir à succomber aux dures contraintes françaises. Sur ce terrain d'ailleurs, Netflix rappelle qu'il facturera bientôt la TVA dans le pays du consommateur (voir notre actualité), tout en admettant qu'il contribuera fiscalement aux finances des Pays-Bas - lieu de son futur siège - pour les autres contributions.
Stéphane Richard ajoute ensuite que « nous on paye quatre milliards d'impôts par an, on aimerait bien que tous ceux qui participent au système payent leur quote-part. Vous savez bien que ce n'est pas le cas de Google, Facebook et demain Netflix. Tout cela ne va pas. » Reste à savoir qui parle exactement : le PDG d'Orange, l'actionnaire, le citoyen ou bien « le vaisseau amiral de notre révolution numérique et souveraine »...
Son intervention sur le sujet n'a en tout cas pas laissé indifférent et certains, dont les journalistes présents sur le plateau d'Europe 1, n'ont d'ailleurs pas hésité à revenir sur sa mise en examen pour escroquerie en bande organisée dans l'affaire Tapie. Cette histoire revient sur le devant de la scène avec Christine Lagarde cette fois-ci, mise en examen pour négligence d'une personne dépositaire de l'autorité publique. Pour le moment, elle n'a pas été jugée. De son côté, Stéphane Richard précise que son recours en annulation n'a pas encore été étudié.
Stéphane Richard (Orange) parle télécoms, consolidations, Free, 4G, Netflix…
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Le contrat d'itinérance avec Free ne compense pas une baisse des prix inéluctable
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Selon Stéphane Richard, un marché à quatre opérateurs n'est pas soutenable
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Mutualisation de réseau ou rapprochement entre sociétés ? Les jeux sont ouverts
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Stéphane Richard ouvert aux discussions avec tout le monde... ne parle avec personne
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4G : 70 % de couverture pour Orange. Bouygues va-t-il annoncer 71 % ?
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Le cas de Netflix : des conditions économiques pas assez attractives, mais...
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 03/09/2014 à 07h22
70 To
" /> En 12 Heures mes disques serait plein." />
Plutôt une heure vu qu’ils sont remplis à 90% .
Le 03/09/2014 à 07h35
Le 03/09/2014 à 07h40
Perso je n’ai jamais atteint le Go chez Free. Ca s’explique aussi par le fait que des fois j’en chie bien rien que pour faire une recherche google.
Et je ne parlerais pas de Youtube, je risquerais de devenir grossier.
Dans l’hypothèse où la 4G ne me sert à rien, quelqu’un peut me conseiller un opérateur avec un forfait potable (Appel/Sms illimité et 1Go?). Ma femme et moi sommes chez Free et avec un taux d’échec sur appel qui frôle les 25% on aimerait bien bouger.
Le 03/09/2014 à 07h50
Le 03/09/2014 à 07h51
Le 03/09/2014 à 07h53
Le 03/09/2014 à 08h01
Le 03/09/2014 à 08h02
Si ils étaient plus compétent cela ferrait longtemps qu’ils auraient sorti un forfait fixe 4G mais à débit réduit à 1⁄10 en cas de dépassement, cela ne saturerai pas leurs lignes mobiles comme ça.
Et permettrait aux zones blanches d’avoir enfin un accès internet à débit raisonnable
Le 03/09/2014 à 08h04
Le 03/09/2014 à 08h09
je ne comprends pas les commentaire qui disent que le quota en DATA n’est pas assez élévé, moi j’ai 7GO de DATA chez SOSH et même en 4G je depasse rarement les 1Go de DATA consommé.
sauf cet hiver, au ski ou j’ai consommé 2Go…" />
il faut dire que je ne vais pas regarer les films porno en sreaming sur le net avec mon mobile..; ceci peut expliquer cela" />" />
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Le 03/09/2014 à 08h12
Désolé mais ma remarque est légitime quand ont sait le nombres de clients possible par antenne relais.
Je ne sort pas ça sans un minimum de recherche.
Le 03/09/2014 à 08h16
Ils ont supprimé mon commentaire, maintenant la zone commentaire de l’article ne ressemble plus à rien !
Le 03/09/2014 à 08h17
Le 03/09/2014 à 08h22
Le 03/09/2014 à 08h34
Le changement de discours par rapport à l’itinérance de Free est simplement du au fait qu’il ne veut pas donner trop de précisions sur ce contrat dont personne ne connait les termes, ni le montant.
Quant aux problème d’un marché pour 4 opérateurs, il a raison… Mais le meilleur moyen de contourner ces difficultés reste la mutualisation des réseaux amha.
Le 03/09/2014 à 08h45
J’aime beaucoup la manière dont il nous fait croire que Netflix est méchant.
Netflix s’établit où il veut, c’est la liberté d’entreprendre, le marché unique. Personne ne dit rien quand Danone passe sa filiale achat aux Pays-Bas, comme bien d’autres industriels français, ça ne fait pas tout un tintinmare.
Peut-être faut il voir le problème dans l’autre sens, et que c’est bien en France que la règlementation est devenue ubuesque et idiote, pas dans le reste de l’Europe.
Le 03/09/2014 à 08h48
Le 03/09/2014 à 09h04
Le 03/09/2014 à 09h43
Le 03/09/2014 à 10h26
Le 03/09/2014 à 10h58
Je ne demande que des explications, si une cellule 4GLTE mimo peut couvrir les besoins d’un petit village à l’image d’une antenne relais wifimax je ne comprend pas pourquoi les opérateurs ne le font pas ou test ça en complément de l’accès internet.
C’est surtout que ça m’énerve de voir que certains profitent de débits énorme à des tarifs raisonnables alors que d’autres sont encore à l’ère du re-adsl ou du “wifimax” à des tarifs prohibitifs simplement parce que les opérateurs traînent des pieds pour trouver les bonnes solutions.
C’est pour ça que je lit les infos de ces sites, pour m’informer et voir où vont les choses.
Après c’est sur que je ne peut pas tout connaitre donc faire des interprétations déviantes de la réalité du terrain.
Et jamais je n’ai insulté quelque personne ou organisation. C’est juste une opinion de la situation actuelle
Le 03/09/2014 à 11h03
Le 03/09/2014 à 11h09
Le 03/09/2014 à 11h43
Il nuance néanmoins en ajoutant que « la baisse des prix est un phénomène Européen, on l’observe partout en Europe, y compris dans les pays où il n’y a pas monsieur Niel et il n’y pas Free ».
dans le registre “déni et mensonge”, Stéphane Richard mérite l’Oscar.
La baisse des prix liée a l’arrivée de Free & ses tarifs cassés - est indéniable en France; et sans cette arrivée on peut être sur que les tarifs des 3 gros graviteraient 5 à 10 Euros au dessus (a minima)
Le 03/09/2014 à 11h52
Le 03/09/2014 à 11h53
Le 03/09/2014 à 12h09
Le 03/09/2014 à 12h10
Oui pour la fibre je suis aussi d’accord, mais apparemment ce n’est pas au programme dans les zones rurales, en Moselle du moins
Le 03/09/2014 à 12h12
Le 03/09/2014 à 13h25
Le 03/09/2014 à 13h26
Le 04/09/2014 à 22h59
Le 05/09/2014 à 08h33
D’après le plan établi en Moselle il n’est pas question de fournir de la fibre à tout le monde:
https://lafibre.info/moselle/carte-fibre-optique-moselle/
Cela fait 6 ans qu’un fournisseur propose du 6M sysmètrique mais en total monopole donc il fixe son tarif et ne réalise aucune amélioration de service.
J’ai posé ça en voyant les tests effectué en montagne prouvant que c’est possible.Je n’invente rien.
Nous en reparlerons d’ici 5 ans en tout cas.